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| Poèmes sur la mer (suite) par différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes sur la mer (suite) par différents auteurs Sam 24 Jan - 12:58 | |
| Homme libre toujours tu chériras la merL'Homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur, Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié, ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables ! Charles Baudelaire. [size=18][/size] L'Homme et la mer
Homme libre,toujours tu chériras la mer La mer est ton miroir tu contemple ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image, Tu l'embrasse des yeux et des bras,et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets: Homme nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer,nul ne connait tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables.
Charles Pierre Baudelaire.
[size=16][/size] La conscience Incorruptible azur, déesse lumineuse, Puisque vous avez bien voulu me visiter, Je remettrai mon coeur entre vos mains soigneuses Pour que vous le guidiez, par les nuits ténébreuses, Au chemin de l'exacte et claire vérité.
Avant que vous vinssiez, ma grande camarade, Ma [size=16]vie était encore, à son tendre levant, Amoureuse d'éclat, de lustre et de parade Comme un cygne qui fuit l'eau sage de la rade Pour monter sur la mer et danser dans le vent.
L'essaim voluptueux des heures turbulentes Venait, en bondissant, à moi comme un chevreuil ; J'ai détourné mes yeux de leur foule galante, Et j'ai guéri pour vous mon âme violente Du péché de colère et du péché d'orgueil.
Vous serez dans mon coeur comme une forteresse Et je serai l'archer qui veille dans la tour, Vous serez au pays profond de ma tendresse , Entre les jardins verts de mes fines ivresses, La route de soleil sans ombre et sans détour.
Ô vous dont la pudeur est peureuse et fragile, Vous serez dans mon coeur belle comme un lac bleu, Et vous verrez passer sur votre onde tranquille, Pareils à des pigeons dont la blancheur défile, Mes désirs obstinés, vaillants et scrupuleux.[/size] Anna de Noailles. [size=16][/size] Le Navire, La troisième, elle, est d’un navire Avec tous ses drapeaux au ciel, La troisième, elle, est d’un navire Ainsi qu’ils vont sous le soleil, Avec leurs mâts avec leurs ancres, Et leur proue peinte en rouge ou vert, Avec leurs mâts, avec leurs ancres, Et tout en haut leur guidon clair. Or, la troisième, elle, est dans l’air, Et puis aussi, elle, est dans l’eau, Or, la troisième sur la mer Est comme y sont les blancs bateaux, Et les rochers, et les accores, Et terre dure ou sable mol, Et les rochers, et les accores, Et les îles et les atolls, Et la troisième est seule au monde En large, en long, en vert, en [size=16]bleu, Et la troisième est seule au monde Avec le soleil au milieu.[/size] Max Elskamp. L'Appel du large, Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons . Amer savoir, celui qu'on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui ! Chales Baudelaire.
[size=24]Poème sur les phares[/size]
Le gardien du phare aime trop les oiseaux Des [size=16]oiseaux par milliers volent vers les feux par milliers ils tombent par milliers ils se cognent par milliers aveuglés par milliers assommés par milliers ils meurent[/size] le gardien ne peut supporter des choses pareilles les [size=16]oiseaux il les aime trop alors il dit Tant pis je m'en fous ![/size] Et il éteint tout au loin un cargo fait naufrage un cargo venant des îles un cargo chargé d'oiseaux des milliers d'oiseaux des îles des milliers d'oiseaux noyés. Jacques Prévert. [size=16][/size] Un voilier passe, Je suis debout au bord de la plage. Un voilier passe dans la brise du matin, Et part vers l'océan. Il est la beauté, il est la vie. Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon. Quelqu'un à mon côté dit : il est parti ! Parti vers où , Parti de mon regard, c'est tout , Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter Sa charge humaine. Sa disparition totale de ma vue est en moi, Pas en lui. Et juste au moment où quelqu'un prés de moi Dit : il est parti ! il en est d'autres qui le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux s'exclament avec joie Le voilà ! C'est ça la mort ! Il n'y a pas de morts. Il y a des vivants sur les deux rives. William Blake .
[size=16][/size] Poème sur la Mer, Sous les coiffes de lin, toutes croisant leurs bras Vêtus de laine rude ou de mince percale, Les femmes à genoux sur le roc de la cale, Regardent l' Océan blanchir l'île de Batz.
| Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas Avec ceux de Paimpol, d'Audierne et de Cancale, Vers le Nord sont partis pour la lointaine escale, Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas ,
| Par dessus la rumeur de la mer et des côtes, Le chant plaintif s'élève, invoquant à voix hautes L'Etoile sainte , espoir des marins en péril ,
| Et l'Angélus, courbant tous ces fronts noirs de hâle, Des clochers de Roscoff à ceux de Sybiril, S'envole, tinte et meurt dans le ciel rose et pâle. José Maria de Hérédia.
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Comme l'on voit de loin sur la mer courroucée Une montagne d'eau d'un grand branle ondoyant, Puis traînant mille flots, d'un gros choc aboyant Se crever contre un roc, où le vent l'a poussée .
Comme on voit la fureur par l'Aquilon chassée D'un sifflement aigu l'orage tournoyant, Puis d'une aile plus large en l'air s'esbanoyant Arrêter tout à coup sa carrière lassée :
Et comme on voit la flamme ondoyant en cent lieux Se rassemblant en un, s'aiguiser vers les cieux, Puis tomber languissante ainsi parmi le monde
Erra la monarchie : et croissant tout ainsi Qu'un flot, qu'un vent, qu'un feu, sa course vagabonde Par un arrêt fatal s'est venue perdre ici.
Joachim Du Bellay. [size=16][/size] [size] Ninnenne [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes sur la mer (suite) par différents auteurs Sam 24 Jan - 13:03 | |
| Sur la Mer Larges voiles au vent, ainsi que des louanges, La proue ardente et fière et les haubans vermeils, Le haut navire apparaissait, comme un archange Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.
La neige et l'or étincelaient sur sa carène ; Il étonnait le jour naissant, quand il glissait Sur le calme de l'eau prismatique et sereine ; Les mirages, suivant son vol, se déplaçaient.
On ne savait de quelle éclatante Norvège Le navire, jadis, avait pris son élan, Ni depuis quand, pareil aux archanges de neige, Il étonnait les flots de son miracle blanc.
Mais les marins des mers de cristal et d'étoiles Contaient son aventure avec de tels serments, Que nul n'osait nier qu'on avait vu ses voiles, Depuis toujours, joindre la mer aux firmaments.
Sa fuite au loin ou sa présence vagabonde Hallucinant les caps et les îles du Nord Et le futur des temps et le passé du monde Passaient, devant les yeux, quand on narrait son sort.
Au temps des rocs sacrés et des croyances frustes, Il avait apporté la légende et les dieux, Dans les tabliers d'or de ses voiles robustes Gonflés d'espace immense et de vent radieux.
Les apôtres chrétiens avaient nimbé de gloire Son voyage soudain, vers le pays du gel, Quand s'avançait, de promontoire en promontoire, Leur culte jeune à la conquête des autels.
Les pensers de la Grèce et les ardeurs de Rome, Pour se répandre au coeur des peuples d'Occident, S'étaient mêlés, ainsi que des grappes d'automne, A son large espalier de [size=16]cordages ardents.
Et quand sur l'univers plana quatre-vingt-treize Livide et merveilleux de foudre et de combats, Le vol du temps frôla de ses ailes de braise L'orgueil des pavillons et l'audace des mâts.
Ainsi, de siècle en siècle, au cours fougueux des âges, Il emplissait d'espoir les horizons amers, Changeant ses pavillons, changeant ses équipages, Mais éternel dans son voyage autour des mers.
Et maintenant sa hantise domine encore, Comme un faisceau tressé de magiques lueurs, Les yeux et les esprits qui regardent l'aurore Pour y chercher le nouveau feu des jours meilleurs.
Il vogue ayant à bord les prémices fragiles, Ce que seront la vie et son éclair, demain, Ce qu'on a pris non plus au fond des Evangiles, Mais dans l'instinct mieux défini de l'être humain.
Ce qu'est l'ordre futur et la bonté logique, Et la nécessité claire, force de tous, Ce qu'élabore et veut l'humanité tragique Est oscillant déjà dans l'or de ses remous.
Il passe, en un grand bruit de joie et de louanges, Frôlant les quais à l'aube ou les môles le soir Et pour ses pieds vibrants et lumineux d'archange, L'immense flux des mers s'érige en reposoir.
Et c'est les mains du vent et les bras des marées Qui d'eux-mêmes, un jour, en nos havres de paix Pousseront le navire aux voiles effarées Qui nous hanta toujours, mais n'aborda jamais.[/size] Emile Verhaeren. - Citation :
La Plage Sur la plage où blanchit la mer dans les ténèbres, Où le figuier frémit sous le poids des oiseaux, Un homme, à demi-voix, n’a prononcé qu’un mot : Celui qui l’a reçu s’éloigne sous les cèdres. Il est l’heure. Bacchus entreprend sa conquête. Un rendez-vous l’accable et, comme un ruisseau sourd, L’espace le pénètre. Il fit nuit. Fait-il jour , Qu’importe, dispersez les foyers de la fête. Dans un pays de bois et de fraiches rivières Un homme sent couler, dans ses veines, son sang. Il connait ce pays, ces hommes, leur accent. Déjà l’odeur du sol lui était familière. Sur la plage celui qui livra le secret Gît avec un poignard entre les deux épaules, Mais sa voix flotte encor sur l’eau, le long du môle Et répète le mot d’où naquit son regret. Sans cesse elle redit ces syllabes , Corinthe, Et la terre gémit de langueur et de crainte. Robert Desnos.
Marine L'océan sonore Palpite sous l’œil De la lune en deuil Et palpite encore, Tandis qu'un éclair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D'un long zigzag clair, Et que chaque lame, En bonds convulsifs, Le long des récifs Va, vient, luit et clame, Et qu'au firmament, Où l'ouragan erre Rugit le tonnerre Formidablement. Paul Verlaine L'Homme et la Mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! Charles Baudelaire Brise marine.La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivresD’être parmi l’écume inconnue et les cieux !Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeuxNe retiendra ce coeur qui dans la mer se trempeÔ nuits ! ni la clarté déserte de ma lampeSur le vide papier que la blancheur défendEt ni la jeune femme allaitant son enfant.Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,Lève l’ancre pour une exotique nature !Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufragesPerdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots ! Stéphane Mallarmé Ninnenne
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