On nous appelait les sauvages Dominique Rankin M.J Tardiff
Résumé :
Né sur les berges de la majestueuse rivière Harricana, en
Abitibi, le jeune Dominique Rankin est destiné à succéder à
son père à titre de chef héréditaire et homme-médecine, mais
l'envahissement des territoires autochtones par les Blancs et
l'intégration forcée à leur [size=16]société change radicalement le[/size]
cours de son existence. Arraché à ses parents et à sa culture,
il grandit dans le pensionnat des petits Sauvages avant de
retrouver la liberté, son peuple et ses origines. Autrefois
grand chef de la nation algonquine, il ouvre aujourd'hui le
livre de ses souvenirs , les plus lumineux comme les plus
sombres, et offre un vibrant témoignage sur le respect, le
pardon et la guérison qui vous fera découvrir un peuple à la
tradition millénaire."
Biographie de l'auteur
Apprécié pour son grand sens de l'humour et son énergie
débordante, l'ex-grand chef algonquin Dominique Rankin se
consacre aujourd'hui au rôle de leader spirituel dans la
tradition Anicinape. Leader, enseignant et communicateur
aguerri, il a notamment participé à de nombreux projets de
muséologie, de valorisation de sites ancestraux et d'activités
favorisant la renaissance des traditions autochtones.
Journaliste et apprentie femme-médecin, Marie-Josée Tardif
s'est fait connaître dans le monde des médias à titre de chef
d'antenne à la radio et à la télévision. Depuis plusieurs
années, elle collabore étroitement au magazine Vivre et
accompagne les individus sur le chemin de la connaissance
de soi.
Extraits :
En ce qui nous concerne, lorsqu’il s’agit de distinguer notre nation des autres, nous avons toujours utilisé le terme Mami8inni. Ce nom nous plait beaucoup, car il est très rigolo. Il se rapporte à notre goût pour la récolte des petits fruits que la terre-Maman nous offre durant la douce saison : fraises, framboises, bleuets (appelés myrtilles en Europe), etc. Or, pour cueillir ces fruits, il faut bien se pencher. Et qu’est-ce qui s’offre au regard du visiteur qui arrive sur les lieux où la communauté entière s’affaire à récolter les précieuses baies ? Toute une famille d’arrière-trains – des petits, des gros, des charnus, des maigres, des jeunes, des vieux – se dressant paisiblement sous le soleil ! Voilà qui nous sommes : la tribu aux postérieurs fièrement dressés vers le ciel !
Les livres de mon enfance, sur l’histoire du Canada, me revinrent à la mémoire. Ces images que nous montraient les missionnaires, au pensionnat, étaient pleines de violence. On y voyait des indiens scalpant des explorateurs blancs, suspendant des jésuites au-dessus d’un grand feu ou les écorchant vifs. Un jour, j’avais dérobé un de ces manuels scolaires afin de provoquer mon père pendant les vacances d’été. « Tu m’as menti ! lui avais-je lancé avec mépris. Partout dans ce livre, on voit des chefs tuer des Blancs. Toi, tu es un chef. Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de tous ces crimes ? » Après avoir tourné une à une les pages du livre, mon pauvre père était resté muet longtemps. Il ne savait pas lire, mais saisissait néanmoins la signification des nombreuses images de l’«histoire du Canada ». Les enseignements du passé, tels que les nôtres les relataient, n’avaient rien à voir avec tout ce sang et ces conquêtes.
Le Prix Nobel de la paix, le Sud-Africain Mgr Desmond Tutu, a un jour déclaré « Quand les missionnaires sont venus en [size=16]Afrique, ils avaient la Bible, et nous le territoire. Ils ont dit « Prions » et nous avons fermé les yeux. Lorsque nous les avons rouverts, nous avions la Bible et eux le territoire ». Étrange comme cette histoire ressemble à la nôtre…[/size]
"En ce temps là, nous n'étions pas des "chasseurs".Nous étions anoki8inni, le shommes fiers qui rapportent la nourriture.Nous allions chercher ce que le Créateur avait placé sur la Terre pour nous permettre de vivre. On ne tuait pas l'animal, on lui demandait sa vie, ce qui est bien différent. Personne n'aurait pu imaginer qu'on puisse un jour vendre un animal pour sa fourrure, et même aller jusqu'à éliminer toute une espèce sans réfléchir aux conséquences. Où est l'équilibre, dans cette vision de la vie?."
"Amik, le castor, est un grand professeur, murmure-t-il. Si tu détruis son barrage ou sa maison, il reconstruira tout, la nuit même. Tu n'auras jamais raison de sa patience. Jamais il ne laissera l'humain détruire la médecine à nourrir et à protéger ses petits. Peu importe l'obstacle qui se présente dans ta vie, fais comme lui, ne baisse jamais les bras toi non plus. Garde toujours en méméoire l'enseignement du castor, mon fils. Ne l'oublie jamais."
"Kapiteotak, le temps est venu de te vider de ton passé. As-tu déjà remarqué que tous les animaux sur terre vont toujours de l'avant? As-tu déjà vu un oiseau voler en reculant? As-tu déjà vu un poisson nager vers l'arrière? Quand l'orignal pénètre dans la forêt, il ne se pose pas de questions. Malgré ses bois et son corps imposants, il fonce tout droit à travers la végétation dense. Rien ne l'arrête. Quelle est la seule créature encline à revenir en arrière et à se laisser freiner par son passé?...La créature humaine! Est-ce ton cas, Kapiteotak? Ton esprit retourne -t-il constamment dans le passé?"
"L'humain doit retrouver son lien profond avec la nature. Plus les technologies sont à notre portée, plus la nature s'éloigne de nous. Cela vaut pour l'humanité entière, avec ses armes de destruction massive, ses centrales énergétiques polluantes, son mercantilisme et ses médias qui désinforment plus qu'ils ne nous informent; mais cela vaut aussi pour chaque individu qui n'arrive plus à ralentir le pas, à se déconnecter des appareils électroniques ou à entretenir des relations saines et inspirantes avec autrui."
Mon humble avis :
Tant d'extraits pour vous donner envie de le lire! Difficile de les choisir...
Un de ces livres qui arrachent les larmes sans jamais tomber dans la plainte ou l'apitoiement...Bouleversant car c'est un témoignage de ce que l'homme dans sa soif de conquête peut faire subir à d'autres et même des enfants! L'hypocrisie et l'horreur humaine, cette capacité à pouvoir faire du mal autour de soi...
Un énorme travail sur soi qui peut guérir même de blessures très profondes...une réconciliation avec les autres et soi même...un récit de vie...
Un hommage à notre Terre, à sa beauté...à la vie , simplement la vie...
Un de ces livres qui vous imprègnent de leurs mots, qui vous font aimer les éléments qui nous entourent et croire que tout peut s'oublier, que chaque humain a en lui la force de se recontruire...
Lisez-le...vraiment...
Ninnenne