Justin Cronin, né en 1962, est un romancier américain de science-fiction et d'horreur. Né et élevé en Nouvelle-Angleterre, il a étudié à l'université Harvard.
Il vit avec sa femme et ses enfants à Houston au Texas où il enseigne l'anglais à l'université Rice.
Le Passage, premier roman de la trilogie du même nom, est sorti au mois de juin [size=13]2010 et a fait l'objet de nombreuses critiques favorables.[/size]
Trilogie
Le Passage, Robert Laffont, 2011
Les Douze, Robert Laffont, 2013
(en) The City of Mirrors, 2015
Autres livres
Huit Saisons, Mercure de [size=13]France, 2003 [/size]
Prix Pen-Hemingway
Quand revient l'été, Mercure de [size=13]France, 2007 [/size]
D'après le New York Times, les droits cinématographiques du premier roman de la trilogie aurait été achetés par Fox 2000 pour la somme d'environ 1,75 million de dollars.
L'histoire :
La fin du monde n'était qu'un début...
Dans "Le Passage", Justin Cronin avait imaginé un monde terrifiant, apparu à la suite d'une expérience gouvernementale ayant tourné à l'apocalypse.
Aujourd'hui, l'aventure se poursuit à travers l'épopée des "Douze", le deuxième volet de la trilogie monumentale de Justin Cronin.
De nos jours. Alors que le fléau déclenché par l'homme se déchaîne, trois étrangers naviguent au milieu du chaos. Lila, enceinte, est à ce point bouleversée par la propagation de la violence et de l'épidémie qu'elle continue de préparer l'arrivée de son enfant comme si de rien n'était, dans un monde dévasté. Kittridge, surnommé « Ultime combat à Denver » pour sa bravoure, est obligé de fuir pour échapper aux mutants viruls, armé mais seul et conscient qu'un plein d'essence ne le mènera pas bien loin. April, une adolescente à la volonté farouche, lutte, dans un [size=13]paysage de ruines et de désolation, pour protéger son petit frère. Tous trois apprendront bientôt qu'ils n'ont pas été totalement abandonnés -- et que l'espoir demeure, même au cœur de la plus sombre des nuits.[/size]
Cent ans plus tard. Amy et les siens -- les héros du premier volet de la trilogie, qui se battaient dans "Le Passage" pour le salut de l'humanité -- ignorent que les règles du jeu ont changé. L'ennemi a évolué. Les douze vampires modernes à l'origine de la prolifération des viruls ont donné naissance à un nouveau pouvoir occulte, incarné par le maléfique Horace Guilder, avec une vision de l'avenir infiniment plus effrayante encore.
Si les Douze viennent à tomber, l'un de ceux qui se sont ligués pour les vaincre devra le payer de sa vie.
Extraordinaire parabole sur le thème du sacrifice et de la survie due à l'esprit fertile et à la plume magistrale de Justin Cronin, "Les Douze" comblera les attentes des nombreux admirateurs du "Passage", best-seller international unanimement salué par la critique, autant qu'il séduira tous ceux qui ne connaissent pas encore l'univers tout à fait prodigieux créée par Cronin.
Brillant, haletant, poignant, la [size=13]lecture des quelque mille pages des "Douze" vous fera passer des nuits blanches.[/size]
Critiques :
"L'an dernier, Le Passage, l'énorme pavé d'un presque inconnu, Justin Cronin, avait réveillé chez beaucoup le goût d'une SF apocalyptique à la fois intelligente et haletante. Voici le deuxième volet de la trilogie. Cent ans après l'invasion des « viruls », ces humains transformés en vampires, les douze mutants à l'origine du fléau ont mis en place un pouvoir occulte. Plus politique que le premier volume, Les Douze met en scène des caricatures de démocratie, les dérives d'un totalitarisme basé sur la peur, et imagine des camps de concentration qui font écho à la Seconde Guerre mondiale. La fresque a toujours de l'ampleur, et les personnages restent attachants — avec un plus pour Lila, jeune femme enceinte qui tente de s'extraire de la violence ambiante...
On espère que le tome 3, disponible en 2015, sera au niveau des deux premiers...
Le 29/06/2013 - Mise à jour le 18/09/2013 Hubert Prolongeau - Telerama n° 3311
Extraits :
"Plus tard, après le dîner et la prière du soir, le bain si c'était le jour du bain, et les dernières négociations qui clôturaient la journée - "S'il vous plait, ma soeur, encore un petit moment...", "S'il vous plait, encore une [size=13]histoire?" -, quand les enfants s'étaient enfin endormis et que tout était calme, Amy les observait. Aucune règle ne l'interdisait; les soeurs s'étaient habituées à ses errances nocturnes. Elle passait comme une apparition, d'une pièce silencieuse à la suivante, glissant dans un sens puis dans l'autre entre les rangées de lits où les enfants dormaient, le visage et le corps détendus, dans l'abandon du sommeil. Les plus grands avaient treize ans, la limité de l'âge adulte, les plus petits étaient encore des bébés. Chacun avait son histoire, toujours triste. Beaucoup étaient des troisièmes enfants abandonnés à l'orphelinat par des parents incapables de payer la taxe, d'autres les victimes de circonstances plus cruelles encore : une mère morte en couches, ou célibataire ne pouvant assumer le deshonneur; un père qui avait disparu dans les bas-fonds ténébreux de la ville, ou été emporté hors les murs. L'origine des orphelins variait, mais ils connaîtraient tous le même destin."[/size]
" Mais ça faisait longtemps. Elle avait été une enfant, et puis une femme, et puis...quoi? La troisième Alicia, la Nouvelle Chose, n'était ni humaine ni virule mais les deux à la fois. Un amalgame, un hybride, un être à part. Elle se déplaçait parmi les viruls comme un esprit invisible, à la fois l'une d'entre eux et pas des leurs, un fantôme pour les fantômes qu'ils étaient. Ses veines charriaient le virus, mais compensé par un second obtenu, obtenu à partir d'Amy, le Fille de nulle part, et contenu dans l'une des douze ampoules du laboratoire du Colorado."...
" Son père lui avait toujours dit, Fiston, le plus important dans la vie, c'est d'apporter sa pierre à l'édifice. Qui aurait cru que la contribution de Kittridge consisterait à tenir un blog vidéo à partir du Ground Zero de l'apocalypse? En attendant, le monde continuait à tourner. Le soleil brillait toujours. A l'ouest, les montagnes assistaient à la disparition de l'homme avec une gigantesque indifférence."...
"Il avait décidé de conduire le bus, finalement. Parce qu'il n'était peut-être pas la seule personne encore en vie. Parce que conduire le bus, c'était son bouton du bonheur. Parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre d ela journée, avec maman dans la chambre à coucher, et le mauvais lait, et tous les jours qui passaient. Il avait préparé ses vêtements la vaille au soir, comme maman faisait toujours, le pantalon kaki, la chemise blanche et les chaussures marron à lacets, et il s'était préparé un déjeuner à emporter. Il n'y avait plus grand chose à manger, à part du beurre de cacahuète, des crackers et un vieux sachet de marshmallows, mais il avait mis de côté une bouteille de limonade. Il avait rangé tout ça dans son sac à dos, avec un couteau de poche et sa pièce de monnaie porte-bonheur, puis il était allé dans son placard chercher sa casquette, la casquette de conducteur de locomotive bleue à rayures que maman lui avait acheté à Traintown..."
"...et pourtant Guider n'arrivait pas à faire abstraction de la rancoeur qu'il gardait de son enfance passée dans l'espoir d'attirer l'attention d'un homme simplement incapable d'en accorder. Il n'attendait pas grand chose de son géniteur, juste qu'il le traite comme son fils. Quoi de plus naturel? Jouer à la bagarre par un après-midi d'automne, une parole de félicitation depuis la ligne de touche, une manifestation d'intérêt pour lui, pour sa façon de vivre. Guilder avait fait tout ce qu'il fallait, les bonnes notes, l'excellence en classe et sur les terrains de sport, l'université et une ascension sociale rapide vers une vie d'adulte responsable. En pure perte : son père n'avait virtuellement rien à lui dire, quel que soit le sujet."
"Elle s'entendait soupirer. Quel effort, rien que pour suivre une idée. Parce que c'éatit ce qu'il fallait faire, il fallait suivre son idée, et ne pas s edisperser; quoiqu'il arrive, il fallait rester concentré sur son objectif. Autrement, on risquait de se laisser submerger, de se noyer dans le monde comme dans une vague, et alors, que deviendrait-on? La maison proprement dite, elle ne la regretterait pas; elle l'avait secrètement détestée dès le premier jour où elle y avait mis les pieds, cette baraque immense, prétentieuse, avec ses pièces trop nombreuses et sa lunière d'un jaune nébuleux. Pas du tout comme celle où ils habitaient, Brad et elle, sur Maribel Street -douillette, chaleureuse, pleine de shoses qu'ils aimaient -mais comment aurait-il pu en être autrement? Qu'est-ce qu'une maison sinon la vie qu'elle hébergeait?..."
"Dee se souvenait de ce temps- là, quand ses filles étaient toutes petites. Les sensations particulières, les bruits, les odeurs et le lien physique viscéral, comme si on ne faisait qu'un avec son bébé. Beaucoup de femmes se lamentaient - "Je n'ai pas un moment à moi, j'ai vraiment hâte qu'il marche!" -mais pas Dee, jamais. Elle n'avait que trente ans, elle en aurait volontiers eu un autre, peut-être même deux. Ce serait rudement bien d'avoir un fils, se disait-elle. Mais le règlement était clair : uno, deuzio, et finito, comme on disait. Au cabinet du gouverneur, on envisageait une extension de la palissade, et peut-être qu'alors l'interdiction serait levée. Mais ça viendrait probablement trop tard; en attendant, l'espace disponible était limité, tout comme les ressources alimentaires et énergétiques."
"Il tenait peut-être quelque chose avec cette idée de mausolée. La fondation d'une religion officielle, ou un truc dans ce goût -là, avec tout le galimatias, le décorum et les signes extérieurs ritualisés... C'était peut-être le lubrifiant indispensable aux rouages de la psychologie humaine. Une religion d'État qui n'était que bâton sans carotte sucitait au mieux une obéissance aride à l'autorité. Alors que l'espoir...c'était le plus puissant des organisateurs sociaux. Donnez de l'espoir aux gens et vous pouvez leur faire faire à peu près n'importe quoi. Mais pas un espoir normal, basique - avoir de quoi manger et s'habiller, ne pas souffrir, de bonnes écoles en banlieue ou des échéances raisonnables assorties d'un financement indolore. Non, ce qu'il fallait aux gens, c'était un espoir au-delà du monde visible - le monde du corps et de ses épreuves, de la morne, l'interminable parade des choses de la vie. L'espoir que tout n'était pas ce qu'il semblait être."
Mon humble avis :
728 pages qui se lisent de façon ludique...Chaque chapitre avec un personnage dont certains très attachants...
Je regrette un peu de ne pas avoir relu "Le passage" (voir ma rubrique : mes lectures) avant mais n'étant pas vraiment une suite dans le temps, cela n'est pas vraiment gênant.
Par contre, page 725, l'explication chronologique des personnages est à suivre dès le début de la lecture pour faciliter la comprèhension et les histoires...car on nage dans un espace temps un peu compliqué pour moi parfois...
J'ai retrouvé une écriture superbe, un style plaisant et j'ai aimé la profondeur du livre, qui cette fois, me semble être une façon de caricaturer les démocraties, avec leurs lourdeurs de bureaucrates qui se retrouvent dans toutes organisations.
Par le truchement de cette histoire, l'auteur nous montre que quelque soient les drames de l'humanité, il y aura toujours dans les survivants les faibles et les forts, les maîtres et leurs esclaves, les luttes pour le pouvoir, les influences, la machine militaire et ses dérives...Aurait-on envie de survivre dans un tel monde?
J'y ai vu une allusion aux camps de concentration, comme si l'histoire se répétait dans son horreur dans toutes les sociétés...
Ce qui m'a le plus marqué, c'est la résurgence de sortes de camps de concentration, comme lors de la seconde guerre mondiale. L'histoire avec un grand H qui se répète avec une facilité déconcertante. On retrouve les jeux de Rome...Oui, c'est de la science-fiction et pourtant, les explications de cette dérive sont tellement bien amenées...
L'auteur écrit le troisième tome...Je l'attends déjà...