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| Nouveaux poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Nouveaux poèmes de différents auteurs Ven 25 Nov - 9:26 | |
| Hymne au soleil PoèmeHymne au soleil Je t'adore, Soleil ! ô toi dont la lumière, Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière, Se divise et demeure entière Ainsi que l'amour maternel !
Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre, Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître, L'humble vitre d'une fenêtre Pour lancer ton dernier adieu !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère, Luire le frère d'or que j'ai sur le clocher, Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère, Tu fais bouger des ronds par terre Si beaux qu'on n'ose plus marcher !
Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes ! Sois béni parmi l'herbe et contre les portails ! Dans les yeux des lézards et sur l'aile des cygnes ! Ô toi qui fais les grandes lignes Et qui fais les petits détails!
C'est toi qui, découpant la soeur jumelle et sombre Qui se couche et s'allonge au pied de ce qui luit, De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre, A chaque objet donnant une ombre Souvent plus charmante que lui !
Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses ! Ô Soleil ! toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont ! Edmond Rostand. [size=18][/size] Le jardinage[size=16]Le jardin [/size] [size=16]Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs.
Les baies du lierre obscur où l'ombre se recueille Sentant venir le soir se couchent dans leurs feuilles,
Le jet d'eau du jardin, qui monte et redescend, Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant ;
La paisible maison respire au jour qui baisse Les petits orangers fleurissant dans leurs caisses.
Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang Lassé des feux du jour s'apaise et se détend.
Peu à peu la maison entr'ouvre ses fenêtres Où tout le soir vivant et parfumé pénètre,
Et comme elle, penché sur l'horizon, mon coeur S'emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur.[/size] [size=16]Anna de Noailles.[/size] [size=24]La Violette Poème[size=18]La violette
Dans les prés verts où le ruisseau Passe et murmure, Tu mires au cristal de l'eau Ta tête pure; Petite fleur qu'un souffle suit, Si parfumée, Par toi la brise de la nuit Est embaumée.
Lorsque l'étoile, à l'horizon, Pâle s'allume, Sur ta corolle son rayon Blanc se parfume; Quand tu fuis les regards de tous, Humble et discrète, Ton doux parfum, ô Violette, Monte vers nous.
Le premier souffle du printemps Te fait éclore. Et l'hiver qui blanchit nos champs Te voit encore; Dans la mansarde, ô douce fleur, À la souffrance Tu portes l'agréable odeur Et l'espérance.
Quand nos larmes tombent sur toi, Triste rosée, Tu consoles dans son émoi L'âme brisée; Lorsque ton calice fermé Devient tout pâle, Ton dernier souffle qui s'exhale Est parfumé.
Napoléon Legendre.[/size] [/size] La Violette PoèmeLa Violette
Pourquoi faut-il qu'à tous les yeux Le destin m'ait cachée au sein touffu de l'herbe, Et qu'il m'ait refusé, de ma gloire envieux, La majesté du lis superbe ?
Ou que n'ai-je l'éclat vermeil Que donne le printemps à la rose naissante, Quand, dans un frais matin, les rayons du soleil Ouvrent sa robe éblouissante ?
Peut-être pourrais-je en ces lieux Captiver les regards de la jeune bergère Qui traverse ces bois, et, d'un pied gracieux, Foule la mousse bocagère.
Avant qu'on m'eût vu me flétrir, Je me serais offerte à ses beaux doigts d'albâtre; Elle m'eût respirée, et j'eusse été mourir Près de ce sein que j'idolâtre.
Vain espoir ! on ne te voit pas; On te dédaigne, obscure et pâle violette ! Ton parfum même est vil ; et ta fleur sans appas Mourra dans ton humble retraite.
Ainsi, dans son amour constant, Soupirait cette fleur, amante désolée; Quand la bergère accourt, vole, et passe en chantant; La fleur sous ses pas est foulée.
Son disque, à sa tige arraché, Se brise et se flétrit sous le pied qui l'outrage; Il perd ses doux parfums, et languit desséché Sur la pelouse du bocage.
Mais il ne fut pas sans attrait Ce trépas apporté par la jeune bergère, Et l'on dit que la fleur s'applaudit en secret D'une mort si douce et si chère.
Charles-Julien Lioult de Chênedollé.Rêve d'oiseaux PoèmeRêve d'oiseaux Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses, Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses,
Quand la forêt dormait immobile et sans bruit, Le rossignol avait chanté toute la nuit.
Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore, Le fortuné chanteur vocalisait encore.
Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour, La reine de son cœur veillait au nid d'amour.
Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile, Impatient alors de se rapprocher d'elle.
Puis le maître divin dormit profondément... Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant.
« Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle, Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle. André Lemoyne. La pluie PoèmeLa Pluie La pluie fine a mouillé toutes choses,
Très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu.
Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures. La pluie au printemps est délicieuse.
Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces. Hélas ! Que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées.
Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue;
Mais les conserver aux abeilles. Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d'eau;
je ne veux pas marcher sur eux, Ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières. Pierre Louys. C'est le Printemps les oiseaux sont heureuxAmours d'oiseauxDeux ramiers voyageurs, emperlés de rosée,Ont abattu leur vol au bord de ma croiséeOuverte à l'orient.Je les ai reconnus,Car chez moi, l'an passé, tous deux étaient venus.Ces deux beaux pèlerins m'arrivent de Bohême,À l'époque où fleurit le petit maïanthème,Et dans les bras noueux de mon grand châtaignierBercent leur nid d'amour comme au printemps dernier.Dans leur farouche instinct de liberté sauvage,Trop fiers pour jamais vivre en honteux esclavage,Ils reviennent pourtant sous mon toit familier,La queue en éventail et gonflant leur collier.S'ils ont pris le chemin de ma haute fenêtre,C'est qu'un coup d'œil d'oiseau suffit pour me connaître,C'est qu'ils sont là chez eux, que tout leur est permis ;C'est qu'ils n'ont trouvé là que des regards amis.L'amoureux au col blanc profondément salueL'heureuse bien-aimée, avec grâce évolueEt, roucoulant près d'elle, en fait dix fois le tour,Comme la croyant sourde à ses phrases d'amour.Riche de souvenirs, le cœur chaud d'espérances,Multipliant très bas ses graves révérences,S'il la voit, comme en rêve, ouvrant des yeux troublés,Dans un rapide éclair tous ses vœux sont comblés.Ne s'inquiétant pas de moi, qui les regarde,Ils m'ont dit sans parler : « Ami, que Dieu te garde,Après ton âge mûr, de vivre trop longtemps.Nous restons dans nos bois au plus quinze ou vingt ans ;« Quand nous cessons d'aimer, à quoi bon nous survivre ?N'attends pas la saison des vents froids et du givrePour t'en aller dormir sous les hauts gazons verts,Car plus tard, sans amour, tristes sont les hivers.André Lemoyne.Le Printemps PoèmeLe printemps Voici le Printemps, la saison des roses. Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ; Plus de froids matins ni de soirs moroses Voici le Printemps et ses jours bénis. Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes La brise qui vient des bois rajeunis Murmure tout bas de divines choses... Voici le Printemps, la saison des nids. Enfants, tout cela chez vous se révèle ; Chez vous, comme au sein de la fleur nouvelle, La coupe d'ivresse offre sa liqueur. Pour vous nul besoin que le temps renaisse Vous avez la vierge et sainte jeunesse ; C'est votre printemps, la saison du cœur. Louis Honoré Fréchette.
Les oiseaux joyeuxLes oiseaux joyeux
Oh ! les charmants oiseaux joyeux ! Comme ils maraudent ! comme ils pillent ! Où va ce tas de petits gueux Que tous les souffles éparpillent ?
Ils s'en vont au clair firmament ; Leur voix raille, leur bec lutine ; Ils font rire éternellement La grande nature enfantine.
Ils vont aux bois, ils vont aux champs, À nos toits remplis de mensonges, Avec des cris, avec des chants, Passant, fuyant, pareils aux songes.
Comme ils sont près du Dieu vivant Et de l'aurore fraîche et douce, Ces gais bohémiens du vent N'amassent rien qu'un peu de mousse.
Toute la terre est sous leurs yeux ; Dieu met, pour ces purs êtres frêles, Un triomphe mystérieux Dans la légèreté des ailes.
Atteignent-ils les astres ? Non. Mais ils montent jusqu'aux nuages. Vers le rêveur, leur compagnon, Ils vont, familiers et sauvages.
La grâce est tout leur mouvement, La volupté toute leur vie ; Pendant qu'ils volent vaguement La feuillée immense est ravie.
L'oiseau va moins haut que Psyché. C'est l'ivresse dans la nuée. Vénus semble l'avoir lâché De sa ceinture dénouée.
Il habite le demi-jour ; Le plaisir est sa loi secrète. C'est du temple que sort l'amour, C'est du nid que vient l'amourette.
L'oiseau s'enfuit dans l'infini Et s'y perd comme un son de lyre. Avec sa queue il dit nenni Comme Jeanne avec son sourire.
Que lui faut-il ? un réséda, Un myrte, un ombre, une cachette. Esprit, tu voudrais Velléda ; Oiseau, tu chercherais Fanchette.
Colibri, comme Ithuriel, Appartient à la zone bleue. L'ange est de la cité du ciel ; Les oiseaux sont de la banlieue.
Victor Hugo.
La TourterelleLa Tourterelle Amymone en ses bras a pris sa tourterelle, Et, la serrant toujours plus doucement contre elle, Se plaît à voir l'oiseau, docile à son désir, Entre ses jeunes seins roucouler de plaisir. Même elle veut encor que son bec moins farouche Cueille les grains posés sur le bord de sa bouche, Puis, inclinant la joue au plumage neigeux, Et, toujours plus câline et plus tendre en ses jeux, Elle caresse au long des plumes son visage, Et sourit, en frôlant son épaule au passage, De sentir, rougissant chaque fois d'y penser, Son épaule plus douce encore à caresser. Albert Samain. Premier sourire de PrintempsPremier sourire du printemps Tandis qu'à leurs oeuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, Il repasse des collerettes Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne, Il s'en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose ; Lui descend au jardin désert, Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges, Qu'aux merles il siffle à mi-voix, Il sème aux prés les perce-neiges Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l'oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles, Il met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d'avril tournant la tête, Il dit : " Printemps, tu peux venir !
Théophile Gautier. Le Printemps en BretagneLe printemps, en Bretagne, Est plus doux qu'aux environs de Paris,
et fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l'annoncent, l'hirondelle, le loriot, le coucou,
la caille et le rossignol, arrivent avec des brises,
qui hébergent dans les golfes de la péninsule armoricaine. La terre se couvre marguerites, de pensées,
de jonquilles, de narcisses, d'hyacinthes,
de renoncules, d'anémones, comme les espaces
abandonnés qui environnent Saint-Jean-de-Latran
et Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome.
Des clairères se panachent d'élégances et hautes fougères;
des champs de genets et d'ajoncs resplendissent de leurs fleurs
qu'on prendrait pour des papillons d'or.
Les haies, au long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette, sont décorées d'aubépines,
de chèvrefeuille, de ronces, dont les rejets bruns et courbés portent des feuilles et des fruits magnifiques.
Tout fourmille d'abeilles et d'oiseaux,
les essaims et les nids arrêtent les enfants, à chaque pas.
Dans certains abris, le myrte et le laurier-rose croissent en pleine terre,
comme en Grèce ;
la figue mûrit comme en provence ;
chaque pommier, avec ses fleurs carminées,
ressemble à un gros bouquet de fiancée de village. François René de Chateaubriand.
Le Paon de Jean de La FontaineLe Paon se plaignait à Junon
Déesse, disait-il, ce n’est pas sans raison Que je me plains, que je murmure : Le chant dont vous m’avez fait don Déplaît à toute la Nature ; Au lieu qu’un Rossignol, chétive créature, Forme des sons aussi doux qu’éclatants, Est lui seul l’honneur du Printemps. Junon répondit en colère : Oiseau jaloux, et qui devrais te taire, Est-ce à toi d’envier la voix du Rossignol, Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ; Qui te panades, qui déploies Une si riche queue, et qui semble à nos yeux La Boutique d’un Lapidaire ? Est-il quelque oiseau sous les Cieux Plus que toi capable de plaire ? Tout animal n’a pas toutes propriétés. Nous vous avons donné diverses qualités : Les uns ont la grandeur et la force en partage ; Le Faucon est léger, l’Aigle plein de courage ; Le Corbeau sert pour le présage, La Corneille avertit des malheurs à venir ; Tous sont contents de leur ramage. Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir, Je t’ôterai ton plumage.
Jean de La Fontaine.
Avril PoèmeAvril Simone, le soleil rit sur les feuilles de houx : Avril est revenu pour jouer avec nous. Il porte des corbeilles de fleurs sur ses épaules, Il les donne aux épines, aux marronniers, aux saules;
Il les sème une à une parmi l'herbe des prés, Sur le bord des ruisseaux, des mares et des fossés; Il garde les jonquilles pour l'eau, et les pervenches Pour les bois, aux endroits où s'allongent les branches;
Il jette les violettes à l'ombre, sous les ronces Où son pied nu, sans peur, les cache et les enfonce; A toutes les prairies, il donne les pâquerettes, Et des primevères qui ont un collier de clochettes;
Il laisse les muguets tomber dans les forêts Avec les anémones, le long des sentiers frais; Il plante des iris sur le toit des maisons, Et dans notre jardin, Simone, où il fait bon, Il répandra des ancolies et des pensées, Des jacinthes et la bonne odeur des giroflées.
Rémy de Gourmont.C'est le PrintempsC'est le PrintempsTandis qu'à leurs oeuvres perversesLes hommes courent haletants,Mars qui rit, malgré les averses,Prépare en secret le printemps.Pour les petites pâquerettes,Sournoisement lorsque tout dort,Il repasse des collerettesEt cisèle des boutons d'or.Dans le verger et dans la vigne,Il s'en va, furtif perruquier,Avec une houppe de cygne,Poudrer à frimas l'amandier.La nature au lit se repose ; Lui descend au jardin désert, Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges, Qu'aux merles il siffle à mi-voix, Il sème aux prés les perce-neiges Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l'oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d'argent du muguet. Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,Il met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d'avril tournant la tête, Il dit : " Printemps, tu peux venir .
Théophile Gautier.
La Source Poème[size=16]La Source[/size] [size=16]L'autel gît sous la ronce et l'herbe enseveli ; Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe D'un son plaintif emplit la solitaire combe. C'est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.
L'inutile miroir que ne ride aucun pli A peine est effleuré par un vol de colombe Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe, Seule, y reflète encore un visage pâli.
De loin en loin, un pâtre errant s'y désaltère. Il boit, et sur la dalle antique du chemin Verse un peu d'eau resté dans le creux de sa main.
Il a fait, malgré lui, le geste héréditaire, Et ses yeux n'ont pas vu sur le cippe romain Le vase libatoire auprès de la patère.[/size] [size=16]José-Maria de Hérédia.[/size] [size=16] Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Sam 26 Nov - 11:54 | |
| Oeufs de PâquesOeufs de Pâques
Voici venir Pâques fleuries, Et devant les confiseries Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux. Ils lèchent leurs lèvres de rose Tout en contemplant quelque chose Qui met de la flamme à leurs yeux.
Leurs regards avides attaquent Les magnifiques œufs de Pâques Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins, Magnifiques, fermes et lisses, Et que regardent en coulisse Les poissons d'avril, leurs voisins.
Les uns sont blancs comme la neige. Des copeaux soyeux les protègent. Leurs flancs sont faits de sucre.
Et l'on voit, à côté, D'autres, montrant sur leurs flancs sombres De chocolat brillant dans l'ombre, De tout petits anges sculptés.
Les uns sont petits et graciles, Il semble qu'il serait facile D'en croquer plus d'un à la fois; Et d'autres, prenant bien leurs aises, Unis, simples, pansus, obèses, S'étalent comme des bourgeois.
Tous sont noués de faveurs roses. On sent que mille bonnes choses Logent dans leurs flancs spacieux L'estomac et la poche vides, Les pauvres petits, l'œil avide, Semblent les savourer des yeux.
Marcel Pagnol.
[size=24]PâquesPâques
Au bord du toit, près des lucarnes, On a repeint les pigeonniers, Et les couleurs vives vacarment Depuis les seuils jusqu'aux greniers
Et c'est le vert, le brun, le rouge, Sur les pignons, au bord de l'eau, Et tout cela se mire et bouge Dans la Lys, la Durme ou l'Escaut.
On bouleverse les cuisines : Des mains rudes, de larges bras Frottent les antiques bassines, L'écuelle usée et le pot gras.
Sur les linges, les draps, les taies, Qu'on sèche à l'air vierge et vermeil, Pleuvent, partout, le long des haies, Les ors mobiles du soleil.
Là-bas, au fond des cours, s'allument Faux et râteaux, coutres et socs; Comme de hauts bouquets de plumes Sur les fumiers luisent les coqs.
Là-bas, au fond des cours, s'allument Faux et râteaux, coutres et socs; Comme de hauts bouquets de plumes Sur les fumiers luisent les coqs.
Emile Verhaeren. Le mariage des rosesLe mariage des roses
Mignonne, sais tu comment, S'épousent les roses ? Ah ! cet hymen est charmant ! Quelles tendres choses Elles disent en ouvrant Leurs paupières closes ! Mignonne, sais tu comment S'épousent les roses ?
Elles disent : Aimons-nous ! Si courte est la vie ! Ayons les baisers plus doux, L'âme plus ravie ! Pendant que l'homme, à genoux, Doute, espère, ou prie ! Ô mes sœurs, embrassons-nous Si courte est la vie !
Crois-moi, mignonne, crois-moi, Aimons-nous comme elles, Vois, le printemps vient à toi, Et des hirondelles Aimer est l'unique loi A leurs nids fidèles. Ô ma reine je suis ton roi, Aimons-nous comme elles.
Excepté d'avoir aimé, Qu'est-il donc sur terre ? Notre horizon est fermé, Ombre, nuit, mystère ! Un seul phare est allumé, L'amour nous l'éclaire ! Excepté d'avoir aimé, Qu'est-il donc sur terre ?
Eugène David.Les Lilas de mon jardinLes Lilas[size=18]Quand les printemps m’étaient joyeux Prenant leur azur à tes yeux Pleins d’une éternelle promesse, Les clochettes des lilas blancs, Dans la brise, à nos cœurs tremblants Chantaient une amoureuse messe.
Des alléluias infinis Montaient des buissons pleins de nids, Et le cœur odorant des roses Se balançait dans l’air du soir Avec des parfums d’encensoir. Mais, à présent, printemps morose
C’est le requiem des amours Que murmure au déclin du jour L’oiseau sur les branches lassées; Et les clochettes des lilas Dans l’air léger tintent le glas Des espérances trépassées
Armand Silvestre.[/size] Le muguet
Cloches naïves du muguet, Carillonnez ! car voici Mai ! Sous une averse de lumière, Les arbres chantent au verger, Et les graines du potager Sortent en riant de la terre. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naïves du muguet ! Les yeux brillants, l'âme légère, Les fillettes s'en vont au bois Rejoindre les fées qui, déjà, Dansent en rond sur la bruyère. Carillonnez ! car voici Mai ! Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême.
Jardin du mois de MaiJardin du mois de mai.
Chérie, comme il fait doux.Le vent s'est endormi. Déjà, la brume vient danser après la pluie. Une hirondelle bleue écrit des mots d'amour dans le ciel Et je pense aux beaux jours. Jardin du mois de mai, où êtes-vous ce soir? Jardin fleuri, nos coeurs se sont aimés Par une nuit de tendre espoir. Jardin du souvenir, mon premier rendez-vous Désir charmant et soudain désir fou. Tout tourne autour de nous. Depuis, j'ai voyagé là-haut souvent dans de beaux nuages, Changeant d'amour comme l'oiseau change de paysage... Mais rien n'a pu changer au jardin de mon coeur. Mon seul amour y dort vivant et nu comme une belle fleur... Je vous écris de loin, d'un pays merveilleux Où les choses vous parlent quand on ferme les yeux. La chambre que j'habite est chambre de voleur Car j'abrite la vie, le temps, les heures... Jardin du mois de mai, vous êtes là ce soir, Jardin fleuri où nos coeurs vont s'aimer Dans l'ombre ardente du ciel noir. Tes bras qui vont s'ouvrir, je les caresse encor. Comme autrefois ta bouche est près de moi. Je sens vibrer ton corps. Depuis j'ai voyagé là-haut souvent dans de beaux nuages, Changeant d'amour comme l'oiseau change de paysage... Mais rien n'a pu changer au jardin de mon coeur. Mon seul amour y dort vivant et nu comme une belle fleur Charles Trenet.Les Roses de l'AmitiéLes RosesL’air était pur, la nuit régnait sans voiles ; Elle riait du dépit de l’amour : Il aime l’ombre, et le feu des étoiles, En scintillant, formait un nouveau jour.Tout s’y trompait.L’oiseau, dans le bocage, Prenait minuit pour l’heure des concerts ; Et les zéphyrs, surpris de ce ramage, Plus mollement le portaient dans les airs.Tandis qu’aux champs quelques jeunes abeilles Volaient encore en tourbillons légers, Le printemps en silence épanchait ses corbeilles Et de ses doux présents embaumait nos vergers.Ô ma mère ! On eût dit qu’une fête aux campagnes, Dans cette belle nuit, se célébrait tout bas ; On eût dit que de loin mes plus chères compagnes Murmuraient des chansons pour attirer mes pas.J’écoutais, j’entendais couler, parmi les roses, Le ruisseau qui, baignant leurs couronnes écloses, Oppose un voile humide aux brûlantes chaleurs ; Et moi, cherchant le frais sur la mousse et les fleurs,Je m’endormis.Ne grondez pas, ma mère ! Dans notre enclos qui pouvait pénétrer ? Moutons et chiens, tout venait de rentrer. Et j’avais vu Daphnis passer avec son père.Au bruit de l’eau, je sentis le sommeil Envelopper mon âme et mes yeux d’un nuage, Et lentement s’évanouir l’image Que je tremblais de revoir au réveil :Je m’endormis.Mais l’image enhardie Au bruit de l’eau se glissa dans mon coeur. Le chant des bois, leur vague mélodie, En la berçant, fait rêver la pudeur.En vain pour m’éveiller mes compagnes chéries, En me tendant leurs bras entrelacés, Auraient fait de mon nom retentir les prairies ; J’aurais dit : » Non ! Je dors, je veux dormir ! Dansez ! « Calme, les yeux fermés, je me sentais sourire ; Des songes prêts à fuir je retenais l’essor ; Mais las de voltiger, ma mère, j’en soupire, Ils disparurent tous ; un seul me trouble encor,Un seul. Je vis Daphnis franchissant la clairière ; Son ombre s’approcha de mon sein palpitant : C’était une ombre, et j’avais peur pourtant, Mais le sommeil enchaînait ma paupière.Doucement, doucement, il m’appela deux fois ; J’allais crier, j’étais tremblante ; Je sentis sur ma bouche une rose brûlante, Et la frayeur m’ôta la voix.Depuis ce temps, ne grondez pas, ma mère, Daphnis, qui chaque soir passait avec son père, Daphnis me suit partout pensif et curieux : Ô ma mère ! Il a vu mon rêve dans mes yeux ! Marceline Desbordes-Valmore. L'Homme et la MerL'Homme et la Mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! Charles Baudelaire.Les ChevauxLes Chevaux J'avais un cheval fou, j'avais un cheval sage. De l'un j'aimais la fougue et la vitalité, De l'autre, la douceur et la sérénité, Comme d'autres moi-même une fidèle image.
Le cheval fou courait tout le long de la plage, La vigne et l'olivier fuyant à ses côtés; L'écume à son poitrail moussait, il rejetait Ses longs crins dans le vent, comme un rire de page.
Moi je tremblais pour lui, toujours il revenait. Le cheval sage allait le long des chemins rouges, Un doux rêve vivait dans son oeil étonné...
Un jour, il a suivi ce songe reconnu De son long pas si sûr, vers les lointains qui bougent. Je l'attendis longtemps, il n'est pas revenu. Geneviève De Ternant.En écoutant les oiseaux En écoutant les oiseauxOh ! Quand donc aurez-vous fini, petits oiseaux,De jaser au milieu des branches et des eaux,Que nous nous expliquions et que je vous querelle ?Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle,Oiseaux, je vous entends, je vous connais. SachezQue je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés,De votre mélodie et de votre langage.Celle que j'aime est loin et pense à moi ; je gage,O rossignol dont l'hymne, exquis et gracieux,Donne un frémissement à l'astre dans les cieux,Que ce que tu dis là, c'est le chant de son âme.Vous guettez les soupirs de l'homme et de la femme,Oiseaux ; Quand nous aimons et quand nous triomphons,Quand notre être, tout bas, s'exhale en chants profonds,Vous, attentifs, parmi les bois inaccessibles,Vous saisissez au vol ces strophes invisibles,Et vous les répétez tout haut, comme de vous ;Et vous mêlez, pour rendre encor l'hymne plus doux,A la chanson des coeurs, le battement des ailes ;Si bien qu'on vous admire, écouteurs infidèles,Et que le noir sapin murmure aux vieux tilleuls :« Sont-ils charmants d'avoir trouvé cela tout seuls ! »Et que l'eau, palpitant sous le chant qui l'effleure,Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure ;Et que le dur tronc d'arbre a des airs attendris ;Et que l'épervier rêve, oubliant la perdrix ;Et que les loups s'en vont songer auprès des louves !« Divin ! » dit le hibou ; le moineau dit : « Tu trouves ? »Amour, lorsqu'en nos coeurs tu te réfugias,L'oiseau vint y puiser ; ce sont ces plagiats,Ces chants qu'un rossignol, belles, prend sur vos bouches,Qui font que les grands bois courbent leurs fronts farouches,Et que les lourds rochers, stupides et ravis,Se penchent, les laissant piller le chènevis,Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges,La langue des oiseaux de la langue des anges.Victor Hugo. [size=18][/size] [/size] Les Roses et toutes les fleursLes Roses et toutes les fleurs Toutes les fleurs, certes, je les adore. Les pâles lys aux saluts langoureux. Les lys fluets dont le satin se dore. Dans leur calice d'ors poudreux. Et les bluets bleus, Dont l'azur décore Les blés onduleux, Et les liserons qu'entrouvre l'aurore De ses doigts frileux. Mais surtout, surtout, je suis amoureux, Cependant que de folles gloses S'emplissent les jardins heureux, Des lilas lilas Et des roses roses. Toutes les fleurs, certes, je les adore . Les cyclamens aux fragiles bouquets, Les mimosas dont le buisson se dore, Et les chers jasmins si coquets, Et les doux genêts, Dont la brise odore, Et les fins muguets, Les muguets d'argent, Si frais quand l'aurore Mouille les bosquets. Mais surtout, surtout je suis amoureux, Cependant que de folles gloses S'emplissent les jardins heureux, Des lilas lilas Et des roses roses. Toutes les fleurs, certes, je les adore. Toutes les fleurs dont fleurit ta beauté, Les clairs soucis dont la lumière dore Tes cheveux aux blondeurs de thé, L'iris velouté Qui te prête encore Sa gracilité, Et l'œillet qui met ta joue et l'aurore En rivalité . Mais surtout, surtout je suis amoureux, Dans tes chères lèvres décloses Et dans les cernes de tes yeux, Des lilas lilas Et des roses roses.
Edmond Rostand. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Sam 26 Nov - 13:23 | |
| Beau rosier du paradis poèmeÔ beau rosier du paradis, Beau rosier aux milliers de roses, Qui dans les parfums resplendis, Et dans la lumière reposes; Ô beau rosier du jardin clos, Beau rosier aux roses altières, Qui sur l'herbe étends les réseaux Que font tes ombres familières; Au tour de qui, toutes tremblantes, De l'Occident à l'Orient, Ces humbles et douces servantes Glissent et tournent lentement, Jusques à l'heure solennelle Où la nuit, à pas clandestins, Étendant ses voiles sur elles, Les confond toutes dans son sein.
Charles Van Lerberghe. [size=18][/size] Le Pot de FleursLe pot de fleurs Parfois un enfant trouve une petite graine Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs Pour la planter il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs Il s'en va La racine en couleuvres s'allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau
Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau L'enfant revient : surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards
Il la veut arracher, mais la tige est tenace
Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent au dards Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise
Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps
C'est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants. Théophile Gautier. [size=18][/size] [size=24]Le Vélo sur la route du bonheur[/size] Le Vélo sur la route du Bonheur Quelle merveilleuse invention que le vélo ! Elle n’est jamais la même la route du plateau où je pédale au rythme de mon cœur. J’y déguste l’instant, l’instant de bonheur qui lave mon cerveau. Je veux avoir la confiance de l’oiseau et je pense: Légère est ma conscience quand je passe devant le jaune éclatant d’un soleil solitaire et que je sens couler en moi le sang des forces de la terre et des forces de l’eau. Légère est ma conscience lorsque je remplis mes yeux du bleu lumineux des chicorées de l’été du rose des centaurées et des taches rouges des coquelicots. Légère est ma conscience le long de la route grise qui mène au village quand la douce brise me lèche le visage et caresse ma peau. Légère est ma conscience en roulant dans la forêt verte où je souris à la flûte alerte et jolie d’un oiseau. Légère est ma conscience quand je respire les parfums enivrants de l'été ceux du tilleul et de la reine des prés du chèvrefeuille blanc et les senteurs de blé chaud. Légère est ma conscience et grande ma joie de l’effort accompli en haut d’une côte un peu dure quand je sens mes poumons remplis d’air pur et mes mollets raidis et que je sais ce qui est beau. Puis lorsque mon vélo prend de la vitesse je comprends la sagesse des grands arbres balançant leurs feuillages sous le vent Leurs regards tournés vers le haut. Blanche Drevet. [size=18][/size] [size=24]Farniente poèmeFarniente Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuageDans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,Loin des chemins poudreux, à demeurer assisSur un moelleux tapis de fougère et de mousse,Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmiQui, pensant au retour de l’hiver ennemi,Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,La chenille traînant ses anneaux veloutés,La limace baveuse aux sillons argentés,Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.Ensuite je regarde, amusement frivole,La lumière brisant dans chacun de mes cils,Palissade opposée à ses rayons subtils,Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotteEn l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;Et lorsque je suis las je me laisse endormir,Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette. Théophile Gautier.Au bord de la merAu bord de la mer Près de la mer, sur un de ces rivages Où chaque année, avec les doux zéphyrs, On voit passer les abeilles volages Qui, bien souvent, n’apportent que soupirs, Nul ne pouvait résister à leurs charmes, Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs Qui font couler partout beaucoup de larmes Et qui partout prennent beaucoup de coeurs. Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes, Son seul amour, c’était la liberté, Il méprisait l’Amour et la Beauté. Tantôt, debout sur un roc solitaire, Il se penchait sur les flots écumeux Et sa pensée, abandonnant la terre Semblait percer les mystères des cieux. Tantôt, courant sur l’arène marine, Il poursuivait les grands oiseaux de mer, Imaginant sentir dans sa poitrine La Liberté pénétrer avec l’air. Et puis le soir, au moment où la lune Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers, Il voyait à travers la nuit brune Deux yeux amis sur sa face attachés. Quand il passait près des salles de danse, Qu’il entendait l’orchestre résonner, Et, sous les pieds qui frappaient en cadence Quand il sentait la terre frissonner Il se disait: Que le monde est frivole!” Qu’avez-vous fait de votre liberté! Ce n’est pour vous qu’une vaine parole, Hommes sans coeur, vous êtes sans fierté! Pourtant un jour, il y porta ses pas Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire Mais sur les monts il ne retourna pas. Guy de Maupassant.[size=18][/size] Aux bains de MerAux bains de Mer Sur la plage élégante au sable de velours Que frappent, réguliers et calmes, les flots lourds, Tels que des vers pompeux aux nobles hémistiches, Les enfants des baigneurs oisifs, les enfants riches, Qui viennent des hôtels voisins et des chalets, La jaquette troussée au-dessus des mollets, Courent, les pieds dans l’eau, jouant avec la lame. Le rire dans les yeux et le bonheur dans l’âme, Sains et superbes sous leurs habits étoffés Et d’un mignon chapeau de matelot coiffés, Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des trous; Et ce même Océan, qui peut dans son courroux Broyer sur les récifs les grands steamers de cuivre, Laisse, indulgent aïeul, son flot docile suivre Le chemin que lui trace un caprice d’enfant. Ils sont là, l’oeil ravi, les cheveux blonds au vent, Non loin d’une maman brodant sous son ombrelle, Et trouvent, à coup sûr, chose bien naturelle, Que la mer soit si bonne et les amuse ainsi. - Soudain, d’autres enfants, pieds nus comme ceux-ci, Et laissant monter l’eau sur leurs jambes bien faites, Des moussaillons du port, des pêcheurs de crevettes, Passent, le cou tendu sous le poids des paniers. Ce sont les fils des gens du peuple, les derniers Des pauvres, et le sort leur fit rude la vie. Mais ils vont, sérieux, sans un regard d’envie Pour ces jolis babys et les plaisirs qu’ils ont. Comme de courageux petits marins qu’ils sont, Ils aiment leur métier pénible et salutaire Et ne jalousent point les heureux de la terre; Car ils savent combien maternelle est la mer Et que pour eux aussi souffle le vent amer Qui rend robuste et belle, en lui baisant la joue, L’enfance qui travaille et l’enfance qui joue François Coppée. [size=18][/size] Adieux à la MerAdieux à la MerMurmure autour de ma nacelle, Douce mer dont les flots chéris, Ainsi qu’une amante fidèle, Jettent une plainte éternelle Sur ces poétiques débris. Que j’aime à flotter sur ton onde. A l’heure où du haut du rocher L’oranger, la vigne féconde, Versent sur ta vague profonde Une ombre propice au nocher ! Souvent, dans ma barque sans rame, Me confiant à ton amour, Comme pour assoupir mon âme, Je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour. Comme un coursier souple et docile Dont on laisse flotter le mors, Toujours, vers quelque frais asile, Tu pousses ma barque fragile Avec l’écume de tes bords. Ah! berce, berce, berce encore, Berce pour la dernière fois, Berce cet enfant qui t’adore, Et qui depuis sa tendre aurore N’a rêvé que l’onde et les bois! Le Dieu qui décora le monde De ton élément gracieux, Afin qu’ici tout se réponde, Fit les cieux pour briller sur l’onde, L’onde pour réfléchir les cieux. Aussi pur que dans ma paupière, Le jour pénètre ton flot pur, Et dans ta brillante carrière Tu sembles rouler la lumière Avec tes flots d’or et d’azur. Aussi libre que la pensée, Tu brises le vaisseau des rois, Et dans ta colère insensée, Fidèle au Dieu qui t’a lancée, Tu ne t’arrêtes qu’à sa voix. De l’infini sublime image, De flots en flots l’oeil emporté Te suit en vain de plage en plage, L’esprit cherche en vain ton rivage, Comme ceux de l’éternité. Ta voix majestueuse et douce Fait trembler l’écho de tes bords, Ou sur l’herbe qui te repousse, Comme le zéphyr dans la mousse, Murmure de mourants accords. Que je t’aime, ô vague assouplie, Quand, sous mon timide vaisseau, Comme un géant qui s’humilie, Sous ce vain poids l’onde qui plie Me creuse un liquide berceau. Que je t’aime quand, le zéphire Endormi dans tes antres frais, Ton rivage semble sourire De voir dans ton sein qu’il admire Flotter l’ombre de ses forêts! Que je t’aime quand sur ma poupe Des festons de mille couleurs, Pendant au vent qui les découpe, Te couronnent comme une coupe Dont les bords sont voilés de fleurs! Qu’il est doux, quand le vent caresse Ton sein mollement agité, De voir, sous ma main qui la presse, Ta vague, qui s’enfle et s’abaisse Comme le sein de la beauté! Viens, à ma barque fugitive Viens donner le baiser d’adieux; Roule autour une voix plaintive, Et de l’écume de ta rive Mouille encor mon front et mes yeux. Laisse sur ta plaine mobile Flotter ma nacelle à son gré, Ou sous l’antre de la sibylle, Ou sur le tombeau de Virgile : Chacun de tes flots m’est sacré. Partout, sur ta rive chérie, Où l’amour éveilla mon coeur, Mon âme, à sa vue attendrie, Trouve un asile, une patrie, Et des débris de son bonheur, Flotte au hasard : sur quelque plage Que tu me fasses dériver, Chaque flot m’apporte une image; Chaque rocher de ton rivage Me fait souvenir ou rêver Alphonse de Lamartine. [size=18][/size] La tendresse Est une effusion du cœur Semblable à une gerbe de bonheur.
La tendresse, C’est se donner sans retenue, C’est devenir semblable A un torrent de bonté et d’amour.
Un geste de tendresse a la délicatesse D’un pétale de rose.
La Tendresse est la caresse de l’amour.
La tendresse est la volupté du bonheur.
La tendresse est souvent plus parlante Que tous les discours affectueux.
La Tendresse est Le regard bienveillant qui pardonne tout.
Un éclat de rire partagé est aussi Une forme de tendresse échangée.
Il ne faut pas économiser sa tendresse, En être avare : C’est un don magique et généreux.
Jean Gastaldi. L'étangQue c’est une chose charmante De voir cet étang gracieux Où, comme en un lit précieux, L’onde est toujours calme et dormante ! Mes yeux, contemplons de plus près Les inimitables portraits De ce miroir humide ; Voyons bien les charmes puissants Dont sa glace liquide Enchante et trompe tous les sens.Déjà je vois sous ce rivage La terre jointe avec les cieux, Faire un chaos délicieux Et de l’onde et de leur image. Je vois le grand astre du jour Rouler, dans ce flottant séjour, Le char de la lumière ; Et, sans offenser de ses feux La fraîcheur coutumière, Dorer son cristal lumineux.Je vois les tilleuls et les chênes, Ces géants de cent bras armés, Ainsi que d’eux-mêmes charmés, Y mirer leurs têtes hautaines ; Je vois aussi leurs grands rameaux Si bien tracer dedans les eaux Leur mobile peinture, Qu’on ne sait si l’onde, en tremblant, Fait trembler leur verdure, Ou plutôt l’air même et le vent.Là, l’hirondelle voltigeante, Rasant les flots clairs et polis, Y vient, avec cent petits cris, Baiser son image naissante. Là, mille autres petits oiseaux Peignent encore dans les eaux Leur éclatant plumage : L’œil ne peut juger au dehors Qui vole ou bien qui nage De leurs ombres et de leurs corps.Quelles richesses admirables N’ont point ces nageurs marquetés, Ces poissons aux dos argentés, Sur leurs écailles agréables ! Ici je les vois s’assembler, Se mêler et se démêler Dans leur couche profonde ; Là, je les vois Dieu ! quels attraits ! Se promenant dans l’onde, Se promener dans les forêts.Je les vois, en troupes légères, S’élancer de leur lit natal ; Puis tombant, peindre en ce cristal Mille couronnes passagères. L’on dirait que, comme envieux De voir nager dedans ces lieux Tant de bandes volantes, Perçant les remparts entrouverts De leurs prisons brillantes, Ils veulent s’enfuir dans les airs.Enfin, ce beau tapis liquide Semble enfermer entre ses bords Tout ce que vomit de trésors L’Océan sur un sable aride : Ici l’or et l’azur des cieux Font de leur éclat précieux, Comme un riche mélange ; Là l’émeraude des rameaux, D’une agréable frange, Entoure le cristal des eaux.Mais quelle soudaine tourmente, Comme de beaux songes trompeurs, Dissipant toutes les couleurs, Vient réveiller l’onde dormante ? Déjà ses flots entrepoussés Roulent cent monceaux empressés De perles ondoyantes, Et n’étalent pas moins d’attraits Sur leurs vagues bruyantes Que dans leurs tranquilles portraits. Jean Racine.[size=18][/size] Un champ de Lavande au pays du soleilLavandeDans un champ de lavande au pays du soleilJ'ai trouvé que la vie avait un goût de miel.Chaque cigale en fête agitait sa crécelleEt le vent du midi dansait la tarentelle.On moissonnait les fleurs. Leur parfum me grisaitJe m'enivrais de joie et je déraisonnais.Dans la lavande bleue au soleil de ProvenceJe voulais prendre un bain d'amour et de jouvence.Tous les mots séduisants que je n'avais pas ditsSe formaient dans mon coeur en joyeux gazouillis.Dans cet air embaumé j'imaginais une âme Je lui donnais un corps fait de braise et de flamme.Bien au chaud dans ses bras je croyais au bonheurEt son regard de feu me caressait le coeur.Ce champ bleu nous offrait une odorante couche !Et je buvais les sons qui sortaient de sa bouche.Dans ce site enchanté vaporeusement flouNe pouvant pas le voir je le sentais partout. Et je ne souffrais pas de cette incohérencePuisque de son amour je saisissais l'essence. Sous l'emprise des fleurs, j'ai fait de grands projets Qui petit à petit se changeaient en regrets...J'avais glané pour lui des épis de lavandePassant près d'un calvaire à Dieu j'en fis offrande. Blanche Maynadier.[size=16][/size] Ninnenne blog de partage
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| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Dim 27 Nov - 12:31 | |
| Roses de JuinRoses de Juin Roses de juin, vous les plus belles, Avec vos cœurs de soleil transpercés; Roses violentes et tranquilles, et telles Qu'un vol léger d'oiseaux sur les branches posés;
Roses de juin et de juillet, droites et neuves, Bouches, baisers qui tout à coup s'émeuvent Ou s'apaisent, au va-et-vient du vent, Caresse d'ombre et d'or, sur le jardin mouvant;
Roses d'ardeur muette et de volonté douce, Roses de volupté en vos gaines de mousse, Vous qui passez les jours du plein été A vous aimer, dans la clarté;
Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos roses Oh ! que pareils à vous nos multiples désirs, Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir S'entr'aiment, s'exaltent et se reposent !
Emile Verhaeren.
[size=18][/size] Un oiseau chanteUn oiseau chante Un oiseau chante ne sais où C'est je crois ton âme qui veille Parmi tous les soldats d'un sou Et l'oiseau charme mon oreille
Ecoute il chante tendrement Je ne sais pas sur quelle branche Et partout il va me charmant Nuit et jour semaine et dimanche
Mais que dire de cet oiseau Que dire des métamorphoses De l'âme en chant dans l'arbrisseau Du cœur en ciel du ciel en roses
L'oiseau des soldats c'est l'amour Et mon amour c'est une fille La rose est moins parfaite et pour Moi seul l'oiseau bleu s'égosille
Oiseau bleu comme le cœur bleu De mon amour au cœur céleste Ton chant si doux répète-le A la mitrailleuse funeste
Qui claque à l'horizon et puis Sont-ce les astres que l'on sème Ainsi vont les jours et les nuits Amour bleu comme est le cœur même
Guillaume Apollinaire. [size=18][/size] [size=24]Devant ma mer un soir poème[/size] Devant ma mer , un soir
Devant la mer, un soir, un beau soir d'Italie, Nous rêvions toi, câline et d'amour amollie, Tu regardais, bercée au cœur de ton amant, Le ciel qui s'allumait d'astres splendidement.
Les souffles qui flottaient parlaient de défaillance ; Là-bas, d'un bal lointain, à travers le silence, Douces comme un sanglot qu'on exhale à genoux, Des valses d'Allemagne arrivaient jusqu'à nous.
Incliné sur ton cou, j'aspirais à pleine âme Ta vie intense et tes secrets parfums de femme, Et je posais, comme une extase, par instants, Ma lèvre au ciel voilé de tes yeux palpitants !
Des arbres parfumés encensaient la terrasse, Et la mer, comme un monstre apaisé par ta grâce, La mer jusqu'à tes pieds allongeait son velours, La mer.
Tu te taisais ; sous tes beaux cheveux lourds Ta tête à l'abandon, lasse, s'était penchée, Et l'indéfinissable douceur épanchée À travers le ciel tiède et le parfum amer De la grève noyait ton cœur d'une autre mer,
Si bien que, lentement, sur ta main pâle et chaude Une larme tomba de tes yeux d'émeraude. Pauvre, comme une enfant tu te mis à pleurer, Souffrante de n'avoir nul mot à proférer.
Or, dans le même instant, à travers les espaces Les étoiles tombaient, on eût dit, comme lasses, Et je sentis mon coeur, tout mon cœur fondre en moi Devant le ciel mourant qui pleurait comme toi.
C'était devant la mer, un beau soir d'Italie,
Un soir de volupté suprême, où tout s'oublie, Ô Ange de faiblesse et de mélancolie.
Albert Samain.
[size=18][/size] Marine ** Poème sur la Mer **Marine
Au fond d'un lointain souvenir, Je revois, comme dans un rêve, Entre deux rocs, sur une grève, Une langue de mer bleuir.
Ce pauvre coin de paysage Vu de très loin apparaît mieux, Et je n'ai qu'à fermer les yeux Pour éclairer la chère image.
Dans mon cœur les rochers sont peints Tout verdis de criste marine, Et je m'imprègne de résine Sous le vent musical des pins.
L'œillet sauvage, fleur du sable, Exhale son parfum poivré, Et je me sens comme enivré D'une ivresse indéfinissable.
De longs groupes de saules verts, À l'éveil des brises salées, Mêlent aux dunes éboulées Leurs feuillages, blancs à l'envers.
Je revois comme dans un rêve, Au fond d'un lointain souvenir, Une langue de mer bleuir Entre deux rocs, sur une grève.
André Lemoyne. [size=18][/size] La Tendresse PoèmeLa Tendresse Si tu ne sais que faire de tes mains Transforme-les en tendresse. La tendresse, C’est une parole ou un silence Devenu une offrande. La tendresse C’est mon regard émerveillé Sur ce que tu me donnes, C’est ton regard ébloui Sur ce que je reçois.
Ta tendresse, Une île émerveillée Sertie dans l’océan de mes regards. Permets à mon sourire De te dire ma tendresse, Permets à ma main De t’apporter du doux, Permets à mon regard De te dire ton importance.
La tendresse, C’est aussi savoir Ne pas envahir l’autre de son amour Quand il ne peut le recevoir.
La tendresse
C’est parfois se taire pour être entendu. La tendresse Ne comble jamais un vide, Elle rejoint le germe d’un plein Et s’agrandit ainsi pour nourrir L’instant d’une rencontre.
La tendresse, C’est la sève palpitante de la relation.
Jacques Salomé. [size=18][/size] Ninnenne blog de partage
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