La montagne qui accouche Fable de Jean de La Fontaine
Illustration de Gustave Doré
La montagne qui accouche
Une montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait sans faute
D'une cité plus grosse que Paris.
Elle accoucha d'une souris.
Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un auteur
Qui dit :«Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au maître du tonnerre.»
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il
souvent ?
Du vent .
Jean de La Fontaine
Livre 5 Fable X
Le mal d'enfant : Les douleurs de l’accouchement. Est menteur : Est une légende, une histoire racontée.. Les Titans sont douze géants, des divinités primitives de la mythologie grecque qui gouvernaient le [size=16]monde avant Zeus. Révoltés contre leur père Ouranos, ils le détrônèrent sous la conduite de Cronos, le plus jeune d’entre eux. Ils seront vaincus par Zeus.[/size]
Les Titans sont, dans la mythologie Grecque et au sens strict du terme, les [size=16]enfantsd'Ouranos, dieu personnifiant le Ciel, et Gaïa, la Terre. Selon Hésiode, il y a entre douze et quatore titans (hommes) et titanides (femmes). Le Titans sont Coéos, Crios, Cronos, Hypérion, Japet, et Océan. Les Titanides sont Mnémosyne, Phœbé, Rhéa, Théia, Thémis, Téthys.[/size]
NB : Certains nomment aussi Titans la descendance de ces douze titans originels.
Je me dis souvent : si monsieur Jean de La Fontaine vivait aujourd'hui, nous aurions aussi quantités de fables qui traverseraient le temps et les siècles..."Contre les bûcherons de la forêt de Gastine"
Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas;
Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette.
Tout deviendra muet, Echo sera sans voix ;
Tu deviendras campagne, et, en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue ;
Tu perdras le silence, et haletants d'effroi
Ni Satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
Adieu, vieille forêt, le jouet de Zéphire,
Où premier j'accordai les langues de ma lyre,
Où premier j'entendis les flèches résonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur étonner,
Où premier, admirant ma belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jeta.
Et de son propre lait Euterpe m'allaita.
Adieu, vieille forêt, adieu têtes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées.
Maintenant le dédain des passants altérés,
Qui, brûlés en l'été des rayons éthérés,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent tes meurtriers et leur disent injures.
Adieu, chênes, couronne aux vaillants citoyens.
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnâtes à repaître ;
Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître
Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers
De massacrer ainsi leurs pères nourriciers !
Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô dieux, que véritable est la philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin périra,
Et qu'en changeant de forme une autre vêtira !
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cime d'Athos une large campagne ;
Neptune quelquefois de blé sera couvert :
La matière demeure et la forme se perd.
Pierre de Ronsard
1524-1585
Derniers reflets d'automne en Faucigny - Haute-Savoie
"On répare les outils. Les sécateurs sont affûtés et le tracteur est protégé des caprices du froid.
La journée commence tard et finit tôt. Les clôtures sont inspectées et réparées et l'on vitupère contre ce froid qui engourdit les doigts et rougit le visage. Toutes les bêtes sont à l'abri et la [size=16]neige commence à tomber.[/size]
Les étourneaux glanent en bandes organisées les champs abandonnés.
La campagne s'endort.
Alain Baraton
Décembre
Le hibou parmi les décombres
Hurle, et Décembre va finir ;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.
Le vol de ces jours que tu nombres,
L’aurais-tu voulu retenir ?
Combien seront, dans l’avenir,
Brillants et purs ; et combien, sombres ?
Laisse donc les ans s’épuiser.
Que de larmes pour un baiser,
Que d’épines pour une rose !
Le temps qui s’écoule fait bien ;
Et mourir ne doit être rien,
Puisque vivre est si peu de chose.
François Coppée
Ninnenne