Traces de médicaments et pesticides dans 10%
des eaux en bouteille avec
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©AFP / Jean-Christophe Verhaegen
PARIS (AFP) © 2013 AFP Par Claire SNEGAROFF
Des traces de pesticides et de médicaments, dont un pour traiter le cancer du
sein, ont été décelés dans environ 10% des eaux en bouteille, sans toutefois
remettre en cause leur potabilité, révèle lundi une étude de 60 millions de
consommateurs et de la Fondation France Libertés.
"A court terme, il n'y a absolument aucun problème de qualité. Ces eaux sont
parfaitement buvables", insiste le rédacteur en chef de 60 millions de
consommateurs, Thomas Laurenceau, interrogé par l'AFP. "On est dans l'ordre de
l'ultra-trace, du millième de micron, c'est vraiment minuscule", a-t-il
précisé.
L'enquête "ne met absolument pas en cause l'honnêteté des embouteilleurs",
mais interroge la contamination de l'environnement par les pratiques humaines,
ajoute-t-il. "Il y a inquiétude sur la qualité de la ressource globale", résume
M. Laurenceau, qui appelle, avec France Libertés, à "la remise à plat des normes
de qualité" prenant en compte les nouveaux polluants.
L'analyse a porté sur 47 bouteilles d'eau, trois bonbonnes d'eau, et une
dizaine d'échantillons d'eau du robinet prélevés dans trois départements.
Sur les bouteilles d'eau étudiées -- portant sur l'ensemble du marché --, 37
ne présentaient aucune trace des 85 molécules recherchées. Dix en revanche
contenaient des résidus de médicaments et pesticides.
©AFP
/ Denis Charlet
"La grande surprise", écrit 60 millions de consommateurs, est la présence de
tamoxifène, hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein,
dans la Mont Roucous, Saint Yorre, Salvetat, Saint Armand (Du Clos de l'abbaye)
et Carrefour Discount (Céline Cristaline).
La teneur est "infime" mais c'est "suffisant pour qu'on s'interroge sur la
pureté originelle imposée par la règlementation des eaux minérales", souligne le
magazine, qui précise avoir procédé deux fois à l'analyse des échantillons après
contestation de la part des embouteilleurs des premiers résultats et de la
méthodologie employée accusée de produire de "faux positifs".
"La seconde analyse a confirmé cette présence, sans que nous soyons en mesure
d'en expliquer l'origine", écrit 60 millions de consommateurs. "L'affaire est
suffisamment sérieuse pour qu'on lance des analyses à plus grande échelle",
estime M. Laurenceau.
Potentiels effets cocktail
Du Buflomédil et du Naftidrofuryl, des vasodilitateurs, ont été également
détectés dans l'Hepar, pour le premier, et dans la Saint Armand pour le
second.
Par ailleurs, des traces d'Atrazine et d'Hydroxyatrazine, des désherbants
pourtant interdits en 2001 mais très persistants, ont été trouvées dans la
Vittel (Grande source), la Volvic (Clairvic), la Cora (Saint-Pierre), et la
Cristaline (Louise).
"Ce qu'on en retire, ce n'est pas de dire que telle marque est plus risquée
qu'une autre. Il n'y a pas les bons et les mauvais. Sur l'ensemble des marques,
il y a un problème", poursuit M. Laurenceau. "Les embouteilleurs sont
extrêmement prudents mais ça interpelle de voir qu'il peut y avoir (des
micropolluants), même si c'est infinitésimal, qui ne devraient pas être là".
©AFP / Pedro Armestre
Et l'eau du robinet ? Sur 10 prélèvements, huit contiennent une à quatre
molécules sur les 85 recherchées, principalement des pesticides mais aussi des
résidus de médicaments dont, à nouveau, du tamoxifène décelé notamment en milieu
urbain (Rennes et Limoges).
Enfin, sur les trois bonbonnes, des traces de
Diéthylphtalate ont été trouvés dans l'Obio, et de Bisphénol A, d'Atrazine et de
retardateur de flamme dans la Culligan Val-de-Marne.
"Si tous les micropolluants sont ici présents en très faibles teneurs, leur
variété interroge sur les potentiels effets cocktail", souligne 60 millions de
consommateurs.
Le magazine et France Libertés, qui ont lancé en 2011 l'Opération
transparence sur l'eau, ont publié en mars une carte de la qualité de l'eau
potable en France, montrant que les seuils limites en polluants étaient dépassés
dans près de 420 communes grâce à des dérogations, sans risque sanitaire
immédiat.