Biographie 1969 Naissance de Cesar Millan à Culiacán, au Mexique.
1990 Entrée illégale aux Etats-Unis.
1994 Rencontre avec l’actrice Jada Pinkett, qui devient son mentor.
2004 L’émission Dog Whisperer with Cesar Millan est diffusée par la chaîne National Geographic.
2009 Acquisition de la citoyenneté américaine.
C’est
un miracle. Voilà ce que se disent les propriétaires de chiens
perturbés après avoir vu Cesar Millan à l’œuvre. Et les chiens ? Ils
semblent dire :
“Merci mon Dieu, on m’envoie enfin de l’aide !”Pour
que ce dresseur hors pair daigne s’occuper d’un de ces canidés en
détresse, il faut que celui-ci souffre de phobies apparemment
irrationnelles (à l’égard des motos, des grille-pain, des sols en lino)
ou d’obsessions étranges (mordre des cailloux, des chevilles, des pneus
de tracteur). Et que leurs maîtres soient prêts à tout pour les en
sortir. Certains d’entre eux racontent des histoires poignantes, parfois
grotesques. Un couple s’est adressé à Cesar Millan parce que ses deux
pitbulls, ayant visiblement juré de s’entre-tuer, l’avaient contraint à
se séparer. Deux autres partenaires n’avaient plus dormi dans le même
lit depuis des mois car leurs yorkshires ne le toléraient pas.
Si vous vivez aux Etats-Unis et si vous regardez la télévision, vous connaissez peut-être l’homme grâce à son émission
Dog Whisperer with Cesar Millan [L’homme qui murmure à l’oreille des chiens, avec Cesar Millan],
diffusée sur la chaîne câblée National Geographic. Près de 11 millions
de téléspectateurs la suivent chaque semaine. A moins que vous ne soyez
tombé sur son nouveau magazine,
Cesar’s Way [La méthode Cesar] ou l’un de ses quatre livres, dont le dernier en date,
How to Raise the Perfect Dog [Comment élever le chien parfait], est sorti au mois d’octobre. Les
trois premiers se sont écoulés à 2 millions d’exemplaires aux Etats-Unis
et ont été publiés dans 14 autres pays.
Vivant à Los Angeles, la
Mecque de l’industrie du divertissement, il a réussi à s’imposer comme
une sorte d’icône. Il aide des dizaines de stars et de magnats du cinéma
– comme l’animatrice Oprah Winfrey, l’acteur Will Smith, l’ancien PDG
de Disney Michael D. Eisner ou encore le réalisateur Ridley Scott – à
devenir des chefs de meute dans le seul endroit où ils ne parvenaient
pas à dominer jusque-là : sous leur propre toit. Pas mal pour ce gamin
pauvre, né à Culiacán, au Mexique, qui a traversé la frontière
clandestinement il y a vingt ans sans un sou en poche et n’est devenu
citoyen américain qu’en 2009.
Cesar Millan gère avec son épouse,
Ilusion, la société Cesar Millan Inc., le centre d’une constellation
d’affaires qui va bien au-delà de sa seule émission télévisée et
comprend toute une gamme d’activités : interventions en public,
séminaires d’encadrement de haut niveau, gamme d’aliments bio, de
shampooings et de jouets pour chiens, ainsi qu’une fondation financée
par un pourcentage (non précisé) du chiffre d’affaires de la société.
Son site Internet (cesarmillaninc.com) enregistre un chiffre d’affaires
annuel brut de plusieurs millions de dollars, essentiellement grâce aux
ventes de DVD, livres et produits dérivés tels que le collier Illusion,
conçu par Mme Millan pour aider à maîtriser les chiens difficiles. Et
puis il y a le Dog Psychology Center, un domaine de plus de 17 hectares
qu’il présente comme un
“Disneyland pour chiens”. Le centre est en construction au nord de Los Angeles et sera, assure-t-il, le premier de toute une série aux Etats-Unis.
Selon MPH Entertainment, la société de production dont Cesar Millan est partenaire pour son émission de télévision,
Dog Whisperer pèsera 100 millions de dollars dans quelques années. L’intéressé assure
que ce n’est qu’un début. Il y a 65 millions de chiens aux Etats-Unis,
où les soins aux animaux domestiques constituent un marché estimé à
40 milliards de dollars. Les propriétaires de chiens dépensent en
moyenne 11 000 dollars tout au long de la vie de leur animal et, malgré
la récession, ces dépenses ne semblent pas faiblir. Pour le dire
simplement, les Américains sont dingues de leurs animaux. A moins qu’ils
ne soient dingues tout court. Pour s’en convaincre, il suffit de voir
l’épisode de l’émission consacré à Genoa, le golden retriever qui avait
peur du garage. Cesar Millan n’a pas tardé à comprendre la raison de sa
répulsion : sa maîtresse était animée d’un vif ressentiment contre ce
lieu car son mari y passait plus de temps à bricoler qu’à s’occuper
d’elle. Problème résolu. Ou encore celui sur Li’l Miss Kisses, le bichon
maltais dont la maîtresse était folle du rose. L’appartement de la
dame, ses meubles, ses vêtements, tout était rose. Le chien lui-même
avait été teint. Kisses urinait constamment sur le sol de l’appartement,
mais comment lui en vouloir dans un tel contexte ?
L’impassibilité
de Cesar Millan face à ces situations rocambolesques en dit moins sur
ses bonnes manières que sur son intérêt primordial : celui des chiens.
Au fil du temps, il a appris que, dans un pays où les amoureux des bêtes
traitent leurs animaux comme des enfants, il lui fallait plonger dans
les tréfonds de l’âme humaine pour remettre les choses en ordre. Il est
pourtant le premier à reconnaître que communiquer avec les hommes ne lui
est pas venu naturellement.
Cesar Millan a grandi dans une ferme
au Mexique, où, dès son plus jeune âge, il a reçu le surnom d’El
Perrero, “l’homme aux chiens”. Mais il lui a fallu des années avant de
prendre conscience que, pour atteindre son objectif, à savoir devenir le
meilleur dresseur de chiens au monde, il lui fallait comprendre non
seulement les animaux, mais aussi leurs maîtres. En 1991, son anglais
était balbutiant, et, de ce fait, il ne voulait pas faire payer trop
cher ses services de dressage.
“Le fond de mon travail était bon, mais pas la forme”,
se remémore-t-il, précisant que son tarif était à l’origine de
10 dollars par séance. Cela n’a pas empêché sa réputation de s’étendre.
L’actrice Jada Pinkett, alors âgée de 20 ans, a été l’une de ses
premières clientes. Il l’a aidée à se faire respecter de ses quatre
énormes rottweilers et est devenu son ami. Lorsqu’il lui a avoué qu’il
rêvait de faire de la télé, elle n’y est pas allée par quatre chemins et
lui a répondu qu’il n’était pas prêt. Elle lui a alors trouvé un
professeur pour parfaire son anglais. Puis Jada Pinkett, devenue
entre-temps Mme Will Smith, a commencé à recommander Cesar Millan à ses
amis.
En 2002, un article dans la presse lui a valu d’être
contacté par des dizaines de producteurs de télévision : il a décidé de
s’associer à deux d’entre eux, Sheila Emery et Kay Sumner. Ce duo était
déjà en collaboration avec la société de production MPH, qui s’était
fait un nom avec des émissions de télé-réalité rencontrant un grand
succès sur le câble.
Diffusée aux Etats-Unis depuis 2001
seulement, la chaîne National Geographic s’est vite montrée intéressée
par l’émission mais ne voulait pas financer l’ensemble de la production.
Elle a commandé 26 épisodes d’une demi-heure chacun, à la condition que
MPH participe aux investissements. La première diffusion a eu lieu en
2004, et l’audience a lentement progressé, notamment grâce au
bouche-à-oreille. La première saison n’était pas diffusée à une heure de
grande écoute et la chaîne n’a pas fait grand-chose pour la promouvoir,
mais Cesar Millan a énormément de charisme.
“Voilà trente ans que
je travaille dans ce milieu et je n’ai rencontré que trois personnes
avec un tel don : Jacques Cousteau, Jim Henson [grand marionnettiste et
créateur du Muppet Show] et Cesar”, souligne Jim Milio, de la société de production MPH.
Dès
la deuxième saison, l’émission a été rallongée d’une demi-heure et a
commencé à être diffusée en prime time. C’est là que les choses ont
vraiment décollé pour Cesar Millan. S’il est aujourd’hui célèbre, ses
méthodes ne font pas pour autant l’unanimité. Les dresseurs
“positivistes”, comme Ian Dunbar, rejettent l’équation chien soumis
égale chien heureux. Pour ce dernier, il faut traiter les chiens comme
des compagnons et non comme des inférieurs. Alors que Cesar Millan se
sert de sa main comme une chienne utilise son museau avec ses petits
pour leur apprendre à obéir, son détracteur bannit les corrections
physiques et leur préfère les petites friandises et les récompenses.
“Ici en Amérique, les chiens ont le pouvoir”,
estime pour sa part Cesar Millan, qui n’a pas besoin de chercher très
loin pour prouver son fait. Dans une émission qu’elle a faite avec lui,
l’animatrice Oprah Winfrey a révélé qu’elle aimait sa chienne Sophie
comme si elle lui avait elle-même
“donné le jour”. Elle a qualifié ses chiens de
“petites personnes à fourrure” jusqu’à ce que le dresseur la mette en garde : c’est peut-être
“une bonne thérapie pour les êtres humains, mais pas pour le genre canin”, lui a-t-il asséné.
Les
tarifs de Cesar Millan ont évidemment évolué, et coquettement : il
facture aujourd’hui entre 10 000 et 100 000 dollars la consultation
privée.
“Ce que j’ai appris sur les gens très, très, très
riches, c’est que l’argent vaut tous les mots. En leur faisant payer
très cher vos services, vous parlez la même langue qu’eux, explique Cesar Millan.
Cent mille dollars, ça me convient très bien. Et, grâce à cela, ils sont vraiment attentifs”, conclut-il.
Bonne lecture à vous tous!! et à moi y comprise!!!
Ninnenne