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| | Il fait Novembre en mon âme poème(poèmes divers de différents auteurs) | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Il fait Novembre en mon âme poème(poèmes divers de différents auteurs) Mar 10 Nov - 12:52 | |
| Il fait Novembre en mon âme poèmeIl fait Novembre en mon âme Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe ! Et de la pluie et de la pluie et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie. Il fait novembre en mon âme Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe ! Par mes plaines d'éternité, la pluie Goutte à goutte, depuis quel temps, s'ennuie, Il fait novembre en mon âme Et c'est le vent du Nord qui clame Comme une bête dans mon âme. Feuilles couleur de lie et de douleur, Par mes plaines et mes plaines comme il en tombe ; Feuilles couleur de mes douleurs et de mes pleurs, Comme il en tombe sur mon coeur ! Avec des loques de nuages, Sur son pauvre oeil d'aveugle S'est enfoncé, dans l'ouragan qui meugle, Le vieux soleil aveugle. Il fait novembre en mon âme Quelques osiers en des mares de limon veule Et des cormorans d'encre en du brouillard, Et puis leur cri qui s'entête, leur morne cri Monotone, vers l'infini ! Il fait novembre en mon âme Une barque pourrit dans l'eau, Et l'eau, elle est d'acier, comme un couteau, Et des saules vides flottent, à la dérive, Lamentables, comme des trous sans dents en des gencives. Il fait novembre en mon âme Il fait novembre et le vent brame Et c'est la pluie, à l'infini, Et des nuages en voyages Par les tournants au loin de mes parages Il fait novembre en mon âme Et c'est ma bête à moi qui clame, Immortelle, dans mon âme ! Emile Verhaeren. [size=18][/size] [size=24]Très beau poéme sur la femme La BéatriceDans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure, Comme je me plaignais un jour à la [size=18]nature, Et que de ma pensée, en vaguant au hasard, J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard, Je vis en plein midi descendre sur ma tête Un nuage funèbre et gros d'une tempête, Qui portait un troupeau de démons vicieux, Semblables à des nains cruels et curieux. A me considérer froidement ils se mirent, Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent, Je les entendis rire et chuchoter entre eux, En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux Contemplons à loisir cette caricature Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture, Le regard indécis et les cheveux au vent. N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant, Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle, Parce qu'il sait jouer artistement son rôle, Vouloir intéresser au chant de ses douleurs Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs, Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques, Réciter en hurlant ses tirades publiques ? J'aurais pu mon orgueil aussi haut que les monts Domine la nuée et le cri des démons Détourner simplement ma tête souveraine, Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène, Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil ! La reine de mon coeur au regard non pareil, Qui riait avec eux de ma sombre détresse Et leur versait parfois quelque sale caresse.
[/size] Charles Baudelaire .-----------------------------------------------------------------------------------------PluieIl pleut. J'entends le bruit égal des eaux ; Le feuillage humble et que nul vent ne berce, Se penche et brille en pleurant sous l'averse ; Le deuil de l'air afflige les oiseaux.
La bourbe monte et trouble la fontaine, Et le sentier montre à nu ses cailloux. Le sable fume embaume et devient roux ; L'onde à grands flots le sillonne et l'entraîne.
Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ; La vitre tinte et ruisselle de gouttes ; Sur le pavé sonore et bleu des routes Il saute et luit des étincelles d'eau.
Le long d'un mur un chien morne à leur piste, Trottent, mouillés de grands boeufs en retard La terre est boue et le ciel est brouillard ; L'homme s'ennuie oh ! que la pluie est triste . Rene-François Sully Prudhomne.------------------------------------------------------------------------------------------------------------ BerceuseEndormons-nous, petit chat noir. Voici que j'ai mis l'éteignoir Sur la chandelle. Tu va penser à des oiseaux Sous bois, à de félins museaux. Moi rêver d'elle.
Nous n'avons pas pris de café, Et, dans notre lit bien chauffé Qui veille pleure Nous dormirons, pattes dans bras. Pendant que tu ronronneras, J'oublierai l'heure.
Sous tes yeux fins, appesantis, Reluiront les oaristys De la gouttière. Comme chaque nuit, je croirai La voir, qui froide a déchiré Ma vie entière. Charles Cros.--------------------------------------------------------------------------------------------------------------Un oiseau s’envole, II rejette les nues comme un voile inutile, II n’a jamais craint la lumière, Enfermé dans son vol II n’a jamais eu d’ombre.Coquilles des moissons brisées par le soleil. Toutes les feuilles dans les bois disent oui, Elles ne savent dire que oui, Toute question, toute réponse Et la rosée coule au [size=16]fond de ce oui.[/size] Un homme aux yeux légers décrit le ciel d’amour. Il en rassemble les merveilles Comme des feuilles dans un bois, Comme des [size=16]oiseaux dans leurs ailesEt des hommes dans le sommeil.[/size] Paul Eluard.[size=16][/size] Feuilles volantes,Le ciel se fait lourd quand râlent les pupitres Annonçant dans la cour un vide insoutenable Et le cœur enchaîné, sous la coiffe du pitre, S’entrechoque aux paroles de maîtres de sérénades.Les rêveries s’élèvent et frôlent l’amertume Des sombres feuilles folles qui tangent en narguant Les évadés punis, aux mains griffées de plumes Dont leur omniprésence n’en fait que des absents.Quand grincent les miroirs aux couleurs de la [size=16]nuit,Annonçant la tempête au fond des encriers,Une larme de pluie se transforme en l’ennuiD’une vie qui s’achève dès la fin de l’été.[/size] Isaac Lerutan.[size=16][/size] L' EnfanceQu'ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, je coulai ma douce existence, Sans songer au lendemain. Que me servait que tant de connaissances A mon esprit vinssent donner l'essor, On n'a pas besoin des sciences, Lorsque l'on vit dans l'âge d'or , Mon cœur encore tendre et novice, Ne connaissait pas la noirceur, De la [size=16]vie en cueillant les fleurs,
Gérard de Nerval.[/size] [size=16][/size] L'écureuilDans le tronc d'un platane Se cache une cabane. Un petit écureuil Est assis sur le seuil. Il mange des cerises, Tricote une chemise, Recrache les noyaux, Se tricote un maillot, Attaque les noisettes, Fait des gants, des chaussettes Qu'importe s'il fait froid Tant pis si vient l'hiver Une maille à l'endroit, Une maille à l'envers : L'écureuil, fort adroit, Se fait des pull-overs.
Jean-Luc Moreau.[size=16][/size] L'OiseauMais lors voici qu’un oiseau chante, Dans une pauvre cage en bois, Mais lors voici qu’un oiseau chante Sur une ville et tous ses toits,Et qu’il dit qu’on le voit le monde Et sur la mer la pluie tomber, Et des voiles s’en aller rondes, Sur l’eau si loin qu’on peut aller.Puis voix dans l’air plus haut montée, Alors voici que l’oiseau dit Que tout l’hiver s’en est allé Et qu’on voit l’herbe qui verdit,Et sur les chemins la poussière Déjà, et les bêtes aussi, Et toits fumant dans la lumière Que l’on dirait qu’il est midi,Et puis encore sa voix montée, Que l’air est d’or et resplendit, Et puis le bleu du ciel touché Qu’il est ouvert le paradis.Max Elskamp. [size=18][/size] Sonnet pour un cheval,Quelques pas, un saut et il s’élève au Firmament Merveilleux être de lumière divine Fils élu de cette Nature Sublîme Alchimie organique des quatre élémentsCheval tu es le Feu qui fait brûler le vent Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite L’animal de la Terre au profil d’Athlète qui comme l’Eau, coule au gré du TempsPégase de la Nuit je suis Bellaphoron Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion Cheval tu tiens dans ton coeur le mondeEtalon de légende, passion céleste de Chine Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin Tu es l’Universel, tu propages le BienWinston Perez.[size=16][/size] L' AutomneA toute autre saison je préfère l'automne, Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids La lamentation confuse et monotone Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis.
Je préfère aux gazons semés de pâquerettes Où la source égrenait son collier d'argent vif, La clairière déserte où tristes et discrètes, Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.
Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées; Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons, Et le saule penchant ses branches désolées Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons.
Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes Jusqu'aux sommets où seuls les ajoncs ont des [size=16]fleurs, Les feuillages divers qui s'étagent par zones Doublent le chant des bruits de l'hymne des couleurs.
Et les pommiers sont beaux courbés sous leurs fruits roses, Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs; Mais plus beaux s'écroulant sous leurs langues décloses, Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs.
Ici c'est un grand feu de fougère flétrie D'où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus, Et, comme elle la vague et lente rêverie Du pâtre regardant l'horizon nébuleux.
Plus loin un laboureur sur la lande muette, S'appuie à la charrue et le soleil couchant Détache sur fond d'or la fière silhouette Du bouvier et des bœufs arrêtés en plein champ.
L'on se croirait devant un vitrail grandiose Où quelque artiste ancien, saintement inspiré, Aurait représenté dans une apothéose Le serf et l'attelage et l'araire sacré.[/size]
François Fabié.[size=16][/size] Les oiseauxMontez, montez, [size=16]oiseaux, à la fange rebelles,Du poids fatal les seuls vainqueurs !A vous le jour sans ombre et l'air, à vous les ailesQui font planer les yeux aussi haut que les coeursDes plus parfaits vivants qu'ait formés la nature,Lequel plus aisément plane sur les forêts,Voit mieux se dérouler leurs vagues de verdure,Suit mieux des quatre vents la céleste aventure,Et regarde sans peur le soleil d'aussi prèsLequel sur la falaise a risqué sa demeureSi haut qu'il vît sous lui les bâtiments bercés ,Lequel peut fuir la nuit en accompagnant l'heure,Si prompt qu'à l'occident les roseaux qu'il effleure,Qnand il touche au levant, ne sont pas redressés ,Fuyez, fuyez oiseaux à la fange rebelles,Du poids fatal les seuls vainqueursA vous le jour à vous l'espace à vous les ailesQui promènent les yeux aussi loin que les coeurs .Vous donnez en jouant des frissons aux charmilles,Vos chantres sont des bois le délice et l'honneur ,Vous êtes au printemps bénis dans les familles ,Vous y prenez le pain sur les lèvres des fillesCar vous venez du ciel et vous portez bonheur.Les pâles exilés, quand vos bandes lointainesSe perdent dans l'azur comme les jours heureux,Sentent moins l'aiguillon de leurs superbes hainesEt les durs criminels chargés de justes chaînesPeuvent encore aimer quand vous chantez pour eux.Chantez chantez oiseaux à la fange rebelles,Du poids fatal les seuls vainqueurs !A vous la liberté le ciel à vous les ailesQui font vibrer les voix aussi haut que les coeurs[/size] René-Francois-Sully Prudhomme. L'AutomneDe boue le chemin est devenu. Les arbres encore vivement vêtus. La pluie récente parfume l’air. Un million de feuilles se couchent par terre.A la descente de la brume, le bois secret s’allume. L’enchantement est divin, le temps n’a plus de fin.Errer dans le bois, voler du passé, ramasser du thym gentiment faire du thé.Rarement le silence reste dans ce ruisseau fascinant. Caresser tout le savoir dans les bras de maintenant.Chloe Douglas.[size=16][/size] L'Automne,Ô Saison bienfaisante aimable et douce [size=16]Automne,Toi que le Soleil voit d'un regard tempéré ;Toi qui par les présents que ta faveur nous donne,Fais arriver un bien qu'on a tant espéré.Ce riche amas de fruits dont ton front se couronne,Rend par tous nos Hameaux ton Autel révéré ,L'Abondance te suit le Plaisir t'environne ;Mais un plaisir tranquille aussi bien qu'assuré.Bacchus te suit partout et Cérès t'accompagne ;Les Côteaux élevés et la vaste Campagne,Leurs raisins et leurs blés te montrent tour à tour :Chacun dans l'Univers a le fruit de ses peines ;Moi seul hélas moi seul abusé par l'Amour,N'ai qu'un espoir trompeur et des promesses vaines.[/size] Georges de Scudéry. [size=16][/size] Une femmeS’il arrivait un jour en quelque lieu sur terre, Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère, Si, dans le sentier rude avançant lentement, Cette âme s’arrêtait à quelque dévoûment, Si c’était la bonté sous les cieux descendue, Vers tous les malheureux la main toujours tendue, Si l’époux si l’enfant à ce cœur ont puisé, Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé, Femmes enviez-la tandis que dans la foule Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule, Et que votre cœur flotte au hasard entraîné, Elle a sa foi son but et son labeur donné. Enviez-la qu’il souffre ou combatte c’est Elle Que l’homme à son secours incessamment appelle, Sa joie et son appui son trésor sous les cieux, Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux, La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène Vers cette arche en danger de la famille humaine, Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour, Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.Louise Ackermann.[size=16][/size] [/size] Roses d'AutomneAux branches que l’air rouille et que le gel mordore, Comme par un prodige inouï du soleil, Avec plus de langueur et plus de charme encore, Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières : Les pétales de pourpre ont jonché le gazon. Mais voici que, soudain, les touffes printanières Embaument les matins de l’arrière-saison.Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir, Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne, Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir.En ces fleurs que le soir mélancolique étale, C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour, Remonte, et de corolle en corolle s’exhale, Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.Tardives floraisons du jardin qui décline, Vous avez la douceur exquise et le parfum Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine De l’illusion morte et du bonheur défunt.Nérée Beauchemin. | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Il fait Novembre en mon âme poème(poèmes divers de différents auteurs) Mar 10 Nov - 13:02 | |
| La Femme Mais maintenant vient une [size=16]femme, Et lors voici qu'on va aimer, Mais maintenant vient une femme Et lors voici qu'on va pleurer,
Et puis qu'on va tout lui donner De sa maison et de son âme, Et puis qu'on va tout lui donner Et lors après qu'on va pleurer
Car à présent vient une femme, Avec ses lèvres pour aimer, Car à présent vient une femme Avec sa chair tout en beauté,
Et des robes pour la montrer Sur des balcons, sur des terrasses, Et des robes pour la montrer A ceux qui vont, à ceux qui passent,
Car maintenant vient une femme Suivant sa vie pour des baisers, Car maintenant vient une femme, Pour s'y complaire et s'en aller.[/size] Max Elskamps. [size=16][/size] Le petit chat
C'est un petit [size=16]chat noir effronté comme un page, Je le laisse jouer sur ma table souvent. Quelquefois il s'assied sans faire de tapage, On dirait un joli presse-papier vivant.
Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge; Longtemps il reste là, noir sur un feuillet blanc, A ces minets tirant leur langue de drap rouge, Qu'on fait pour essuyer les plumes ressemblant.
Quand il s'amuse Il est extrêmement comique, Pataud et gracieux tel un ourson drôlet. Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique Quand on met devant lui la soucoupe de lait.
Tout d'abord de son nez délicat il le flaire, La frôle puis à coups de langue très petits, Il le happe et dès lors il est à son affaire Et l’on entend pendant qu'il boit un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause, Et ne relève enfin son joli museau plat Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches, Avec l'air étonné d'avoir déjà fini. Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches, Il se lisse à nouveau lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates; Il les ferme à demi parfois en reniflant, Se renverse ayant pris son museau dans ses pattes, Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.[/size]
Edmond Rostand. [size=16][/size] Le hérisson
Bien que je sois très pacifique, Ce que je pique et pique et pique Se lamentait le hérisson.
Je n'ai pas un seul compagnon. Je suis pareil à un buisson, Un tout petit buisson d'épines Qui marcherait sur des chaussons.
J'envie la taupe ma cousine, Douce comme un gant de velours. Émergeant soudain des labours
Il faut toujours que tu te plaignes
Me reproche la musaraigne.
Certes je sais me mettre en boule Ainsi qu'une grosse châtaigne, Mais c'est surtout lorsque je roule Plein de piquants, sous un buisson, Que je pique et pique et repique Moi qui suis si si pacifique Se lamentait le hérisson.
Maurice Carême. [size=16][/size] L'écureuil
Le petit écureuil fait de la gymnastique Sur un vieux chêne morne où foisonnent les guis. Les rayons du soleil, maintenant alanguis, Ont laissé le ravin dans un jour [size=16]fantastique.
Le paysage est plein de stupeur extatique; Tout s’ébauche indistinct comme dans un croquis. Le petit écureuil fait de la gymnastique Sur un vieux chêne morne où foisonnent les guis.
Tout à l’heure la nuit, la grande narcotique, Posera son pied noir sur le soleil conquis, Mais, d’ici là tout seul, avec un charme exquis, Acrobate furtif de la branche élastique, Le petit écureuil fait de la gymnastique.[/size]
Maurice Rollinat.
[size=16][/size] La biche
La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux , Son petit faon délicieux A disparu dans la [size=16]nuit brune.
Pour raconter son infortune A la forêt de ses aïeux, La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux.
Mais aucune réponse, aucune, A ses longs appels anxieux ! Et, le cou tendu vers les cieux, Folle d'amour et de rancune, La biche brame au clair de lune.[/size]
Maurice Rollinat. [size=16][/size] L'automne On voit tout le temps en [size=16]automne ,[/size] Quelque chose qui vous étonne , C'est une branche tout à coup, Qui s'effeuille dans votre cou. C'est un petit arbre tout rouge , Un d'une autre couleur encor , Et puis partout ces feuilles d'or Qui tombent sans que rien ne bouge. Nous aimons bien cette maison , Mais la nuit si tôt va descendre
Retournons vite à la maison Rôtir nos marrons dans la cendre. Lucie Delarue-Mardrus. L'écureuil, le [size=16]chien et le renard.[/size] Un gentil écureuil était le camarade, Le tendre ami d'un beau danois. Un jour qu'ils voyageaient comme Oreste et Pylade, La nuit les surprit dans un bois. En ce lieu point d'auberge ; ils eurent de la peine À trouver où se bien coucher. Enfin le [size=16]chien se mit dans le creux d'un vieux chêne, Et l'écureuil plus haut grimpa pour se nicher. Vers minuit, c'est l'heure des crimes, Longtemps après que nos amis En se disant bon soir se furent endormis, Voici qu'un vieux renard affamé de victimes Arrive au pied de l'arbre, et, levant le museau, Voit l'écureuil sur un rameau. Il le mange des yeux, humecte de sa langue Ses lèvres qui de sang brûlent de s'abreuver ; Mais jusqu'à l'écureuil il ne peut arriver : Il faut donc par une harangue L'engager à descendre ; et voici son discours : Ami, pardonnez, je vous prie, Si de votre sommeil j'ose troubler le cours : Mais le pieux transport dont mon âme est remplie Ne peut se contenir ; je suis votre cousin Germain.[/size] Votre mère était sœur de feu mon digne père. Cet honnête homme, hélas ! à son heure dernière, M'a tant recommandé de chercher son neveu Pour lui donner moitié du peu Qu'il m'a laissé de bien ! Venez donc, mon cher frère, Venez par un embrassement, Combler le doux plaisir que mon âme ressent. Si je pouvais monter jusqu'aux lieux où vous êtes, Oh ! J'y serais déjà, soyez-en bien certain. Les écureuils ne sont pas bêtes, Et le mien était fort malin ; Il reconnaît le patelin, Et répond d'un ton doux : je meurs d'impatience De vous embrasser, mon cousin ; Je descends : mais, pour mieux lier la connaissance, Je veux vous présenter mon plus fidèle ami, Un parent qui prit soin de nourrir mon enfance ; Il dort dans ce trou-là : frappez un peu ; je pense Que vous serez charmé de le connaître aussi. Aussitôt maître renard frappe, Croyant en manger deux : mais le fidèle [size=16]chien S'élance de l'arbre, le happe, Et vous l'étrangle bel et bien. Ceci prouve deux points : d'abord, qu'il est utile Dans la douce amitié de placer son bonheur ; Puis, qu'avec de l'esprit il est souvent facile Au piège qu'il nous tend de surprendre un trompeur.
Jean-Pierre Claris de Florian.[/size] Le blason de la rose
Aux uns plaît l'azur d'une fleur Aux autres une autre couleur : L'un du lis de la violette, L'autre blasonne de l'œillet Les beautés ou d'autre fleurette L'odeur ou le teint vermeillet : A [size=16]moi sur toute fleur déclose Plaît l'odeur de la belle rose.
J'aime à chanter de cette fleur Le teint vermeil et la valeur, Dont Vénus se pare et l'aurore, De cette fleur qui a le nom D'une que j'aime et que j'honore, Et dont l'honneur ne sent moins bon : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
La rose est des fleurs tout l'honneur, Qui en grâce et divine odeur Toutes les belles fleurs surpasse, Et qui ne doit au soir flétrir Comme une autre fleur qui se passe, Mais en honneur toujours fleurir : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
Elle ne défend à aucun Ni sa vue ni son parfum, Mais si de façon indiscrète On la voulait prendre ou toucher, C'est lors que sa pointure aigrette Montre qu'on n'en doit approcher : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
Jean de la Taille.[/size] [size=16][/size] [size=16]Chanson d'Automne[/size] [size=16]Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.[/size] [size=16]Tout suffocant[/size] [size=16]Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure;[/size] [size=16]Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà Pareil à la Feuille morte.[/size] Paul Verlaine. Le [size=16]cheval chante
Le cheval chante. Le hibou miaule. L'âne gazouille. Le ruisseau hennit. C'est bien, mon enfant: joue avec les mots. Le triangle est rond. La neige est chaude. Le soleil est bleu. La maison voyage. Tu as de la chance : les mots sont amicaux Et généreux. Le poisson plane. La baleine court. La fourchette a des oreilles. Le train se gratte. Je t'avais prévenu ,
Maintenant les mots te mordent.
Alain Bosquet.[/size] Rêve d'une Femme Veux-tu recommencer la vie Femme, dont le front va pâlir, Veux-tu l'enfance, encor suivie D'anges enfants pour l'embellir Veux-tu les baisers de ta mère Echauffant tes jours au berceau Quoi , mon doux Eden éphémère Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau
Sous la paternelle puissance Veux-tu reprendre un calme essor Et dans des parfums d'innocence Laisser épanouir ton sort, Veux-tu remonter le bel âge, L'aile au vent comme un jeune oiseau Pourvu qu'il dure davantage, Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau!
Veux-tu rapprendre l'ignorance Dans un livre à peine entr'ouvert : Veux-tu ta plus vierge espérance, Oublieuse aussi de l'hiver : Tes frais chemins et tes colombes, Les veux-tu jeunes comme toi ? Si mes chemins n'ont plus de tombes, Oh ! oui, mon Dieu , rendez-les moi
Reprends-donc de ta destinée, L'encens, la musique, les fleurs , Et reviens d'année en année, Au temps qui change tout en pleurs ; Va retrouver l'amour, le même ! Lampe orageuse, allume-toi ! Retourner au monde où l'on aime. O mon Sauveur ! éteignez-moi .
Marceline Desbordes-Valmore. Automne malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De [size=16]neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé[/size] Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en [size=16]automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule[/size] Guillaume Apollinaire. [size=16][/size] Le Château du Souvenir La main au front le pied dans l'âtre, Je songe et cherche à revenir, Par delà le passé grisâtre, Au vieux château du Souvenir.
Une gaze de brume estompe Arbres, maisons, plaines, coteaux, Et l'oeil au carrefour qui trompe En vain consulte les poteaux.
J'avance parmi les décombres De tout un [size=16]monde enseveli, Dans le mystère des pénombres, A travers des limbes d'oubli.
Mais voici, blanche et diaphane, La Mémoire, au bord du chemin, Qui me remet comme Ariane, Son peloton de fil en main.
Désormais la route est certaine ; Le soleil voilé reparaît, Et du château la tour lointaine Pointe au-dessus de la forêt.
Sous l'arcade où le jour s'émousse, De feuilles en feuilles tombant, Le sentier ancien dans la mousse Trace encor son étroit ruban.
Mais la ronce en travers s'enlace ; La liane tend son filet, Et la branche que je déplace Revient et me donne un soufflet.
Enfin au bout de la clairière, Je découvre du vieux manoir Les tourelles en poivrière Et les hauts toits en éteignoir.
Sur le comble aucune fumée Rayant le ciel d'un bleu sillon ; Pas une fenêtre allumée D'une figure ou d'un rayon.
Les chaînes du pont sont brisées ; Aux fossés la lentille d'eau De ses taches vert-de-grisées Étale le glauque rideau.
Des tortuosités de lierre Pénètrent dans chaque refend, Payant la tour hospitalière Qui les soutient en l'étouffant.
Le porche à la lune se ronge, Le temps le sculpte à sa façon, Et la pluie a passé l'éponge Sur les couleurs de mon blason.
Tout ému je pousse la porte Qui cède et geint sur ses pivots ; Un air froid en sort et m'apporte Le fade parfum des caveaux.
L'ortie aux morsures aiguës, La bardane aux larges contours, Sous les ombelles des ciguës, Prospèrent dans l'angle des cours.
Sur les deux chimères de marbre, Gardiennes du perron verdi, Se découpe l'ombre d'un arbre Pendant mon absence grandi.
Levant leurs pattes de lionne Elles se mettent en arrêt. Leur regard blanc me questionne, Mais je leur dis le mot secret.
Et je passe. Dressant sa tête, Le vieux chien retombe assoupi, Et mon pas sonore inquiète L'écho dans son coin accroupi.[/size] Théophile Gautier. [size=16]
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