marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Contes zen Jeu 24 Juil - 13:27 | |
| [size=13][size=16]Le Miroir magique
Iriku avait beaucoup aimé son père. Aujourd'hui, le vieillard avait rejoint les ancêtres. Souvent, quand il tressait un panier de bambou, Iriku songeait : "Si mon épouse n'avait eu tant d'aversion pour mon honorable père, il aurait été plus heureux dans ses vieux jours. Je n'aurais pas hésité à lui manifester mon affection, mon respect filial. Nous aurions eu de longues et douces conversations. Il m'aurait entretenu des gens et des choses du passé ..." Et une mélancolie le prenait.[/size][/size] [size=13][size=10][size=16] [/size][/size] Un jour de marché, Iriku le vannier écoula son lot de paniers plus rapidement qu'à l'ordinaire. Il se promenait un peu désoeuvré parmi les éventaires, quand il remarqua un marchand chinois, qui offrait souvent des objets étranges : "Approche, Iriku ,dit le marchand, j'ai là quelque chose d'extraordinaire." [size=16]Et, avec un air de mystère,il retira d'un coffre un objet rond et plat recouvert d'une étoffe de soie. Il le plaça entre les mains d'Iriku, et avec précaution, il fit glisser l'étoffe. Iriku se pencha sur une surface polie et brillante. Il reconnut l'image de son père, tel qu'il avait été au temps de sa jeunesse. Bouleversé, il s'écria : "Cet objet est magique !" - Oui, dit le marchand et sa valeur est grande ! Mais la fièvre avait saisi Iriku : "Je t'offre tout ce que je possède, dit-il. Je veux ce ''miroir magique'' et emporter chez moi l'image de mon père bien-aimé." Après un long palabre, Iriku abandonna au marchand toute sa recette de la matinée.
[/size] Dès qu'il fut rentré chez lui, Iriku alla dans son grenier et cacha l'image de son père dans un coffre. Les jours suivants, il s'éclipsait, montait au grenier, retirait le ''miroir magique'' du coffre; il demeurait de longs instants à contempler l'image vénérée et il était heureux. Sa femme ne tarda pas à remarquer son étrange conduite. Un après-midi, alors qu'il abandonnait un panier à moitié tressé, elle le suivit. Elle le vit monter au grenier, fouiller dans un coffre, en extraire un objet inconnu, le regarder longuement en affichant un air mystérieux de plaisir. Il recouvrit ensuite l'objet d'une étoffe et le rangea avec des gestes amoureux. Intriguée, elle attendit son départ, fit glisser l'étoffe de soie, regarda et vit : "Une femme !" [size=16]Furieuse, elle descendit et apostropha son mari : "Ainsi, tu me trompes en allant contempler une femme dix fois par jour dans le grenier !" Mais non ! fit Iriku, je n'ai pas voulu t'en parler parce que tu n'appréciais guère mon père, mais c'est lui que je vais voir, et cela apaise mon coeur. - Misérable menteur ! vociféra la femme. J'ai vu ce que j'ai vu ! C'est une femme que tu as cachée au grenier ! - Je t'assure ...
[/size] La dispute s'envenimait, devenait infernale, lorsqu'une nonne mendiante se présenta à la porte. Le couple réclama son arbitrage. La nonne monta au grenier, revint et elle dit: Ce que j'ai vu dans le miroir.. "C'est une nonne !" dit-elle. Nos états d' âme se reflètent dans le miroir de nos pensées !
Henri BRUNEL (Contes zen) Ninnenne
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