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| Poème de Victor Hugo | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poème de Victor Hugo Dim 20 Juil - 13:55 | |
| Dans le jardinJeanne et Georges sont là. Le noir ciel orageux Devient rose, et répand l'aurore sur leurs jeux ; Ô beaux jours ! Le printemps auprès de moi s'empresse ; Tout verdit ; la forêt est une enchanteresse ; L'horizon change, ainsi qu'un décor d'opéra ; Appelez ce doux mois du nom qu'il vous plaira, C'est mai, c'est floréal ; c'est l'hyménée auguste De la chose tremblante et de la chose juste, Du nid et de l'azur, du brin d'herbe et du ciel ; C'est l'heure où tout se sent vaguement éternel ; C'est l'éblouissement, c'est l'espoir, c'est l'ivresse ; La plante est une femme, et mon vers la caresse ; C'est, grâce aux frais glaïeuls, grâce aux purs liserons, La vengeance que nous poètes nous tirons De cet affreux janvier, si laid ; c'est la revanche Qu'avril contre l'hiver prend avec la pervenche ; Courage, avril ! Courage, ô mois de mai ! Ciel bleu, Réchauffe, resplendis, sois beau ! Bravo, bon Dieu ! Ah ! jamais la saison ne nous fait banqueroute. L'aube passe en semant des roses sur sa route. Flamme ! ombre ! tout est plein de ténèbres et d'yeux ; Tout est mystérieux et tout est radieux ; Qu'est-ce que l'alcyon cherche dans les tempêtes ? L'amour ; l'antre et le nid ayant les mêmes fêtes, Je ne vois pas pourquoi l'homme serait honteux De ce que les lions pensifs ont devant eux, De l'amour, de l'hymen sacré, de toi, nature ! Tout cachot aboutit à la même ouverture, La vie ; et toute chaîne, à travers nos douleurs, Commence par l'airain et finit par les fleurs. C'est pourquoi nous avons d'abord la haine infâme, La guerre, les tourments, les fléaux, puis la femme, La nuit n'ayant pour but que d'amener le jour. Dieu n'a fait l'univers que pour faire l'amour. Toujours, comme un poète aime, comme les sages N'ont pas deux vérités et n'ont pas deux visages, J'ai laissé la beauté, fier et suprême attrait, Vaincre, et faire de moi tout ce qu'elle voudrait ; Je n'ai pas plus caché devant la femme nue Mes transports, que devant l'étoile sous la nue Et devant la blancheur du cygne sur les eaux. Car dans l'azur sans fond les plus profonds oiseaux Chantent le même chant, et ce chant, c'est la vie. Sois puissant, je te plains ; sois aimé, je t'envie. V.Hugo Ninnenne
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poème de Victor Hugo Dim 20 Juil - 14:02 | |
| Autre poème de Victor Hugo Nuit Victor Hugo Le ciel d'étain au ciel de cuivre Succède. La nuit fait un pas. Les choses de l'ombre vont vivre. Les arbres se parlent tout bas.
Le vent, soufflant des empyrées, Fait frissonner dans l'onde, où luit Le drap d'or des claires soirées, Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore. Tout à l'heure, tout écoutait. Maintenant nul bruit n'ose éclore ; Tout s'enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense, Regarde avec anxiété S'avancer ce sombre silence Dans cette sombre immensité.
C'est l'heure où toute créature Sent distinctement dans les cieux, Dans la grande étendue obscure, Le grand Être mystérieux ! Recueil : Toute la lyre
Ninnenne | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poème de Victor Hugo Dim 20 Juil - 14:05 | |
| Autre poème Le poète s'en va dans les champs Auteur :Victor Hugo Le poète s'en va dans les champs ; il admire, Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ; Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient les queues, Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues, Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets, De petits airs penchés ou de grands airs coquets, Et, familièrement, car cela sied aux belles : - Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles. Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix, Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois, Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables, Les saules tout ridés, les chênes vénérables, L'orme au branchage noir, de mousse appesanti, Comme les ulémas quand paraît le muphti, Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre, Contemplent de son front la sereine lueur, Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur ! Ninnenne
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poème de Victor Hugo Lun 21 Juil - 12:48 | |
| Autre poème; Clair de lune La lune était sereine et jouait sur les flots. - La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise, La sultane regarde, et la mer qui se brise, Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots. De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare. Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos. Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos, Battant l'archipel grec de sa rame tartare ? Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour, Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ? Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle, Et jette dans la mer les créneaux de la tour ? Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? - Ni le noir cormoran, sur la vague bercé, Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames. Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots. On verrait, en sondant la mer qui les promène, Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... - La lune était sereine et jouait sur les flots. Victor Hugo Ninnenne | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poème de Victor Hugo Jeu 24 Juil - 13:44 | |
| Poème de Victor Hugo:Crépuscule Crépuscule L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ? Vous qui passez dans l'ombre, êtes-vous des amants ? Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines; L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants.
Que dit-il, le brin d'herbe ? et que répond la tombe ? Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe; Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.
Dieu veut qu'on ait aimé. Vivez ! faites envie, O couples qui passez sous le vert coudrier. Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie, On emporta d'amour, on l'emploie à prier.
Les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles. Le ver luisant dans l'ombre erre avec son flambeau. Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles, Le brin d'herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.
La forme d'un toit noir dessine une chaumière; On entend dans les prés le pas lourd du faucheur; L'étoile aux cieux, ainsi qu'une fleur de lumière, Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.
Aimez-vous ! c'est le mois où les fraises sont mûres. L'ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents, Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures, Les prières des morts aux baisers des vivants. Victor HUGO (1802-1885) Ninnenne
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