marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: POEMES SUR LA PLUIE Sam 18 Oct - 13:07 | |
| LA PLUIEMa soeur la pluie Ma soeur la Pluie, La belle et tiède pluie d'été, Doucement vole, doucement fuit, A travers les airs mouillés. Tout son collier de blanches perles Dans le ciel bleu s'est délié. Chantez les merles, Dansez les pies ! Parmi les branches qu'elle plie, Dansez les fleurs, chantez les nids Tout ce qui vient du ciel est béni. De ma bouche elle approche Ses lèvres humides de fraises des bois : Rit, et me touche, Partout à la fois, De ses milliers de petits doigts.
Sur des tapis de fleurs sonores, De l'aurore jusqu'au soir, Et du soir jusqu'à l'aurore, Elle pleut et pleut encore, Autant qu'elle peut pleuvoir. Puis, vient le soleil qui essuie, De ses cheveux d'or, Les pieds de la Pluie. Charles Van Lerberghe. ------------------------------------------------------------------------------------------------ Le port du Croisic Loire Atlantique ****************** La Pluie La pluie fine a mouillé toutes choses,
Très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu.
Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures. La pluie au printemps est délicieuse.
Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces. Hélas ! Que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées.
Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue;
Mais les conserver aux abeilles. Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d'eau;
je ne veux pas marcher sur eux, Ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières. Pierre Louys. [size=18][/size] ----------------------------------------------------------------------------------------------- La Pluie
La pluie fine a mouillé toutes choses,
Très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu.
Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures. La pluie au printemps est délicieuse.
Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces. Hélas ! Que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées.
Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue;
Mais les conserver aux abeilles. Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d'eau;
je ne veux pas marcher sur eux, Ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières.
Pierre Louys. [size=18]------------------------------------------------------------------------------------------------[/size] La Pluie
Par les deux fenêtres qui sont en face de moi, les deux fenêtres qui sont à ma gauche, et les deux fenêtres qui sont à ma droite, je vois, j’entends d’une oreille et de l’autre tomber immensément la pluie. Je pense qu’il est un quart d’heure après midi : autour de moi, tout est lumière et eau. Je porte ma plume à l’encrier, et jouissant de la sécurité de mon emprisonnement, intérieur, aquatique, tel qu’un insecte dans le milieu d’une bulle d’air, j’écris ce poème. Ce n’est point de la bruine qui tombe, ce n’est point une pluie languissante et douteuse. La nue attrape de près la terre et descend sur elle serré et bourru, d’une attaque puissante et profonde. Qu’il fait frais, grenouilles, à oublier, dans l’épaisseur de l’herbe mouillée, la mare ! Il n’est pas à craindre que la pluie cesse ; cela est copieux, cela est satisfaisant. Altéré, mes frères, à qui cette très merveilleuse rasade ne suffirait pas. La terre a disparu, la maison baigne, les arbres submergés ruissellent, le fleuve lui-même qui termine mon horizon comme une mer paraît noyé. Le temps ne me dure pas, et, tendant l’ouïe, non pas au déclenchement d’aucune heure, je médite le ton innombrable et neutre du psaume. Cependant la pluie vers la fin du jour s’interrompt, et tandis que la nue accumulée prépare un plus sombre assaut, telle qu’Iris du sommet du ciel fondait tout droit au cœur des batailles, [size] par le derrière au milieu de la fenêtre que j’ai ouvertesur les feuillages et le Nord couleur de brou.Il ne fait plus clair, voici qu’il faut allumer.Je fais aux tempêtes la libation de cette goutte d’encre.Paul Claudel.[/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Le jardin mouillé A petit bruit et peu à peu, Sur le jardin frais et dormant, Feuille à feuille, la pluie éveille L’arbre poudreux qu’elle verdit ; Au mur on dirait que la treille S’étire d’un geste engourdi. L’herbe frémit, le gravier tiède Crépite et l’on croirait, là-bas, Entendre sur le sable et l’herbe Comme d’imperceptibles pas.
Le jardin chuchote et tressaille, Furtif et confidentiel ; L’averse semble maille à maille Tisser la terre avec le ciel. Henri de Regnier. ------------------------------------------------------------------------------------------------ Il pleut Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s’ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s’écoeure. Quoi ! nulle trahison ?… Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine ! Paul Verlaine ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Il pleut.
J'entends le bruit égal des eaux ; Le feuillage, humble et que nul vent ne berce, Se penche et brille en pleurant sous l'averse ; Le deuil de l'air afflige les oiseaux.
La bourbe monte et trouble la fontaine, Et le sentier montre à nu ses cailloux. Le sable fume, embaume et devient roux ; L'onde à grands flots le sillonne et l'entraîne.
Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ; Sur le pavé sonore et bleu des routes Il saute et luit des étincelles d'eau. Le long d'un mur, un chien morne à leur piste, Trottent, mouillés, de grands boeufs en retard ; La terre est boue et le ciel est brouillard ; L'homme s'ennuie : oh ! que la pluie est triste ! René-François Sully Prudhomme. ------------------------------------------------------------------------------------------------ [size=18][/size] La pluie Longue comme des fils sans fin, la longue pluie Interminablement, à travers le jour gris, Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, Infiniment, la pluie, La longue pluie, La pluie. Elle s'effile ainsi, depuis hier soir, Des haillons mous qui pendent, Au ciel maussade et noir. Elle s'étire, patiente et lente, Sur les chemins, depuis hier soir, Sur les chemins et les venelles, Continuelle. Au long des lieues, Qui vont des champs vers les banlieues, Par les routes interminablement courbées, Passent, peinant, suant, fumant, En un profil d'enterrement, Les attelages, bâches bombées ; Dans les ornières régulières Parallèles si longuement Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament, L'eau dégoutte, pendant des heures ; Et les arbres pleurent et les demeures, Mouillés qu'ils sont de longue pluie, Tenacement, indéfinie Les rivières, à travers leurs digues pourries, Se dégonflent sur les prairies, Où flotte au loin du foin noyé ; Le vent gifle aulnes et noyers ; Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps, De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ; Le soir approche avec ses ombres Dont les plaines et les taillis s'encombrent, Et c'est toujours la pluie La longue pluie Fine et dense, comme la suie.La longue pluie La pluie et ses fils identiques Et ses ongles systématiques Tissent le vêtement, Maille à maille, de dénument, Pour les maisons et les enclos Des villages gris et vieillots : Linges et chapelets de loques Qui s'effiloquent, Au long de bâtons droits ; Bleus colombiers collés au toit ; Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre, Un emplâtre de papier bistre ; Logis dont les gouttières régulières Forment des croix sur des pignons de pierre ; Moulins plantés uniformes et mornes, Sur leur butte, comme des cornes Clochers et chapelles voisines, La pluie, La longue pluie, Pendant l'hiver, les assassine. La pluie, La longue pluie avec ses longs fils gris. Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides, La longue pluie Des vieux pays, Éternelle et torpide . Emile Verhaeren. [size=18][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------ Ninnenne
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