marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: POEMES SUR LES FLEURS Sam 11 Oct - 15:27 | |
| Le parterre de fleurs Viens lentement t’asseoir Près du parterre dont le soir Ferme les fleurs de tranquille lumière Laisse filtrer la grande nuit en toi : Nous sommes trop heureux pour que sa mer d’effroi Trouble notre prière. Là-haut, le pur cristal des étoiles s’éclaire : Voici le firmament plus net et translucide Qu’un étang bleu ou qu’un vitrail d’abside ; Et puis voici le ciel qui regarde à travers. Les mille voix de l’énorme mystère Parlent autour de toi, Les mille lois de la nature entière Bougent autour de toi Les arcs d’argent de l’invisible Prennent ton âme et sa ferveur pour cible. Mais tu n’as peur, oh ! simple coeur, Mais tu n’as peur, puisque ta foi Est que toute la terre collabore A cet amour que fit éclore La vie et son mystère en toi. Joins donc les mains tranquillement Et doucement adore ; Un grand conseil de pureté Flotte, comme une étrange aurore, Sous les minuits du firmament. Emile Verhaeren ----------------------------------------------------------------------------------------------- Les nénuphars
Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides, Neige montant du fond de leur azur, Qui, sommeillant sur vos tiges humides, Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur; Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières Pour vous laisser cueillir... et vivre après. Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses, Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ? Car pour rêver il faut être amoureuses, Il faut avoir le cœur pris... ou jaloux; Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège, Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais ! Nénuphars blancs, dormez dans votre neige ! Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies Dont la blancheur fait froid aux cœurs ardents, Qui vous plongez dans vos eaux détiédies Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs ! Restez cachés aux anses des rivières, Dans les brouillards, sous les saules épais... Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières ! Je ne vous cueillerai jamais !
Jules Barbey d’Aurevilly. [size=18] ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Géraniums Poème[size=16]Géraniums[/size] [size=16]Emblème de la nuit, ta fleur rougeâtre et sombre, Géranium, attend la nuit pour embaumer. Ton parfum hait le jour et se répand dans l'ombre. Oh ! dites, dites-moi, vous qui savez aimer, Dieu, comme cette fleur, n'a-t-il pas fait votre âme ? N'est-il pas vrai qu'à ceux dont le cœur est de flamme Le monde et la clarté sont toujours importuns ? Et n'est-ce pas la nuit, et sous l'œil solitaire De la lune voilée, amante du mystère, Que l'amour doit sur nous épancher ses [size=16]parfums ?[/size][/size] [size=16]Lamartine.[/size] [size=16]------------------------------------------------------------------------------------------------------------[/size] Les fleurs Ô terre, vil monceau de boue Où germent d'épineuses fleurs, Rendons grâce à Dieu, qui secoue Sur ton sein ses fraîches couleurs !
Sans ces urnes où goutte à goutte Le ciel rend la force à nos pas, Tout serait désert, et la route Au ciel ne s'achèverait pas.
Nous dirions ; À quoi bon poursuivre Ce sentier qui mène au cercueil ? Puisqu'on se lasse en vain à vivre, Mieux vaut s'arrêter sur le seuil.
Mais pour nous cacher les distances, Sur le chemin de nos douleurs Tu sèmes le sol d'espérances, Comme on borde un linceul de fleurs !
Et toi, mon cœur, cœur triste et tendre, Où chantaient de si fraîches voix ; Toi qui n'es plus qu'un bloc de cendre Couvert de charbons noirs et froids,
Ah ! laisse refleurir encore Ces lueurs d'arrière-saison ! Le soir d'été qui s'évapore Laisse une pourpre à l'horizon.
Oui, meurs en brûlant, ô mon âme, Sur ton bûcher d'illusions, Comme l'astre éteignant sa flamme S'ensevelit dans ses rayons ! Alphonse de Lamartine.[size=18][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------Le pot de fleurs Parfois un enfant trouve une petite graine Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs, Pour la planter il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs. Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.
L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ; Il la veut arracher, mais la tige est tenace ; Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.
Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ; Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps : C'est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants. Théophile Gautier.------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ [/size] J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline. Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline, Que l'aigle connaît seul et seul peut approcher, Paisible, elle croissait aux fentes du rocher. L'ombre baignait les flancs du morne promontoire ; Je voyais, comme on dresse au lieu d'une victoire Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil, À l'endroit où s'était englouti le soleil, La sombre nuit bâtir un porche de nuées. Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées ; Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir, Semblaient craindre de luire et de se laisser voir. J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée. Elle est pâle, et n'a pas de corolle embaumée, Sa racine n'a pris sur la crête des monts Que l'amère senteur des glauques goémons ; Moi, j'ai dit: Pauvre fleur, du haut de cette cime, Tu devais t'en aller dans cet immense abîme Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont. Va mourir sur un coeur, abîme plus profond. Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde. Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde, Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour. - Le vent mêlait les flots; il ne restait du jour Qu'une vague lueur, lentement effacée. Oh! comme j'étais triste au fond de ma pensée Tandis que je songeais, et que le gouffre noir M'entrait dans l'âme avec tous les frissons du soir ! Victor Hugo. ------------------------------------------------------------------------------------------------ La tulipe Moi, je suis la tulipe, une fleur de Hollande Et telle est ma beauté, que l’avare Flamand Paye un de mes oignons plus cher qu’un diamant, Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande.
Mon air est féodal, et, comme une Yolande Dans sa jupe à longs plis étoffée amplement, Je porte des blasons peints sur mon vêtement, Gueules fascé d’argent, or avec pourpre en bande.
Le jardinier divin a filé de ses doigts Les rayons du soleil et la pourpre des rois Pour me faire une robe à trame douce et fine.
Nulle fleur du jardin n’égale ma splendeur, Mais la nature, hélas ! n’a pas versé d’odeur Dans mon calice fait comme un vase de Chine.
Théophile Gautier. [size=18]------------------------------------------------------------------------------------------------[/size] Ninnenne
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