Velours Jean-Marc Gonnetan
Velours
Sous le velours des pétales d'une rose
J'ai trouvé ton sourire
Sur les parfums de cette rose
J'ai puisé un instant les yeux fermés
Ta présence
Mais tu ne sauras jamais
Comme à ce moment là
J'ai pensé à nos bras alors ouverts
J'ai pensé à la caresse de tes lèvres
J'ai pensé à nos yeux amoureux
j'ai pensé à toi resplendissante
D'amour et de vie
Mais tu ne sauras jamais
Comme notre [size=18]amour éteint
Nous habite pourtant
D'infinis souvenirs
Qu'aucune autre vie
Ne saura jamais nous donner[/size]
Je pense à toi qui pourrais relire ces lignes
Je pense à toi qui ne m'as jamais quitté.
Jean-Marc Gonnetan
L’œil du maître Jean de La Fontaine
Illustration de Gustave Doré
L'OEIL DU MAITRE
Un Cerf, s'étant sauvé dans une étable à Boeufs,
Fut d'abord averti par eux :
Qu'il cherchât un meilleur asile.
Mes frères, leur dit-il, ne me décelez pas :
Je vous enseignerai les pâtis (1) les plus gras ;
Ce service vous peut quelque jour être utile ;
Et vous n'en aurez point regret.
Les Boeufs à toutes fins promirent le secret.
Il se cache en un coin, respire, et prend courage.
Sur le soir on apporte herbe fraîche et fourrage,
Comme l'on faisait tous les jours :
L'on va, l'on vient ; les Valets font cent tours,
L'Intendant même et pas un, d'aventure (2),
N'aperçut ni corps, ni ramures,
Ni Cerf enfin. L'habitant des forêts
Rend déjà grâce aux Boeufs, attend dans cette étable
Que chacun retournant au [size=18]travail de Cérès (3),[/size]
Il trouve pour sortir un moment favorable.
L'un des Boeufs ruminant lui dit : Cela va bien ;
Mais quoi l'homme aux cent yeux (4) n'a pas fait sa revue.
Je crains fort pour toi sa venue ;
Jusque-là, pauvre cerf, ne te vante de rien.
Là-dessus le Maître entre et vient faire sa ronde.
Qu'est ceci? dit-il à son monde.
Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers ;
Cette litière est vieille : allez vite aux greniers ;
Je veux voir désormais vos Bêtes mieux soignées.
Que coûte-t-il d'ôter toutes ces Araignées ?
Ne saurait-on ranger ces jougs et ces colliers ?
En regardant à tout, il voit une autre tête
Que celles qu'il voyait d'ordinaire en ce lieu.
Le Cerf est reconnu : chacun prend un épieu (5) ;
Chacun donne un coup à la Bête.
Ses larmes ne sauraient la sauver du trépas.
On l'emporte, on la sale, on en fait maint repas,
Dont maint voisin s'éjouit (6) d'être.
Phèdre, sur ce sujet, dit fort élégamment :
Il n'est, pour voir, que l'oeil du Maître.
Quant à moi, j'y mettrais encor l'oeil de l'Amant.
Jean de La Fontaine
Livre 4 Fable XXI
Cette fable "L'oeil du maître", se trouvait à la fin du livre III dans l'édition de 1668. La Fontaine l'a placée à la fin du livre IV dans l'édition de 1678. Sa source est Phèdre (II, 6). Le titre s'inspire du sous-titre de la traduction latine par Le Maître de Sacy : "L'oeil du maître est le plus clairvoyant"
"Le dernier vers de cette fable suggère plaisamment une lecture allégorique rétrospective de ce récit de vie à la ferme : l'amant y serait le maître, le cerf, le rival, le bétail, la maîtresse jalousement possédée" (M. Fumaroli, Fables, coll. La Pochothèque).
" Cette fable est un petit chef-d'oeuvre. L'intention morale en est excellente, et les plus petites circonstances s'y rapportent avec une adresse ou un bonheur infini" (Chamfort)
(1) pâturages
(2) par hasard
(3) déesse romaine des moissons ; chacun retourne aux travaux des champs.
(4) propriétaire des lieux comparé à Argus avec sa tête entourée de cent yeux qui se reposaient à tour de rôle, par groupes de deux à la fois (Ovide : les Métamorphoses (I, 606-633)
(5) arme de chasse
(6) se réjouit (terme désuet)
Sans toi Jean-Marc Gonnetan
Sans toi
Parce que sans toi
Il n'est de lendemain
Il n'est de soleil
Il n'est de printemps
Il n'est de chaleur
Il n'est de rire
Il n'est d'amour
Il n'est d'étreintes
Parce que sans toi je ne saurais plus être
Parce que sans toi c'est le vide et le néant
La raison dans sa perte
Parce que l'impossible
C'est ton absence
C'est mon silence
Je n'ai plus envie de regarder l'horizon
D'imaginer un avenir seul...
Jean-Marc Gonnetan
Quand l'amour est espoir et besoin de la présence de l'autre
Ninnenne