JUIN
J'aime bien le mois de Juin
C'est celui des cerises,
Des longues journées sans fin
Aux douces soirées exquises!
Très tôt, dès le matin,
Tous les oiseaux devisent
Et tard quand la nuit vient
Certains encore s'avisent.
C'est le temps des examens
Où les sérieux révisent
Et leurs moments malsains
Des attentes indécises.
Ces tendres gazons coussins
Où la rosée irise
Les beaux serments divins
Des amants qui se bisent.
Et puis au mois de Juin
On pense à ses valises
Car très bientôt revient
L'heure des vacances promise.
ROBERT CASANOVA
AVRIL
AVRIL
Déjà les beaux jours, -la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs,
Et rien de vert!- à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs!
Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
Ce n'est qu'aprés des jours de pluie
Que doit surgir en un tableau,
Le printemps verdissant et [size=16]rose,[/size]
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui souriante sort de l'eau.
GERARD DE NERVAL
MARS : PREMIER SOURIRE DE PRINTEMPS
Tandis qu'à leurs oeuvres perversesLes hommes courent haletants,
Mars qui rit malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il répare les colerettes
Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif pérruquier,
Avec une hoppe de cygne,
Poudrer à frimas, l'amandier.
La [size=16]nature au lit se repose,[/size]
Lui descend au [size=16]jardin désert[/size]
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges
Qu'aux merles, il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neige
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine,
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée, il égrène
Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis lorsque la besogne est faite
Et que son rêgne va finir,
Au seuil d'Avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir!"
THEOPHILE GAUTHIER
LA VIE TOUJOURS COURIR
LA VIE TOUJOURS COURIR
Courir, aprés tout ce qu'on peut [size=16]aimer,
[/size]
Se donner, sans jamais nous arrêter,
Ou tout faire pour ceux que vous aimez,
Sans même savoir si cela est apprécié,
Cela peut aussi s'appeler vivre...
Il peut devenir un but à poursuivre.
Nous courons tous aprés quelque chose.
On ne fait rarement une pause.
On court souvent plus vite que le vent.
On court tous les jours par manque de temps.
Aussi pour être en forme on court
On court même pour faire l'amour,
On court aprés la vie sans but précis,
On court aussi après tout ce qu'on a envie.
On oublie ce qui est acquis.
On veut profiter de chaque aujourd'hui.
On trouve que notre vie est banale,
On en vient à penser qu'elle est anormale.
Le bonheur c'est de savoir prendre congès,
Et prendre congès, c'est avant tout de s'arrêter.
Personne n'est tenu de toujours donner.
Tout don est appelé à être partagé,
Donc au lieu de courir aprés le temps,
On devrait plutôt se payer du bon temps!!!!
CLAUDE MARCEL BREAULT
FEVRIER
FEVRIER
Un [size=16]oiseau siffle sur les branches[/size]
Et sautille, gai, plein d'esprit,
Sur les herbes, de givre blanches
En bottes jaunes, en froc noir.
C'est un merle, chanteur incrédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L'hymne d'Avril en Février.
Lustrant son aile qu'il essuie,
L'oiseau persiste en sa chanson,
Malgrè, neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.
Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps,
En gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.
A la [size=16]nature, il se confie,[/size]
Car son instinct pressent la loi
Qui rit de ta philosophie,
Beau mâle est moins sage que toi!
THEOPHILE GAUTHIER
L'ECUREUIL ET LA POMME
L'ECUREUIL ET LA POMME
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au dessus de l'écureuil.
Le vent attend pour la poser
Légèrement sur le bruyère,
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière,
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière!
MAURICE CARÊME
DANS L'INTERMINABLE...
DANS L'INTERMINABLE...
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La [size=18]neige incertaine[/size]
Luit comme du sable
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Commes des nuees,
Flottent pres des chenes,
Des forets prochaines
Parmi les buees.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La [size=18]neige incertaine[/size]
Luit comme du sable.
PAUL VERLAINE
EN HIVER
Le sol trempé se gerce aux froidures premières.
La [size=18]neige blanche essaime au loin, ses duvets blancs,[/size]
Et met, au bord des toits et des chaumes branlants,
Des coussinets de laine irisés de lumière.
Passent dans les champs nus les plaintes coutumières,
A travers le désert des silences dolents,
Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents
Et s'en viennent de faim rôder prés des chaumières.
Mais depuis que le ciel de gris s'était couvert,
Dans la ferme riait une gaité d'hiver,
On s'assemblait en rond autour du foyer [size=18]rouge.[/size]
Et l'amour s'éveillait, le soir de gars en gouge
Au bouillement gras et siffleur, du brassin
Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d'airain
EMILE VERHAREREN
DECEMBRE
DECEMBRE
Le hibou parmi les décombres
Hurle et Décembre va finir,
Et le douloureux souvenir
Sur ton [size=16]coeur jette encor ses ombres;[/size]
Le vol de ces jours que tu nombres,
L'aurais tu voulu retenir?
Combien seront dans l'avenir,
Brillants et purs; et combien, sombres?
Laisse donc les ans s'épuiser!
Que de larmes pour un baiser!
Que d'épines pour une rose!
Le temps qui s'écoule fait bien,
Et mourir ne doit être rien
Puisque vivre est si peu de choses...
FRANCOIS COPPEE
MATIN D'OCTOBRE
MATIN D'OCTOBRE
C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du [size=13]jardin.[/size]
Leur chute est lente, on peut la suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L'érable à sa feuille de sang.
Les dernières les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées,
Mais ce n'est pas l'hiver encore!
Une blonde lumière arrose
La [size=13]nature, et, dans l'air tout rose,[/size]
On croirait qu'il neige de l'or!
FRANCOIS COPPEE
PARDONNER (ACROSTICHE)
AVRIL
AVRIL
Lorqu'un homme n'a pas d'amour,
Rien du printemps ne l'interesse;
Il vit même sans allégresse,
Hirondelles votre retour.
Et devant vos troupes légères,
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d'aucun espoir
Vous n'êtes pour lui messagères.
Chez moi, ce spleen a trop duré
Et quand je voyais dans les nues
Les [size=16]hirondelles revenues,[/size]
Chaque printemps, j'ai bien pleuré.
Mais depuis que toute ma vie
A subit ton charme subtil
Mignonne, aux promesses d'Avril
Je m'abandonne et me confie.
Depuis qu'un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être
Je vous attend à ma fenêtre
Chères voyageuses de Mai.
Venez, venez vite [size=16]hirondelles,[/size]
Repeupler l'azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S'excuse de n'avoir pas d'ailes
FRANCOIS COPPEE
Ninnenne blog de partage