La couleur de l'espoir Suzan Madison
L'auteur : Nationalité : Royaume-Uni
Susan Madison est née à Oxford où elle vit actuellement, après de longs séjours à Paris et aux États-Unis.
Après La Couleur de l'espoir (2001), Tout l'or du ciel est son deuxième [size=13]roman à paraître chez Belfond. [/size]
L'histoire :
Lorsque le malheur les frappe, les Connelly sont en vacances en Nouvelle-Angleterre, dans leur propriété familiale, comme chaque été. Josie, la fille aînée, disparaît lors d'une promenade en mer sous les yeux des siens, impuissants. Sa famille est effondrée. Tous d'en trouvent profondément affectés et subitement fragilisés. Comment continuer à vivre ? Comment dépasser le sentiment de culpabilité ? Chacun se retranche derrière un douloureux mutisme et Ruth, mère déchirée et brillante avocate d'affaires de Boston, décide de fermer pour toujours leur maison secondaire. Les survivants vont expérimenter jour après jour le déséquilibre croissant de leur cellule familiale. Les parents de Josie et son jeune frère William, quatorze ans se retrouvent chacun à leur manière confrontés au chagrin, à la souffrance et s'eloignent les uns des autres.
Mais voilà qu'une nouvelle tragédie s'abat sur eux...
Ballotée entre le remords et le regret et le refus de la réalité, Ruth se noie dans un désespoir sans fond.
Pourtant, le corps de Josie n'ayant toujours pas été retrouvé, elle garde espoir. Soutenue par la force de son intuition, Ruth va tout faire pour restaurer l'équilibre familial. Elle trouvera le courage de retourner sur les lieux du drame. C'est là qu'elle découvrira la vérité et comprendra comment on peut parfois infliger de terribles chagrins aux êtres qui nous sont les plus chers.
Extraits :
"Son apparence physique avait perdu toute importance à ses yeux. Les petites misères de la vie quotidienne ne l’importunaient même plus, ni les coupures et les meurtrissures qui recouvraient son corps, ni le manque de sommeil. Chaque jour, comme on reprend son bâton de pèlerin, elle reprenait sa quête désespérée, même lorsque l’espoir se mit à l’abandonner. Poursuivre, garder courage… ne pas laisser le temps ensevelir complètement Josie. Ruth ne se sentait pas encore prête à conjuguer son image au passé."
"J’estimais plus digne de ne pas nous abandonner à notre chagrin. Il aurait été facile de se laisser aller. Si tu savais le nombre de fois où j’ai eu envie de m’effondrer"
"Elle avait cru que ses souvenirs allaient finir par s’évanouir avec le temps mais cet espoir avait été cruellement déçu. Ils remontaient sans cesse à la surface de sa mémoire, aussi aigus et horribles qu’au premier jour."
"- ...S'il ne vous reste que des souvenirs, vous devriez en être fière plutôt que les ignorer sit Sam en posant sur elle ses yeux chauds et doux. Il faut retourner là-bas. Les souvenirs de votre fille sont de bons souvenirs, j'en suis persuadé.
- C'est vrai. En tout cas, la plupart. Mais quelque chose perturbait Josie l'été dernier. Elle semblait m'en vouloir. Le pire en ce qui concerne la mort, c'est de ne plus pouvoir rattraper les choses.
- Alors, essayez d'oublier les mauvais moments et rappelez-vous seulement des bons..."
"Sans doute les personnes dotées d'un tempérament d'artiste souffrent-elles plus que les autres... J'en suis arrivé à la conclusion - même si je ne suis pas le mieux qualifié pour en parler - que l'aspect matériel de la vie les accable plus que la moyenne. Elles ressentent plus de choses et en souffrent. Le monde les terrifie. Mais, en retour, elles sont capables de s'émerveiller d'un rien et leur bonheur est alors infini."
"Arc-boutés contre le vent, ils se promenèrent le long du front de mer. En une nuit, la température s'était effondrée. Dans le port, une eau grise et trouble s'acharnait avec violence contre les piliers des docks. Plus loin, elle se ruait obstinément sur les rochers de la petite baie, projetant de hauts nuages d'écume. Les mouettes s'abattaient sur les bateaux de pêche qui tanguaient sous la houle, plongeant et se chamaillant pour quelques restes. Les casiers à langoustes enveloppés dans des filets de pêche s'empilaient sur les quais. Le ciel bas retirait toute couleur aux choses, à l'exception des langoustiers aux peintures bariolées."
"...Tu crois en Dieu, papa? demanda t-il en tournant ses yeux immenses vers son père.
-Question difficile. Je crois que nous avons tous besoin d'une certaine spiritualité. Je crois que nous aspirons tous à quelque chose de plus grand et de meilleur que nous-mêmes. Si tu veux appeler ça Dieu...fit Paul en haussant les épaules. Et toi? est-ce que tu y crois?
-Avant oui. Mais maintenant, je ne sais pas. Je crois bien que non. Grand-mère raconte toujours à quel point il est bon et miséricordieux. Alors pourquoi est-ce qu'il a tué Michelle?
-Je n'ai pas de réponse à cette question.
-Mais si tu n'es pas croyant, tout est différent, non? Il suffit de dire que tout n'est qu'une question de hasard. Et pas un type avec une longue barbe qui pointe son index sur toi et techoisit parmi tous les autres. C'est, juste, disaons le destin."
"Elle décida d'attendre en s'asseyant sous la véranda, jouissant de ces moments de solitude et de paix. Derrière la maison, du linge flottait sous la brise marine. Ruth se rappela le jour où Josie lui avait demandé pourquoi elle ne mettait pas aussi le linge à sécher dehors. Elle n'avait gardé aucun souvenir de sa réponse. Probablement une excuse du genre : je n'ai pas le temps. Depauis cette époque, le temps avait filé comme le vent, emporté par une marée de tâches dépourvues de sens. A présent que chaque seconde était précieuse, elle comprenait à quel point il pouvait être important de ne rien faire d'autre que jouir du privilège d'être simplement en vie."
Mon humble avis :
J'ai aimé ce livre qui est tout en sentiments, pudeurs... La noyade d'une jeune fille et les conséquences de cette tragédie sur les autres membres de sa famille qui ont survêcu à l'accident.Cette histoire évoque le cauchemar de tous parents car rien n'est pire que la perte d'un enfant ou la souffrance de son enfant au prise avec l 'horreur d'une maladie grave.J'ai aimé ce dilemme éprouvé par la maman entre le travail et les siens car c'est celui de toute femme qui désire ou doit poursuivre une vie professionnelle parallélement à sa vie familiale.
Toutes les femmes qui travaillent se retrouvent déchirées entre des exigences contracditoires.C'est l'histoire d'une famille disloquée qui va tout faire pour se reconstruire, se retrouver par-delà les drames.Ce n'est pas un livre sur la désespérance mais sur l'espérance...Très beau travail de l'écrivain. Ninnenne