Saltimbanque par
Maxime Le Forestier Enfant de clown et d´écuyère,
Il était né sous chapiteau.
Entre la lionne et la panthère,
On mettait son berceau.
Il a grandi parmi les nôtres.
Dès que son âge lui permit
De poser un pied devant l´autre,
Une voix lui a dit :
"Petit, tu es né Saltimbanque.
De ville en ville, tu iras.
Jongle avec tout ce que tu as
Et si tu manques,
Cent fois, tu recommenceras."
Quand il voulait lancer des balles,
Elles ne tombaient pas dans ses mains.
Quand il sautait sur un cheval,
C´était toujours trop loin.
En équilibre sur la table,
Il était pris par le tournis.
Chacun le disait incapable
De gagner sa vie.
"Petit, tu es né Saltimbanque.
Il faut qu´ils rient, il faut qu´ils pleurent,
Qu´ils applaudissent, qu´ils aient peur
Mais si tu manques,
Pour nous, tu seras un voleur."
Alors, en désespoir de cause,
Il a jonglé avec des mots
Et la musique et d´autres choses.
On a crié : Bravo!
On le réclamait à tue-tête
Sur les pistes du monde entier.
Dans son numero de poète,
Il était adoré.
"Petit, tu es né Saltimbanque.
Méfie-toi de ces pistes-là.
Quand ton numéro passera,
Si tu le manques,
On ne te ramassera pas.
Car tous les mots, quand on les jette,
Ils rebondissent n´importe où
De cœur en cœur, de tête en tête.
Ils en deviennent fous.
Ils te reviennent de la salle,
Emplis d´espoirs ou de rancœurs.
Tu étais enfant de la balle
Et te voila penseur."
Laissez-moi rester Saltimbanque.
J´aime la lumière et le feu,
Les tours et les mots dangereux
Toujours je manque.
Mon numéro n´est pas fameux.
Je jongle avec ce que je peux.
CLOWN de Werner Renfer
Je suis le vieux Tourneboule
Ma main est bleue d'avoir gratté le ciel
Je suis Barnum, je fais des tours
Assis sur le trapèze qui voltige
Aux petits, je raconte des histoires
Qui dansent au [size=13]fond de leurs prunelles
Si vous savez vous servir de vos mains
Vous attrapez la lune
Ce n'est pas vrai qu'on ne peut pas la prendre
Moi je conduis des rivières
J'ouvre les doigts elles coulent à travers
Dans la nuit
Et tous les oiseaux viennent y boire sans bruit
Les parents redoutent ma présence
Mais les enfants s'échappent le soir
Pour venir me voir
Et mon grand nez de buveur d'étoiles
Luit comme un miroir.[/size]
Les saltimbanques
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.
Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L’ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.
Guillaume Apollinaire
Le grand cirque chanson de
Serge Reggiani Quand une baleine
A mauvaise haleine
Savez-vous c´qu´elle fait?
Elle se lave le filet
Quand on veut qu´un tigre
Ait quelque prestige
Et qu´on n´est point sot
On le surnomme Clémenceau
Quand une girafe
A besoin d´agrafes
Les méd´cins d´Afrique
Ont besoin de beaucoup de fric
Quand une panthère
S´en va à Nanterre
Elle prend son side-car
Car elle n´aime pas les Jaguar
Messieurs, mesdames
Entrez dans notre grand cirque
Découvrez notre Amérique
Au jardin zoologique
L´homme est le plus grand comique
Un coléoptère
En hélicoptère
Ça sert à que dalle
Mais à quoi sert un général?
Un perroquet bègue
Qui s´prend pour Don Diègue
Est moins chahuté
Souvent qu´un cours de faculté
Un manchot qui trotte
Derrière une manchote
Ce n´est pas toujours
Plus drôle qu´un enterrement d´amour
Une grenouille dans une mare
Ça c´est pour la gloire
Ce n´est qu´un métier
Que dans les eaux d´un bénitier
Messieurs, mesdames
Entrez dans notre grand cirque
Découvrez notre Amérique
Au jardin zoologique
L´homme est le plus grand comique
Des requins qui nagent
Y en a plein les plages
Y en a plus encore
Quand c´est des plages de disques d´or
Il paraît que l´homme
Est un loup pour l´homme
Soit dit entre nous
C´est pas très gentil pour les loups
On fait des courbettes
Plus bas que les bêtes
On est des rampants
Bien plus encore que les serpents
On est une espèce
Dont la cote baisse
Qui grâce au neutron
Est en voie de disparition
Messieurs, mesdames
Allez, allez, messieurs, dames, approchez, approchez
Entrez dans notre grand cirque
Vous y verrez un animal extraordinaire
Le plus bel animal que la création a fait
L´homme, l´homme
L´animal le plus fou, le plus fou
Plus fou que le loup
Plus rampant que le serpent
Plus féroce que le rhinocéros
Approchez, approchez, entrez, entrez
Messieurs, dames
[size=13]Edith Piaf
BRAVO POUR LE CLOWN
Paroles: Henri Contet, [size=13]musique: Louiguy, enr. 18 juillet 1953[/size]
Un clown est mon ami
Un clown bien ridicule
Et dont le nom s'écrit
En gifles majuscules
Pas beau pour un empire
Plus triste qu'un chapeau
Il boit d'énormes rires
Et mange des bravos
Pour ton nez qui s'allume
Bravo! Bravo!
Tes cheveux que l'on plume
Bravo! Bravo!
Tu croques des assiettes
Assis sur un jet d'eau
Tu ronges des paillettes
Tordu dans un tonneau
Pour ton nez qui s'allume
Bravo! Bravo!
Tes cheveux que l'on plume
Bravo! Bravo!
La foule aux grandes mains
S'accroche à ses oreilles
Lui vole ses chagrins
Et vide ses bouteilles
Son coeur qui se dévisse
Ne peut les attrister
C'est là qu'ils applaudissent
La vie qu'il a ratée!
Pour ta femme infidèle
Bravo! Bravo!
Et tu fais la vaisselle
Bravo! Bravo!
Ta vie est un reproche
Qui claque dans ton dos
Ton fils te fait les poches
Et toi, tu fais l'idiot
Pour ta femme infidèle
Bravo! Bravo!
Et tu fais la vaisselle
Bravo! Bravo!
Le cirque est déserté
Le rire est inutile
Mon clown est enfermé
Dans un certain asile
Succès de camisole
Bravos de cabanon
Des mains devenues folles
Lui battent leur chanson
Je suis roi et je règne
Bravo! Bravo!
J'ai des rires qui saignent
Bravo! Bravo!
Venez, que l'on m'acclame
J'ai fait mon numéro
Tout en jetant ma femme
Du haut du chapiteau
Bravo! Bravo! Bravo! Bravo![/size]
[size=16][/size]
Le cirque chanson d'Yves Duteil
Un petit cirque a installé sa toile
Au cœur de la cité
Le magicien comme un maître de bal
Commence à répéter
Lance la Terre au milieu des étoiles
Dresse la chapiteau
Trouve un soleil en fouillant dans ses malles
Ajuste son chapeau...
J´ai l´honneur, l´avantage
De vous présenter
Quelques scènes à peine imaginées
Les décors, les costumes
Sont un peu passés
Mais ça pourrait bien vous arriver
Des bateaux venus de Chine
Nous ont apporté
Quelques tonneaux d´encre et du papier
Les Pierrots les Colombines
Et même un Arlequin
Sont venus d´eux-mêmes et jouent pour rien
Un orage a prêté ses plus beaux éclairs
Pour illuminer la ville entière
Pour un bal sans égal
Dans la nuit des temps
Où sont invités les habitants
Si le temps nous accompagne
Comme il l´a promis
Nous verrons les clés du Paradis
Rapportées en taxi
De la Galaxie
A mille années lumières d´ici...
Une aurore boréale, décor idéal
Pour une
aquarelle originale
Jaillira du chapeau de Monsieur Loyal
Au moment le plus sentimental
Tous les anges et Lucifer
Prévus au dessert
Apportent un gâteau d´anniversaire
Qu´on verra de la Terre
Comme une étincelle
Arriver de l´autre bout du ciel
Carnival sans rival
La réalité
Le hasard et la fatalité
Nous préparent dans le noir
Une éternité
Qu´il vaut mieux ne pas imaginer
J´ai l´honneur, l´avantage
De vous inviter
Dans un univers à mon idée
Rien n´est vrai rien n´est faux,
Tout est inventé
Si vous voulez bien m´accompagner...
...Le petit cirque a fermé ses lumières
Plié son chapiteau
Il a laissé ses images en arrière
Dans nos cœurs bien au chaud
La caravane a repris le chemin
Des rêves et des chagrins
Tout est rangé dans les malles en rotin
Du petit magicien.
Le dernier paradis
« … Qu’il s’agisse de la croupe d’une merveilleuse jument en train de tourner sous les saxophones, du museau d’un phoque où se pose la sphère de caoutchouc, du numéro de petit accordéon du clown à étoiles, des bons mots des excentriques, des pyramides de familles à bicyclettes, des anneaux, des savants, du monsieur en habit qui découpe la dame en travesti, de la gueule des lions et du pantalon des éléphants, il y a une règle cachée, un rythme clandestin qui court sous les phases du divertissement?: ce sont les grâces de la danse acrobatique… […]
Il y a toujours, sous les splendeurs du silence et du rire, un avertissement nuancé, un imperceptible bercement, qui rappelle les ondes de la danse. Il faut suivre ici les lois sublimes de l’agréable, de la persuasion. Le cirque est un lieu qui sonne le rassemblement de toutes les formes, les plus ailées, les plus lointaines, les plus muettes, de la danse. Le cirque, avec ses maquillages et ses sauts périlleux, ses combinaisons à l’infini de cercles de voltiges, ses entrées de clowns réglées comme des valses, est à la fois un endroit magique et classique. »
Léon-Paul Fargue (1876-1947)
[size=13][/size]
Le petit cirque
Le petit cirque a levé l’ancre
finie la fête aux bords de mer
le singe a beau faire le cancre
faut fermer boutique l’hiver
le clown a plié le rideau
Lola reprise son maillot
plus de soleil sur son échelle
faut déjà tirer la ficelle.
La neige tombera bientôt
sur la roulotte de soleil
le singe aura mis son tricot
Lola regardera le ciel
son jeune amant l’emmènera
courir les foires de banlieue
et dans les mains Lola lira
l’aventure en fermant les yeux
Il faudra veiller sur la troupe
les quatre [size=13]chiens, le cheval blanc
faudra laver, cuire la soupe
en attendant, en attendant…
le singe aura mille chagrins
cachant la peine dans ses mains
le pauvre clown perdra patience?:
trop de neige et plus de finances
Mais la roue tourne et tournera
Ce soir sera soir de gala
le clown ouvrira le rideau
le cheval blanc danse un tango
sous le soleil des projecteurs
le singe rit de tout son cœur
y a des bravos, la vie est belle
Lola tourne au bout de l’échelle.
[/size]
Marcel SAINT-MARTIN, Chanson inédite. (né en 1923)
Cirques magiques
[size=13][/size]
Au cirque
Ah?! si le clown était venu?!
Il aurait bien ri, mardi soir?:
Un magicien en cape noire
A tiré d’un petit mouchoir
Un lapin, puis une tortue
Et, après, un joli canard.
Puis il les a fait parler
En chinois, en grec, en tartare.
Mais le clown était enrhumé?:
Auguste était bien ennuyé.
Il dut faire l’équilibriste
Tout seul sur un tonneau percé.
C’est pourquoi je l’ai dessiné
Avec des yeux tout ronds, tout tristes
Et de grosses larmes qui glissent
Sur son visage enfariné.
Maurice CARÊME, La Fête en poésie, Gallimard.
(poète belge, 1899-1978)
[size=13][/size]
Ninnenne