"Le signal" Ron Carlson
L'auteur :
Ron Carlson est né en 1947, en Utah. Il est l’auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont reçu de nombreuses distinctions aux Etats-Unis. Il enseigne la [size=16]littérature et vit à Huntington Beach, en Californie. Le signal est son dernier roman.[/size]
Le résumé:
« Au matin, ils se mirent en route. La piste était sèche, la pente douce jonchée de feuilles de tremble jaunies, et la fraîcheur et le silence bruissaient dans l’immensité du ciel. Ils marchèrent comme ils avaient toujours marché lors de leurs expéditions, elle devant, lui derrière, lents et réguliers. Ils ne s’étaient que peu parlé la nuit précédente, surtout pour se conformer à une promesse qu’il avait gravée dans la pierre des montagnes : rester léger et sur la réserve, sans se mettre en boule, sans se laisser atteindre. Chaque jour depuis qu’il avait quitté la prison avait été une leçon de plus dans sa reconstruction, et il ne voulait pas perdre ça. Elle était là ; c’était suffisant. Ils n’étaient plus mariés. Elle était venue pour lui faire plaisir. Il ne se ferait pas d’illusions ; il n’avait d’ailleurs aucune illusion à se faire. ‘‘Tu es un cas désespéré, mon garçon.”. »
C’est donc pour se dire adieu que Mack et Vonnie partent une dernière fois camper dans les montagnes du Wyoming.Enlisé dans les dettes et l'alcollo, Mack a peu à peu contraint Vonnie à renoncer à l'amour profond qui l'avait attiré vers l'Ouest, et la jeune femme a refait sa vie. Cette randonnée est un moment de complicité retrouvée, une ultime chance de se dévoiler l'un à l'autre.
Mack, en outre, exécute une dernière mission pour le compte d'un intermédiaire douteux afin de sauver son ranch de la faillite : Au coeur des vastes étendues sauvages, guidé par un faible signal GPS, il doit retrouver une mystérieuse balise égarée lors d'un survol de la région. Rien ne va se dérouler comme prévu et cette mission se revelera bien plus périlleuse que prévu.
L’angoisse semble tapie dans les moindres buissons. Oscillant entre néoréalisme engagé et réalisme fantastique, fort d’une langue savoureuse, riche en relief et en couleurs, Ron Carlson excelle dans l’opposition de deux mondes. Equilibrant admirablement les descriptions d’une nature sauvage et un suspense haletant, fertile en images inédites.
Le Signal est un roman magistral et diablement envoûtant combinant le destin d'un amour qui s'achève à un suspense qui nous mène au paroxysme de l'angoisse. Ce livre palpitant, doublé d'une magnifique description du Wyoming, est un texte puissant qui se lit d'une traite.
Randonner dans les montagnes du Wyoming,découvrir des lacs d'altitude à l'eau extraordinairement claire,marcher où aucun être humain n'a encore marché...Il suffit de suivre Mack et Vonnie,et même si la "civilisation"les rattrape,quel magnifique voyage!
Critiques :
"Une élégie à un mariage brisé et un roman au suspence à couper le souffle"
The New York Times
Extraits :
« Au matin, ils se mirent en route. La piste était sèche, la pente douce jonchée de feuilles de tremble jaunies, et la fraîcheur et le silence bruissaient dans l’immensité du ciel. Ils marchèrent comme ils avaient toujours marché lors de leurs expéditions, elle devant, lui derrière, lents et réguliers. Ils ne s’étaient que peu parlé la nuit précédente, surtout pour se conformer à une promesse qu’il avait gravée dans la pierre des montagnes : rester léger et sur la réserve, sans se mettre en boule, sans se laisser atteindre. Chaque jour depuis qu’il avait quitté la prison avait été une leçon de plus dans sa reconstruction, et il ne voulait pas perdre ça. Elle était là ; c’était suffisant. Ils n’étaient plus mariés. Elle était venue pour lui faire plaisir. Il ne se ferait pas d’illusions ; il n’avait d’ailleurs aucune illusion à se faire. ‘‘Tu es un cas désespéré, mon garçon.”. »
"Il était aussi loin des routes qu'on pouvait l'être dans ce pays, et il avait la sensation primitive et rare d'être la première personne à marcher ici, et quelques minutes plus tard, à marcher ailleurs. Depuis le début du temps. Ce plateau rocheux incliné était nu et indifférent ; parfois, certains endroits révélaient leur indifférence. Ils étaient là depuis une éternité et y resteraient. Les rochers se fichaient de ce qui arrivait à l'homme, ils s'en fichaient il y a mille ans et ils s'en ficheraient dans mille milliers d'années. Partout autour de lui, il voyait des rochers qui s'en fichaient et s'en ficheraient toujours. C'était exaltant, Mack savait qu'il était en plein mélodrame. Le soleil ici n'avait pas d'âge et il était lui aussi indifférent. Mack sourit."
"Le retour est toujours un moment délicieux. Sales et fatigués, ils parlaient, discutaient des poissons qu'ils avaient attrapés, de la randonnée. Ces jours-là, son père disait toujours : “Être sale, comme avoir faim, ce sont des choses magnifiques qui se méritent. Nous l'avons bien mérité, alors allons nous laver et manger.” Il avait appris à Mack à ne jamais mépriser la faim mais à s'en servir comme d'un instrument, et ils avaient mangé d'excellents steacks dans les gros relais routiers à la lisière des villes de l'Ouest quand ils descendaient des montagnes. “Servons de nous de ça comme il faut.” - Mack avait dit ça à Vonnie chaque année; ils savaient tous les deux qu'ils mangeraient des steacks et boiraient des boissons fraîches sorties de la glacière qu'ils avaient gardée de côté : une célébration et une dernière nuit à camper près des voitures au-dessus du monde."
"Un ruisselet qu'il put franchir coulait au centre de l'endroit et Mack vit, en grimpant, où le groupe avait traversé et retraversé le joli cours d'eau. Il aimait les endroits perdus comme celui-ci, les surprises exclusives auxquelles n'avaient pas eu droit plus d'une dizaine de pionniers ; il y avait des milliers de recoins isolés dans la nature sauvage et ils le remplissaient toujours d'espoir. Jusqu'à aujourd'hui. Le goulet du canyon et les parois rocheuses en gradins prirent de la hauteur, la bande de ciel matinal bleu pâle se réduisit à une balafre au-dessus de sa tête".
Mon humble avis :
Six jours de randonnée dans les sauvages montagnes du Wyoming...six jours où nous sommes dans la peau des deux personnages Mack et Wonnie dans un décor magnifique avec leurs regrets, leurs blessures, leur amertume...mais aussi quelque part un certain bonheur de se retrouver comme autrefois perdus dans une nature intacte...Magnifiquement écrit, des descriptions de nature extraordinaires...Magie de l'écriture qui nous transporte en des lieux avec des personnages imaginaires qui nous sont familiers et qu'on n'a pas envie de quitter...
J'ai plus aimé ce livre pour le style, les descriptions de la nature et cette communion entre l'homme et elle, que pour le suspens de l'histoire...mais j'ai adoré ce dépaysement...
Ninnenne