Le Muguet Maurice Carême
Cloches naïves du muguet,Carillonnez ! car voici Mai !
Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême ( 1899-1978 )
Muguet...Retour du bonheur...
"Dis - moi donc quelque chose!
Les [size=16]oiseaux sont plus gaisGazouillant à la rose,Becquetant les muguets.N'aye pas peur qu'on glose.Le lézard fait le guetCouché sur une rose,Caché dans le muguet."Roses et Muguets, Charles Cros, 1842-1888.[/size]
Il n'est pas étonnant que le Muguet symbolise le retour du bonheur, car c'est la plus fraîche et la plus charmante des fleurs, qui s'épanouit au début du mois le plus doux.
On dit, dans certaines campagnes, que ses gracieuses clochettes et son odeur suave attirent le rossignol hors de son nid pour le conduire à son épousée.
C'est la fleur du 1er mai que l'on va cueillir dans les bois. On l'appelle aussi Clochette des bois, Lis de mai et Lis des vallées, ce dernier nom lui venant de son goût marqué pour les terrains légèrement humides.
"La colombe et la fourmi" Jean De La Fontaine
"Le tigre" Pablo Neruda
Je suis le tigre.
Je te guette parmi les feuilles
Aussi grandes que des lingots
De minerai mouillé.
Le fleuve blanc grandit
Sous la brume. te voici.
Tu plonges nue.
J'attends.
Alors d'un bond,
Feu, sang et dents,
Ma griffe abat
Ta poitrine, tes hanches.
Je bois ton sang, je brise
Tes membres, un à un.
Et je reste dans la forêt
A veiller durant des années
Tes os, ta cendre,
Immobile, à l'écart
De la haine et de la colère,
Désarmé par ta [size=16]mort,[/size]
Traversé par les lianes,
Immobile sous la pluie,
Sentinelle implacable
De mon amour, cet assassin.
([size=16]extrait, LES VERS DU CAPITAINE)[/size]
Pablo Neruda
"Le refrain du bouquetier" Pablo Neruda
Fleur le marécage et source le roc:
Ton âme embellit tout ce qu'elle touche.
La chair passe mais ta vie reste, entière,
Dans ma [size=16]poésie de sang et de soie.[/size]
Il faut être doux sur toute les choses;
Le chacal vaut moins que le [size=16]papillon.[/size]
Tu es un ver qui oeuvre et élabore
Et pour ton cocon pousse les mûriers.
Pour te laisser tisser ta soie céleste
La ville a un air tranquille et agreste.
Ver au travail, soudain te voilà vieux;
La douleur du monde enraie tes anneaux !
Sur la mort débouche ton âme nue
Qui se fait ailée, aiglonne ou colombe!
La terre, elle; garde tes actes vierges,
Ver, mon compagnon, tes soies intouchées.
Vis à l'aube et vis au soleil couchant,
Adore le tigre et le corpuscule,
Comprends la poulie autant que le muscle!
Épuise tes jours, frère, compagnon,
Non dans le divin mais lié à l'humain,
Non dans les étoiles mais dans tes mains.
Car la nuit viendra qui te changera
Aussitôt en terre, en vent ou en feu.
Laisse pour cela s'amadouer tes portes,
Laisse sous leur cintre entrer tous les vents.
Ouvre ton jardin à celui qui passe,
Tends au voyageur la fleur de ta vie!
Ne te montre pas dur, ladre, obstiné,
Fais-toi fruitadelle, sans crochets ni haies!
Il faut être doux et s'offrir à tous,
Pour vivre il n'y a pas d'autre façon
D'être la douceur. S'offrir a autrui
Comme les sources s'offrent à la terre.
Ne pas avoir peur. Ne pas réfléchir.
Donner pour recommencer à donner.
Celui-là qui s'offre n'a pas de fin:
Il abrite en lui la pulpe divine.
Comme s'offrent sans fin, frère, mon frère,
Les eaux des fleuves à la mer !
Que dans ta vue mon chant doré que désires.
Que ton noble vouloir fasse clarté ce que tu vois.
Que ta vie suive cette voie.
- Mensonge, mensonge, mensonge !
(extrait, LES PREMIERS [size=16]LIVRES Hélios et les chansons)[/size]
Pablo Neruba.
Ninnenne