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Sujet: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Sam 4 Nov - 10:32
SI TU T'IMAGINES - RAYMOND QUENEAU
« Si tu t'imagines » - Raymond Queneau,
Si tu t'imagines si tu t'imagines fillette fillette si tu t'imagines xa va xa va xa va durer toujours la saison des za la saison des za [size=18]saison des amoursce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures Si tu crois petite si tu crois ah ah que ton teint de rose ta taille de guêpe tes mignons biceps tes ongles d'émail ta cuisse de nymphe et ton pied léger si tu crois petite xa va xa va xa va va durer toujours ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures les beaux jours s'en vont les beaux jours de fête soleils et planètes tournent tous en rond mais toi ma petite tu marches tout droit vers sque tu vois pas très sournois s'approchent la ride véloce la pesante graisse le menton triplé le muscle avachi allons cueille cueille les roses les roses roses de la vie et que leurs pétales soient la mer étale de tous les bonheurs allons cueille cueille si tu le fais pas ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures.[/size]
Raymond Queneau, L'instant fatal (1948)
LES FEUILLES MORTES - JACQUES PREVERT- ANDREA BOCELLI
LES [size=18]FEUILLES MORTES - JACQUES PREVERT- ANDREA BOCELLI[/size]
Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis,
Dans ce temps là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les [size=18]feuilles mortes se ramassent à la pelle,[/size]
Tu vois je n'ai pas oublié.
Les [size=18]feuilles mortes se ramassent à la pelle,[/size]
Les souvenirs et les regrets aussi,
Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais...
C'est une chanson, qui nous ressemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Nous vivions, tous les deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.
Et la mer efface sur le sable,
Les pas des amants désunis.
Nous vivions, tous les deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.
Et la mer efface sur le sable,
Les pas des amants désunis...
Les [size=18]feuilles mortes se ramassent à la pelle,[/size]
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie
Je t'aimais tant, tu étais si jolie,
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais
Toujours, toujours je l'entendrai !
LA NUIT D'OCTOBRE - ALFRED DE MUSSET
LA NUIT D'OCTOBRE - Alfred de MUSSET
LE POÈTE
Le mal dont j’ai souffert s’est enfui comme un rêve. Je n’en puis comparer le lointain souvenir Qu’à ces brouillards légers que l’aurore soulève, Et qu’avec la rosée on voit s’évanouir.
LA MUSE
Qu’aviez-vous donc, ô mon poète ! Et quelle est la peine secrète Qui de moi vous a séparé ? Hélas ! je m’en ressens encore. Quel est donc ce mal que j’ignore Et dont j’ai si longtemps pleuré ?
LE POÈTE
C’était un mal vulgaire et bien connu des hommes ; Mais, lorsque nous avons quelque ennui dans le coeur, Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes, Que personne avant nous n’a senti la douleur.
LA MUSE
Il n’est de vulgaire chagrin Que celui d’une âme vulgaire. Ami, que ce triste mystère S’échappe aujourd’hui de ton sein. Crois-moi, parle avec confiance ; Le sévère dieu du silence Est un des frères de la Mort ; En se plaignant on se console, Et quelquefois une parole Nous a délivrés d’un remord.
ALFRED DE MUSSET (Poésies nouvelles)
LA DERNIERE FEUILLE - THEOPHILE GAUTIER
La Dernière Feuille - Théophile GAUTIER
Dans la forêt chauve et rouillée Il ne reste plus au rameau Qu’une pauvre feuille oubliée, Rien qu’une feuille et qu’un oiseau.
Il ne reste plus dans mon âme Qu’un seul amour pour y chanter, Mais le vent d’automne qui brame Ne permet pas de l’écouter.
L’oiseau s’en va, la feuille tombe, L’amour s’éteint, car c’est l’hiver. Petit oiseau, viens sur ma tombe Chanter, quand l’arbre sera vert !
1837 Recueil : "La Comédie de la Mort"
AUTOMNE MALADE - GUILLAUME APOLLINAIRE
Automne malade
Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers
Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en [size=18]automne feuille à feuille[/size]
Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
MARC AURELE - PENSEES POUR MOI MEME
Marc Aurèle - Pensées pour moi-même - Livre VIII
Les hommes n'en continueront pas moins à faire les mêmes choses que tu leur vois faire, dusses-tu en crever de fureur.
Dusses-tu en crever de fureur. L'expression grecque est aussi forte que celle de ma traduction.
La pensée d'ailleurs est juste ; et l'indignation qu'on peut ressentir et exprimer contre le vice ne le corrige guère.
Mais il est à la fois très nature d'éprouver ce sentiment en présence du mal, et d'essayer de l'arrêter en le reprochant à ceux qui le font, surtout quand ils sont nos amis et nos proches.
En poussant cette idée un peu loin, on s'abstiendrait aussi de faire des lois contre le crime, sous le prétexte que les châtiments ne ie suppriment pas en supprimant quelques criminels.
D'abord ne te trouble pas ; car tout s'accomplit selon les lois de la nature universelle ; et dans un temps qui ne peut pas être bien long, tu ne seras absolument rien, pas plus que ne sont à cette heure Adrien ou Auguste.
Puis, fixant ton esprit sur la chose en question, vois clairement ce qu'elle est, et rappelle-toi sans cesse que tu dois être homme de bien.
Souviens-toi de ce que veut la nature de l'homme ; et satisfais à ses exigences, sans jamais t'y soustraire.
Que tes paroles n'expriment que ce que tu crois le plus juste ; seulement, parle toujours avec bienveillance, modestie et franchise.
Marc Aurèle
LA PLUIE - MAURICE ROLLINAT
La [size=18]Pluie - Maurice Rollinat[/size]
Lorsque la [size=18]pluie, ainsi qu’un immense écheveau Brouillant à l’infini ses longs fils d’eau glacée, Tombe d’un ciel funèbre et noir comme un caveau Sur Paris, la Babel hurlante et convulsée,[/size]
J’abandonne mon gîte, et sur les ponts de fer, Sur le macadam, sur les pavés, sur l’asphalte, Laissant mouiller mon crâne où crépite un enfer, Je marche à pas fiévreux sans jamais faire halte.
La [size=18]pluie infiltre en moi des rêves obsédants Qui me font patauger lentement dans les boues, Et je m’en vais, rôdeur morne, la pipe aux dents, Sans cesse éclaboussé par des milliers de roues.[/size]
Cette [size=18]pluie est pour moi le spleen de l’inconnu : Voilà pourquoi j’ai soif de ces larmes fluettes Qui sur Paris, le monstre au sanglot continu, Tombent obliquement lugubres, et muettes.[/size]
L’éternel coudoiement des piétons effarés Ne me révolte plus, tant mes pensers fermentent : À peine si j’entends les amis rencontrés Bourdonner d’un air vrai leurs paroles qui mentent.
Mes yeux sont si perdus, si morts et si glacés, Que dans le va-et-vient des ombres libertines, Je ne regarde pas sous les jupons troussés Le gai sautillement des fringantes bottines.
En ruminant tout haut des poèmes de fiel, J’affronte sans les voir la flaque et la gouttière ; Et mêlant ma tristesse à la douleur du ciel, Je marche dans Paris comme en un cimetière.
Et parmi la cohue impure des démons, Dans le grand labyrinthe, au hasard et sans guide, Je m’enfonce, et j’aspire alors à pleins poumons L’affreuse humidité de ce brouillard liquide.
Je suis tout à la [size=18]pluie ! À son charme assassin, Les vers dans mon cerveau ruissellent comme une onde : Car pour moi, le sondeur du triste et du malsain, C’est de la poésie atroce qui m’inonde.[/size]
Maurice Rollinat — Les Névroses
DU DROIT DU PLUS FORT - JEAN-JACQUES ROUSSEAU
Du [size=18]droit du plus fort - Jean-Jacques Rousseau [/size]
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa [size=18]force en droit, et l’obéissance en devoir.[/size]
De là le [size=18]droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ?[/size]
La [size=18]force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets.[/size]
Céder à la [size=18]force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?[/size]
Supposons un moment ce prétendu [size=18]droit. Je dis qu’il n’en résulte qu’un galimatias inexplicable ; car, sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause : toute force qui surmonte la première succède à son droit.[/size]
Sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement ; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort.
Or, qu’est-ce qu’un [size=18]droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir ; et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé.[/size]
On voit donc que ce mot de [size=18]droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout.[/size]
Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : Cédez à la [size=18]force, le précepte est bon, mais superflu ; je réponds qu’il ne sera jamais violé.[/size]
Toute puissance vient de Dieu, je l’avoue ; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu’il soit défendu d’appeler le médecin ? Qu’un brigand me surprenne au coin d’un bois, non seulement il faut par [size=18]force donner sa bourse ; mais, quand je pourrais la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner ? Car, enfin, le pistolet qu’il tient est une puissance.[/size]
Convenons donc que [size=18]force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. Ainsi ma question primitive revient toujours.[/size]
Du contrat social - Jean-Jacques Rousseau
LA POLITESSE VUE PAR MAUPASSANT
Les Chroniques de Guy de Maupassant
La Politesse
Je ne voudrais point qu’on me crût assez fou pour prétendre ressusciter cette morte : la [size=18]Politesse.[/size]
Les miracles ne sont plus de notre temps et, pour toujours, je le crains bien, la [size=18]politesse est enterrée côte à côte avec notre esprit légendaire.[/size]
Mais je désire au moins faire l’autopsie de cette vieille urbanité française, si charmante, hélas ! et si oubliée déjà ; et pénétrer les causes secrètes, les influences mystérieuses qui ont pu faire du peuple le plus courtois du monde un des plus grossiers qui soient aujourd’hui.
Non pas que j’entende par [size=18]politesse les formules d’obséquiosité qu’on rencontre encore assez souvent ; non pas que je regrette non plus les interminables révérences et les beaux saluts arrondis dont abusaient peut-être nos grands-parents.[/size]
Je veux parler de cet art perdu d’être bien né, du confortable savoir-vivre qui rendait faciles, aimables, douces, les relations entre ces gens qu’on appelle du " monde ".
C’était un art subtil, exquis, une espèce d’enveloppement de fine délicatesse autour des actes et des paroles.
On naissait, je crois, un peu avec cela ; mais cela se perfectionnait aussi par l’éducation et par le commerce des hommes bien appris.
Les discussions même étaient courtoises. Les querelles ne sentaient point l’écurie.
Et cependant l’ancien langage usuel était plus cru, plus chaud que le nôtre ; les mots vifs ne choquaient point nos aïeules elles-mêmes, qui aimaient les histoires gaillardes saupoudrées de sel gaulois.
Si les gens qui s’indignent aujourd’hui contre la brutalité des romanciers usaient un peu les auteurs dont se délectaient nos grand’mères, ils auraient, certes, de quoi rougir.
Ce n’était donc pas dans la langue, c’était dans l’air même que flottait cette urbanité ; il y avait autour des mœurs comme une caresse de courtoisie charmante.
Cela n’empêchait rien ; mais, enfin, on était bien né.
Aujourd’hui nous semblons devenus une race de goujats.
(Le Gaulois, 11 octobre 1881)
LA PLUIE - EMILE VERHAEREN
La Pluie - Emile Verhaeren
Longue comme des fils sans fin, la longue pluie Interminablement, à travers le jour gris, Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, Infiniment, la [size=18]pluie, La longue pluie, La pluie.[/size]
Elle s'effile ainsi, depuis hier soir, Des haillons mous qui pendent, Au [size=18]ciel maussade et noir. Elle s'étire, patiente et lente, Sur les chemins, depuis hier soir, Sur les chemins et les venelles, Continuelle.[/size]
Au long des lieues, Qui vont des champs vers les banlieues, Par les routes interminablement courbées, Passent, peinant, suant, fumant, En un profil d'enterrement, Les attelages, bâches bombées ; Dans les ornières régulières Parallèles si longuement Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament, L'eau dégoutte, pendant des heures ; Et les arbres pleurent et les demeures, Mouillés qu'ils sont de longue [size=18]pluie, Tenacement, indéfinie.[/size]
Les rivières, à travers leurs digues pourries, Se dégonflent sur les prairies, Où flotte au loin du foin noyé ; Le vent gifle aulnes et noyers ; Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps, De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ;
Le soir approche, avec ses ombres, Dont les plaines et les taillis s'encombrent, Et c'est toujours la pluie La longue pluie Fine et dense, comme la suie.
La longue [size=18]pluie, La pluie - et ses fils identiques Et ses ongles systématiques Tissent le vêtement, Maille à maille, de dénûment, Pour les maisons et les enclos Des villages gris et vieillots : Linges et chapelets de loques Qui s'effiloquent, Au long de bâtons droits ; Bleus colombiers collés au toit ; Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre, Un emplâtre de papier bistre ; Logis dont les gouttières régulières Forment des croix sur des pignons de pierre ; Moulins plantés uniformes et mornes, Sur leur butte, comme des cornes[/size]
Clochers et chapelles voisines, La [size=18]pluie, La longue pluie, Pendant l'hiver, les assassine.[/size]
La [size=18]pluie, La longue pluie, avec ses longs fils gris. Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides, La longue pluie Des vieux pays, Éternelle et torpide ![/size]
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Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Sam 4 Nov - 11:57
BALLADE SUR LA FORET - THEODORE DE BANVILLE
Ballade sur les hôtes mystérieux de la forêt
Théodore de BANVILLE (1823-1891)
Il chante encor, l'essaim railleur des fées, Bien protégé par l'épine et le houx Que le zéphyr caresse par bouffées. Diane aussi, l'épouvante des loups, Au fond des bois cache son coeur jaloux. Son culte vit dans plus d'une chaumière. Quand les taillis sont baignés de lumière, A l'heure calme où la lune paraît, Échevelée à travers la clairière, Diane court dans la noire forêt.
De nénufars et de feuilles coiffées, La froide nixe et l'ondine aux yeux doux Mènent le bal, follement attifées, Et près du nain, dont les cheveux sont roux, Les sylphes verts dansent et font les fous. On voit passer une figure altière, Et l'on entend au bord de la rivière Un long sanglot, un soupir de regret Et des pas sourds qui déchirent du lierre : Diane court dans la noire forêt.
Diane, au bois récoltant ses trophées, Entend le cerf gémissant fuir ses coups Et se pleurer en plaintes étouffées. Un vent de glace a rougi ses genoux ; Ses lévriers, ivres de son courroux, Sont accourus à sa voix familière. La grande Nymphe à la fauve paupière Sur son arc d'or assujettit le trait ; Puis, secouant sa mouvante crinière, Diane court dans la noire forêt.
Prince, il est temps, fuyons cette poussière Du carrefour, et la forêt de pierre. Sous le feuillage et sous l'antre secret, Nous trouverons la ville hospitalière ; Diane court dans la noire forêt.
LE VENT - SULLY PRUD'HOMME
Sully Prudhomme — Les Épreuves
Le Vent
Il fait grand [size=18]vent, le ciel roule de grosses voix, Des géants de vapeur y semblent se poursuivre, Les feuilles mortes fuient avec un bruit de cuivre, On ne sait quel troupeau hurle à travers les bois[/size]
Et je ferme les yeux et j'écoute. Or je crois Ouïr l'àpre combat qui nuit et jour, se livre : Cris de ceux qu'on enchaîne et de ceux qu'on délivre, Rumeur de liberté, son du bronze des rois...
Mais je laisse aujourd'hui le grand [size=18]vent de l'histoire Secouer l'écheveau confus de ma mémoire Sans qu'il éveille en moi des regrets ni des vœux,[/size]
Comme je laisse errer cette vaine tempête Qui passe furieuse en flagellant ma tête Et ne peut, rien sur moi qu'agiter mes [size=18]cheveux.[/size]
marileine blog de partage
marileine moderateur
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Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Sam 4 Nov - 13:32
Que bourdonne sur le pavé Le passé des amours perdues. Que revienne pour la cité La part des plaisirs défendus.
Qu'un rêve d'or et de ténèbres Innonde l'ombre des ruelles Et couvre l'eau. Et qu'il célèbre Le jeu des amantes cruelles.
Sous les habits noirs et les masques, Que renaissent au petit jour Les doux souvenirs de nos frasques Sans les trahisons de l'[size=18]amour.[/size]
Que la colombe au [size=18]coeur éteint, De son filin, fasse pleuvoir Ses confettis, gouttes de vin, Amères douceurs de l'espoir.[/size]
Que s'élève sous tous les ponts L'humide soupir des [size=18]gondoles, Lunes noires où nous voguions, Perçant la brumeuse auréole.[/size]
Sur les canaux, mon âme en peine A laissé voguer ma prière Pour que, [size=18]Venise, tu retiennes Celle qui m'aimait tant hier.[/size]
Philippe Deschamps
LE COLLIER DE LA COLOMBE - L'AGE
LE [size=18]COLLIER DE LA COLOMBE - L'AGE[/size]
Quelqu'un m'a demandé mon âge, après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes et les boucles de mon front.
Je lui ai répondu : une heure. Car en vérité je ne compte pour rien le temps que j'ai par ailleurs vécu. Il m'a dit : « Que dites-vous là ? Expliquez-vous. Voilà bien la chose la plus émouvante. »
Je dis alors :
« Un jour, par surprise, j'ai donné un [size=18]baiser, un baiser furtif, à celle qui tient mon cœur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant, car il a été vraiment toute ma vie. »[/size]
lbn Hazm écrivain andalou (Xè et XIè s.) Le [size=18]Collier de la colombe[/size]
ILS SONT ENCORE DECIDES - MARY CHERBY
ILS SONT ENCORE DECIDES - MARY CHERBY
Mesures anti-sociales ou injustes accumulées L’âge de la retraite a déclenché les hostilités. Les Français toujours justice et égalité ont défendu Et plus d’une fois ont déjà le pavé battu. Entendez-vous le peuple grogner ?
Taux de grévistes mollasson devenu ? Moins nombreux dans la rue ? A en découdre, ils sont déterminés, Vers vous ils ont les yeux rivés. Entendez-vous le peuple grogner ?
Comment la masse révoltée va-t-on apaiser ? Qui de l’oligarchie voudra bien négocier ? Difficile d’imaginer la foule acceptant sa [size=18]déconvenue , Pour l’instant elle se sent victime d’une formidable bévue. Entendez-vous le peuple grogner ?[/size]
Théories économistes maintenues, Le bon sens populaire est mal venu. Ils n’ont qu’à se taire et travailler, A la réflexion, ils ne sont pas appelés. Entendez-vous le peuple grogner ?
MARY CHERBY
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Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Sam 4 Nov - 14:01
LES DEUX AMIS - JEAN DE LA FONTAINE
Les Deux [size=18]Amis - Jean de LA FONTAINE[/size]
Deux vrais [size=18]amis vivaient au Monomotapa : L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien dit-on ceux du nôtre. Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du Soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme : Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme; Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme A mieux user du temps destiné pour le somme : N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ? En voici. S'il vous est venu quelque querelle, J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle Était à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ? - Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ; J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu'on la propose. Qu'un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s'agit de ce qu'on aime. [/size]
Jean [size=18]de LA FONTAINE, Fables (1678), VIII, XI[/size]
PLUIE - SULLY PRUDHOMME
Pluie - SULLY PRUDHOMME
Il pleut. J'entends le bruit égal des eaux ; Le [size=18]feuillage, humble et que nul vent ne berce, Se penche et brille en pleurant sous l'averse ; Le deuil de l'air afflige les oiseaux.[/size]
La bourbe monte et trouble la fontaine, Et le sentier montre à nu ses cailloux. Le sable fume, embaume et devient roux ; L'onde à grands [size=18]flots le sillonne et l'entraîne.[/size]
Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ; La vitre tinte et ruisselle de gouttes ; Sur le pavé sonore et [size=18]bleu des routes Il saute et luit des étincelles d'eau.[/size]
Le long d'un mur, un [size=18]chien morne à leur piste, Trottent, mouillés, de grands boeufs en retard ; La terre est boue et le ciel est brouillard ; L'homme s'ennuie : oh ! que la pluie est triste ![/size]
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
SENSATION - ARTHUR RIMBAUD.
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue, Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'[size=24]amour infini me montera dans l'âme, Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, heureux comme avec une femme.[/size]
Arthur Rimbaud
LA GENTILLESSE - DALAI LAMA
LA GENTILLESSE
Le [size=18]bonheur vient de la gentillesse, pas de la haine ou la colère. Personne ne peut dire : ” Aujourd'hui, je suis heureux parce que j'ai commencé la journée en colère “.[/size]
Au contraire, être en [size=18]colère met mal à l'aise et rend triste. A travers la gentillesse, la compréhension et le respect, nous pouvons atteindre une authentique satisfaction, que ce soit à notre propre niveau ou à l'échelle de la planète.[/size]
Il est très difficile de parvenir à la paix et à l'harmonie à travers la compétition et la [size=18]haine, c'est pourquoi la pratique de la gentillesse est primordiale dans la société humaine.[/size]
DALAI LAMA
LA PLUIE - PIERRE LOUYS.
LA PLUIE - PIERRE LOUYS
La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.
La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées de [size=18]fleursmouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces.[/size]
Hélas ! Que de [size=18]fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue; mais les conserver aux abeilles.[/size]
Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d'eau; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières.
Pierre Louys {1870-1925} {Recueil : Les Chansons de Bilitis}
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Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Dim 5 Nov - 10:37
LE JARDIN MOUILLE - HENRI DE REGNIER
Le [size=24]jardin mouillé[/size]
A petit bruit et peu à peu,
Sur le [size=24]jardin frais et dormant,[/size]
Feuille à feuille, la [size=24]pluie éveille[/size]
L’arbre poudreux qu’elle verdit ;
Au mur on dirait que la treille
S’étire d’un geste engourdi.
L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait, là-bas,
Entendre sur le sable et l’herbe
Comme d’imperceptibles [size=24]pas.[/size]
Le [size=24]jardin chuchote et tressaille,[/size]
Furtif et confidentiel ;
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.
Henri de REGNIER
CHAT - PAUL ELUARD
LA VISION DU [size=18]CHAT DE PAUL ELUARD (1895-1952), PILIER DU SURREALISME.[/size]
CHAT
Pour ne poser qu'un doigt dessus Le [size=18]chat est bien trop grosse bête. Sa queue rejoint sa tête, Il tourne dans ce cercle Et se répond à la caresse.[/size]
Mais, la [size=18]nuit l'homme voit ses yeux dont la pâleur est le seul don. Ils sont trop gros pour qu'il les cache Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.[/size]
Quand le [size=18]chat danse C'est pour isoler sa prison Et quand il pense C'est jusqu'aux murs de ses yeux.[/size]
PAUL ELUARD
SOUPIR - STEPHANE MALLARME
Soupir
Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un [size=18]automne jonché de taches de rousseur,[/size]
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un [size=18]jardin mélancolique,[/size]
Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur !
- Vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.
Stéphane MALLARME (1842-1898)
A UN CHAT - JOSE LUIS BORGES
SOURCE ILLUSTRATION : LES [size=13]CHATS DE BRALDT BRALDS [/size]
A UN CHAT
Non moins furtif que l'aube aventurière,
Non moins silencieux que le miroir,
Tu passes et je pense apercevoir
Sous la lune équivoque une panthère.
Par quelque obscur et souverain décret
Nous te cherchons. Nous voulons, fauve étrange
Plus lointain qu'un couchant ou que le Gange,
Forcer ta solitude et ton secret.
Ton dos veut bien prolonger ma caresse;
Il est écrit dans ton éternité
Que s'accordent à ta frileuse paresse
Ma main et son [size=24]amour inquiété,[/size]
Ton temps échappe à la mesure humaine.
Clos comme un rêve est ton domaine.
JOSE LUIS BORGES
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes Lun 6 Nov - 10:52
Souffle le vent d'Automne poème de Françoise Le Vaillant
Souffle le vent d’automne
À l'orée de l'automne, les feuilles Commencent leurs tourbillons, Soufflées par le vent, Respirant la [size=18]douceur de la nuit, Dans la pourpre du soir Qui vient leur dire bonsoir. Devant ma cabane, par terre, Quelques feuilles tombent, Et ma corbeille se remplit De feuilles, arrachées par le vent. C'est toi, caprice indomptable, Qui passes et qui t'envoles. Mes yeux s'envolent vers toi, Jouent une aubade de la nuit, Par une lune rousse D'arrière-saison... Voici déjà le temps où, dans la montagne, On voit tourbillonner Les feuilles jaunies, Du haut de cette tour, Où la vue peut s'étendre au loin. Combien de fois ai-je pris entre mes doigts Ces feuilles argentées pareilles à tes yeux, Beau chevalier de l'automne Reviendra pour la saison des amours.
Françoise Le vaillant[/size]
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Sujet: Re: Autres poèmes glanés ici et là??? + textes
Autres poèmes glanés ici et là??? + textes
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