La fée des fleurs
Ici et là, parsemant le sol, quelques flocons de neige...
La planète bleue, telle un manège,
Le printemps poursuit dans un incessant tournoiement.
La nature enfin l'enlace dans un dernier larmoiement.
"Voici mars!" chuchote le vent aux arbres dénudés.
"Une mystérieuse renaissance vous ne pourrez éluder."
À cet heureux présage, la vallée peu à peu reverdit
Et le ruisseau offre à l'hiver son requiem de Verdi.
À l'orée du sous-bois, le pluvier s'est posé.
L'aurore l'accueille dans un scintillement de rosée.
Timidement les tussilages déploient leurs pétales,
Tels des topazes qu'un bon magicien étale.
Au chant nostalgique de la gracieuse tourterelle,
Sur un lit de fougères s'éveillent les chanterelles.
Sur la branche du pommier rêve la chrysalide,
Magnifique papillon de devenir elle est avide.
Sous la terre du jardin d'impatience elles frémissent
Ces belles trop longtemps enfouies, du printemps les prémices.
Tandis que jonquilles, tulipes et muguets de fleurir se languissent
Délicatement se pose la "Fée des fleurs" sur la narcisse.
"Mes chères amies les fleurs, combien vous m'avez manqué durant ce long hiver
Et combien il m'a manqué votre beau feuillage vert!"
Vêtue d'une incomparable robe aux couleurs translucides d'azur et de soleil,
Au sein de la corolle du hortensia la "Fée des fleurs" s'éveille.
"À jamais auprès de vous je veux vivre,
Vos doux parfums comme un elixir m'ennivrent!
Quand reverrais-je mes chers amis les papillons et les oiseaux?"
La brise printaniere lui répond: "Envoles-toi vers la prairie aux grands roseaux!"
La "Fée des fleurs" étire ses ailes frêles et s'envole vers le grand étang.
À sa proximité, une hirondelle, puis enfin un roseau lui parler elle entend.
"Que cherches-tu jolie "Fée des fleurs?" lui demande alors le roseau.
Et la "Fée des fleurs" de lui répondre: "Mes amis les papillons et les oiseaux."
"L'hirondelle est déjà de retour. Dans sa petite maison bleue tu la trouveras.
Quant au beau papillon orangé, sur la branche du lilas il t'attendra."
La "Fée des fleurs" s'envole alors vers le jardin où les tulipes l'attendent.
En compagnie des trilles blancs et rouges, allègrement elles bavardent.
"Enfin,vous voici "Fée des fleurs!" lui disent-elles alors en choeur.
"Ne nous quittez plus!" À ces mots, la "Fée des fleurs" entre dans leurs coeurs.
Leur parfum elle respire, leurs pétales si délicates elle caresse.
Avec tout son amour, un baiser elle leur donne avec tendresse.
Ninnenne