marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poème sur les cygnes Mar 14 Oct - 12:04 | |
| Poème sur les cygnesLe petit cygne
Avez-vous vu [size=16]le berceau blanc Du petit cygne sur l'étang,
Berceau de vair, berceau de plumes Que l'eau berce comme la lune ;
Oui, ce berceau qui se balance Blanc sur des palmes de silence,
Et qui avance, et qui recule Sur l'eau couleur de renoncule,
Et qui flotte sur des étoiles En dérivant comme des voiles.
L'avez-vous vu ce berceau blanc Et le petit cygne dedans,
Bercé, balancé, avançant Les yeux mi-clos, le bec au vent,
Heureux, heureux comme un enfant Sur le dos blanc de sa maman.[/size]
Maurice Carême.
[size=16][/size] --------------------------------------------------------------------------------------Le cygne
[size=16]Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes, Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes, Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil A des neiges d'avril qui croulent au soleil ; Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire, Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un blanc navire. Il dresse son beau col au-dessus des roseaux, Le plonge, le promène allongé sur les eaux, Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe, Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante. Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix, Il serpente, et, laissant les herbages épais Traîner derrière lui comme une chevelure, Il va d'une tardive et languissante allure. La grotte où le poète écoute ce qu'il sent, Et la source qui pleure un éternel absent, Lui plaisent ; il y rôde ; une feuille de saule En silence tombée effleure son épaule. Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur, Superbe, gouvernant du côté de l'azur, Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire, La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus, A l'heure où toute forme est un spectre confus, Où l'horizon brunit rayé d'un long trait rouge, Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge, Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit, Et que la luciole au clair de lune luit, L'oiseau, dans le lac sombre où sous lui se reflète La splendeur d'une [size=16]nuit lactée et violette, Comme un vase d'argent parmi des diamants, Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.[/size][/size] [size=16] Sully Prudhomme.[/size] [size=16][size=16][/size][/size] --------------------------------------------------------------------------------------Les cygnes blancs Les cygnes blancs, dans les canaux des villes mortes, Parmi l'eau pâle où les vieux murs sont décalqués Avec des noirs usés d'estampes et d'eaux-fortes, Les cygnes vont comme du songe entre les quais.
Et le soir, sur les eaux doucement remuées, Ces cygnes imprévus, venant on ne sait d'où, Dans un chemin lacté d'astres et de nuées Mangent des [size=16]fleurs de lune en allongeant le cou.
Or ces cygnes, ce sont des âmes de naguères Qui n'ont vécu qu'à peine et renaîtront plus tard, Poètes s'apprenant aux silences de l'art, Qui s'épurent encore en ces blancs sanctuaires,
Poètes décédés enfants, sans avoir pu Fleurir avec des pleurs une gloire et des nimbes, Ames qui reprendront leur oeuvre interrompu Et demeurent dans ces canaux comme en des limbes !
Mais les cygnes royaux sentant la mort venir Se mettront à chanter parmi ces eaux plaintives Et leur voix presque humaine ira meurtrir les rives D'un air de commencer plutôt que de finir...
Car dans votre agonie, ô grands oiseaux insignes, Ce qui chante déjà c'est l'âme s'évadant D'enfants-poètes qui vont revivre en gardant Quelque chose de vous, les ancêtres, les cygnes ![/size] Georges Rodenbach. [size=16][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------Les cygnes[size=16]Sous des massifs touffus, au fond désert du parc, La colonnade antique arrondissant son arc, Dans une eau sombre encore à moitié se profile ; Et la [size=16]fleur que le pampre ou que le lierre exile Parfois brille furtive aux creux des chapiteaux. L'eau sommeille ; une mousse y fait de sourds cristaux. A peine un coin du ciel en éclaircit la moire, De sa lueur mourante où survit la mémoire Des regards clairs tournés vers des cieux éclatants. L'eau profonde ressemble à nos yeux, ces étangs Où haque siècle ajoute, avec d'obscurs mirages, Au poids de sa lourdeur l'ombre de ses ombrages. Elle dort, enfermant près du pur souvenir Le pan du bleu manteau qu'elle veut retenir ; Mais sur le ténébreux miroir qui les encadre Des cygnes familiers, éblouissante escadre, Suivent le long des bords un gracieux circuit, Et glissent lentement, en bel ordre et sans bruit, Nobles vaisseaux croisant devant un propylée, Comme un reste orgueilleux de gloire immaculée.[/size][/size] [size=16]Léon Dierx[/size] [size=16]------------------------------------------------------------------------------------------------------------[/size]
[size=24]Le chant du cygne au blanc plumage[size=12] Le chant du cygne Cygnes au blanc plumage, au port majestueux, Est-il vrai, dites-moi, qu'un chant harmonieux, De vos jours écoulés rompant le long silence, Lorsque va se briser votre frêle existence, Comme un cri de bonheur s'élève vers les cieux ?
Quand sous votre aile, un soir, votre long col se ploie Pour le dernier sommeil... d'où vous vient cette joie ? De vos jours rien ne rompt l'indolente douceur Lorsque tout va finir, cet hymne de bonheur, Comme à des cœurs brisés, quel penser vous l'envoie ?
Ô cygnes de nos lacs ! votre destin est doux ; De votre sort heureux chacun serait jaloux. Vous voguez lentement de l'une à l'autre rive, Vous suivez les détours de l'onde fugitive Que ne puis-je en ces flots m'élancer avec vous !
Moi, sous l'ardent soleil, je demeure au rivage... Pour vous, l'onde s'entr'ouvre et vous livre passage ; Votre col gracieux, dans les eaux se plongeant, Fait jaillir sur le lac mille perles d'argent Qui laissent leur rosée à votre blanc plumage ;
Et les saules pleureurs, ondoyants, agités, Alors que vous passez, par le flot emportés D'un rameau caressant, doucement vous effleurent Sur votre aile qui fuit quelques feuilles demeurent, Ainsi qu'un souvenir d'amis qu'on a quittés.
Puis le soir, abordant à la rive odorante Où fleurit à l'écart le muguet ou la menthe, Sur un lit de gazon vous reposez, bercés Par la brise des nuits, par les bruits cadencés Des saules, des roseaux , de l'onde murmurante.
Oh ! pourquoi donc chanter un chant mélodieux Quand s'arrête le cours de vos jours trop heureux ? Pleurez plutôt, pleurez vos nuits au doux silence, Les étoiles, les fleurs, votre fraîche existence ; Pourquoi fêter la mort ? vous êtes toujours deux !
C'est à nous de chanter quand vient l'heure suprême, Nous, tristes pèlerins, dont la jeunesse même Ne sait pas découvrir un verdoyant sentier, Dont le bonheur s'effeuille ainsi que l'églantier ; Nous, si tôt oubliés de l'ami qui nous aime !
C'est à nous de garder pour un jour à venir, Tristes comme un adieu, doux comme un souvenir, Des trésors d'harmonie inconnus à la terre, Qui ne s'exhaleront qu'à notre heure dernière. Pour qui souffre ici-bas, il est doux de mourir !
Ô cygnes ! laissez donc ce cri de délivrance À nos cœurs oppressés de muette souffrance ; La vie est un chemin où l'on cache ses pleurs... Celui qui les comprend est plus loin, est ailleurs. À nous les chants ! la mort, n'est-ce pas l'espérance. Sophie d'Arbouville.[size=18][/size][/size] ----------------------------------------------------------------------------------------------- Ninnenne
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