Novembre 2024 | Lun | Mar | Mer | Jeu | Ven | Sam | Dim |
---|
| | | | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | | Calendrier |
|
|
| Poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
---|
marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes de différents auteurs Mar 1 Nov - 16:55 | |
| Bannières de Mai ** poème sur dame nature **Bannières de Mai Aux branches claires des tilleuls Meurt un maladif hallali. Mais des chansons spirituelles Voltigent parmi les groseilles. Que notre sang rie en nos veines, Voici s'enchevêtrer les vignes. Le ciel est joli comme un ange. L'azur et l'onde communient. Je sors. Si un rayon me blesse Je succomberai sur la mousse.
Qu'on patiente et qu'on s'ennuie C'est trop simple. Fi de mes peines. je veux que l'été dramatique Me lie à son char de fortunes Que par toi beaucoup, ô Nature, Ah moins seul et moins nul ! je meure. Au lieu que les Bergers, c'est drôle, Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m'usent. A toi, Nature, je me rends ; Et ma faim et toute ma soif. Et, s'il te plaît, nourris, abreuve. Rien de rien ne m'illusionne ; C'est rire aux parents, qu'au soleil, Mais moi je ne veux rire à rien Et libre soit cette infortune. Arthur Rimbaud. Maman J’ai de toi une image Qui ne vit qu’en mon cœur. Là, tes traits sont si purs Que tu n’as aucun âge.
Là, tu peux me parler Sans remuer les lèvres, Tu peux me regarder Sans ouvrir les paupières.
Et lorsque le malheur M’attend sur le chemin, Je le sais par ton cœur Qui bat contre le mien.
Maurice Carême.
J'ai cueilli cette fleur pour toiJ'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline. Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline, Que l'aigle connaît seul et seul peut approcher, Paisible, elle croissait aux fentes du rocher. L'ombre baignait les flancs du morne promontoire ; Je voyais, comme on dresse au lieu d'une victoire Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil, À l'endroit où s'était englouti le soleil, La sombre nuit bâtir un porche de nuées. Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées ; Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir, Semblaient craindre de luire et de se laisser voir. J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée. Elle est pâle, et n'a pas de corolle embaumée, Sa racine n'a pris sur la crête des monts Que l'amère senteur des glauques goémons ; Moi, j'ai dit: Pauvre fleur, du haut de cette cime, Tu devais t'en aller dans cet immense abîme Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont. Va mourir sur un coeur, abîme plus profond. Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde. Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde, Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour. - Le vent mêlait les flots; il ne restait du jour Qu'une vague lueur, lentement effacée. Oh! comme j'étais triste au fond de ma pensée Tandis que je songeais, et que le gouffre noir M'entrait dans l'âme avec tous les frissons du soir ! Victor Hugo. [size=18][/size] La chatte blanche ** poème **La chatte blanche Chatte blanche, chatte sans taches, Je te demande, dans ces vers, Quel secret dort dans tes yeux verts, Quel sarcasme sous ta moustache. Tu nous lorgnes, pensant tout bas Que nos fronts pâles, que nos lèvres Déteintes en de folles fièvres, Que nos yeux ne valent pas Ton museau que ton nez termine, Rose comme un bouton de sein, Tes oreilles dont le dessin Couronne fièrement ta mine. Pourquoi cette sérénité? Aurais-tu la clé des problèmes Qui nous font frissonnant et blêmes, Passer le printemps et l'été Devant la mort qui nous menace, Chats et gens, ton flair, plus subtil Que notre savoir, te dit-il Où va la beauté qui s'efface, Où va la pensée, où s'en vont Les défuntes splendeurs charnelles Chatte, détourne tes prunelles J'y trouve trop de noir au fond. Charles Cros.
Suite demain Ninnenne blog de partage | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Mer 2 Nov - 10:08 | |
| La voix d'un ami ** poème **La voix d'un ami Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre Qui promenait mon âne au chemin des éclairs Où s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs, Éveille un peu ta voix que je voudrais entendre.
Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée, Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
Souffle vers ma maison cette flamme sonore Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. Inutile à la terre, approche-moi des cieux. Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !
Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée, Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours ! Marceline Desbordes-Valmore. Les Deux Amis Deux vrais amis vivaient au Monomotopa L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien dit-on ceux du nôtre. Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du Soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme : Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme; Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme A mieux user du temps destiné pour le somme : N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu En voici. S'il vous est venu quelque querelle, J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ,
Une esclave assez belle Était à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ? - Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ; J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu'on la propose. Qu'un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s'agit de ce qu'on aime. Jean de la Fontaine. [size=18]Amours d'oiseaux ** poème **Amours d'oiseaux Deux ramiers voyageurs, emperlés de rosée, Ont abattu leur vol au bord de ma croisée Ouverte à l'orient... Je les ai reconnus, Car chez moi, l'an passé, tous deux étaient venus.
Ces deux beaux pèlerins m'arrivent de Bohême, À l'époque où fleurit le petit maïanthème, Et dans les bras noueux de mon grand châtaignier Bercent leur nid d'amour comme au printemps dernier.
Dans leur farouche instinct de liberté sauvage, Trop fiers pour jamais vivre en honteux esclavage, Ils reviennent pourtant sous mon toit familier, La queue en éventail et gonflant leur collier.
S'ils ont pris le chemin de ma haute fenêtre, C'est qu'un coup d'œil d'oiseau suffit pour me connaître, C'est qu'ils sont là chez eux, que tout leur est permis ; C'est qu'ils n'ont trouvé là que des regards amis.
L'amoureux au col blanc profondément salue L'heureuse bien-aimée, avec grâce évolue Et, roucoulant près d'elle, en fait dix fois le tour, Comme la croyant sourde à ses phrases d'amour.
Riche de souvenirs, le cœur chaud d'espérances, Multipliant très bas ses graves révérences, S'il la voit, comme en rêve, ouvrant des yeux troublés, Dans un rapide éclair tous ses vœux sont comblés.
Ne s'inquiétant pas de moi, qui les regarde, Ils m'ont dit sans parler : « Ami, que Dieu te garde, Après ton âge mûr, de vivre trop longtemps. Nous restons dans nos bois au plus quinze ou vingt ans ;
Quand nous cessons d'aimer, à quoi bon nous survivre N'attends pas la saison des vents froids et du givre Pour t'en aller dormir sous les hauts gazons verts, Car plus tard, sans amour, tristes sont les hivers. André Lemoyne.L'enfant et le chien ** poème **L 'enfant et le chien Un enfant seul, Tout seul avec en main Une belle tranche de pain.Un enfant seul, Avec un chien Qui le regarde comme un dieu Qui tiendrait dans sa main, La clé du paradis des chiens.Un enfant seul Qui mord dans sa tranche de pain, Et que le monde entier Observe pour le voir donner Avec simplicité, Alors qu'il a très faim, La moitié de son pain Bien beurré à son chien. Maurice Carême.En écoutant les oiseaux jaser au milieu des branchesEn écoutant les oiseaux
Oh ! Quand donc aurez-vous fini, petits oiseaux, De jaser au milieu des branches et des eaux, Que nous nous expliquions et que je vous querelle ? Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle, Oiseaux, je vous entends, je vous connais. Sachez Que je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés, De votre mélodie et de votre langage. Celle que j'aime est loin et pense à moi ; je gage, O rossignol dont l'hymne, exquis et gracieux, Donne un frémissement à l'astre dans les cieux, Que ce que tu dis là, c'est le chant de son âme. Vous guettez les soupirs de l'homme et de la femme, Oiseaux ; Quand nous aimons et quand nous triomphons, Quand notre être, tout bas, s'exhale en chants profonds, Vous, attentifs, parmi les bois inaccessibles, Vous saisissez au vol ces strophes invisibles, Et vous les répétez tout haut, comme de vous ; Et vous mêlez, pour rendre encor l'hymne plus doux, A la chanson des coeurs, le battement des ailes ; Si bien qu'on vous admire, écouteurs infidèles, Et que le noir sapin murmure aux vieux tilleuls : « Sont-ils charmants d'avoir trouvé cela tout seuls ! » Et que l'eau, palpitant sous le chant qui l'effleure, Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure ; Et que le dur tronc d'arbre a des airs attendris ; Et que l'épervier rêve, oubliant la perdrix ; Et que les loups s'en vont songer auprès des louves ! Divin ! dit le hibou ; le moineau dit :Tu trouves ? Amour, lorsqu'en nos coeurs tu te réfugias, L'oiseau vint y puiser ce sont ces plagiats, Ces chants qu'un rossignol, belles,Prend sur vos bouches, Qui font que les grands bois courbentLeurs fronts farouches, Et que les lourds rochers, stupides et ravis, Se penchent, les laissant piller le chènevis, Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges, La langue des oiseaux de la langue des anges.
Victor Hugo.[size=18][/size] Les noces du papillon Il faut te marier, Papillon couleur de neige Il faut te marier, Par devant le vieux mûrier. Chers amis, me marierai-je Sans me faire un peu prier ? Il faut te marier, Papillon couleur de neige, Il faut te marier, Par devant le vieux mûrier.
Moi, dit le limaçon Pour loger ta papillonne Moi dit le limaçon Je te cède ma maison. Ce qu'un brave cœur me donne Je l'accepte sans façon Moi, dit le limaçon Pour loger ta papillonne Moi dit le limaçon Je te cède ma maison.
J'ai là dit la fourmi Des fragments de vertes cosses J'ai là dit la fourmi Quelques grains de blé parmi. Ah! le beau repas de noces Tu régales ton ami. J'ai là dit la fourmi Des fragments de vertes cosses J'ai là dit la fourmi Quelques grains de blé parmi. Moi dit l'abeille d'or Mon dessert fera merveille Moi dit l'abeille d'or J'ai du miel liquide encor. Grand merci, gentille abeille, Qui partage ton trésor ! Moi dit l'abeille d'or Mon dessert fera merveille Moi dit l'abeille d'or J'ai du miel liquide encor.
Voici cher papillon Pour le bal fifre et timbale Voici cher papillon La musique du sillon. C'est aimable à vous, Cigale C'est aimable à toi Grillon! Voici cher papillon Pour le bal fifre et timbale Voici cher papillon La musique du sillon.
Pour toi je vais briller Dit le ver luisant dans l'herbe Pour toi je vais briller Ne te fais donc plus prier. Chers amis tout est superbe Je veux bien me marier ! Pour toi je vais briller Dit le ver luisant dans l'herbe Pour toi je vais briller Ne te fais donc plus prier.
Maurice Bouchor.[size=18][/size] Un jardin sous mes mots Roses, jasmins, iris, lilas, volubilis, Cerisiers du Japon et jeunes arbousiers, Colorant le matin de leurs chants printaniers Adornent mon jardin de vivants ex libris. Abeilles et frelons s’y disputant les lys, Piétinent les pistils sans aucune pitié, Alors que, s’échappant des pages d’un herbier, Un papillon de nuit dévore un myosotis. Solitaire et pensif, un arôme somnole Sous le dais argenté d’un antique olivier, Dont l’ombre de satin imite l’Acropole. Dans mon jardin aussi, le soleil a planté Une pure fontaine, comme un encrier, Où je plonge ma plume et bois l’éternité. Francis Etienne Sicard.[size=18][/size] Le pot de fleurs Parfois un enfant trouve une petite graine Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs, Pour la planter il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.
Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.
L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ; Il la veut arracher, mais la tige est tenace ; Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.
Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ; Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps : C'est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.
Théophile Gautier.[size=18][/size] Les Deux Amis Deux vrais amis vivaient au MonomotopaL'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien dit-on ceux du nôtre. Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du Soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme : Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme; Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme A mieux user du temps destiné pour le somme : N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu En voici. S'il vous est venu quelque querelle, J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul , Une esclave assez belle Était à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ? - Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ; J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu'on la propose. Qu'un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s'agit de ce qu'on aime. Jean de la Fontaine.Un oiseau s'envole Un oiseau s’envole, II rejette les nues comme un voile inutile, II n’a jamais craint la lumière, Enfermé dans son vol II n’a jamais eu d’ombre. Coquilles des moissons brisées par le soleil. Toutes les feuilles dans les bois disent oui, Elles ne savent dire que oui, Toute question, toute réponse Et la rosée coule au fond de ce oui. Un homme aux yeux légers décrit le ciel d’amour. Il en rassemble les merveilles Comme des feuilles dans un bois, Comme des oiseaux dans leurs ailes Et des hommes dans le sommeil. Paul Eluard.[size=18][/size] L'orage Parmi les pommes d’or que frôle un vent léger Tu m’apparais là-haut, glissant de branche en branche, Lorsque soudain l’orage accourt en avalanche Et lacère le front ramu du vieux verger.Tu fuis craintive et preste et descends de l’échelle Et t’abrites sous l’appentis dont le mur clair Devient livide et blanc aux lueurs de l’éclair Et dont sonne le toit sous la pluie et la grêle.Mais voici tout le ciel redevenu vermeil. Alors, dans l’herbe en fleur qui de nouveau t’accueille, Tu t’avances et tends, pour qu’il rie au soleil, Le fruit mouillé que tu cueillis, parmi les feuilles. Emile Verhaeren. Ninnenne blog de partage
[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Jeu 3 Nov - 11:55 | |
| Un soir d'AutomneNovembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, [size=18]rose et monotone. [/size] Dans le parc oublié, personne. Toutes les chansons se sont tues : J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues. Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte. Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones... Il nous reste à vider les tonnes. Charles Cros. [size=24]La fillette et le poèmeLa fillette et le poème Le poème, qu'est-ce que c'est ? M'a demandé une fillette . Des pluies lissant leurs longues tresses, Le ciel frappant à mes volets, Un pommier tout seul dans un champ Comme une cage de plein vent, Le visage triste et lassé D'une lune blanche et glacée, Un vol d'oiseaux en liberté, Une odeur, un cri, une clé .Et je ne savais que répondre Jeu de soleil ou ruse d'ombre . Comment aurais-je su mieux qu'elle Si la poésie a des ailes Ou court à pied les champs du monde . Maurice Carême.Le haut navire apparaissait comme un archange poèmeSur la Mer Larges voiles au vent, ainsi que des louanges, La proue ardente et fière et les haubans vermeils, Le haut navire apparaissait, comme un archange Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.
La neige et l'or étincelaient sur sa carène ; Il étonnait le jour naissant, quand il glissait Sur le calme de l'eau prismatique et sereine ; Les mirages, suivant son vol, se déplaçaient.
On ne savait de quelle éclatante Norvège Le navire, jadis, avait pris son élan, Ni depuis quand, pareil aux archanges de neige, Il étonnait les flots de son miracle blanc.
Mais les marins des mers de cristal et d'étoiles Contaient son aventure avec de tels serments, Que nul n'osait nier qu'on avait vu ses voiles, Depuis toujours, joindre la mer aux firmaments.
Sa fuite au loin ou sa présence vagabonde Hallucinant les caps et les îles du Nord Et le futur des temps et le passé du monde Passaient, devant les yeux, quand on narrait son sort.
Au temps des rocs sacrés et des croyances frustes, Il avait apporté la légende et les dieux, Dans les tabliers d'or de ses voiles robustes Gonflés d'espace immense et de vent radieux.
Les apôtres chrétiens avaient nimbé de gloire Son voyage soudain, vers le pays du gel, Quand s'avançait, de promontoire en promontoire, Leur culte jeune à la conquête des autels.
Les pensers de la Grèce et les ardeurs de Rome, Pour se répandre au coeur des peuples d'Occident, S'étaient mêlés, ainsi que des grappes d'automne, A son large espalier de cordages ardents.
Et quand sur l'univers plana quatre-vingt-treize Livide et merveilleux de foudre et de combats, Le vol du temps frôla de ses ailes de braise L'orgueil des pavillons et l'audace des mâts.
Ainsi, de siècle en siècle, au cours fougueux des âges, Il emplissait d'espoir les horizons amers, Changeant ses pavillons, changeant ses équipages, Mais éternel dans son voyage autour des mers.
Et maintenant sa hantise domine encore, Comme un faisceau tressé de magiques lueurs, Les yeux et les esprits qui regardent l'aurore Pour y chercher le nouveau feu des jours meilleurs.
Il vogue ayant à bord les prémices fragiles, Ce que seront la vie et son éclair, demain, Ce qu'on a pris non plus au fond des Evangiles, Mais dans l'instinct mieux défini de l'être humain.
Ce qu'est l'ordre futur et la bonté logique, Et la nécessité claire, force de tous, Ce qu'élabore et veut l'humanité tragique Est oscillant déjà dans l'or de ses remous.
Il passe, en un grand bruit de joie et de louanges, Frôlant les quais à l'aube ou les môles le soir Et pour ses pieds vibrants et lumineux d'archange, L'immense flux des mers s'érige en reposoir.
Et c'est les mains du vent et les bras des marées Qui d'eux-mêmes, un jour, en nos havres de paix Pousseront le navire aux voiles effarées Qui nous hanta toujours, mais n'aborda jamais. Emile Verhaeren.[size=18][/size] Ninnenne blog de partage
[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Jeu 3 Nov - 12:33 | |
| Brise marine La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D’être parmi l’écume inconnue et les cieux ! Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai ! Steamer balançant ta mâture, Lève l’ancre pour une exotique nature ! Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs ! Et, peut-être, les mâts, invitant les orages, Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots … Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots ! Stéphane Mallarmé Le rossignol poème[size=16]Le Rossignol[/size] [size=16]Comme un vol criard d'oiseaux en émoi, Tous mes souvenirs s'abattent sur moi, S'abattent parmi le feuillage jaune De mon coeur mirant son tronc plié d'aune Au tain violet de l'eau des Regrets, Qui mélancoliquement coule auprès, S'abattent, et puis la rumeur mauvaise Qu'une brise moite en montant apaise, S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien, Plus rien que la voix célébrant l'Absente, Plus rien que la voix - ô si languissante! - De l'oiseau qui fut mon Premier Amour, Et qui chante encor comme au premier jour; Et, dans la splendeur triste d'une lune Se levant blafarde et solennelle, une Nuit mélancolique et lourde d'été, Pleine de silence et d'obscurité, Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.[/size] [size=16]Paul Verlaine.[/size] Le cheval
Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf De tout temps les Chevaux ne sont nés pour les hommes. Lorsque le genre humain de gland se contentait, Âne, Cheval, et Mule, aux forêts habitait ;
Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes, Tant de selles et tant de bâts, Tant de harnois pour les combats, Tant de chaises, tant de carrosses,
Comme aussi ne voyait-on pas Tant de festins et tant de noces. Or un Cheval eut alors différent Avec un Cerf plein de vitesse,
Et ne pouvant l'attraper en courant, Il eut recours à l'Homme, implora son adresse. L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos, Ne lui donna point de repos
Que le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie ; Et cela fait, le Cheval remercie L'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous ; Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage.
- Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous : Je vois trop quel est votre usage. Demeurez donc ; vous serez bien traité. Et jusqu'au ventre en la litière.
Hélas ! que sert la bonne chère Quand on n'a pas la liberté ? Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ; Mais il n'était plus temps : déjà son écurie
Était prête et toute bâtie. Il y mourut en traînant son lien. Sage s'il eût remis une légère offense. Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien Sans qui les autres ne sont rien.
Jean de La Fontaine.
[size=16][/size] [size=24]Le pot de fleurs parfois un enfant trouve une petite graineLe pot de fleurs Parfois un enfant trouve une petite graine Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs, Pour la planter il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs. Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.
L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ; Il la veut arracher, mais la tige est tenace ; Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.
Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ; Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps : C'est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants. Théophile Gautier.Aux arbresArbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! - vous m’avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée, Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour. La contemplation m’emplit le coeur d’amour. Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure, Avec ces mots que dit l’esprit à la nature, Questionner tout bas vos rameaux palpitants, Et du même regard poursuivre en même temps, Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde, L’étude d’un atome et l’étude du monde. Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu, Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu! Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches, Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches, Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux, Vous savez que je suis calme et pur comme vous. Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance, Et je suis plein d’oubli comme vous de silence! La haine sur mon nom répand en vain son fiel ; Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel! - J’ai chassé loin de moi toute pensée amère, Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds, Ravins où l’on entend filtrer les sources vives, Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives! Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois, Dans votre solitude où je rentre en moi-même, Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime! Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît, Arbres religieux, chênes, mousses, forêt, Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère, C’est sous votre branchage auguste et solitaire, Que je veux abriter mon sépulcre ignoré, Et que je veux dormir quand je m’endormirai.Victor Hugo.[size=18][/size] Homme libre toujours tu chériras la merL'Homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur, Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié, ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables ! Charles Baudelaire.[size=18][/size] Les fleurs Ô terre vil monceau de boue * poème *Les fleurs Ô terre, vil monceau de boue Où germent d'épineuses fleurs, Rendons grâce à Dieu, qui secoue Sur ton sein ses fraîches couleurs !
Sans ces urnes où goutte à goutte Le ciel rend la force à nos pas, Tout serait désert, et la route Au ciel ne s'achèverait pas.
Nous dirions ; À quoi bon poursuivre Ce sentier qui mène au cercueil ? Puisqu'on se lasse en vain à vivre, Mieux vaut s'arrêter sur le seuil.
Mais pour nous cacher les distances, Sur le chemin de nos douleurs Tu sèmes le sol d'espérances, Comme on borde un linceul de fleurs !
Et toi, mon cœur, cœur triste et tendre, Où chantaient de si fraîches voix ; Toi qui n'es plus qu'un bloc de cendre Couvert de charbons noirs et froids,
Ah ! laisse refleurir encore Ces lueurs d'arrière-saison ! Le soir d'été qui s'évapore Laisse une pourpre à l'horizon.
Oui, meurs en brûlant, ô mon âme, Sur ton bûcher d'illusions, Comme l'astre éteignant sa flamme S'ensevelit dans ses rayons ! Alphonse de Lamartine.[size=18][/size] Pour me conduire au Raz poème sur la merPour me conduire au Raz,J'avais pris à Trogor Un berger chevelu comme un ancien Évhage Et nous foulions, humant son arome sauvage, L'âpre terre kymrique où croît le genêt d'or.
Le couchant rougissait et nous marchions encor, Lorsque le souffle amer me fouetta le visage Et l'homme, par-delà le morne paysage Étendant un long bras, me dit : Senèz Ar-Mor !
Et je vis, me dressant sur la bruyère rose, L'Océan qui, splendide et monstrueux, arrose Du sel vert de ses eaux les caps de granit noir
Et mon coeur savoura, devant l'horizon vide Que reculait vers l'Ouest l'ombre immense du soir, L'ivresse de l'espace et du vent intrépide. José Maria de Hérédia. Ninnenne blog de partage
[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Ven 4 Nov - 10:38 | |
| Chant d'AutomneChant d'Automne Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, [size=18]horreur, labeur dur et forcé,[/size] Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux [size=18]automne ou d'un soleil couchant.[/size] Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux ! Charles Baudelaire. Ninnenne blog de partage | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs | |
| |
| | | | Poèmes de différents auteurs | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |