La mère de famille a pris des photos des asticots qu'elle a trouvés dans le magret dont l'emballage précisait la date de péremption : 28 mars 2013. (d.r.)
"Quand j'ai voulu me couper une autre tranche de magret fumé, je suis tombée sur tous ces asticots..." : Leila, une jeune mère de famille de Billère, n'a toujours pas digéré cette mauvaise surprise. Aujourd'hui, elle cherche à comprendre comment ces asticots ont pu se retrouver dans son assiette, et elle s'inquiète aussi pour sa santé. "Sur le coup, j'ai paniqué. Je suis enceinte de quatre mois et demi, et je ne suis pas immunisée contre la toxoplasmose...".
C'est le mari de Leila qui a acheté lundi deux magrets fumés entiers et halal dans la boucherie paloise où la famille a ses habitudes. "Nous avons mangé le premier magret pour le réveillon", témoigne la mère de famille. "Tout était parfait. Nous avons ouvert le second mercredi. Nous en avons mangé un bon quart - même mon enfant de deux ans en a pris. C'est donc quand j'ai voulu m'en servir une tranche de plus que j'ai trouvé les asticots morts !".
Leila a relevé sur l'étiquette du produit le nom de la société qui a fabriqué le magret : il s'agit d'une affaire personnelle située dans une petite ville de l'agglomération de Tarbes, créée voici deux ans et spécialisée dans la transformation et la conservation de la viande de volaille halal. "J'ai donc appelé et j'ai eu le responsable", poursuit Leila. "Il a dit que c'était totalement improbable. Or le problème vient bien de chez lui. Car je fais une totale confiance à mon boucher. En effet, la viande était contaminée avant d'arriver chez lui : elle a été emballée sous vide par son fournisseur le 28 décembre...".
Le responsable de la société bigourdane a proposé le remboursement du magret. "Mais ce n'est pas pour cela que je l'appelais : je voulais qu'il s'explique et qu'il présente ses excuses", lâche Leila, dont la colère reste vive. "J'attendais aussi de lui qu'il retire tous les lots pour éviter tout risque de contamination". La jeune femme a donc saisi hier après-midi les services de l'Etat.
"Je suis très étonné par tout ça, c'est impossible !" : contacté hier après-midi, le patron de la société d'où provient le magret "ne comprend pas" : "Les canards sont produits dans le Gers. Je les abats moi-même, selon le rite halal. Les magrets restent 48 heures au sel dans un réfrigérateur, puis deux à trois semaines accrochés dans une salle aérée. Ils sont salés, poivrés. Il est impossible qu'une mouche se pose dessus".
S. B. assure que son laboratoire est agréé : "Toutes les procédures sont respectées de A à Z. Cela fait vingt ans que je suis dans ce métier. C'est la première fois que je vois cela. Je vais redoubler de vigilance...".
Toutes ces affirmations vont désormais être soigneusement vérifiées par les services de l'Etat qui ont ouvert une enquête hier. Ils disposent d'une pièce à conviction : Leila conserve toujours, comme preuve, le magret incriminé. Il attend désormais les enquêteurs dans son congélateur.