L'ENFANT PERDU Philip Plisson
L'Enfant Perdu, Guyane, France
Il est très malaisé d'accéder à la rade de Cayenne, du fait des "battures" (lignes de brisants), des innombrables bancs de vase dans lesquels les bateaux de toute taille s'échouent sans recours et des [size=13]divers îlets. La construction d'un phare était donc indispensable,et une corvée de forçats s'y attela dans des conditions terrifiantes : la mer est presque toujours démontée, et l'accostage sur ce récif des plus aléatoires. Il fallut deux années pour venir à bout de ce chantier.[/size]
Le phare fut ensuite tenu par des équipes composées de deux ou trois transportés, souvent des condamnés à mort grâciés. En effet, cette tâche était une des pires que l'on infligea à des forçats du fait de l'isolement terrifiant (parfois, le canot ravitailleur ou qui amenait la relève ne pouvait accoster des semaines durant), à cause du vacarme incessant de la houle, de l'espace excessivement réduit, de la présence omniprésente des requins, etc. Il y eut de nombreux suicides, bien que la durée théorique d'une garde était limitée à trois mois, séjour souvent doublé voire triplé du fait de l'impossibilité d'accoster. En outre, si les quantités de vivres étaient suffisantes pour tenir aussi longtemps, il était impossible dans ces conditions d'assurer une alimentation équilibrée - d'où des carences alimentaires entraînant béri-béri, scorbut et autres pathologies.
Un séjour à l'Enfant Perdu "réussi" amenait souvent une réduction ou un aménagement significatif de la peine.
Autour du phare qui s'alimente de la lumière des trophées les devins guettent le vol des éphémères dont les ailes battent et se replient.
Michel Leiris
"La seule réussite non suspecte aujourd'hui: celle qui s'effectuerait sans aucun contact humain et sans aucun capital de sympathie. Celle d'un gardien de phare par exemple..."
Philippe Bouvard
Photo de : [size=10]nicolas-quendez.com[/size]
"Rentabiliser ses insomnies en devenant veilleur de nuit, sa peur des foules en devenant gardien de phare, ses tendances paranoïaques en devenant être humain."
Denis Langlois
Le Phare de l'Enfant Perdu
"Ilot au large de Cayenne disposant d'un phare et entretenu par trois bagnards y vivant seuls et ravitaillés toute les semaines.
"Il arriva que l'on oublie de ravitailler ces trois gardiens, l'un d'entre eux mourut de faim, et faute de combustible le phare cessa d'éclairer.
"Se croyant définitivement abandonnés les deux survivants, réussirent à gagner la terre ferme à bord d'un radeau de leur confection. Ils échouèrent près de Kourou ou ils furent accueillis par les gendarmes et arrêtés pour désertion de poste..."
(Guy Marchal, [size=13]Extrait de Histoire du Bagne de Guyane)[/size]
Le Phare de l'Enfant Perdu
Histoire
Dès 1604, la ville alors appelée Armire, fut la résidence principale des chefs d’expédition. En 1862, la compagnie Équinoxiale y installa son administration et au début du XXe siècle, les réfugiés martiniquais de la catastrophe de la Montagne Pelée s’y installèrent.
Une histoire raconte qu’à l’époque du bagne, il existait un phare sur l’Enfant Perdu. Des bagnards étaient laissés sur l’îlet pour en alimenter le feu pendant la nuit. Un jour, l’administration pénitentiaire oublia ces hommes. Quand le phare resta éteint, personne ne le remarqua. Arrivés à court de vivres, ils construisirent un radeau de bois et rejoignirent le rivage. Arrivés à Cayenne, ils furent capturés et condamnés pour évasion.
Légende
"La légende raconte que l’Ilot Le Père et L’Ilot la Mère se promenaient un jour avec leurs deux filles et leur fils au large de la Guyane quand ils furent surpris par un raz-de-marée qui les poussa sur les côtes et les fit échouer sur les fonds de vase de l’Embouchure du Mahury.
Ils réussirent à arrêter sur les mêmes bancs leurs deux filles, mais le plus jeune enfant disparut. Leur serviteur, le Malingre, envoyé à leur recherche, n’arriva pas à le rejoindre et s’arrêta à bout de force.
Ce n’est que longtemps après que l’enfant entraîné par le courant toucha le fond au large de Cayenne et y resta fixé, gardant le nom d’Enfant perdu en souvenir de son aventure."
Un voyage dans le passé grâce à un phare...
Ninnenne