PÊCHE NOURRICIERE
En illustration : Retour de pêche à Kayar, Sénégal (14° 55' N - 17° 07' O).
Bénéficiant d'une alternative saisonnière de courants froids riches en nutriments venant des îles Canaries et de courants chauds équatoriaux, les 700 kilomètres du littoral sénégalais abondent en faune marine. Cette richesse locale alimente la pêche côtière, à 80 % artisanale, qui s epratique à bord de pirogues en bois motorisées, au moyen de lignes ou de filets. Mais elle attire aussi les chalutiers eurpéens.
Dans la période de fortes tensions alimentaires qui s'ouvre, les produits de la mer vont prendre une importance vitale.
Selon la FAO (Organisation des nations unis pour l'alimentation et l'agriculture), près d'un milliard de [size=16]femmes et d'hommes sont sous-alimentés et il va falloir nourrir de l'ordre de 50% d'humains supplémentaires dans le demi-siècle à venir.[/size]
Or, le poisson est riche en protéines de haute qualité, en acides gras et en nutriments de toutes sortes.
Aujourd'hui déjà, 2,6 milliards d'êtres humains reçoivent au moins 20% de leur ration protéique via le poisson.
Dans bien des pays pauvres densément peuplés, ce chiffre dépasse 50% : c'est le cas du Bangladesh, de l'Indonésie, du Sénégal, de la Thaïlande, de la Guinée, etc.
La pêche nourrit aussi, indirectement, de très nombreuses familles qui tirent leurs revenus de cette activité.
La FAO estime à 30 millions le nombre de pêcheurs sur la planète, dont plus de 95 vivent et travaillent dans des pays en développement. Même s'il n'existe aucune statistique pour les emplois indirects, il faudrait aussi compter les retombées pour l'industrie alimentaire, portuaire, les chantiers navals, le commerce, le transport, etc, soit probablement plusieurs centaines de millions d'emplois.
Les exportations de poisson des pays en développement sont de l'ordre de 20 milliards de dollars - un chiffre qui dépasse nettement celui de grandes cultures comme le café, le riz ou le thé.
Que ce soit au plan économique ou alimentaire, la continuation de la pêche est donc vitale pour l'humanité.
C'est pour cela qu'il est essentiel de la rendre soutenable en empêchant les pratiques les plus destructrices, en freinant la course à la puissance et à la technologie que se mènent les bateaux, et en favorisant la pêche à plus petite échelle.
Cette dernière, plus souvent en cours dans les pays du Sud, ne doit pas être idéalisée.
Mais elle est plus riche en emplois plus économe en énergie fossile.
Surtout, les bateaux plus petits et moins puissants se prêtent mieux à une reconvertion vers une version écologique de la pêche que les mastodontes suréquipés des nations industrialisées.
Département des pêches et de l'aquaculture, FAO, www.fao.org/fishery
"Les produits de la mer sont de plus en plus appréciés par les consommateurs des pays du Nord. Mais dans le même temps, comme les ressources halieutiques se raréfient dans nos océans, le réflexe est de se tourner vers les eaux du Sud riches en poissons. On assiste ainsi, depuis quelques années, au pillage de ressources pourtant vitales pour des populations souffrant de carences alimentaires. Une pratique encore aggravée par la mondialisation de l’économie."
"Un énorme gâchis
Ce qui se passe à Madagascar est représentatif d’une évolution à l’échelle internationale. De « nourricière », grande pourvoyeuse de protéines, la mer est devenue, du fait de la course au profit, le théâtre d’un enjeu économique considérable. Des flottes industrielles, véritables armadas au service des multinationales de l’alimentation, écument les mers du Sud après avoir épuisé celles du Nord. Conséquence, les ressources biologiques marines (poissons, mollusques, crustacés) s’épuisent et diminuent dangereusement. La FAO ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur ce pillage d’une ressource qui constitue le gisement principal de protéines animales. En vain. La quasi-disparition du hareng en mer du Nord, de la morue sur les bancs de Terre-Neuve, des anchois au Pérou, du mérou au Sénégal n’a pas suffi à faire entendre raison aux tenants de la pêche industrielle.
Le gaspillage des ressources halieutiques ne semble pas davantage poser problème à ceux qui n’ont pour règle que la loi du marché. Ainsi, un quart des captures mondiales de poissons (30 millions de tonnes environ) est transformé en farine de poisson pour engraisser d’autres animaux... dont des poissons d’élevage. Or, près de cinq tonnes de poissons sont nécessaires pour fabriquer une tonne de farine ! Un énorme gâchis qui prive les populations des pays pauvres d’une ressource dont la valeur nutritionnelle est reconnue par tous. Il faut y ajouter encore les « captures annexes », euphémisme désignant ces 30 millions de tonnes de poissons supplémentaires que les chalutiers industriels rejettent par-dessus bord parce qu’elles ne les intéressent pas. Ceci à quelques encablures des côtes où des populations souffrent de la faim."
http://www.portstnicolas.org/la-plage/solidarite-nord-sud/article/proteger-la-mer-nourriciere
Ninnenne