La(les)maison(s) - Le Mas -
Mas du XVIIIe près de Viens. - Photo
Gilbert Bochenek
Un mas est une ferme de certaines régions du midi de la France (Provence, Languedoc, Roussillon). Le mas est lié à la vie économique rurale. Il est aujourd'hui transformé enmaison de villégiature dans certaines régions.
La racine de l'occitan mas est le latin mansus, participe passé de maneo, séjourner (demeurer, rester), qui est aussi à l'origine du terme français « maison ».
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Mas provençal - Photo SiefkinDR
Dès le début, le terme paraît s'être appliqué aux locaux d'habitation et aux bâtiments à vocation agricole, auxquels s'ajoutent les dépendances telles que jardin, cour et verger.
Le droit seigneurial donna un sens plus étendu à mansus que les historiens rendent par le terme de « manse » : le mansus était l'unité d'exploitation imposable, c'est-à-dire la superficie agricole exploitée (champs, prés, vignes).
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Mas au milieu des vignes
À la fin du Moyen Âge, dans les montagnes de la Basse-Auvergne, le mas était l'équivalent du hameau, ce qu'on appelle aujourd'hui le village (à ne pas confondre avec la commune). Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle qu'on a appelé hameau les plus petits mas.
Dans le Rouergue, le Quercy, le Cantal, le Limousin et en Périgord, aux XIVe-XVIIIesiècles, le mot a aussi le sens général de hameau, d'ancienne communauté possédant en indivis. Le mot a donné de nombreux lieux-dits.
Par transposition, le nom a été donné à des constructions plus récentes, en Provence en particulier.
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Mas des Bouches du Rhone (vers Aix-en-Provence) - Photo
User:Arnaud 25
Au sens large, le mas est un ensemble de terres et de bâtiments d'habitation et d'exploitation à vocation agricole dont les produits (blé, légumes, fruits, animaux pour la viande, œufs, plumes, etc.) sont destinés principalement à la vente et dans une bien moindre mesure à la consommation sur place.
Au sens restreint, le mas se limite aux bâtiments d'habitation et d'exploitation.
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Mas en Drôme Provençale -photo
Arnaud 25
En Provence, toutes les fermes n'étaient pas des mas. Ceux-ci diffèrent des bastides, qui étaient pour la bourgeoisie.
Le mas a presque toujours une orientation au sud, offrant ainsi une protection contre le mistral. Les ouvertures sont absentes au nord et plutôt étroites ailleurs afin de se protéger de la chaleur en été et du froid en hiver. Le mas est d'ampleur variable mais présente presque toujours un volume parallélépipédique et un toit à deux pentes.
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La(les)maison(s) - Cabane en pierre(s) sèche(s) -
Cabanes en pierre sèche à Ménerbes (Vaucluse). Photo Dominique Repérant
Selon les régions, les cabanes en pierre sèche portent différents noms :
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Un cabanon pointu est une cabane en pierre sèche à base circulaire ou carrée surmontée et à toit conique que l'on rencontre dans une zone allant de Forcalquier et Mane dans les Alpes-de-Haute-Provence à Apt dans le Vaucluse. Le nom a été popularisé par des cartes postales du début du XXe siècle. Un « cabanon pointu » servait, selon le cas, d'abri champêtre, de remise à outils, de rangette, d'écurie, de bergerie au petit peuple des campagnes et des bourgs dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle.
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« Caborde » est le nom donné aux cabanes en pierre sèche dans le sud de l'Yonne, en Haute-Saône dans les clos de vigne de Champlitte et de Bucey-les-Gy, dans les anciennes collines vinifères de Besançon (Doubs) et dans certaines communes du Premier Plateau dans le Jura.
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Cadole du plateau de Blu -Photo Hg marigny
Cadole est le nom donné aux anciennes cabanes, souvent en pierres sèches, des vignobles de Bourgogne du Sud, et plus particulièrement du Beaujolais. Dans les Monts d'Or, on emploie toutefois cabane et caborne.
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Cabotte en Bourgogne - Photo Karen -
Une cabotte est une ancienne cabane ou resserre de vigneron dans les Côtes de Nuits et de Beaune en Côte-d'Or.
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Frontignan (Hérault) - capitelle Picard (rénovée en 2001) Photo Fagairolles 34
Une capitelle (en occitan capitèla) est une cabane construite en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, dans les anciennes garrigues des villes du département du Gard. Cette appellation, à l'origine, strictement nîmoise, tend à prendre le sens générique de « cabane en pierre sèche » et à gagner les départements voisins (Ardèche, Hérault, Aude).
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Caselle (cabane en pierre sèche) près d'une mare à l'ouest du village de Livernon dans le département du Lot - Photo Thierry 46
Une caselle est une cabane en pierre sèche servant autrefois d'abri pour les humains ou les animaux ou de resserre-à-outils dans le haut Quercy, en particulier dans les caussesau nord de la vallée du Lot.
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Cabane en pierre sèche au lieudit Les Vigneaux à Vals-près-le-Puy (Haute-Loire). Photo de Christian Lassure.
De nos jours, les cabanes en pierre sèche de la Haute-Loire, et surtout celles de la région du Puy-en-Velay, sont désignées dans la littérature touristique sous le vocable dechibotte, forme francisée du mot vellave tsibota (var. tsabota).
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Gariotte ou sur les hauteurs des Grabats - Photo Torsade de Pointes
Une gariote ou gariotte est, dans le parler de Cahors (Lot), une guérite enclavée dans une muraille ou dans un pierrier de l'ancien vignoble. Il s'agit d'une construction en pierre sèche, c'est-à-dire sans mortier liant les pierres entre elles.
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Cabane d'orri (installation d'estive) dans la vallée du Garbettou en Ariège (Pyrénées françaises).
Un orri est une ancienne installation d'estive en haute et moyenne montagne ariégeoise ou catalane, ayant servi à la traite des brebis ou des chèvres et à la fabrication du fromage d'orri.
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[size=24]La(les)maison(s) - Habitat troglodyte -
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Habitat troglodytique à Çahusin (Göreme)
(Photo Claude Valette)
L'habitat troglodytique est une architecture présente dans différentes traditions consistant à aménager des habitats souterrains ou creusés dans le rocher à flanc de montagne. Les maisons troglodytiques sont souvent creusées dans la roche tendre de type calcaire, mollasse ou grès.
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Habitat troglodytique à Çahusin (Göreme)
(Photo Claude Valette)
Le mot « troglodyte » vient du latin « troglodyta »). Un troglodyte est un être humain, (ou un animal) habitant une caverne, ou une demeure creusée dans le roc ou s'appuyant sur des failles ou grottes naturelles dans les falaises.
On parle d'un habitat troglodytique, d'une maison troglodytique, le troglodyte étant l'habitant de la dite maison.
Dans l'Antiquité, le peuple des Troglodytes, qui vivait en Égypte, à proximité de la mer Rouge, s'était installé dans les anfractuosités des rochers. Pour le dictionnaire de l'Académie française de 1932 (8e édition), troglodyte désigne aussi en termes d'Histoire naturelle « un genre d'oiseaux qui se nourrissent d'insectes » (il s'agit de Troglodytes troglodytes) et « une espèce de singe ».
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Troglodyte troglodyte (Photo John Haslam)
Aujourd'hui encore, c'est sous ce nom que l'on désigne les populations ayant construit leurs habitats dans des abris naturels, de profondes grottes, ou les ont creusées dans des parois calcaires. Il existe encore des habitations troglodytiques en France, dans la vallée crayeuse de la Seine, en Touraine et en Anjou. D'autres sites plus ponctuels existent (comme en Provence à Bollène). En Tunisie, nous en rencontrons notamment à Matmata.
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Matmata (Photo Wotan)
D'anciennes traces ont été observées en Chine et dans le monde entier.
En France, il en existe de nombreuses, et elles sont toujours occupées, notamment en Anjou, Touraine et Saumurois.
Le département du Maine-et-Loire, terre de tuffeau et de falun, possède dans la région de Saumur près de 1 200 kilomètres de galeries souterraines et 14 000 cavités dont la moitié sont à l'abandon.
-De nombreuses galeries sont utilisées par les entreprises angevines de vins pétillants de Saumur et par les champignonnières produisant les fameux « champignons de Paris » ;
-À Doué-la-Fontaine, beaucoup d'habitations troglodytiques ont été creusées à l'origine pour y extraire la pierre de falun, aussi appelée « grison » permettant de faire des constructions. Ces carrières forment des « caves cathédrales » ;-Le village troglodytique de Rochemenier, érigé du XIIIe au XIXe siècles est, contrairement aux habitats troglodytiques de la falaise naturelle qui longe la Loire en Anjou et en Touraine, un village troglodytique situé en plaine. Les paysans de Rochemenier y ont creusé de grandes cours, sortes de carrières à ciel ouvert puis, autour de celles-ci, ont creusé leurs habitations et dépendances et même une chapelle souterraine.
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Habitations troglodytes à Rocheménier (Maine et Loire, France)
(Photo Pymouss 44)
On trouve également d'anciennes habitations troglodytiques dans la vallée de la Seine à mi-chemin de Paris et Rouen, à La Roche-Guyon et à Haute-Isle en particulier, ce dernier village était entièrement composé de « boves » creusés dans la falaise calcaire jusqu'au XIXe siècle ; il possède l'unique église entièrement creusée dans une falaise en Île-de-France et datant de 1670.
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Haute-Isle - église creusée dans le roc (vers 1900). L'église troglodytique de l'Annonciation date des années 1670/1673.
Dans le même département du Val-d'Oise, Pontoise (l'Hermitage) et Auvers-sur-Oise, dans la vallée de l'Oise, possèdent également de nombreuses habitations creusés dans la falaise ; la plupart sont devenues des ateliers, des celliers voire des garages quand elles sont accessibles de la chaussée.
En Provence, la première étude sur l'habitat troglodityque a été menée, entre 1987 et 1988, à la demande du Ministère de la Culture, par André-Yves Dautier, avec l'aide technique du Parc Naturel Régional du Luberon .
L'inventaire de ces différents sites lui a permis de classer ce type d'habitat en deux parties. La première correspond au creusement par l'Homme dans les safres du Miocène d'abris rupestres, à vocation d'habitat et à usage agricole. Les exemples les plus emblématiques sont ceux des grottes de Calès, à Lamanon, qui furent occupées de la préhistoire au XVe siècle, du Baou de Saint-Chamas, qui a été aménagé en 1615, des villages du Barry et de Chabrières, à Bollène.
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Abri troglodytique des grottes de Calès (Lamanon)
(Photo Malost)
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Village troglodytique de Barry à Bollène (Photo Zeisterre)
La seconde est liée à l'occupation des grottes naturelles creusées par l'érosion dans le calcaire urgonien et leur protection en façade par des murs de pierres sèches. Cette utilisation, qui fut quelques fois pérenne, fut, le plus souvent due au pastoralisme, et au besoin des bergers d'abriter et de loger leurs troupeaux. Dans le Vaucluse, cet habitat se retrouve essentiellement dans les combes des Monts de Vaucluse et du Luberon . Dans la Provence centrale et orientale, la présence humaine, dans des grottes à concrétions, revêt un certain romantisme lorsqu'elle est liée à des bandits d'honneur comme Gaspard de Besse, à une sacralisation avec des Saintes Beaumes ou à des êtres surnaturels pour les grottes des Fées.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont été répertoriés quelques sites remarquables comme les ermitages de saint Maurin, à La Palud-sur-Verdon et de saint Pons, à Valbelle , la Grotte des brigands, à Quinson , le prieuré de Carluc, à Céreste , et les deux cabanons de Lurs, dans le pays de Forcalquier.
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vue générale de la partie trioglodytique du Prieuré de Carluc, à Céreste, Alpes de Hatue Provence, France
(Photo Veronique Pagnier)
Pour les Bouches-du-Rhône, outre les deux sites précités de Calès et de Saint-Chamas , sont à retenir les habitats du plateau de Sainte-Croix, au dessus de Salon-de-Provence, ceux de Manivert, près de Lambesc , le Castellas d'Aurons et les ermitages des Aygalades, au nord de Marseille.
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Aménagements troglodytes (Baux-de-Provence)
(Photo Malost)
Aux Baux-de-Provence, outre l'habitat, s'y ajoutent deux autres aménagements rupestres, avec un pigeonnier troglodytique et un plan dallé rainuré pour recueillir les eaux de pluie.
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Pigeonnier troglodytique
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Dalle rainurée pour recueillir l'eau de pluie
Dans le Var, sont à signaler deux Saintes-Beaumes, celle du Plan-d'Aups et celle de Saint-Raphaël , la Maison des Fées à Cabasse , LeVieux Moulin à Trans-en-Provence , et le Nymphée du couvent des carmes, à Barjols .
Pour le Vaucluse, où les sites sont à la fois plus concentrés, plus nombreux et plus diversifiés, il y a Bollène, déjà signalé, avec ses deux hameaux troglodytiques, des anciens villages médiévaux. Dans le premier, à Chabrières, où l'habitat est totalement ruiné suite à des effondrements, l'aménagement avait été fait en creusant la safre dit de Saint-Restitut, au pied du castrum . Le second, Barry, fut habité jusqu'au XVIIIe siècle. Ses façades, en pierre sèche, protègent un aménagement complet entièrement creusé dans le roc (cusine, cheminée, pile d'évier, potager pour réchauffer les aliments, alcoves, étable, écurie, bergerie, cellier, citerne, etc...).
Vient ensuite la basse vallée de la Durance où, dans les falaises du Piémont sud du Luberon, se trouvent les sites du Jas de Puyvert, et de Cabrières-d'Aigues avec son aiguier et son lavoir . Au cœur du massif du Luberon, la vallée de l'Aigue Brun se trouvent la falaise du Moulin-Clos où ont été aménagées, dès le Ve siècle, des cellules d'ermites pour les moines cassianistes de Saint-Victor de Marseille et le fort de Buoux dont une partie est entièrement creusée dans la roche, les bastides de Beaumes et de Chantebelle ainsi que le hameau des Aiguiers à Sivergues . Dans la vallée du Calavon, on note les trois châteaux du pays d'Apt dont une grande partie de l'infrastructure est troglodytique. Il s'agit du Château de Milles, du Château de Roquefure et du Rocher des Druides qui, en dépit de son nom, est un fort médiéval amanagé pour accueillir hommes de troupes, cavaliers et montures.
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Escalier dérobé du fort de Buoux (84)
Les monts de Vaucluse se distinguent par leur richesse avec le vallon de la Tapy et sa baume de Marcousy (habitat et cuve vinaire rupestre) à Saumane, le ravin de Fraischamp, entre Le Beaucet et La Roque-sur-Pernes, où une bergerie troglodytique est toujours en activité, Blauvac et son hameau du Bouquet, qui posséda une école publique jusqu'à la Première Guerre mondiale. Aussi riches sont Venasque et son site de Caroufa, ainsi que la vallée de la Sénancole à Gordes, où habitat rupestre, jas et moulin à huile troglodytiques, côtoient des aiguiers et des cuves vinaires rupestres abritées sous des bories . Enfin, entrent dans un même cadre, pour leur aménagement identique dans des abris sous roche, en dépit de leur éloignement, les bergeries des combes de Bonnieux et du vallon des Baumians à Cabrières-d'Aigues, ainsi que celle de la Coste-Brune à Villars.
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Habitat troglodytique dans les rochers de Rochereil, ou Rochereuil, Grand-Brassac, Dordogne, France.
(Photo Père Igor)
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La suite demain!!!
Ninnenne [/size]