Avril Poème
Avril
Simone, le soleil rit sur les feuilles de houx :
Avril est revenu pour jouer avec nous.
Il porte des corbeilles de fleurs sur ses épaules,
Il les donne aux épines, aux marronniers, aux saules;
Il les sème une à une parmi l'herbe des prés,
Sur le bord des ruisseaux, des mares et des fossés;
Il garde les jonquilles pour l'eau, et les pervenches
Pour les bois, aux endroits où s'allongent les branches;
Il jette les violettes à l'ombre, sous les ronces
Où son pied nu, sans peur, les cache et les enfonce;
A toutes les prairies, il donne les pâquerettes,
Et des primevères qui ont un collier de clochettes;
Il laisse les muguets tomber dans les forêts
Avec les anémones, le long des sentiers frais;
Il plante des iris sur le toit des maisons,
Et dans notre jardin, Simone, où il fait bon,
Il répandra des ancolies et des pensées,
Des jacinthes et la bonne odeur des giroflées.
Rémy de Gourmont.
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C'est le Printemps
C'est le Printemps
Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir .
Théophile Gautier.
Elégie du Printemps Poème
Élégie du printemps.
Printemps, fils du Soleil, que la terre arrosée
De la fertile humeur d'une douce rosée,
Au milieu des œillets et des roses conçut,
Quand Flore entre ses bras nourrice vous reçut,
Naissez, croissez, Printemps, laissez-vous apparaître :
En voyant Isabeau vous pourrez vous connaître,
Elle est votre miroir, et deux lis assemblés
Ne se ressemblent tant que vous entresemblez :
Tous les deux n'êtes qu'un, c'est une même chose.
La rose que voici ressemble à cette rose,
Le diamant à l'autre, et la fleur à la fleur :
Le Printemps est le frère, Isabeau est la sœur.
On dit que le Printemps, pompeux de sa richesse,
Orgueilleux de ses fleurs, enflé de sa jeunesse,
Logé comme un grand prince en ses vertes maisons,
Se vantait le plus beau de toutes les saisons,
Et se glorifiant le contait à Zéphyre ;
Le Ciel en fut marri, qui soudain le vint dire
À la mère Nature.
Elle, pour rabaisser
L'orgueil de cet enfant, va partout ramasser
Les biens qu'elle serrait de maint et mainte année.
Pierre Ronsard.
Premier sourire de Printemps
Premier sourire du printemps
Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir !
Théophile Gautier.
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Le Printemps en Bretagne
Le printemps, en Bretagne,
Est plus doux qu'aux environs de Paris,
et fleurit trois semaines plus tôt.
Les cinq oiseaux qui l'annoncent,
l'hirondelle, le loriot, le coucou,
la caille et le rossignol, arrivent avec des brises,
qui hébergent dans les golfes de la péninsule armoricaine.
La terre se couvre marguerites, de pensées,
de jonquilles, de narcisses, d'hyacinthes,
de renoncules, d'anémones, comme les espaces
abandonnés qui environnent Saint-Jean-de-Latran
et Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome.
Des clairères se panachent d'élégances et hautes fougères;
des champs de genets et d'ajoncs resplendissent de leurs fleurs
qu'on prendrait pour des papillons d'or.
Les haies, au long desquelles abondent la fraise,
la framboise et la violette, sont décorées d'aubépines,
de chèvrefeuille, de ronces, dont les rejets bruns et courbés
portent des feuilles et des fruits magnifiques.
Tout fourmille d'abeilles et d'oiseaux,
les essaims et les nids arrêtent les enfants, à chaque pas.
Dans certains abris, le myrte et le laurier-rose
croissent en pleine terre,
comme en Grèce ;
la figue mûrit comme en provence ;
chaque pommier, avec ses fleurs carminées,
ressemble à un gros bouquet de fiancée de village.
François René de Chateaubriand.
Le Printemps Poème
Le printemps
Voici le Printemps, la saison des roses.
Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
Plus de froids matins ni de soirs moroses
Voici le Printemps et ses jours bénis.
Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
La brise qui vient des bois rajeunis
Murmure tout bas de divines choses...
Voici le Printemps, la saison des nids.
Enfants, tout cela chez vous se révèle ;
Chez vous, comme au sein de la fleur nouvelle,
La coupe d'ivresse offre sa liqueur.
Pour vous nul besoin que le temps renaisse
Vous avez la vierge et sainte jeunesse ;
C'est votre printemps, la saison du cœur.
Louis Honoré Fréchette.
Je ne laisserai pas se faner les pervenches
Mai
Je ne laisserai pas se faner les pervenches
Sans aller écouter ce qu'on dit sous les branches
Et sans guetter, parmi les rameaux infinis,
La conversation des feuilles et des nids.
Il n'est qu'un dieu, l'amour ; avril est son prophète.
Je me supposerai convive de la fête
Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ;
Je fuirai de la ville, et je m'envolerai
- Car l'âme du poëte est une vagabonde -
Dans les ravins où mai plein de roses abonde.
Là, les papillons blancs et les papillons bleus,
Ainsi que le divin se mêle au fabuleux,
Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes,
Si bien qu'on les prendrait pour des lueurs célestes.
Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s'évitant ;
Là, Margot vient quand c'est Glycère qu'on attend ;
L'idéal démasqué montre ses pieds d'argile ;
On trouve Rabelais où l'on cherchait Virgile.
Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois !
Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix !
Comme tout le hallier, plein d'invisibles mondes,
Rit dans le clair-obscur des églogues profondes !
J'aime la vision de ces réalités ;
La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ;
La chanson des forêts est d'une douceur telle
Que, si Phébus l'entend quand, rêveur, il dételle
Ses chevaux las souvent au point de haleter,
Il s'arrête, et fait signe aux Muses d'écouter.
Victor Hugo.
Il est revenu le temps du muguet
[size=16][size=24]Le temps du muguet
Il est revenu le temps du muguet
Comme un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais
Jusqu'au banc où je t'attendais
Et j'ai vu refleurir
L'éclat de ton sourire
Aujourd'hui plus beau que jamais
Le temps du muguet ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai
Quand tous ses bouquets déjà se sont fanés
Pour nous deux rien n'aura changé
Aussi belle qu'avant
Notre chanson d'amour
Chantera comme au premier jour
Il s'en est allé le temps du muguet
Comme un vieil ami fatigué
Pour toute une année pour se faire oublier
En partant il nous a laissé
Un peu de son printemps
Un peu de ses vingt ans
Pour s'aimer pour s'aimer longtemps.[/size][/size]
[size=16]Francis Lemarque.[/size]
[size=16][size=16][/size][/size]
Poème sur le Printemps
[size=18]Hymne au Printemps
[size=18]Les blés sont mûrs et la terre est mouillée,
Les grands labours dorment sous la gelée.
L'oiseau si beau, hier, s'est envolé ;
La porte est close sur le jardin fané.
Comme un vieux râteau oublié
Sous la neige je vais hiverner,
Photos d'enfants qui courent dans les champs
Seront mes seules joies pour passer le temps ;
Mes cabanes d'oiseaux sont vidées,
Le vent pleure dans ma cheminée
Mais dans mon cœur je vais composer
L'hymne au printemps pour celle qui m'a quitté.
Quand mon amie viendra par la rivière,
Au mois de mai, après le dur hiver,
Je sortirai, bras nus, dans la lumière
Et lui dirai le salut de la terre...
Vois, les fleurs ont recommencé,
Dans l'étable crient les nouveaux-nés,
Viens voir la vieille barrière rouillée
Endimanchée de toiles d'araignée :
Les bourgeons sortent de la mort,
Papillons ont des manteaux d'or,
Près du ruisseau sont alignées les fées
Et les crapauds chantent la liberté.[/size][/size]
[size=18]Félix Leclerc.[/size]
[size=18] Ninnenne
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