"Le souffle du minotaure"de Anne Parlange
L'histoire :
Il s'appelle Louis, il est directeur des ventes de l'unité d'Europe d'une entreprise florissante. La première fois qu'il la rencontre, c'est à un dîner de gala à Genève. Catherine a vingt-trois ans. Elle a du talent et veut devenir photographe. Leur [size=16]histoire commence par un banal coup de foudre. Ce soir là, face à lui, elle est frappée par ses yeux et sa carrure. Leur histoire vient de commencer. Ils vivent six mois de fusion totale, absolue. Louis donne le plus beau : la part d'enfance et d'innocence qui, en lui, a résisté au saccage et à la perversion. Catherine est éblouie et n'écoute pas les mises en garde de son entourage qui lui décrit son amant comme un caractériel qui déjà a détruit d'autres conquêtes. Et la face des ténèbres émerge, le Minotaure, plu avide que jamais, se réveille...[/size]
Elle traîne dans les cafés. Elle est pourtant jeune, pourtant jolie. Mais « c’est, de toute façon, moins pire que ce qui l’attend à la maison. Moins pire que lui. »
Jusqu’au jour où l’homme aimé se transforme en bourreau. Violence morale, physique : le harcèlement enferme Catherine dans une impasse de terreur.
Lentement Catherine devient victime consentante, rongée par la culpabilité et la peur. « Déchirée entre la honte de désirer son bourreau et le mouvement qui la portait vers lui, elle mit longtemps à comprendre que la seule solution était la fuite. Il n’y en n’avait pas d’autres. » A chaque tentative de départ, Louis la rattrape. Avec des fleurs, des promesses, des larmes. Pour un temps, la violence rentre dans sa niche. Le tortionnaire redevient séducteur, joue les consolateurs. Jusqu’à la fois suivante.
Critiques :
La force du roman d’Anne Parlange est de nous entraîner dans cette spirale destructrice, de nous piéger, au même titre que Catherine, prisonnière volontaire.
(Violaine Gelly)
Amour despotique Par François Busnel et (L'Express), publié le 30/05/2002
Un roman, ce n'est pas seulement une [size=16]histoire que l'on raconte, c'est aussi un style que l'on impose. Celui d'Anne Parlange est sec, précis, coupant comme une lame de rasoir, et restitue à la perfection chacune des émotions de ses personnages. Et voilà comment une histoiretristement banale devient obsédante. Passionnante, même![/size]
Anne Parlange
Catherine est une de ces jeunes femmes idéalistes qui croient en l'amour éternel et à la vertu de l'effort. Infirmière, elle rêve de devenir photographe. Sa rencontre avec Louis, venu à pied de Slovénie jusqu'à une confortable province suisse, commence à la manière d'un conte de fées: dîners en tête à tête, soirées mondaines, projets communs, cocon bourgeois... Puis, insensiblement, émerge la face des ténèbres. Le séducteur, le consolateur, l'amant se métamorphose imperceptiblement mais inexorablement en monstre. Comme le Minotaure de la mythologie grecque - cette créature née des amours contre nature de la reine Pasiphaé et du taureau sacré envoyé par le dieu Poséidon - Louis attire ses victimes dans le labyrinthe des sentiments, jouant un jeu qui les entraîne aux limites de la folie et de la déchéance absolue. Catherine voudrait se relever, elle trébuche sans cesse. Un chagrin despotique et profond relègue alors l'espoir dans les limbes. Peu à peu, elle prend conscience de n'être qu'une proie, découvre qu'elle ne peut se débarrasser de la gangue d'angoisse dans laquelle elle vit, perd pied dans l'alcool.
Anne Parlange réussit un authentique tour de force: dans ce premier roman impeccablement construit, elle démonte les mécanismes de la chute sans jamais verser dans la psychologie de comptoir. Elle montre, notamment, par quels tortueux sentiers la violence fait d'abord naître la compassion chez la victime, puis la complaisance et la complicité. Avant que l'effroi ne vienne.
Les violents ont quelque chose d'exceptionnel. Ils fascinent. Ils fascinent parce qu'ils osent s'affranchir de la loi commune. Ce sont des rebelles. Leur brutalité fait surgir du fond de la nuit des forces très anciennes, oubliées, qui les illuminent de l'éclat sombre des révoltés. Ce sont des élus, des révélateurs. On ne sait pas qu'ils tirent leur extraordinaire énergie de la vie des autres. C'est pourquoi, au début, la violence jouit, presque toujours, du consentement de ses victimes. Elle étend sur elles le pouvoir protecteur de l'arbitraire, du jamais vu, de l'inouï, de l'indistinct, du chaos. Elle rend possibles ou probables des choses qui, sans elle, n'arriveraient jamais. La violence suscite la compassion. Car elle a toujours une raison. Puis elle fait naître la complaisance. Puis la complicité. L'effroi ne vient qu'après. .
Extraits :
"J'en suis arrivée à penser que le plus pervers de Louis, c'était cette douceur effroyable,à laquelle il m'était impossible de résister. Sertie dans la brutalité ordinaire des jours, elle paraissait magique.Elle faisait prédominer l'irréel sur le réel;
"Puis les enfants grandissent. La violence se réfugie dans les mots, elle saccage les petits royaumes adolescents, elle dit du mal de l'amour, elle abîme les symboles, elle jette des crachats, elle est une bave, un fiel, un venin, un effondrement organisé du monde."
"Puis insensiblement, emergea la face de ténèbre. D'abord à peine visible, aussitôt évanouie, comme ine silhouette floue qu'on n'est pas sûr d'avoir entretenue. Puis comme une apparition insistante, au visage voilé encore, mais à laquelle on ne peut échapper......"
Mon humble avis :
Un livre sur le harcelement moral d'un homme sur sa femme...sur la destruction que provoque la violence des mots, la froideur et la manipulation...
Les dangers d'une certaine forme d'amour et comment ce n'est pas si simple d'en finir...Comment être en couple peut devenir une prison morale et la négation de soi- même ...Comment on peut arriver à supporter l'insupportable...
Je l'avais lu à sa sortie...et j'ai voulu le relire. Le pouvoir du plus fort est vraiment très bien rendu , cette descente aux enfers avec la perte de soi même est vécue par le lecteur et c'est une étude très véridique.
Ninnenne