[size=24]DEMAIN DES L'AUBE DE VICTOR HUGO
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Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes [size=18]pensées,[/size]
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
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JOUR DE FÊTE AUX ENVIRONS DE PARIS DE VICTOR HUGO
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Jour de fête aux environs de Paris
Midi chauffe et sème la mousse ;
Les champs sont pleins de tambourins ;
On voit dans une lueur douce
Des groupes vagues et sereins.
Là-bas, à l'horizon, poudroie
Le vieux donjon de saint Louis ;
Le soleil dans toute sa joie
Accable les champs éblouis.
L'air brûlant fait, sous ses haleines
Sans murmures et sans échos,
Luire en la fournaise des plaines
La braise des coquelicots.
Les brebis paissent inégales ;
Le jour est splendide et dormant ;
Presque pas d'ombre ; les cigales
Chantent sous le [size=18]bleu flamboiement.[/size]
Voilà les avoines rentrées.
Trêve au [size=18]travail. Amis, du vin ![/size]
Des larges tonnes éventrées
Sort l'éclat de rire divin.
Le buveur chancelle à la table
Qui boite fraternellement.
L'ivrogne se sent véritable ;
Il oublie, ô clair firmament,
Tout, la ligne droite, la gêne,
La loi, le gendarme, l'effroi,
L'ordre ; et l'échalas de Surène
Raille le poteau de l'octroi.
L'âne broute, vieux philosophe ;
L'oreille est longue, l'âne en rit,
Peu troublé d'un excès d'étoffe,
Et content si le pré fleurit.
Les enfants courent par volée.
Clichy montre, honneur aux anciens !
Sa grande muraille étoilée
Par la mitraille des Prussiens.
La charrette roule et cahote ;
Paris élève au loin sa voix,
Noir [size=18]chiffonnier qui dans sa hotte[/size]
Porte le sombre tas des rois.
On voit au loin les cheminées
Et les dômes d'azur voilés ;
Des filles passent, couronnées
De joie et de fleurs, dans les blés.
Victor HUGO 1802-1885
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PLAINTE DE FRANÇOIS MALHERBE
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Plainte
C'est faussement qu'on estime,
Qu'il ne soit point de beautés,
Où ne se trouve le crime
De se plaire aux nouveautés.
Si Madame avait envie,
De brûler de feux [size=18]divers,[/size]
Ne serait-elle pas suivie
Des yeux de tout l'univers ?
Est-il courage si brave
Qui ne pense avoir raison,
De se rendre son esclave
Et languir en sa prison ?
Toutefois cette belle âme,
A qui l'honneur sert de loi,
Ne fuit rien tant que le blâme,
D'aimer un autre que moi.
Tous les charmes de langage,
Dont l'on s'offre à la servir
Me l'assurent davantage,
Au lieu de me la ravir.
Aussi ma gloire est si grande
D'un acquêt si précieux,
Que je ne sais quelle offrande
M'en peut acquitter aux cieux.
Tout le soin qui me demeure,
N'est que d'obtenir du sort
Que ce qu'elle est à cette heure,
Elle soit jusqu'à la mort.
Quant à moi quoi qu'elle fasse,
L'astre d'où naissent les jours,
Courra dans un autre espace,
Quand j'aurai d'autres amours.
François de MALHERBE 1555-1628
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Ninnenne