Usage préventif de la vitamine D
Abstract
Une exposition
régulière au soleil garantit, chez la plupart des personnes, une bonne
réserve en vitamine D; une carence en vitamine D peut toutefois survenir
dans certaines situations. Le présent article attire l’attention sur
les groupes à risque de carence en vitamine D et sur l’usage préventif
de la vitamine D.
La vitamine D se forme dans la peau sous
l’influence du soleil (avec formation de vitamine D3, synonyme
colécalciférol), mais provient aussi dans une moindre mesure de la
nourriture (vitamine D2, synonyme ergocalciférol, d’origine végétale, et
vitamine D3 d’origine animale, p. ex. poisson gras; certains aliments,
p. ex. certaines margarines et laits artificiels pour enfants, sont
enrichis en vitamine D). La vitamine D2 et la vitamine D3 sont
transformées dans le corps en 1,25-dihydroxycolécalciférol actif
(synonyme calcitriol).
La principale cause de carence en vitamine
D est une exposition insuffisante au soleil, et les personnes à peau
foncée ont besoin de plus de soleil pour pouvoir produire suffisamment
de vitamine D. D’autres causes de carence sont p. ex. des troubles
chroniques de la fonction rénale (par atteinte de l’hydroxylation 1α) et
un régime très déficient ou une malabsorption des graisses. Une carence
en vitamine D provoque de la faiblesse musculaire, des douleurs
musculaires ou de la fatigue, et dans les cas graves, une ostéomalacie
chez l’adulte, et un rachitisme chez l’enfant.
Une exposition
régulière au soleil assure normalement une bonne réserve en vitamine D,
et couvre les besoins en vitamine D. Une exposition prolongée au soleil
est toutefois maintenant déconseillée.
Les principaux groupes à risque de carence en vitamine D sont les suivants.
*
Les personnes âgées séjournant en institution, et les personnes très
âgées en général.Bien que les recommandations ne soient pas univoques,
il existe des arguments pour recommander, dans le cadre de la prévention
et du traitement de l’ostéoporose chez ces personnes à risque,
l’administration de suppléments en vitamine D, en association à du
calcium. La dose recommandée de vitamine D est de 800 UI par jour, la
dose de calcium élémentaire est de 0,5 g à 1 g par jour [voir Folia d’
août d’2004 ].
Il n’existe pas suffisamment de données pour
recommander systématiquement la prise de suppléments en vitamine D et en
calcium à toutes les femmes ménopausées: par exemple, aucun effet
favorable de suppléments en vitamine D et en calcium sur le risque de
fracture n’a pu être démontré dans une étude randomisée contrôlée par
placebo réalisée dans un groupe de femmes qui avaient été incluses dans
la Women’s Health Initiative, une étude chez des femmes ménopausées
âgées de 50 à 79 ans, surtout connue par l’étude des effets du
traitement hormonal de substitution entre autres sur les accidents
cardio-vasculaires [voir Folia d’ octobre 2003 ].
*
Les
enfants nouris au sein. Le lait maternel contient en effet relativement
peu de vitamine D, en particulier lorsque la mère dispose de peu de
réserves en vitamine D. Le risque de carence en vitamine D est surtout
élevé lorsque la mère et/ou l’enfant sont peu exposés au soleil ou ont
une peau foncée, ou lorsque l’enfant est né pendant les mois d’hiver. La
prévention de la carence en vitamine D chez le nouveau-né nourri au
sein doit de préférence être instaurée au cours des deux premiers mois
de vie. Certains (p. ex. le Conseil Supérieur d’Hygiène en Belgique,
Nelson Textbook of Pediatrics) proposent une dose de vitamine D de 400
UI par jour, d’autres (p. ex. American Academy of Pediatrics) 200 UI par
jour. Pour les enfants qui ne sont pas nourris au sein, mais qui
boivent au moins un demi litre de lait artificiel par jour, ce problème
se pose beaucoup moins étant donné que les laits artificiels sont
toujours enrichis en vitamine D (200 à 400 UI/ 0,5 l).
Le Conseil
Supérieur d’Hygiène en Belgique recommande l’administration de
suppléments en vitamine D chez les femmes enceintes et les femmes qui
allaitent, et ce à la dose de 400 UI par jour. Un tel usage systématique
est toutefois controversé, et repose sur peu de données. Il
conviendrait toutefois d’être particulièrement attentif aux femmes
enceintes qui ont une peau foncée, certainement lorsqu’elles sont peu
exposées au soleil, ou si elles sont voilées.
Certains (p. ex. le
Conseil Supérieur d’Hygiène en Belgique) recommandent l’administration
de suppléments en vitamine D à tous les enfants jusqu’à l’âge p. ex. de 4
ans, et pendant les mois d’hiver, aussi aux enfants plus âgés et aux
adolescents. Une telle administration systématique ne repose toutefois
pas sur des preuves. Sur base des avis dans Nelson Textbook of
Pediatrics et des recommandations de l’American Academy of Pediatrics,
un supplément en vitamine D peut toutefois êtrde envisagé chez les
enfants trop peu exposés au soleil, certainement lorsqu’ils ont une peau
foncée. [N.d.l.r.: une attention particulière doit être accordée aux
enfants qui sont peu exposés au soleil et sont traités par des
antiépileptiques avec un effet inducteur enzymatique: il est en effet
décrit, surtout avec la phénytoïne mais aussi avec la carbamazépine et
les barbituriques, que ces médicaments peuvent provoquer une carence en
vitamine D.]
Ninnenne