L'OBJET DE SON DÉSIR ANITA SHREVE
L'auteur : Fille d'un pilote de ligne et d'une femme au foyer, Anita Shreve est diplômée de l'école secondaire de Dedham puis étudie à l'université Tufts (Massachusetts). Elle commence à écrire tout en étant professeur au lycée de Reading au Massachusetts.
Anita Shreve, née le 7 octobre 1946,(68 ans) est une écrivaine et scénariste américaine à Dedham, Massachusetts, États-Unis
Époux : John Osborn
Formation : Université Tufts
Parmi d'autres emplois, Shreve a été journaliste à Nairobi (au Kenya) pendant trois ans.
Elle vit à Longmeadow, au Massachusetts.
Œuvres traduites
1994 - Nostalgie d'amour, roman
1995 - La longue [size=13]nuit d'Eden Close, roman[/size]
1997 - Le poids de l'eau, roman
1999 - La Femme du pilote, roman
2000 - Un seul amour, roman
2002 - Ultime rencontre, roman
2003 - La maison au bord de la mer, roman
2004 - L'objet de son désir, roman
2005 - Une lumière sur la [size=13]neige, roman[/size]
Une de ses premières histoires publiées, en 1975, Past the Island, Drifting, a obtenu le prix O. Henry Award en 1976.
Son roman La Femme du pilote a été sélectionné par l'Oprah's Book Club en mars 1999. Depuis lors, ses romans se vendent à des millions d'exemplaires dans le [size=13]monde entier.[/size]
Plusieurs films ont été tournés sur base de ses romans dont :
Le Poids de l'eau, réalisé par Kathryn Bigelow en 2000 est tiré de la nouvelle The Weight of Water.
Une double vie, un téléfilm canado-américain diffusé en 2002, réalisé par Robert Markowitz et dont elle est coscénariste a été tiré de la nouvelle The Pilot's Wife (La Femme du pilote).
Résistance, réalisé par Todd Komarnicki en 2003 avec Bill Paxton, Julia Ormond et Sandrine Bonnaire et dont elle est coscénariste a été tiré de sa nouvelle du même nom.
L'histoire :
Dans la Nouvelle-Angleterre du début du xxe siècle, l'histoire d'une passion amoureuse ravagée par la jalousie. Un roman intense et violent sur le désir, le mensonge et la trahison, porté par l'écriture élégante et subtile d'Anita Shreve.
Lors du [size=13]voyage en train qui l'emmène en Virginie, Nicholas Van Tassel, austère professeur d'université, retrace l'histoire de son mariage avec Etna Bliss et son amour pour elle, insensé et absolu. [/size]
Trente ans plus tôt, Nicholas aperçoit Etna pour la première fois. À cet instant, il n'a plus qu'une obsession : conquérir cette femme mystérieuse et singulière, l'épouser pour ne jamais la perdre.
Des années durant, la passion brûlante de Nicholas se heurte à la froideur implacable de son épouse.
Retranchée derrière un mur de silence et de secret, incapable de lui rendre son amour, Etna poussera son mari au désespoir, jusqu'au drame...
Critiques :
Un mari bafoué, un tantinet ridicule, une femme glaciale et glaçante, un milieu étriqué dans une ville de province sans intérêt servent de décor.
Trente ans après la désintégration de son couple, un homme se plonge dans son [size=13]histoire. Trente ans pour comprendre qu’on ne peut pas forcer une femme à vous aimer, que le désir ne se commande pas mais se construit, qu’une vie se forge ensemble, parallèlement. [/size]
La plus grande réussite de ce livre, son plus grand charme aussi, c’est la justesse avec laquelle Anita Shreve photographie ces personnages. Jamais caricaturaux, ils restent toujours élégants, et émouvants dans leurs vains efforts de cohabitation.
Dominique Grosfils (Psychologie.com)
Extraits :
(J'aimerais me livrer ici à une autre digression : du haut de mes soixante-quatre ans, je constate que la passion érode et épanouit tout à la fois le caractère, non pas peu à peu, mais instantanément, et d'une manière telle que ce qui en reste n'est pas équilibré, mais détraqué, désespérément tiraillé à hue et à dia. L'érosion résulte de la volonté de tout faire pour obtenir l'objet de son désir, dût-on pour cela mentir, tromper ou dénigrer ce qu'on avait auparavant vénéré. L'épanouissement vient de ce que l'on se sait capable d'un immense amour, et cette constatation engendre un sentimant paradoxal de gratitude et d efierté malgré le carnage.)
"...Toujours à cette époque, je contactai un tailleur à qui je commandai trois nouveaux costumes, les vêtements que j'avais portés jusque-là me donnant en effet un côté peu reluisant de maître d'école. J'ai peine à me rappeler le temps que je passais alors au collège. Je ne doute pas que les devoirs d'examen de mes étudiants aient bénéficié de mon humeur exubérante, car en quelques mois je troquai la personnalité terne du professeur contre l'exaltation du soupirant. Si mes étudiants apprirent quelque chose au cours de ce semestre d'hiver de 1899, ce fut seulement que l'amour est capable de transformer les personnes les plus disciplinés et barricadées contre les émotions."
"Ces considérations m'incitent à réfléchir à la nature du destin et des coïncidences : un homme s'engouffre dans son automobile avec une minute d'avance parce qu'il décide de ne pas prendre le temps d'embrasser sa femme. Il emprunte un pont qui s'effondrera une minute plus tard en précipitant tous les véhicules et toutes les malheureuses victimes dans les profondeurs bouillonnantes et furieuses de l'eau. Inconscient, hors de danger, notre homme poursuit sa route."
"Je suis convaincu que chaque femme a un âge qui la met le mieux en valeur. Pour la majorité d'entres elles, il se situe à quinze ou seize ans, quand elles sont encore adolescentes. Mais si ces créatures parfaites sont adorables et très prometteuses (combien déçoivent ensuite !), on ne peut toucher ces trésors, et leur beauté ne peut donc être totalement appréciée. Bien sûr, il m'est impossible de savoir à quoi ressemblait Etna à quinze ans (malheureusement il n'existe pas de photographie d'elle à cet âge-là), mais je crois pouvoir affirmer qu'à quarante ans elle était au faîte de sa splendeur."
"La jalousie déroula ses anneaux de serpent, et je me rendis compte que je n'avais pas encore sondé les abîmes de ce sentiment, pas même en imagination, quand j'étais allongé à côté d'Etna dans notre lit conjugal. En comparaison, il s'agissait d'une sorte de jalousie cérébrale, qui se dissipait assez facilement au soleil de la pièce du petit déjeuner. Mais là...c'était différent, je precevais la face cachée de l'admiration; le côté sombre de l'amour.
(Il me vient maintenant à l'esprit, une vingtaine d'années après les événements que je relate, qu'une grande passion ou une jalousie peuvent se réduire à l'action de substances chimiques dans le cerveau, des substances sollicitées chaque fois que le souvenir de l'élément déclencheur est réactivé. Si c'est bien le cas, à quelle débauche chimique mon cerveau ne se livre-t-il pas alors que je rédige ces Mémoires - une espèce de méli-mélo chimique!)."
Mon humble avis :
Encore un livre de cet Auteur que j'ai aimé,( je les ai tous) car cette fois elle nous ramène dans l'univers de la Nouvelle Angleterre du début du xxéme siècle.
Cette belle histoire est un tremplin dans le passé des souvenirs intimes de Nicholas, son histoire d'amour passionnée pour une femme apparement froide, son mariage, et la désintégration de son couple...
Désir de moments de liberté de la femme de cette époque et jalousie aveugle et possessive avec des sentiments poussés à l'extrême qui deviennent dévastateurs quand ils tournent à l'obssession...Quand l'égoïsme devient monstrueux et plus fort que la raison...
Rien d'un roman à l'eau de rose...Une ambiance dont on s'imprègne au fil des pages...
« La [size=13]lecture est une amitié. »[/size]
Marcel Proust
Bonne lecture!!!! Ninnenne