oiseau endémique de l'Antarctique, est le plus grand et le plus lourd de tous les manchots. Le mâle et la femelle ont un plumage similaire et sont de même taille, atteignant jusqu'à 122 cm de hauteur pour un poids qui varie entre 20 et 40 kg. Le dos et la tête sont noirs et le ventre blanc, le haut de la poitrine jaune clair ; deux marques jaune vif au niveau des oreilles sont très visibles. Comme les autres manchots, il est incapable de voler. Ses ailes raides et aplaties et son corps profilé sont particulièrement adaptés à l'habitat marin.
Son alimentation se compose essentiellement de poissons, mais peut également comprendre des crustacés comme le krill ou des céphalopodes comme le calmar. Lorsqu'il chasse, il peut rester sous l'eau durant 18 minutes, plongeant à une profondeur de 535 m. L'espèce est bien adaptée pour la plongée, car elle possède une hémoglobine à la structure particulière capable de fonctionner avec de faibles taux de dioxygène. Le Manchot empereur possède aussi des os solides qui lui permettent de résister au barotraumatisme, ainsi qu'une capacité à réduire son métabolisme et à mettre en veille certaines fonctions non essentielles.
Le Manchot empereur est connu pour le cycle de vie bien réglé des adultes qui répètent chaque année le même rituel pour se reproduire et élever leurs petits. Il s'agit de la seule espèce de manchot qui se reproduit au cours de l'hiver antarctique. Il réalise alors un long périple de 50 à 120 km sur la glace pour former des colonies pouvant comprendre des milliers d'individus. Les femelles pondent un unique œuf, que le mâle couve tandis que la femelle retourne vers la mer afin de chercher de la nourriture. Par la suite, les parents partent chercher leur nourriture en mer à tour de rôle, l'un d'entre eux restant avec leur oisillon dans la colonie. L'espérance de vie du Manchot empereur est généralement de 20 ans dans la nature, bien que des observations laissent à penser que certains individus peuvent atteindre l'âge de 50 ans.
Préface de Canis Lupus
"Je vous connais depuis l’époque où la seule lumière était celle du soleil ou de la lune. Je vous ai observés dans la forêt autrefois vaste et impénétrable. J’étais témoin lorsque vous avez découvert le feu et crée d’étranges outils. Tapi sur les crêtes, j’ai suivi vos chasses et jalousé vos succès. J’ai dévoré vos miettes et vous avez mangé les miennes.
J’ai écouté vos chants et observé vos ombres mouvantes autour du feu. A une époque si reculée que je m’en souviens à peine, quelques-uns d’entres nous vous ont rejoints pour se chauffer à ce feu. Nous avons intégré vos meutes, nous avons participé à vos chasses, nous avons protégé vos petits et nous vous avons aidés, comme nous vous avons craints et aimés.
Nous avons longtemps vécu côte à côte. Nous étions très semblables. C’est pourquoi certains d’entres nous vous ont adoptés. Certains d’entre vous me respectent, [size=16]moi, le sauvage. Je suis un bon chasseur, je vous ai respectés aussi. Vous étiez de bons chasseurs. Je vous observais lorsque vous chassiez en meute avec ceux qui s’étaient apprivoisés et que vous attrapiez la viande.
C’était le temps de l’abondance. Vous étiez peu nombreux alors. Les forêts étaient vastes. La nuit, nos hurlements appelaient les nôtres qui vous avaient rejoints. Certains revenaient chasser avec nous. Nous en mangions d’autres parce qu’ils étaient devenus tout à fait étranges. Il en fut ainsi pendant très longtemps, et c’était bien. Parfois, je vous volais de la viande, comme vous m’en voliez. Vous souvenez vous des temps de famines, lorsque la neige était profonde et que vous mangiez la viande que nous avions tuée ? C’était un jeu. C’était une dette. On pourrait dire que c’était une promesse.
Comme beaucoup de ceux qui s’étaient apprivoisée, la plupart d’entre vous sont devenus très étranges. Aujourd’hui, je ne reconnais plus certains des domestiqués. Je ne reconnais plus certains d’entre vous. Nous étions si semblables autrefois. Vous avez également domestiqué la viande. Lorsque j’ai commencé à chasser votre viande apprivoisée (ce sont des créatures stupides qui n’honorent pas la mort, mais la viande sauvage a disparu) vous m’avez pourchassé. Je ne comprends pas. Lorsque vos meutes ont grossi et se sont fait la guerre, je vous ai observés. J’ai assisté à de grandes batailles. J’ai festoyé de vos morts. Vous nous avez pourchassés avec plus de férocité encore. Je ne comprends pas. Ils étaient de la viande. Vous les aviez tués.
Nous sommes aujourd’hui peu nombreux. Vous avez rétréci la forêt. Vous avez tué beaucoup d’entre nous. Mais je continue de chasser et de nourrir mes petits dissimulés à vos yeux. Je continuerai de la faire.
Je me demande si ceux d’entre nous qui vous ont rejoints ont fait le bon choix. Ils ont perdu le désir de vivre en liberté. Ils sont nombreux, mais ils sont étranges. Nous sommes peu nombreux. Je vous observe toujours pour savoir vous éviter.
Je crois que je ne vous reconnais plus."
Canis Lupus est le loup de l’imagination de Jim Branderburg, qui a reçu des dizaines de prix nationaux et internationaux pour sa production photographique. On a tendance à oublier que les origines lointaines du chien sont le loup. Je voulais vous faire partager ce texte magnifique et poignant d'humanité et de sagesse, d'un homme passionné d'animaux et de nature. [/size]