marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Petites citations diverses Sam 20 Juin - 15:15 | |
| - Citation :
- "Quel sera mon dernier soupir
de désespoir ou de désir?" Charles Dumont Lu dans :Charles Dumont, cité par Gabriel Ringlet. Effacement de Dieu. Albin Michel 2013. 297 pages.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
- "Tant de douceur au coeur de l'homme
se peut-il qu'elle faille à trouver sa mesure?" Saint-John Perse Un proverbe africain suggère que le corps de l'homme est parfois trop petit pour abriter son esprit. La capacité d'aimer, d'admirer, de se dépasser de l'être humain est supérieure à ce qu'il imagine, encore faut-il lui en laisser l'occasion. La fin de vie et l'extrême maladie possèdent ce privilège: faire le cadeau à ses proches de pouvoir être bon et d'exprimer son affection sans mesure ni fausse honte. Lu dans:Philippe Mathy. Sous la robe des saisons. L'herbe qui tremble. 2013. 140 pages. Extrait p 22.----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La leçon des fennecs - Citation :
- "Je suis intrigué. De quoi vivent-ils ces animaux, dans le désert? (..) Je ne résiste pas à mon désir et je suis les traces de l'un d'eux. Elles m'entraînent vers une étroite rivière de sable où tous les pas s'impriment en clair. J'admire la jolie palme que forment trois doigts en éventail d'un fenech, le petit renard des sables. J'imagine mon ami trottant doucement à l'aube, et léchant la rosée sur les pierres. Ici les traces s'espacent: mon fénech a couru. Ici un compagnon est venu le rejoindre et ils ont trotté côte à côte. J'assiste ainsi avec une joie bizarre à cette promenade matinale. J'aime ces signes de la vie. Et j'oublie un peu que j'ai soif ...
Enfin j'aborde les garde-manger de mes renards. II émerge ici au ras du sable, tous les cent mètres, un minuscule arbuste sec de la taille d'une soupière et aux tiges chargées de petits escargots dorés. Le fénech, à l'aube, va aux provisions. Et je me heurte ici à un grand mystère naturel. Mon fénech ne s'arrête pas à tous les arbustes. Il en est, chargés d'escargots, qu'il dédaigne. II en est dont il fait le tour avec une visible circonspection. Il en est qu'il aborde, mais sans les ravager. II en retire deux ou trois coquilles, puis il change de restaurant. Joue-t-il à ne pas apaiser sa faim d'un seul coup, pour prendre un plaisir plus durable à sa promenade matinale? Je ne le crois pas. Son jeu coïncide trop bien avec une tactique indispensable. Si le fénech se rassasiait des produits du premier arbuste, il le dépouillerait, en deux ou trois repas, de sa charge vivante. Et ainsi, d'arbuste en arbuste, il anéantirait son élevage. Mais le fénech se garde bien de gêner l'ensemencement. Non seulement il s'adresse, pour un seul repas, à une centaine de ces touffes brunes, mais il ne prélève jamais deux coquilles voisines sur la même branche. Tout se passe comme s'il avait la conscience du risque. S'il se rassasiait sans précaution, il n'y aurait plus d'escargots. S'il n'y avait point d'escargots, il n'y aurait point de fénechs. " A. de Saint Exupéry. Dans un pays dénué, on a rencontré des habitants pauvres et fiers, sages et amicaux comme celui du Petit Prince et qui ont retenu la leçon des fennecs. Alioune qui me lit sourira en observant que sa leçon portant sur le reboisement progressif de la mangrove et de ses palétuviers a franchi le désert et l'océan pour finir dans ce modeste billet. Je retrouve pour ma part avec un bonheur non-dissimulé ma ville, mon quartier, sa froidure, ses senteurs hivernales et sa grisaille, impatient aussi de retrouver les patients et leurs vies si diverses. Rencontrer un guide touristique amoureux de son pays nous fait paradoxalement (encore) mieux aimer le nôtre.
Lu dans: A. de Saint-Exupéry. Terre des hommes. Gallimard 1939. Folio 21. 183 pages. Extrait pp 133-134---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
- "Elles, pas fières,
Sur leurs escabeaux en l'air, Regard implorant, et ne comprenant pas tout, Rétines et pupilles, Les garçons ont les yeux qui brillent Pour un jeu de dupes : Voir sous les jupes des filles Et la vie toute entière, Absorbés par cette affaire, Par ce jeu de dupes : Voir sous les jupes des filles, La, la, la, la, la..." A. Souchon
J'aime la tendresse amusée d'un Souchon, façon bon peuple, dont l'oeil pétille à observer les princes qui nous gouvernent, "se pencher / tordre son cou / pour voir l'infortune / à quoi [leurs] vies se résument".
Lu dans: Alain Souchon. Extrait de l'album : C'est Déjà Ça. 1993. Label : Virgin----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------"Hâte-toi hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux." René Char . Commune présence -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------«Tu sais ... le Dieu des Français ... Il est plus généreux pour les Français que le Dieu des Maures pour les Maures! » A de Saint-Exupéry
"Voici des hommes qui n'avaient jamais vu un arbre ni une fontaine ni une rose, qui connaissaient, par le Coran seul, l'existence de jardins où coulent des ruisseaux puisqu'il nomme ainsi le paradis. Ce paradis et ses belles captives, on le gagne par la mort amère sur le sable, d'un coup de fusil d'infidèle, après trente années de misère. Mais Dieu les trompe, puisqu'il n'exige des Français, auxquels sont accordés tous ces trésors, ni la rançon de la soif ni celle de la mort. Et c'est pourquoi ils rêvent, maintenant, les vieux chefs. Et c'est pourquoi, considérant le Sahara qui s'étend, désert, autour de leur tente, et jusqu'à la mort leur proposera de si maigres plaisirs, ils se laissent aller aux confidences. «Tu sais ... le Dieu des Français ... Il est plus généreux pour les Français que le Dieu des Maures pour les Maures! » Quelques semaines auparavant, on les promenait en Savoie. Leur guide les a conduits en face d'une lourde cascade, une sorte de colonne tressée, et qui grondait: - Goûtez, leur a-t-il dit. Et c'était de l'eau douce. L'eau! Combien faut-il de jours de marche, ici, pour atteindre le puits le plus proche et, si on le trouve, combien d'heures, pour creuser le sable dont il est rempli, jusqu'à une boue mêlée d'urine de chameau! L'eau! A Cap Juby, à Cisneros, à Port-Étienne, les petits des Maures ne quêtent pas l'argent, mais une boîte de conserves en main, ils quêtent l'eau: - Donne un peu d'eau, donne ... - Si tu es sage. L'eau qui vaut son poids d'or, l'eau dont la moindre goutte tire du sable l'étincelle verte d'un brin d'herbe. S'il a plu quelque part, un grand exode anime le Sahara. Les tribus montent vers l'herbe qui poussera trois cents kilomètres plus loin ... Et cette eau, si avare, dont il n'était pas tombé une goutte à Port-Étienne, depuis dix ans, grondait là-bas, comme si, d'une citerne crevée, se répandaient les provisions du monde. - Repartons, leur disait leur guide. Mais ils ne bougeaient pas : - Laisse-nous encore ... Ils se taisaient, ils assistaient graves, muets, à ce déroulement d'un mystère solennel. Ce qui coulait ainsi, hors du ventre de la montagne, c'était la vie, c'était le sang même des hommes. Le débit d'une seconde eût ressuscité des caravanes entières, qui, ivres de soif, s'étaient enfoncées, à jamais, dans l'infini des lacs de sel et des mirages. Dieu, ici, se manifestait: on ne pouvait pas lui tourner le dos. Dieu ouvrait ses écluses et montrait sa puissance : les trois Maures demeuraient immobiles. - Que verrez-vous de plus? Venez ... - Il faut attendre. - Attendre quoi? - La fin. Ils voulaient attendre l'heure où Dieu se fatiguerait de sa folie. Il se repent vite, il est avare. - Mais cette eau coule depuis mille ans! ... Aussi, ce soir, n'insistent-ils pas sur la cascade. Il vaut mieux taire certains miracles. Il vaut même mieux n'y pas trop songer, sinon l'on ne comprend plus rien."
Lu dans: A. de Saint-Exupéry. Terre des hommes. Gallimard 1939. Folio 21. 183 pages. Extrait pp 86-87 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
- "Il ou elle écrit autrement. Pour l'observer, avec admiration, envoyer, plus rapidement que je ne saurai jamais le faire de mes doigts gourds, des SMS avec les deux pouces, je les ai baptisés, avec la plus grande tendresse que puisse exprimer un grand père, Petite Poucette et Petit Poucet."
M. Serres Il se raconte que la maîtrise du clavier pour envoyer des sms permet aux plus doués de le faire en gardant leur GSM en poche, sans possibilité qu'on le remarque. Il y avait les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les athées et les croyants, les gentils et les méchants, les rats des villes et les rats des champs, il y a maintenant ceux ou celles qui - comme moi - d'un index gourd tapent «rzppelle ùoi" à grosses gouttes, et ceux ou celles qui envoient en quelques secondes à cinquante contacts leurs états d'âme ... ou les réponses correctes au questionnaire QCM censé évaluer leurs connaissances. Cours, cours, cher maître, le vieux monde est derrière toi : devant s'ouvre un territoire dont tu pourrais bien te trouver exclu définitivement.
J'avais une prévention irraisonnée à l'idée de troquer mon vieux Nokia pour un smartphone. L'aisance avec laquelle mes petit-enfants, illettrés encore, s'en servent est parvenue à m'ébranler. L'assurance avec laquelle Aurore (deux ans) tient sa famille entière dans les mains, "feuilletant" du doigt l'iPhone parental afin de me présenter ses dernières photos a emporté ma décision: il est un peu tôt pour se faire larguer définitivement. Je la soupçonne de glisser par moment son index sur le carreau de la fenêtre, étonnée de ne pas voir changer le paysage. [size] Lu dans: Michel Serres. Petite Poucette. Editions le Pommier. 2012. 84 pages [/size] ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
- "Main tenant, adverbe de temps désignant, à la lettre, "la main" : maintenant, "tenant en main" et si je saisis mon portable, mon téléphone ou ma tablette je peux même dire : maintenant, tenant en main le monde."
Michel Serres "Le monde, oui, puisque j’accède en tous lieux aux informations, à toutes les bibliothèques et à tout le savoir engrangé depuis l'antiquité, par internet et moteurs de recherche interposés. Par téléphone je peux contacter toute personne n'importe où dans le vaste monde. Jamais l'homme du commun, le vulgus pecum, n'a pu prétendre à pareille puissance. Jadis et naguère, seules des personnes rares ont pu dire cette phrase, à l'image d'Auguste, Empereur de Rome, de Napoléon ou du Roi Soleil. Or maintenant, je peux sans forfanterie dire "maintenant : je tiens le monde" et trois milliards au moins d'humains peuvent eux aussi prétendre la même chose. De quoi rêver à une rénovation de la démocratie ! Utopie me direz-vous et je vous répondrai qu'il n’y a de nouveautés dans l’histoire qu’en vertu d’utopies."
Lu dans: Michel Serres. Petite Poucette. Editions le Pommier. 2012. 84 pages ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------"Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger." Julien Gracq, Le rivage des Syrtes ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
- "On s'était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même pomme On verra quand on aura 30 ans Sur les marches de la place des grands hommes (..) C'est fou qu'un crépuscule de printemps Rappelle le même crépuscule qu'il y a 10 ans Trottoirs usés par les regards baissés Qu'est-ce-que j'ai fait de ces années?" Patrick Bruel - La place des grands hommes Un bébé nommé Léa pour bien commencer une année, belle épiphanie. Je connais son papa Kevin depuis sa naissance, il était chouette je m'en souviens bien. Et son grand-père Johnny, jeune adolescent vu la semaine d'ouverture de mon cabinet pour le plus horrible pied d'athlète (une mycose des orteils de sportifs, pour les non-initiés) que j'aie jamais vu. Et son arrière grand-père qui navigua récemment entre la vie et la mort, mais choisit la vie. Et ses arrière-arrière-grands parents,- il était plombier, elle était couturière,- que Kevin n'a guère connus. Cela fait tout drôle d'être le médecin de cinq générations d'une même famille. Je suis ému en découvrant le petit répertoire téléphonique usé par les ans où à la page M on lit sobrement "médecin", et mon numéro de téléphone. On ne pratique guère le shopping médical dans ce genre de famille. Moment de grâce, vite dissipé. Je n'habite pas place des grands hommes, mais comme dans la chanson de Bruel, soudain me demande "Qu'est-ce-que j'ai fait de ces années?" ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Citation :
"Voici que s'avance l'immobilisme, et nous ne savons pas comment l'arrêter." Edgar Faure Lu dans : Franz-Olivier GIESBERT. Dictionnaire d'anti-citations pour vivre très con et très heureux. Cherche-Midi. 2013. 157 pages ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Ninnenne | |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Petites citations diverses Dim 21 Juin - 11:17 | |
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"Les [size=16]chats puissants et doux, orgueil de la maison."
Charles BAUDELAIRE[/size]
"A la chandeleur, l'hiver s'apaise ou prend rigueur."
Le dicton de l'ours
La fête de la Chandeleur est l'occasion de confectionner des pâtisseries à bas de farine, d'oeufs et de lait : beignets, bugnes, oreillettes, gaufres, mariottes et, bien entendu des crêpes.
Il est de tradition de faire sauter ces dernières dans une poêle.
La première doit être lancée sur le dessus d'une armoire, une pièce d'or ou d'argent dans la main, afin de s'assurer richesse et nourriture pour toute l'année.
Texte d'Edouard Brasey Ninnenne
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