Le même fleuve de vie Rabindranath Tagore
Peinture de Mario Duguay
LE MÊME FLEUVE DE VIE
Le même fleuve de vie
qui court à travers mes veines nuit et jour
court à travers le monde
et danse en pulsations rythmées.
C'est cette même vie qui pousse à travers la poudre
de la terre sa joie en innombrables brins d'herbe,
et éclate en fougueuses vagues de feuilles
et de fleurs.
C'est cette même vie que balancent flux et reflux
dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort.
Je sens mes membres glorifiés au toucher
de cette vie universelle.
Et je m'enorgueillis,
car le grand battement de la vie des âges,
C'EST DANS MON SANG QU'IL DANSE EN CE MOMENT.
Rabindranath Tagore
Un très beau poème de Tagore...Vivre en harmonie avec la nature, savourer chaque saison et chaque instant de ce qui vit autour de nous, c'est le fleuve de la vie...Savoir qu'il y a la vie et que la mort fait partie de la vie, c'est une réalité qu'il faut apprivoiser à mesure que l'on avance sur le chemin des ans. Il faut s'émerveiller de nos battements de coeur... Lorsque l'enfant paraît Victor Hugo
Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ?
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.
Enfant vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Qu'on ose pas toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire
On rit, on se récrie, on l'appelle et sa mère
Tremble à le voir marcher...
Les yeux des enfants ont une douceur infinie,
Et leur petites mains, joyeuses et bénies,
Ignorent le mal encore !
Jamais, vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
A l'auréole d'or !
La nuit lorsque tout dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend parfois une petite voix qui pleure,
Sur des ailes d'azur,
Sans le comprendre encore, vous explorez le monde.
Double virginité : corps où rien n'est immonde,
Ame où rien n'est impur !
Il est si beau l'enfant avec son doux sourire,
Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir.
Dans le mal triomphant :
Préserve-moi Seigneur, d'été sans fleurs vermeilles,
De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles,
D'une Maison sans enfants ...
Victor Hugo
"L'absence" Marceline Desbordes-Valmore
L'absence.
Quand je me sens mourir du poids de ma [size=16]pensée, [/size]
Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
D'un courage inutile affranchie et lassée,
Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !
Tu grondes ma tristesse, et, triste de mes larmes,
De tes plus doux accents tu me redis les charmes :
J'espère ! ... car ta voix, plus forte que mon sort,
De mes chagrins profonds triomphe sans effort.
Je ne sais ; mais je crois qu'à tes regrets rendue,
Dans ces seuls entretiens tu m'as tout entendue.
Tu ne dis pas : « Ce soir ! » Tu ne dis pas : « Demain ! »
Non, mais tu dis : « Toujours ! » en pleurant sur ma main.
Marceline Desbordes-Valmore.
Le but propre...Goethe
Chaque [size=16]animal porte en soi son propre but.[/size]
Il sort parfait du sein de la nature
et il engendre des descendants parfaits.
Tous les membres se forment suivant des lois éternelles.
La forme la plus rare garde en secret
La forme primitive.
Ainsi la forme détermine la manière de vivre de l'animal
et la manière de vivre réagit avec puissance sur la forme.
Mais à l'intérieur un esprit semble lutter avec violence,
comme s'il voulait rompre le cercle
comme s'il voulait créer des formes
et une volonté arbitraire,
mais ce qu'il commence il le commence en vain.
Cette belle idée de puissance et de limite, d'arbitraire
et de loi, de liberté et de mesure, d'ordre mobile,
de privilège, de lacune - réjouis-t'en hautement.
Goethe
Ninnenne