La faune
La Basse Ardèche se trouve à la limite nord des paysages typiquement méditerranéens. Plusieurs espèces animales se trouvent donc en limite de leur aire de répartition, certaines sont vulnérables et rares à l'échelle nationale, voire européenne. La faune, comme la flore, a besoin de certaines conditions de vie et est caractéristique aux quatre grands milieux.
Pelouses, garrigue et forêt
Les invertébrés
Les pelouses sèches abritent beaucoup d'espèces d'invertébrés, à commencer par des herbivores comme les criquets, des nectarivores comme les abeilles et de nombreuses espèces de papillons, dont l'emblématique moro-sphinx qui ressemble à un oiseau-mouche, ou des détritivores comme les mille-pattes diplopodes.
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Moro-sphyx
Viennent ensuite les carnivores qui se nourrissent des premiers, dont les mantes religieuses, les sauterelles, les araignées, les mille-pattes chilopodes (dont la scutigère, si commune dans les maisons) et quelques rares scorpions.
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Mante religieuse
Les fourrés plus ou moins denses de la garrigue sont favorables à de nombreux insectes : sauterelles, papillons (flambé, citron de Provence, gazé…), coléoptères, fourmis et autres araignées sont des maillons essentiels de la chaîne alimentaire.
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Papillon gaze
Dans la chênaie verte se cachent beaucoup d'arthropodes du sol et d'insectes saproxylophages, dépendant des vieux arbres et bois morts : la larve du grand capricorne se développe dans les vieux troncs de chênes et d'autres minuscules insectes sous les écorces et les feuilles (collemboles, cloportes…). Espèces emblématiques de la zone méditerranéenne, les cigales (16 espèces en France) pondent leurs œufs dans les branches sèches à la fin de l'été et les larves rejoignent le sol à l'automne, après l'éclosion, où elles restent plusieurs années.
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Cigale
Les vertébrés
Les milieux ouverts que constituent les pelouses sèches servent de terrain de chasse pour de nombreuses espèces de vertébrés. Elles repartent ensuite très vite s'abriter dans les rochers, terriers ou fourrés qu'elles affectionnent. Des lapins de Garenne, peu abondants, peuplent encore quelques sites.
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Lapin de garenne
La garrigue est donc très propice aux cachettes, sa proximité avec les milieux ouverts en fait un habitat de choix pour les reptiles : des lézards de murailles, très communs, et lézards verts aux couleurs "flashantes" au très rare lézard ocellé. Des couleuvres (à échelon, d'esculape, de Montpellier) se réchauffent au soleil, faisant toutes concurrence à la vipère aspic, plutôt rare sur le site. Tous s’enfuient au moindre bruit. Dans quelques fourrés plus humides se trouve l'orvet, lézard sans pattes tout à fait inoffensif.
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Lézard ocellé
Beaucoup d'oiseaux des milieux ouverts apprécient la garrigue imbriquée de végétation plus basse, ils y trouvent des perchoirs d'où ils peuvent surveiller leur territoire de chasse : les fauvettes méditerranéennes (fauvette pitchou, fauvette mélanocéphale, fauvette passerinette), le pie-grièche écorcheur, qui empale ses proies (gros insectes comme libellules, mantes religieuses, et oisillons, mulots…) sur les épines des buissons, la pie-grièche à tête rousse, plus rare…
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Pie grièche écorcheur
Quant aux guêpiers d'Europe, oiseaux migrateurs aux couleurs vives, ils nichent dans des talus sableux et chassent en vol, principalement des hyménoptères (guêpes, bourdons…) et quelques libellules. Le circaète Jean-le-Blanc cercle volontiers au-dessus de ces mosaïques de végétation plus ou moins dense à la recherche de ses proies préférées : serpents et lézards.
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Guêpier d'Europe
Adaptée pour grimper aux troncs et aux branches, la couleuvre d'Esculape est le seul reptile à vraiment se plaire dans la chênaie verte.
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Couleuvre d'Esculape
Les oiseaux y sont souvent très craintifs : de nombreux pics verts, des pics épeiches, le très bruyant geai des chênes, des pouillots, des mésanges et quelques rapaces comme le circaète Jean-le-Blanc nichant à la cime d'un grand arbre, l'épervier, bien présent, ou la chouette hulotte dans les cavités des troncs. Sans oublier des oiseaux plus communs, présents en nombre, ils profitent du retour de la chênaie verte, de sa fraîcheur et de sa tranquillité : la fauvette à tête noire, le pinson des arbres, le tout petit troglodyte mignon, la grive musicienne, le pigeon ramier…
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Pouillot
La présence des mammifères est souvent trahie par leurs traces, des plus gros, le sanglier puis le blaireau, aux plus petits, les musaraignes, en passant par les mulots et autres micromammifères et leur prédateur, le renard, mais aussi les chauves-souris, l'écureuil, la genette…
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Blaireau
Rivière, sources et berges
Les invertébrés
De nombreux insectes et autres invertébrés (araignées…) vivent parmi les plantes herbacées des bancs de galets : certains s'en nourrissent, d'autres s'y reposent. Ils sont les proies de nombreux oiseaux, grenouilles et poissons et participent à la chaîne alimentaire.
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Dans les gorges, la microfaune invertébrée benthique (qui vit sur le fond) est très diversifiée et tous les groupes taxonomiques sont présents dans la rivière. Près de 150 espèces peuvent ainsi être recensées parmi les olichètes ("vers"), les planaires ("vers plats"), les crustacées (gammares), les mollusques (moules et escargots d'eau douce) et les larves d'insectes, qu'elles soient de plécoptère, d'odonates (libellules), de diptères (mouches, moustiques…), de trichoptères (dans un fourreau) ou d'éphéméroptères, etc. Grâce à ses caractéristiques, l’Ardèche accueille des espèces de torrents dans les zones rapides et des espèces de rivière calme dans les zones lentes.
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Planaire
Les vertébrés
Dans le parcours des gorges, l'Ardèche appartient à la zone à barbeau, ce qui veut dire que les poissons caractéristiques des conditions écologiques des gorges (eaux vives) dominent : goujon, spirlin, chevaine, barbeau fluviatile, blageon…
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Chevaine
Mais les zones plus profondes et calmes favorisent aussi d'autres espèces comme la carpe, la perche, le sandre, le gardon, l'ablette et la brême. Certains poissons sont liés aux conditions particulières de l'Ardèche dans les gorges et à ses affluents les plus méridionaux, tronçons où la température atteint facilement 25-28°C en été : le blageon, le barbeau méridional. Les migrateurs reviennent peu à peu : l'alose feinte du Rhône, l'anguille.
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Carpe
Les amphibiens se manifestent souvent bruyamment : la grenouilles verte est la plus visible au bord de l'eau, mais des rainettes méridionales, des crapauds communs et des crapauds calamites s'entendent aussi en des lieux moins humides. Plus discrets, quelques tritons palmés et salamandres tachetées se montrent lors de leur migration vers l'eau au moment de leur reproduction.
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Triton palmé
Les reptiles, essentiellement des lézards, sont présents autour de la rivière, se chauffant sur la roche, mais un serpent est complètement inféodé à l'eau : la couleuvre vipérine, capable de rester de longues minutes sous l'eau pour chasser les poissons. Sa ressemblance avec la vipère en fait une victime des nageurs apeurés alors qu'elle est tout à fait inoffensive pour l'homme, comme toutes les couleuvres.
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Couleuvre vipérine
Les oiseaux inféodés au milieu aquatique sont peu nombreux et accompagnés par d'autres plus communs, présents dans la chênaie verte mitoyenne. Le martin-pêcheur se perche dans la ripisylve pour chasser à l'affût, tandis qu'il niche dans des trous creusés dans les berges abruptes. Le loriot au chant fort s'entend aussi dans les arbres où ils nichent. Le cincle plongeur marche au fond de l'eau pour chercher les larves d'insectes et autres invertébrés qui composent son menu. Les bergeronnettes, grises et des ruisseaux, restent quant à elles sur les galets pour débusquer les insectes, tout en hochant la queue. Le grand cormoran hiverne dans les gorges et quelques hérons cendrés s'y sont installés.
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Cingle plongeur
Le castor, mammifère rongeur, a toujours vécu dans les gorges de l'Ardèche, s'accommodant du courant violent et des falaises en installant sa famille dans les anfractuosités des rives rocheuses, il est donc devenu troglodyte. Il se délecte des branches et même des troncs des arbres de la ripisylve (saules, peupliers, frêne), et "s’attaque" parfois au chêne vert et au buis ! La loutre fréquente les Gorges depuis peu : elle marque son territoire par ses épreintes (crottes), observées régulièrement depuis 2004.
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loutre
Falaises et pentes rocheuses
Rares sont les espèces qui survivent dans ce milieu difficile : quelques invertébrés méconnus et des lézards aventureux. Sur les vires de grandes dimensions où la végétation s'impose, la présence de la genette et de la fouine est repérable par les crottoirs.
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Genette
Les espèces reines de ce milieu, inaccessible à l'homme et à la plupart des prédateurs, sont les oiseaux, souvent farouches, où ils trouvent la quiétude nécessaire à leur reproduction.
Les choucas des tours, bien visibles et bruyants, se déplacent en groupe, comme les martinets à ventre blanc qui rasent les falaises en criant, surtout en fin de journée.
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Choucas des tours
Plus discrètes, les hirondelles de rochers chassent les insectes en vol toute la journée, parfois en compagnie d'hirondelles de fenêtres. Le tichodrome échelette hiverne dans les gorges tandis que le vautour percnoptère, charognard et migrateur, revient d'Afrique à partir de mars pour se reproduire. Visible toute l’année, l’aigle de bonelli, espèce emblématique, plane au-dessus des falaises et des plateaux, parfois houspillé par les choucas et les quelques grands corbeaux encore présents. Moins menacé, le faucon pèlerin est revenu nicher dans la réserve. La nuit, le hibou grand-duc chasse et chante.
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Aigle de bonelli
Grottes et cavités
La faune cavernicole s'est adaptée aux conditions particulières des grottes et ne pourrait pas vivre en-dehors. S'y trouvent essentiellement des invertébrés, certains ayant perdu leur couleur ou/et la vue, inutiles dans un monde sans lumière. Une exception parmi les vertébrés, le protée, amphibien devenu blanc, a gardé ses branchies larvaires et vit exclusivement dans l'eau souterraine.
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Protée
D'autres espèces trouvent dans les grottes un abri provisoire et n'habitent que celles dont l'accès est relativement facile : elles y hivernent souvent (crapaud, serpents, criquets…).
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Les chauves-souris, ou chiroptères, sont les hôtes les plus connus du monde souterrain. 21 espèces ont été dénombrées dans les gorges, toutes strictement protégées par la loi française. Le relief escarpé des gorges, avec d'innombrables grottes, et la proximité de l'eau grâce à la rivière semblent être les conditions idéales pour ces animaux nocturnes, pourtant très vulnérables au dérangement.
Ninnenne