RABINDRANATH TAGORELXXXV
"Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers?
Je ne puis t'envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d'or de ce lointain nuage.
Ouvre tes portes et regarde au loin.
Dans ton [size=18]jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d'il y a cent ans.[/size]
Puisses-tu sentir, dans la joie de ton coeur, la joie vivante qui, un matin de printemps chanta, lançant sa voix joyeuse par delà cent années."
Rabindranath Tagore
LXXIII
O Terre, ma patiente et sombre mère, ta richesse n'est pas infinie.
Tu te fatigues à nourrir tes [size=18]enfants; mais la nourriture est rare.
Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites.
Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles.
Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs; te renierai-je pour cela?
Ton sourire assombri par la douleur est doux à mes yeux.
Ton amour, qui ne connaît pas d'accomplissement, est cher à mon coeur.
Ton sein nous nourris de vie, non d'immortalité; c'est pourquoi tu veilles sur nous.
Depuis des siècles tu composes des harmonies de couleurs et de chants et, cependant, ton paradis n'est encore qu'une triste ébauche.
Tes créations de beauté sont voilées du brouillard des larmes.
Je verserai mes chants dans ton coeur muet et mon amour dans ton amour.
Je t'adorerai par le travail.
J'ai vu la douceur de ton visage et j'aime ta lamentable poussière, ô mère Terre.
[/size]
Rabindranath Tagore
Dans le sombre chemin d’un rêve, j'ai cherché celle
que j’aimais dans une vie antérieure.
Sa maison était située au bout d’une rue désolée.
Dans la brise du soir son paon favori sommeillait sur son
perchoir et les pigeons étaient silencieux dans leur coin.
Elle posa sa lampe près du seuil et se tint debout devant moi.
Elle leva ses grands yeux vers moi, et en silence demanda :
«Etes-vous bien, mon ami?."
J'essayai de lui répondre, mais j’avais perdu l'usage de la
parole.
Je cherchais, je cherchais en vain.
Je ne savais plus nos noms.
Des larmes brillèrent dans ses yeux.
Elle me tendit sa main droite.
Je la pris et demeurai silencieux.
Notre lampe vacilla dans la brise du soir et s'éteignit.
Rabindranath Tagore
Paix, mon [size=16]coeur, que l'heure de la séparation soit douce;[/size]
Que ce ne soit pas une [size=16]mort, mais un accomplissement.[/size]
Vivons du souvenir de notre [size=16]amour et que notre douleur se[/size]
change en chansons.
Que l'envolement dans le ciel finisse par le repliement des
ailes sur le nid.
Que la dernière étreinte de nos mains soit aussi douce que la
fleur de la nuit.
Attarde-toi, belle fin de notre [size=16]amour, et dis-nous[/size]
dans le silence tes dernières paroles.
Je m'incline et j'élève ma lampe pour éclairer ta route.
Rabindranath Tagore
Peinture de François Boucher (1703-1770), Jeune femme endormie
Ô femme tu n'es pas seulement le chef-d'oeuvre de [size=18]Dieu, tu es aussi celui des hommes: ceux-ci te parent de la beauté de leurs coeurs.[/size]
Les poètes tissent tes voiles avec les fils d'or de leur [size=18]fantaisie; les peintres immortalisent la forme de ton corps.[/size]
La mer donne ses perles, les mines leur or, les jardins d'été leurs fleurs pour t'embellir et te rendre plus précieuse
Le désir de l'homme couvre de gloire ta jeunesse.
Tu es mi-femme et mi-rêve.
Rabindranath Tagore
LIII
Pourquoi, d’un regard, me rendez-vous confus ?
Je ne suis pas venu en mendiant.
Je n’ai stationné qu’une heure au bout de votre cour, derrière
la haie du [size=16]jardin.[/size]
Pourquoi, d’un regard, me rendez-vous confus ?
Je n’ai pas cueilli une rose de votre [size=16]jardin;[/size]
Je n’y ai pas pris un fruit.
Je me suis humblement abrité dans l’ombre du sentier, où
tout voyageur étranger peut s’arrêter.
Je n’ai pas cueilli une rose.
Oui, j’étais fatigué et la pluie tombait.
Le vent pleurait dans les branches agitées des bambous.
Les nuages couraient dans le ciel comme un bataillon en
déroute.
J’étais fatigué.
Je ne sais si vous pensiez à moi, ou qui vous attendiez sur le
seuil.
Des éclairs brillaient dans vos yeux guetteurs.
Comment pouvais-je savoir que vous me voyiez dans la
nuit?
Je ne sais si vous pensiez à moi.
La journée est finie; la pluie a cessé.
Je quitte l'ombre de l'arbre au bout de votre [size=16]jardin et le banc[/size]
sur l'herbe.
La nuit est venue; fermez votre porte.
Je continue ma route; la journée est finie.
La journée est finie; la pluie a cessé.
Je quitte l’ombre de l’arbre au bout de votre jardin et le banc
sur l’herbe.
La nuit est venue; fermez votre porte. Je continue ma route;
la journée est finie.
Rabindranath Tagore
Il me tarde de vous dire..
Il me tarde de vous dire les mots les plus profonds.
Je n'ose pas ; je crains votre rire.
C'est pourquoi je me moque de moi-même et fais éclater mon secret en plaisanteries.
Je fais fi de ma peine, de peur que vous n'en fassiez fi vous-même.
Il me tarde de vous dire les mots les plus sincères.
Je n'ose pas ; j'ai peur que vous ne les croyiez pas.
Voilà pourquoi je les déguise en mensonges, disant le contraire de ce que je pense.
Je fais paraître absurde ma douleur, de peur que vous ne la traitiez d'absurde vous-même.
Il me tarde d'employer pour vous les mots les plus précieux ; mais je n'ose pas, craignant de n'être pas payé en retour.
C'est pourquoi, je vous donne des noms durs et me vante de mon insensibilité.
Je vous peine, de peur que vous ne connaissiez jamais la peine.
Il me tarde d'être assis silencieusement auprès de vous ; mais je n'ose pas, de peur que mes lèvres ne trahissent mon cœur.
C'est pourquoi je bavarde et je jase, cachant mon cœur derrière mes paroles.
Je traite durement ma souffrance, de peur que vous ne la traitiez de même.
Il me tarde de m'éloigner de vous ; mais je n'ose pas, de peur que vous ne vous aperceviez de ma lâcheté.
C'est pourquoi je porte la tête haute et viens vers vous d'un [size=18]air indifférent.
La provocation constante de vos regards renouvelle à chaque instant ma douleur.[/size]
Rabindranath Tagore
Un [size=16]sourire d’incrédulité voltige dans vos yeux quand je viens
vous dire adieu.[/size]
Si souvent je l’ai fait que vous pensez me voir bientôt revenir.
En vérité, je le crois aussi.
Car les jours de printemps reviennent saison après saison ; la
lune nous quitte pour nous rendre à nouveau visite ; les
fleurs sur les branches s’épanouissent à chaque nouvelle
année.
Il est probable que mon adieu aussi n’est qu’un au revoir.
Mais gardez un instant l’illusion. Ne la rejetez pas avec une
hâte impolie.
Quand je dis que je vous quitte pour toujours, acceptez-le
comme vrai et laissez un brouillard de larmes rembrunir un
moment la frange sombre de vos yeux.
Puis, quand je reviendrai, vous sourirez aussi malicieusement
que vous voudrez.
Rabindranath Tagore
Il murmura : Mon amour lève les yeux
Je le grondai et lui dis : Va ! Mais il ne bougea pas.
Il resta devant [size=16]moi et garda mes deux mains dans les siennes.[/size]
Je dis : Laisse-moi ! Mais il ne s'en alla pas.
Il approcha son visage près du mien.
Je le regardai et lui dis : Quelle honte ! Mais il ne fit pas un
mouvement.
Ses lèvres frôlèrent ma joue.
Je tremblai et je dis : Tu oses trop ! Mais il n'eut pas honte.
Il mit une [size=16]fleur dans mes cheveux. [/size]
Je dis : C'est inutile ! Mais il ne se troubla pas.
Il prit la guirlande de mon cou et s'en alla.
Je pleure et je demande à mon [size=16]coeur : Pourquoi ne revient-il pas ![/size]
Rabindranath Tagore (Le jardinier d'amour)
De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement,
tu joues avec [size=16]moi. [/size]
Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire.
De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons.
De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre.
Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse.
Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.
Rabindranath Tagore
Ne pars pas, mon amour, sans prendre congé de moi.
Toute la [size=18]nuit, j'ai veillé, et maintenant mes yeux sont lourds de sommeil.[/size]
Je crains de te perdre si je m'endors.
Ne pars pas, mon amour, sans prendre congé de moi.
Je tréssaille et j'étends mes mains pour te toucher.
Je me demande : Est-ce un rêve?
Que ne puis-je emmêler tes pieds avec mon coeur
et les tenir pressés contre mes seins!
Ne pars pas, mon amour, sans prendre congé de moi.
Rabindranath Tagore
Illustration de Steve Delamare
"Je t'aime, mon bien-aimé. Pardonne-moi mon amour. [size=16]Oiseau
égaré tu m'as prise. Mon coeur a été si ébranlé que son voile
est tombé.[/size]
Couvre-le de pitié, mon bien-aimé, et pardonne-moi mon
amour.
Si tu ne peux m'aimer, bien-aimé, pardonne-moi ma douleur.
Ne me regarde pas de loin avec mépris. Je me blottirai dans
mon coin et je resterai assise dans la nuit.
De mes deux mains, je couvrirai ma honte.
Détourne-toi de moi, bien-aimé, et pardonne-moi ma douleur.
Si tu m'aimes, bien-aimé, pardonne-moi ma joie.
Quand mon coeur est emporté dans le torrent du bonheur, ne
souris pas à mon périlleux abandon.
Quand assise sur mon trône, je te gouverne avec la tyrannie
de mon amour; quand, telle une déesse je t'accorde mes
faveurs, supporte mon orgueil, bien-aimé, et pardonne-moi
ma joie."
Rabindranath Tagore
Dis-moi si tout cela est vrai, mon bien-aimé, dis-moi
si cela est vrai.
Quand brille l'éclair de mes yeux, de sombres
nuages orageux s'amassent-ils dans ton [size=16]coeur?[/size]
Est-il vrai que mes lèvres te soient douces comme
l'épanouissement de ton premier amour ?
La souvenance des mois évanouis de Mai languit-elle
dans mes veines?
La terre, comme une harpe, frissonne-t-elle de
chansons au toucher de mes pieds?
Est-il vrai qu’à ma vue les gouttes de rosée tombent
des yeux de la nuit et que la lumière du matin est
heureuse de m’envelopper ?
Est-il vrai, est-il vrai que, solitaire, ton amour m'a
cherchée à travers les siècles et les mondes?
Et que, m'ayant trouvée, ton long désir fut apaisé
par mes douces paroles, par mes yeux, par mes
lèvres et mes cheveux flottants?
Est-il donc vrai que le mystère de l’Infini est écrit sur
ce petit front ?
Dis-le-moi, mon bien-aimé, tout cela est-il vrai?
Rabindranath Tagore
Illustration de Steve Delamare
Mon [size=16]coeur, oiseau du désert, a trouvé son ciel dans tes yeux.[/size]
Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des étoiles.
Leur abîme engloutit mes chants.
Dans ce ciel immense et solitaire laisse-moi planer.
Laisse-moi fendre ses nuages et déployer mes ailes dans son
soleil.
Rabindranath Tagore
Votre regard anxieux est triste. Il cherche à connaître ma pensée.
La lune aussi veut pénétrer la mer.
Vous connaissez toute ma vie, je ne vous ai rien caché. Voilà pourquoi vous ignorez tout de moi.
Si ma vie était une gemme, je la briserais en cent morceaux, et de ces parcelles, je vous ferais un collier que je mettrais à votre cou.
Si ma vie n'était qu'une fleur, douce et menue, je la cueillerais de sa tige pour la poser dans vos cheveux.
Mais elle est un coeur, mon aimée. Où sont ses limites?
Vous ne connaissez pas les bornes de ce royaume et cependant vous en êtes la reine.
Si mon coeur n'était que plaisir, vous le verriez fleurir en un sourire heureux et vous le pénétreriez en un instant.
S'il n'était que souffrance , il fondrait en larmes limpides, reflétant sans un mot son secret.
Mais il est amour, ma bien-aimée.
Son plaisir et sa peine sont illimités, sa vie, sa misère et sa richesse sont éternelles.
Il est aussi près de vous que votre vie même, mais jamais vous ne le connaîtrez tout entier.
Crois à l’amour, même s’il est une source de douleur.
Ne ferme pas ton coeur.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.
Le cœur n’est fait que pour se donner avec une larme et une chanson, mon aimée.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.
La joie est frêle comme une goutte de rosée, en souriant elle meurt. Mais le chagrin est fort et tenace. Laisse un douloureux amour s’éveiller dans tes yeux.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.
Le lotus préfère s’épanouir au soleil et mourir, plutôt que de vivre en bouton un éternel hiver.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.
Rabindranath Tagore (Le Jardinier d'amour)
Ce que tu m'offres volontiers, je le prends, je ne demande rien de plus.
Oui, oui, je te connais, modeste quémandeur, tu veux tout ce que j'ai.
Si je puis avoir cette fleur égarée, je la porterai sur mon coeur.
Et si elle a des épines?
Je les endurerai.
Oui, oui, je te connais, modeste quémandeur, tu veux tout ce
que j'ai.
Un regard de tes yeux amoureux rendrait ma vie douce pour
l'éternité.
Et si mon regard est cruel?
Je garderai sa blessure dans mon coeur.
Oui, oui, je te connais, modeste quémandeur, tu veux tout ce
que j'ai.
Rabindranath Tagore
Jeune [size=16]homme, dis- nous pourquoi tes yeux sont pleins de folie?[/size]
Je ne sais quel vin de pavots sauvages j'ai bu, pour qu'il y ait cette folie dans mes yeux.
Honte à toi!
Il y a des sages et des fous, des prévoyants et des insouciants. Il y a des yeux qui sourient et de yeux qui pleurent et mes yeux sont pleins de folie!
Jeune homme, pourquoi restes-tu si tranquille à l'ombre de cet arbre?
Mes pieds sont lourds du fardeau de mon coeur; et je me repose à l'ombre de cet arbre.
Honte à moi.
Certains suivent la route, d'autres flânent, certains sont libres, d'autres sont enchaînés, et mes pieds sont lourds du fardeau de mon coeur.
Rabindranath Tagore
Nos mains s'enlacent...
Nos mains s'enlacent, nos yeux se cherchent.
Ainsi commence l'histoire de nos coeurs.
C'est une nuit de mars éclairée par la lune ; l'exquise odeur du henné flotte dans l'air ; ma flûte est à terre abandonnée et la guirlande de fleurs est inachevée.
Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson.
Ton voile couleur de safran enivre mes yeux.
La couronne de jasmin que tu me tresses réjouit mon coeur comme une louange.
C'est un jeu alterné de dons et de refus, d'aveux et de mystères ; de sourires et de timidités, de douces luttes inutiles.
Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson.
Nul mystère au-delà du présent ; nulle aspiration vers l'impossible ; pur enchantement ; nul tâtonnement dans la profondeur de l'ombre. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson.
Nous ne nous égarons pas, hors des paroles, dans le silence éternel. Nous ne tendons pas nos mains vers le néant des espoirs impossibles.
Il nous suffit de donner et de recevoir.
Nous n'avons pas écrasé les grappes de la jouissance jusqu'à en exprimer le vin de la douleur.
Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson.
Rabindranah Tagore. "Le jardinier d'amour"
Je cours comme le cerf musqué, enivré de son propre
parfum, court à l'ombre de la forêt.
La nuit est une nuit de mai, la brise est une brise du midi.
Je perds ma route et j'erre; je cherche ce que je ne peux
trouver; je trouve ce que je ne cherche pas.
De mon coeur monte l'image de mon désir; je la vois danser
devant mes yeux.
L'étincelante vision s'envole.
Je tente de la saisir; elle m'échappe et me laisse égaré.
Je cherche ce que je ne puis trouver, je trouve ce que je ne
cherche pas.
R. Tagore, Le Jardinier d'Amour
"Titounet" dans le rôle de l'oiseau sauvage
"L'oiseau apprivoisé était dans une cage; l'oiseau sauvage
était dans la forêt.
Le sort les fit se rencontrer. L'oiseau sauvage crie :
- Oh! mon amour, volons vers le bois.
L'oiseau apprivoisé murmure : Viens ici, vivons ensemble
dans la cage.
Parmi ces barreaux, où y aurait-il place pour étendre mes
ailes? dit le libre oiseau. Hélas! s'écrie le prisonnier, je ne
saurais où me poser dans le ciel.
Mon bien-aimé, viens chanter les chants des forêts.
- Reste prés de [size=16]moi. Je t'enseignerai une musique savante.[/size]
L'oiseau des forêts réplique: Non! non! Les chants jamais ne
se peuvent s'enseigner.
L'oiseau en cage dit : Hélas! Je ne sais pas les chants des
forêts.
Ils ont soif d'amour, mais jamais ils ne peuvent voler aile à
aile.
A travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est
leur désir de se connaitre.
Ils battent des ailes et chantent :
Viens plus prés mon amour!
Le libre ailé s'écrie : je ne puis, je crains les portes fermées de
ta cage.
-[size=16][/size]
"titini" dans le rôle de l'oiseau captif
Hélas! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes.
Rabindranath Tagore
(Le jardinier d'amour)
Pourquoi la lampe s'est-elle éteinte ?
Je l'entourai de mon manteau pour la mettre à l'abri du vent;
c'est pour cela que la lampe s'est éteinte.
Pourquoi la fleur s'est-elle fanée ?
Je la pressai contre mon [size=16]coeur avec inquiétude et amour;[/size]
voilà pourquoi la fleur s'est fanée.
Pourquoi la rivière s'est-elle tarie ?
Je mis une digue en travers d'elle afin qu'elle me servit à moi
seul;
voilà pourquoi la rivière s'est tarie.
Pourquoi la corde de la harpe s'est-elle cassée?
J'essayai de donner une note trop haute pour son clavier;
voilà pourquoi la corde de la harpe s'est cassée.
Tagore
Ninnenne