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 Les départements-(histoire)-Gironde+Hérault

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marileine
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Les départements et leur histoire - La Gironde - 33 -

Les départements-(histoire)-Gironde+Hérault Be7c947c
1ère partie
 
(Région Aquitaine)
 
Deux siècles avant l'ère chrétienne, l'histoire des Gaules, qui commence à prendre quelque certitude, nous fournit des documents incomplets, mais authentiques sur la partie du territoire dont le département de la Gironde est formé. II était habité par deux peuplades principales : les Vasates et les Bituriges Vivisci. Ces derniers se subdivisaient en plusieurs tribus : les Boïates, dans le district de Buch ; les Belendi, gens du canton de Belin, et les Medulli, qui occupaient le Médoc Burgdikal, aujourd'hui Bordeaux, était la capitale de la contrée ; les villes les plus importantes après celle-là étaient Boïes et Noviomagus, disparues toutes deux sous les empiètements de la mer qui baigne nos côtes de l'ouest.
 
Les Phéniciens d'abord, puis la colonie grecque de Marseille, initièrent les Bituriges au commerce et aux arts de l'antiquité. L'invasion romaine trouva déjà sensiblement modifiées dans ce pays la langue celtique et les croyances religieuses des druides. Les Vasates opposèrent quelque résistance aux légions commandées par un lieutenant de César ; mais les Bituriges acceptèrent sans protestation la loi du vainqueur.
 
Les remaniements territoriaux, l'établissement de nouvelles divisions administratives soulevèrent des mécontentements qui n'allèrent cependant point jusqu'à une lutte sérieuse. En 211, sous Caracalla, l'œuvre de la conquête était achevée ; les lois, la religion, les usages, le costume même des Romains étaient adoptés par les vaincus ; .Bordeaux était devenue la capitale de la seconde Aquitaine. Mais cette paix dans la servitude ne devait pas avoir une longue durée ; dès le milieu du IIIe siècle apparaissent, avec le christianisme, les premiers germes de dissolution du vieil empire. Saint Martial, saint Front et d'autres apôtres dévoués viennent dans le Bordelais braver les outrages, les haines et les supplices pour prêcher la doctrine de l'Évangile. Ils sont persécutés, mis à mort, mais leurs vengeurs approchent.
 
Sous Honorius, la Gaule est envahie par les barbares. Pendant que la frontière est menacée, la sédition éclate à l'intérieur ; les rigueurs des collecteurs d'impôts poussent au désespoir les serfs et les colons. Les Vandales sont les premiers barbares qui pénètrent dans l'Aquitaine ; ils n'y séjournent que deux années ; mais les Wisigoths leur succèdent, et Bordeaux leur ouvre ses portes. Le patrice Constance les repousse une première fois, mais il est bientôt contraint de céder par un traité ce que ses armes ne peuvent plus défendre ; les Wisigoths reprennent possession de leur conquête : la seconde Aquitaine est érigée en royaume dont Toulouse est la capitale, et sept rois de cette race occupent successivement le trône.
 
Sous cette domination, du IVe au Ve siècle, on voit se développer concurremment le commerce, les arts, les littératures grecque et latine, ce qui devait survivre à la conquête romaine, et le christianisme, qui devait ouvrir le pays à de nouveaux maîtres. Le poète Ausone a laissé de curieux renseignements sur l'éloquence et la poésie à cette époque.
En 507, Clovis, roi des Francs, appelé par les évêques, s'avance vers l'Aquitaine, bat les Wisigoths dans les plaines de Vouglé, et fait une entrée triomphale dans l'ancienne capitale des Bituriges. Partagée une première fois entre les fils de Clovis, plus tard entre les héritiers de Clotaire, épuisée par les guerres longues et acharnées que suscita la rivalité de Frédégonde et de Brunehaut, l'Aquitaine s'était livrée au prétendant Gondovald, fils audultérin de Clotaire, que ses derniers partisans assassinèrent pour rentrer en grâce.
 
Ves la fin du VIe siècle, Dagobert défendit le pays contre une invasion de Vascons ; mais, quoique vainqueur, il abandonna, moyennant un léger tribut, l'Aquitaine à ces nouveaux envahisseurs. Il plaça son frère Caribert à la tête du royaume d'Aquitaine retrempé dans l'élément vascon. Ce prince régna un an à peine et mourut à Blaye en 631. Son fils Boggès ou Boggis reçut le titre du duché héréditaire et sous la condition de foi et hommage. C'est le premier exemple d'un apanage donné aux princes de la famille royale. Les descendants de Boggès conservèrent leur duché pendant cent cinquante ans. Ils soutinrent glorieusement le nom de fils de Clovis, pendant que l'autorité monarchique s'éteignait aux mains des rois fainéants et passait aux maires du palais. Sous Dagobert déjà, les Aquitains mécontents avaient réclamé par une révolte l'indépendance de leur province et .le titre de royaume ; vaincus, ils avaient dû accepter la position qui leur était faite ; la lutte devint plus ardente quand elle eut pour aliment la rivalité des ducs contre les maires devenus tout-puissants.
 
Les ducs avaient à se défendre contre d'autres ennemis ; n'étaient-ils pas les sentinelles avancées de la monarchie contre les Sarrasins qui menaçaient les provinces méridionales ? Eudes, dans un moment de péril suprême, fit alliance avec Charles Martel ; mais les secours qu'il en attendait n'arrivèrent point assez tôt pour préserver ses domaines des calamités qu'une invasion traîne après elle.
 
La Garonne fut franchie, Bordeaux pris d'assaut ; la ville, déjà riche, fut livrée au pillage, et son gouverneur mis à mort. La victoire qui succéda à ces jours d'épreuves, victoire dont Charles Martel sut garder toute la gloire et tout, le profit, eut pour le duché des conséquences presque aussi déplorables ; les fils de Charles Martel, jaloux de l'importance que prenait cette province, voulurent la reconquérir à la couronne. Pépin et Carloman entrèrent en Aquitaine et mirent la frontière à feu et à sang. Hunold, héritier du duc Eudes, consentit à ce qu'on exigeait de lui : il se reconnut comme vassal des ennemis qui venaient si injustement le dépouiller ; puis, sentant son insuffisance pour une lutte qui menaçait de se prolonger, il se fit moine et laissa à son frère Waïfre le soin de le venger et de défendre l'héritage paternel. Ce jeune prince, doué d'une grande force de corps et d'âme, aurait réparé les désastres de sa famille, s'ils avaient pu l'être par l'intelligence et le courage.
Sous de frivoles prétextes, Pépin lui déclara la guerre, guerre d'extermination, poursuivie pendant plusieurs années avec un acharnement qu'égala seule l'opiniâtreté de la défense. Tout ce que pouvaient la valeur et la ruse, Waïfre le tenta. Presque toujours vaincu, souvent trahi, jamais abattu, poussé de revers en revers jusqu'au fond des forêts de la Double (Edobola), son dernier refuge, il serait mort en combattant, si, parmi ce peu d'hommes qui suivaient encore sa bannière, l'or de Pépin n'avait pas suscité des traîtres. Ils l'assassinèrent la nuit, sous sa tente, le 2 juin 768.
 
Pépin ne survécut que peu de jours à Waïfre, et laissa le trône à Charlemagne, qui, devenu maître de l'Aquitaine, en fit un royaume auquel il donna Toulouse pour capitale. Le fils de Waïfre, Loup, que Charles le Chauve appelle Lupus re et nomine, poursuivit l'oeuvre de son père qu'il put voir vengé à Roncevaux ; malgré quelques succès passagers, il fut bientôt fait prisonnier et pendu ; ses fils tombèrent à ses côtés dans les combats ou se retirèrent en Espagne ; en eux finit la dynastie mérovingienne des ducs d'Aquitaine.
 
En 778, à son retour d'Espagne, Charlemagne donna à son fils, Louis le Débonnaire, l'Aquitaine érigée de nouveau en royaume, avec Toulouse pour capitale. La nomination de Séguin au comté de Bordeaux, la construction du château de Fronsac, la fondation douteuse de quelques églises, l'érection plus douteuse encore du tombeau du preux Roland à Bordeaux, d'autres disent à Blaye, et le nom de Charlemagne resté en quelques endroits : voilà les seules traditions locales que le département de la Gironde ait conservées du règne de ce grand monarque.
Devenu empereur, Louis le Débonnaire transféra le royaume d'Aquitaine à son fils Pépin. Celui-ci en mourant laissa un fils, Pépin II, qui fut déshérité par Louis le Débonnaire. Charles le Chauve fut désigné comme roi d'Aquitaine ; mais Pépin II fit la .guerre à son oncle et l'obligea à traiter avec lui. Les Normands, qui ravageaient alors l'Aquitaine, ayant surpris et saccagé Bordeaux, les populations s'en prirent à Pépin, et le livrèrent à son oncle. Celui-ci lui ayant laissé ou rendu la liberté, Pépin finit par se jeter dans les bras des Normands, et fut pris combattant sous leurs enseignes. En 877, l'Aquitaine redevint un simple duché à charge d'hommage au roi, obligation que méconnurent les titulaires autant de fois qu'ils crurent pouvoir le faire sans danger.
 
Après une longue série de luttes sanglantes, tantôt contre les Normands, tantôt contre les comtes d'Anjou, le dernier des ducs d'Aquitaine étant mort en pèlerinage, sa fille Éléonore épousa Louis le Jeune, qui devint roi de France. Le divorce qui rompit quinze ans plus tard ce mariage remit Éléonore en possession de l'héritage paternel ; elle l'apporta en dot à Henri II d'Angleterre, avec lequel elle contracta une seconde union.
 
C'est à cette époque que remonte la transformation du mot Aquitaine, dont l'étymologie latine était tirée des nombreux cours d'eau qui arrosent le pays ; la suppression de l'a et la corruption du langage usuel firent d'Aquitaine Guyenne, nom qui, dans la suite, s'applique plus spécialement aux rives de la Gironde et au comté de Bordeaux.
L'établissement des princes anglais en France, origine de guerres si longues et si cruelles, source de tant de maux, valut aux habitants des villes les premières franchises communales dont l'histoire fasse mention, concessions accordées par la politique étrangère pour s'assurer les sympathies des populations que tant de liens devaient rattacher à la couronne de France ; Bordeaux et d'autres villes de la Gironde obtinrent, sous Henri II, le droit de se gouverner, d'élire leurs magistrats, de se défendre elles-mêmes et de n'être assujetties à aucun subside, s'il n'était librement consenti par le peuple.
 
Ces améliorations n'étant guère profitables qu'aux villes, de sérieuses manifestations contre la domination anglaise signalèrent les règnes de Henri II et de Richard Coeur de Lion ; mais les barons aquitains furent toujours obligés de se soumettre.
 
Sous Jean sans Terre, les dévastations commises par les routiers, les exactions des baillis et sénéchaux anglais excitèrent de nouveaux troubles ; la situation ne fit qu'empirer sous Henri III, dont les mandataires ne respectaient même plus les immunités de l'Église. Tant d'excès et d'outrages lassèrent enfin la patience des opprimés. Toutes les paroisses de l'Entre-deux-Mers, en partie ruinées et dépeuplées, jetèrent ensemble un cri de détresse, et leurs plaintes furent transmises à Henri II, par l'archevêque et le clergé de Bordeaux, en 1235.
L'année suivante, Henri chargea deux commissaires d'informer des griefs articulés et de vérifier soigneusement la légalité des privilèges à invoquer ; l'enquête eut lieu en présence de l'archevêque de Bordeaux, de l'évêque de Bazas, des abbés des deux diocèses, du maire et des jurats de Bordeaux, des barons et des principaux chevaliers de la Guyenne. Il était facile d'établir que les atteintes portées aux privilèges de la province, les excès commis par les routiers, les ravages momentanés d'une autre espèce de brigands qui, sous le nom de pastoureaux, inondèrent une partie de la Guyenne en 1259, et tous les désordres dont on se plaignait avaient pour cause première et principale l'absence de toute autorité centrale capable de se faire respecter et obéir ; mais quel était, à cette époque, le gouvernement qui pouvait donner une pareille sécurité à ses sujets ?
 
Le traité de 1259 reconnaissait Henri III comme souverain des comtés de Périgord, Limousin, Saintonge, Quercy et Agenais, outre le Bordelais et la Gascogne dont il avait la possession sous la suzeraineté des rois de France. De ce partage du territoire, de cet équilibre de forces, de cet antagonisme, pouvait-il sortir autre chose que cette lutte acharnée dont le pays fut le théâtre et la victime jusqu'au triomphe définitif de Charles VII ?
 
En 1292, les Anglais capturent en pleine paix des vaisseaux naviguant sous le pavillon de France. Philippe le Bel somme Édouard de comparaître devant les pairs pour y rendre raison de cette violation du droit dés gens. Sur le refus du roi d'Angleterre, l'Aquitaine est confisquée par un arrêt, et les Français en occupent plusieurs villes à main armée. Édouard fait passer de nombreuses troupes dans la province menacée, sous les ordres des ducs de Richemond et de Lancastre, qui reprennent Blaye, Bourg, La Réole et Rions ; après une guerre de plusieurs années où les succès de part et d'autre se balancent, une double alliance entre la famille des Plantagenets et celle de France remet Édouard en possession de son duché, en 1303.
 
Les hostilités recommencent en 1324, à l'occasion d'un fort que Hugues de Montpezat s'était permis d'élever dans l'Agenais sur les limites françaises ; la prise de La Réole fait craindre au monarque anglais l'envahissement de ses domaines. Il se hâte de proposer un traité qui est accepté. En 1337, les prétentions qu'Édouard III élève à la couronne de France rallument la guerre. Le comte de Derby, son neveu, arrive en Guyenne en 1345 ; Langon, Libourne, Monségur, La Réole lui ouvrent leurs portes. Au comte de Derby succède le prince de Galles ; la bataille de Poitiers a été perdue par les Français ; le roi Jean est prisonnier (1356).
 
Édouard érige la Guyenne en principauté et en investit son fils, à la charge de relever, de la couronne d'Angleterre, avec redevance d'une once d'or. Bordeaux devient alors siège d'une cour brillante et chevaleresque ouverte à tout prince ambitieux, à tout baron mécontent qui croit avoir quelque grief à faire valoir contre le roi de France.
L'éclat de cette puissance éblouit le successeur de Henri II, de ce prince qui consolidait sa puissance par la concession des franchises communales ; le fils d'Édouard, pour réparer ses finances épuisées par la guerre et subvenir aux prodigalités de sa cour, impose une taxe de dix sous sur chaque feu de sa principauté. Les paysans murmurent ; les seigneurs, jaloux de la prédominance anglaise, se font les interprètes de leurs justes plaintes auprès du roi de France. Le connétable Bertrand Du Guesclin, à la tête d'une vaillante armée, arrive pour les appuyer ; de victoire en victoire, il poursuit les Anglais jusqu'aux portes de Bordeaux, et n'est arrêté que par la trêve de Bruges, signée en 1375.
 
De tous les événements particuliers à la Guyenne survenus du temps de Richard II, le plus remarquable fut la ligue défensive que les villes du Bordelais formèrent entre elles en 1379. A l'expiration de la trêve, les hostilités avaient recommencé ; la ville de Saint-Macaire venait d'être prise par le duc d'Alençon ; toutes les autres places étaient menacées. Se voyant abandonnées par le roi d'Angleterre, les villes de Blaye, Bourg-sur-Gironde, Libourne, Saint-Émilion, Castillon, Saint-Macaire, Cadillac et Rions résolurent de pourvoir à leur sûreté commune en se confédérant sous le patronage de Bordeaux, avec promesse d'un mutuel secours.
Mais il n'était pas au pouvoir des communes de conjurer l'orage prêt à fondre sur elles. La Guyenne ayant été envahie par le comte d'Armagnac, plusieurs places furent prises : la ville de Bourg-sur-Gironde fut assiégée ; cependant les troupes confédérées de Bordeaux et le secours d'une flotte anglaise obligèrent le comte d'Armagnac à lever le siège et à quitter la province.
 
Depuis cette époque jusqu'en 1451, pendant trente-six ans, la Guyenne ne vit point d'armée française dans son sein ; ses destinées et celles de la France se jouaient sur d'autres champs de bataille. Les Anglais n'y eurent même que de faibles garnisons ; ils comptaient sur les communes pour la défense du pays. Les seules hostilités dont la province fut passagèrement le théâtre se bornèrent à des rencontres de partisans sans importance, à des attaques de châteaux faites par les troupes communales.
 
Lorsque enfin l'armée française, en 1451, prenant une sérieuse offensive, commença la campagne de Guyenne, les châteaux forts ouvrirent leurs portes sans combattre ; les villes résistèrent davantage en stipulant toujours dans leurs capitulations la conservation de leurs franchises. Les Anglais, retirant à la hâte leurs garnisons, se concentrèrent dans les murs de Bordeaux ou aux environs. Castillon, Saint-Émilion, Libourne, Rions furent emportés, et le sire d'Orval s'avança avec une troupe de cavalerie à pou de distance de Bordeaux.
 
A son approche, les Anglais et les bourgeois, au nombre de dix à douze mille, sortirent des murailles, le maire à leur tête ; mais le sire d'Orval les ayant chargés rudement sur plusieurs points, les mit en déroute, couvrit la campagne de leurs morts et de leurs blessés, et conduisit à Bazas un grand nombre de prisonniers. L'été suivant, les comtes de Dunois, de Penthièvre, de Foix et d'Armagnac pénétrèrent en Guyenne par quatre côtés différents. Blaye se rendit. Les Anglais, à qui il ne restait plus dans toute la province que les places de Fronsac, Bayonne et Bordeaux, obtinrent un peu de répit en s'engageant à remettre ces trois villes aux Français si, à l'époque de la Saint-Jean, il n'était pas arrivé des troupes suffisantes pour tenir la campagne. Les renforts attendus ayant manqué, les garnisons de Fronsac et de Bordeaux mirent bas les armes. La capitulation passée entre les bourgeois de Bordeaux et le comte .de Dunois portait :

1° Que la ville serait à jamais exempte de tailles, subsides et d'emprunts forcés ;
 

2° Que le par
lement y serait établi pour toute la Guyenne ;

3° Que le roi y ferait battre monnaie.
 
Mais, en 1452, à la première nouvelle d'un débarquement en Médoc de quelques troupes commandées par Talbot, Bordeaux, sans calculer les chances de succès, arbora les couleurs anglaises, et la garnison française, prise au dépourvu, abandonna la ville ; les autres places suivirent l'exemple de la capitale. Charles VII, obligé de conquérir une seconde fois sa province, envoya ses généraux assiéger le fort de Castillon. Talbot et son fils volèrent au secours de la place ; l'action s'engagea sous ses murs ; tous deux y périrent avec un grand nombre de chevaliers de Guyenne et d'Angleterre. Après cette victoire, Charles ne rencontra presque plus de résistance. La garnison de Bordeaux demanda à capituler, et, malgré l'opposition des bourgeois, elle ouvrit ses portes au roi de France.
 
La ville perdit ses privilèges ; elle fut imposée à cent mille écus d'or, et vingt seigneurs de la province furent condamnés à l'exil. Quant aux Anglais, il leur fut permis de se rembarquer et d'emmener avec eux tous les citoyens à qui il plairait d'émigrer. Charles VII plaça de fortes garnisons dans toutes les villes de la Guyenne, et, pour tenir Bordeaux en respect, il fit bâtir deux citadelles appelées l'une le Château-Trompette, et l'autre le fort du Hâ.


Les départements-(histoire)-Gironde+Hérault Feb1da8f
Bordeaux
 
2ème partie
 
De graves modifications furent apportées alors dans la constitution des municipalités ; cependant, conformément au texte du traité, le parlement fut installé à Bordeaux la seconde année du règne de Louis XI, en 1462, et son ressort s'étendit sur les sénéchaussées de Bordeaux, Bazas, Agen, Condom, les Landes, Armagnac, Cahors, Limoges, Périgueux, Angoulême, Saintes et La Rochelle.
 
Cette vaste circonscription judiciaire détermina les limites d'un nouveau duché d'Aquitaine donné par Louis Xl en apanage à son frère Charles de Berry, en 1469. La noblesse de la contrée crut voir dans cette mesure une occasion de reconstituer l'ancien royaume ; le duc Charles était connu personnellement de la plupart d'entre eux ; ils avaient été ses compagnons d'armes dans la ligue du Bien public ; un nouveau complot fut formé ; mais, avant qu'il éclatât, Charles mourait empoisonné, et les plus influents parmi ses complices étaient arrêtés et traduits devant le parlement de Bordeaux.
 
Soit complicité de la magistrature, soit absence de preuves suffisantes, les juges refusèrent de conclure à la peine capitale. Louis XI, irrité, épura le parlement, et la mort fut prononcée. Cette terrible leçon étouffa le fédéralisme aquitain, qui ne se réveilla plus qu'avec les girondins de la Convention, deux siècles et demi plus tard. Toutefois, dans l'intervalle de ces deux époques, l'esprit de révolte trouva de trop nombreuses occasions de se manifester.
 
L'établissement de l'impôt sur le sel, dit de la gabelle, si impopulaire dans toutes les provinces de l'Ouest, souleva dans la Guyenne un mécontentement qu'accompagnèrent des actes de la plus déplorable barbarie et que suivit une répression plus barbare encore. Après avoir tué les babeleurs, les paysans attaquèrent les seigneurs comme babeleurs eux-mêmes, ou, du moins, comme partisans de la gabelle. Les châteaux furent brûlés, et quelques gentilshommes massacrés.
Le couronnal ou chef suprême de l'insurrection avait adressé au maire et aux jurats de Bordeaux des dépêches par lesquelles il leur enjoignait de se trouver sans délai à Libourne avec des munitions de guerre et de bouche, sous peine de la vie. Pendant que les conseillers municipaux délibéraient, la multitude força les portes de l'hôtel de ville, y enleva les armes qui s'y trouvaient en dépôt, assiégea la garnison dans le Château-Trompette, s'empara du gouverneur Tristan de Moneins au moment où il s'approchait pour parlementer, et le tua. Le corps de ce malheureux officier fut dépecé et enterré tout saupoudré de sel. Le parlement essaya de calmer l'effervescence publique ; mais la populace contraignit les conseillers à monter la garde dans ses rangs, habillés en matelots et la pique à la main.
 
Montmorency fut chargé par Henri II de punir cette émeute. Tous les habitants, sans distinction de conduite et de rang, furent désarmés ; le parlement interdit fut remplacé par une commission extraordinaire de maîtres des requêtes de Paris, et de quelques conseillers d'Aix et de Toulouse ; la place de l'hôtel de ville resta couverte d'échafauds et de gibets permanents pendant sept semaines ; cent cinquante bourgeois furent exécutés ; plusieurs chefs de mécontents expirèrent sur la roue, une couronne de fer rouge sur la tête ; d'autres furent condamnés à la flétrissure et au bannissement.
 
La ville, atteinte et convaincue de félonie, perdit ses franchises et son gouvernement municipal ; on remplaça ses jurats par vingt-quatre prud'hommes à la nomination du roi ; les cloches descendues du haut des églises et fondues pour la marine royale, les tours de l'hôtel de ville découvertes, ses titres et registres, artillerie et munitions de guerre en levés, ne furent point, aux yeux de la cour prévôtale, des mesures assez exemplaires ; elle ordonna de plus que l'hôtel serait rasé, et que de ses dé-, bris on bâtirait une chapelle où serait célébré chaque jour l'office des morts pour le repos de l'âme de Tristan Moneins. En exécution d'un autre article de l'arrêt, les jurats et cent vingt notables allèrent, en habits de deuil, déterrer avec leurs ongles le corps de Moneins, l'emportèrent sur leurs épaules d'abord devant l'hôtel du connétable, où ils se mirent à genoux, et demandèrent pardon à Dieu, au roi et à la justice, et se rendirent ensuite à la cathédrale, où Moneins fut inhumé dans l'endroit le plus apparent du chœur. Les capitaines de la ville, du château du Hâ et du Château-Trompette, quoique innocents des désordres de la populace, furent punis de mort pour n'avoir pas devancé 'les ordres sanguinaires du connétable. La ville fut taxée à 200 000 livres pour payer la frais de l'armement.
 
L'année suivante, en 1549, Henri II rendit à la plupart des villes les privilèges abolis ; mais quelques-unes, et Bordeaux entre autres, furent privées de ce que leur constitution renfermait encore de libéral. La gabelle fut réduite au droit dit du quart et demi.
 
La réforme religieuse répondait trop bien au sentiment d'examen, de critique et d'indépendance si développé chez les habitants de la Guyenne pour ne pas trouver dans cette contrée des adhérents fervents et nombreux ; Marguerite de Navarre aida de tout son pouvoir à la propagation des écrits de Luther, Calvin et Théodore de Bèze ; mais la question, d'abord purement religieuse, prit bientôt une couleur politique.
La bourgeoisie riche et éclairée, ainsi qu'une partie de la noblesse, se montraient particulièrement favorables aux nouvelles doctrines ; le maréchal de Montluc fut chargé d'en arrêter les progrès. La sévérité cruelle dont il usa et dont il se vante si naïvement dans ses curieux Mémoires lui valut les titres de lieutenant général et conservateur de la Guyenne. Les rigueurs de sa répression ne furent cependant pas jugées encore suffisantes, et un massacre général des protestants eut lieu le 5 octobre 1572. Le fanatisme, surexcité par toutes ces atrocités, entretint dans la Guyenne la lutte la plus acharnée jusqu'en 1593. L'influence du parlement avait entraîné une partie du pays dans la Ligue ; le maréchal de Matignon sut maintenir à Bordeaux l'autorité royale, mais les ligueurs, retranchés dans la citadelle de Blaye, désolèrent les rives de la Gironde pendant cinq ans après l'avènement de Henri IV au trône de France, et c'est seulement par composition que la place fut rendue au roi.
Enfin, après de si rudes épreuves, le repos succéda à ces longs orages ; dès que les plaies furent cicatrisées, l'activité des esprits se dirigea vers les spéculations du commerce et les conquêtes de l'industrie ; sauf quelques tentatives isolées des mécontents pendant le règne de Louis XIII, tentatives qui tombèrent d'elles-mêmes ou furent étouffées sans beaucoup de peine, la Guyenne, jusqu'en 1789, fut tout entière aux progrès de son commerce et à l'extension de sa marine. L'abandon des ports de la Méditerranée, l'activité des relations avec l'Espagne, la prospérité de nos colonies firent du port de Bordeaux une des places les plus florissantes du continent.
 
Les travaux philosophiques du XVIIIe siècle et les discussions qu'ils engagèrent avaient opéré dans les esprits une diversion aux préoccupations exclusivement mercantiles ; la Révolution de 1789 vint souffler sur ces ardeurs mal éteintes, et l'enthousiasme présent, réchauffé de toutes les traditions d u passé, salua les premières victoires de l'Assemblée nationale sur la royauté. Par leurs talents, leur zèle, leur éloquence, les députés de la Gironde méritèrent de donner le nom du département qui les avait élus au parti le plus hostile à la monarchie, le plus influent dans l'établissement du gouvernement républicain. L'histoire conservera le nom de ces orateurs éloquents, Vergniaud, Guadet, Gensonné, Grangeneuve, Ducos, Fonfrède, qui jouèrent un rôle si important dans la période la plus décisive de nos annales modernes, et qui expièrent leurs fautes politiques par une fin si tragique.
L'avenir prononcera entre eux et leurs inflexibles adversaires de la Montagne ; mais ce qu'il ne saurait absoudre, c'est d'avoir compromis, par une guerre de diversion, le salut de la France alors attaquée sur tous les points par l'étranger. La Convention fut obligée de distraire une. partie de ses forces pour étouffer le fédéralisme girondin. Tallien, chargé de cette mission, fut, toutefois, moins impitoyable que Montmorency et Montluc.
 
Le royalisme, que le dépit des girondins vaincus avait réveillé, exploita, pendant l'Empire, la gène commerciale occasionnée par le blocus continental ; cette direction des idées, opposée au courant de l'opinion publique en France, conduisit les Bordelais, en 1815, à des manifestations contraires aux sentiments du reste du pays. C'était le triomphe des passions égoïstes et des intérêts matériels sur le dévouement dû à la cause commune ; c'était aussi une satisfaction maladroite donnée à de vieilles rancunes, et la dernière manifestation de préjugés d'un autre temps ; souvenirs affligeants pour l'expiation desquels semblent être morts ces deux frères César et Constantin Faucher, les jumeaux de La Réole, victimes de la terreur royaliste en 1815, qui ont scellé de leur sang l'union définitive de la Gironde avec la mère patrie.
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Les departements et leur histoire - L'Hérault - 34 -

Les départements-(histoire)-Gironde+Hérault 60b9f5eb
(Région Languedoc-Roussillon)
Le territoire du département de l'Hérault était occupé avant la conquête romaine par lesVolces Tectosages. Nous n'y trouvons aujourd'hui que peu de monuments de cette époque ; ils se bornent à quelques tombeaux celtiques découverts sur la colline de Regagnach, et à quelques dolmens, que les habitants appellent Oustals de las fadas(maisons des fées), dans l'arrondissement de Lodève, à Saint-Maurice.
Les Massaliotes eurent assurément des établissements sur cette partie du littoral méditerranéen de la Gaule. L'étymologie grecque du nom d'Agde en fait foi. Après la conquête romaine, le territoire de l'Hérault fut enveloppé dans la Narbonnaise, plus tard dans la première Narbonnaise. Il était compris approximativement dans la circonscription des deux antiques cités de Béziers (Civitas Beterrensium) et de Lodève (Civitas Lutevencium). Ce département n'a pas, dans l'époque romaine, une aussi belle part que ses voisins les départements du Gard et de l'Aude ; il ne peut s'enorgueillir, comme le second, d'avoir possédé la capitale de la province, Narbonne, où, comme le premier, d'avoir conservé de magnifiques monuments romains. Montpellier n'existait pas ; Substantion, Forum Domitii, Forum Neronis, qui n'existent plus, n'étaient que des villes du second ou du troisième ordre.
Les traces de la domination romaine sont nombreuses toutefois, si elles ne sont pas aussi imposantes que dans le Gard. On retrouve fréquemment des tronçons de la voie Domitienne (via Domitia), qui traversait le pays parallèlement à la côte. A Saint-Thibéry, on voit les traces d'un camp romain, situé, au sommet d'un cirque de basalte, et les ruines d'un pont du même temps ; ailleurs, des débris de bassins destinés à contenir les eaux (à Cette), des thermes en ruine, des colonnes milliaires, des tombeaux, des statuettes, des inscriptions, des médailles, des vases, des ustensiles de toutes sortes. La colline abrupte où s'élevait Substantion, sur le bord du Lez, est particulièrement renommée pour la grande quantité de médailles d'or et d'argent qu'on trouve ; c'est à ce point qu'il s'est formé une légende digne des Mille et une Nuits qu'un poète languedocien a racontée dans une petite pièce intitulée lou Trésor de Sustantioün.
 
La Narbonnaise fut cédée par Honorius aux Wisigoths, qui lui donnèrent le nom de Septimanie. Au VIIIe siècle, les Sarrasins l'envahirent. Les Carlovingiens enveloppèrent tout le midi de la Gaule dans leur vaste puissance. Aucune des villes du département ne joua un grand rôle dans ces diverses révolutions. C'est encore Narbonne et Nîmes, à l'ouest et à l'est, qui sont le théâtre des grands événements. C'est seulement après la chute des Carlovingiens, et avec le système féodal, que le pays qu'arrosent l'Orb, l'Hérault, la Vidourle, sortit de son obscurité et reçut de la fortune comme un magnifique dédommagement. Alors, en effet, Montpellier, Béziers devinrent les capitales de deux des principales puissances féodales du Midi et les points les plus brillants du littoral languedocien.
 
La seigneurie de Montpellier prit naissance vers 990. Un certain Guilhem ou Guillaume, vassal du comte de Melgueil, obtint de l'évêque de Maguelonne, moyennant hommage et redevance, le bourg de Montpellier avec son territoire. Il est le père de l'illustre famille des Guilhem, qui, plus tard, prit rang parmi les premières maisons du Languedoc. Huit princes de ce nom se transmirent successivement, de 990 à 1180, la seigneurie de Montpellier.
 
Nous les voyons s'allier aux rois d'Aragon et Guilhem VIII épouser même Eudoxie, fille de l'empereur d'Orient Manuel Comnène. Ils durent surtout leur puissance à la sagesse de leur conduite vis-à-vis de la papauté. En effet, lors de la guerre des Albigeois, quoique Guilhem VIII partageât l'aversion de tout le midi de la France pour les hommes du Nord, il eut la sagesse de contenir sa haine et de, ne tremper en rien dans l'hérésie.
Seul fidèle à l'Église au milieu de tant de seigneurs qui s'armaient contre elle, il n'en eut que plus de titres à sa reconnaissance. En 1195, l'adroit Guilhem, qui venait de répudier Eudoxie pour épouser Agnès de Castille, demandait à Célestin III, en même temps que la sanction de son divorce, l'envoi d'un légat qui résiderait à Montpellier et s'opposerait aux progrès de l'hérésie. Innocent III, qui succéda alors à Célestin, lui envoya le frère Reynier, porteur des plus flatteuses paroles.
Voilà comment les seigneurs de Montpellier demeurèrent debout, et plus puissants que jamais, au milieu de la tempête qui désola le Languedoc. Guilhem VIII était traité deprince par le célèbre docteur Main, de Lille, qui lui dédiait un de ses écrits (Prologus ad principem Montispessulani). Ses domaines étaient considérables, surtout depuis qu'il avait réuni toute la seigneurie de Montpellier en rachetant la part des vicaires. Il possédait en toute propriété les châteaux de Lattes, de Montferrier, d'Aumelas, de Pouget, de Popian, de Cournonsec, de Montbazin, de Paulhan, de Montarnaud, de Saint-Pons, de Mauchiens, de Pignan, de Frontignan, de Saint-Georges, de Murviel, de Vendémian et de Mirival. En outre, de nombreux vassaux lui devaient l'hommage féodal et le service mille taire ; tout cela étayé par une orthodoxie habilement calculée. On ne s'étonnera plus de voir les Guilhem s'intituler seigneurs par la grâce de Dieu, et prétendre rattacher leur généalogie à Charlemagne lui-même.
Guilhem VIII mourut après avoir rempli son testament de fondations pieuses (1203) ; mais, quoiqu'il n'eût pu faire légitimer son second mariage, il n'en persistait pas moins dans ses desseins favorables aux enfants d'Agnès, dont l'aîné lui succéda sous le nom de Guilhem IX.
La malheureuse Marie, fille de sa première femme Eudoxie, ne venait, dans l'ordre de succession tel qu'il le régla, qu'après les six fils de sa belle-mère. Celle-ci, pour se débarrasser d'elle, la maria d'abord au seigneur Barrai, vicomte de Marseille, puis, ce premier époux étant mort, au comte de Comminges, Bernard IV, lequel avait déjà deux femmes encore vivantes et devait bientôt en prendre une quatrième, après avoir répudié à son tour la pauvre Marie. La marâtre eut soin d'obliger sa belle-fille à insérer dans ses deux contrats de mariage des clauses de renonciation fondées sur la « coutume incontestable et consacrée (indubitata et inveterata consuetudo) » en vertu de laquelle la souveraineté et juridiction de la seigneurie de Montpellier et de ses dépendances « ne doit jamais passer aux personnes du sexe féminin tant qu'il reste des mâles. »
 
Donc, dans cette seigneurie, le principe de la loi salique avait été suivi jusque-là. Toutes les précautions d'Agnès furent déjouées. Un an n'était pas écoulé, depuis la mort de Guilhem VIII, que les habitants de Montpellier chassaient son fils, rappelaient Marie et lui donnaient pour époux un seigneur bien capable de défendre ses droits ; cet époux était le roi d'Aragon lui-même, Pierre II, qui, par cette alliance, comptait recouvrer Tortose et établir solidement son influence sur tout le littoral occidental de la Méditerranée.
 
On peut remarquer que, si le comte de Commisses avait alors quatre femmes vivantes, Marie, de son côté, eut alors deux maris bien portants ; on ne songea même pas qu'elle était déjà mariée. Elle plaisait fort à Pierre comme héritière, mais peu comme femme. Quoiqu'il eût juré sur les saints Évangiles de ne jamais prendre d'autre femme qu'elle, il trouvait cependant qu'elle n'était « ni si bien faite que lui ni d'un âge proportionné au sien » et il n'en eut point d'enfants. Une jeune veuve de la suite de Marie attira ses regards, mais refusa de satisfaire ses désirs.
Or c'était une Montpelliéraine pleine de sentiments patriotiques, et qui désirait vivement, comme tous ses compatriotes, le rapprochement de Pierre et de son épouse. Par le conseil des consuls, elle parut céder et promit au roi de se laisser conduire dans sa chambre, mais dans le mystère d'une complète obscurité. Pierre consentit et crut posséder l'objet de son amour ; mais au matin quand les douze consuls, qui avaient passé la nuit en prières dans la pièce voisine, entrèrent cierges en main, il s'aperçut qu'il tenait sa femme dans ses bras. Il eut l'esprit de rire de la mystification ; mais les prières des consuls ne furent pas exaucées et Marie se trouva encore stérile.
 
Une autre tentative fut plus heureuse. La reine était au château de Mirival, où elle se plaisait fort ; le roi était au château de Lattes, où il visitait ses haras. Un jour qu'il était animé parla chasse et en belle humeur : « Seigneur, lui dit un gentilhomme de sa suite, parmi les plaisirs de la chasse nous pourrions bien passer à Mirival et voir la reine, notre bonne maîtresse. Votre Majesté passerait une seconde nuit avec elle ; nous veillerions, le cierge en main, si vous vouliez, et Dieu par sa bonté vous donnerait un fils de bénédiction. » La distance fut bientôt franchie, et neuf mois après naquit le petit Jacte, qui devint plus tard ce grand Jayme IerConquistador, tant de fois vainqueur des infidèles.
On dit que, le lendemain de cette nuit féconde, le roi Pierre prit joyeusement sa femme en croupe et rentra ainsi dans Montpellier au milieu de l'ivresse de la population, qui inventa sur-le-champ, à cette occasion, la charmante danse allégorique du chevalet (lou chivalet). Ce succès, ne produisit pas un rapprochement de longue durée entre Pierre et sa femme ; il demanda à la cour de Rome l'annulation de son mariage. Il alléguait le mariage antérieur de Marie avec le comte de Comminges, et Marie tenait ce mariage pour nul à cause des deux alliances précédentes du même comte. Elle se rendit elle-même à Rome et y mourut empoisonnée ; ainsi finit sa triste existence. Peu de temps après, Pierre II alla se faire tuer à la bataille de Muret (1213).
Les Montpelliérains regrettèrent peu Pierre II, qui avait été achever sa vie dans le camp des hérétiques ; mais ils entourèrent de leur amour le roi Jacques, le fils de leur chère Marie, qu'ils avaient eux-mêmes baptisé. Ce baptême avait été singulier : douze cierges pareils, portant les noms des douze apôtres, furent allumés en même temps, celui qui s'éteignit le dernier portait le nom de l'apôtre Jacques.
 
C'est sous le roi Jacques que le roi de France, maître du reste du Languedoc, s'immisça dans les affaires de la seigneurie de Montpellier. L'évêque de Maguelonne fut amené par l'habile Gui Folencis, agent de la reine Blanche de Castille, à reconnaître que la ville de Montpellier et ses dépendances avaient toujours appartenu au roi de France, et, en 1255, il prêta serment de fidélité comme feudataire de la couronne ; de sorte que le roi d'Aragon, vassal de l'évêque de Maguelonne pour Montpellier, se trouva lui-même indirectement soumis à la suzeraineté du roi de France.
Jayme II, second fils de Jayme I°r, lui succéda comme roi de Majorque et seigneur de Montpellier. Plus faible que son père, puisqu'il n'avait que la moitié de ses États, et, d'ailleurs, en rivalité avec son frère, Pierre III, Jayme II n'était pas en état de défendre contre les rois de France sa seigneurie de Montpellier, déjà resserrée entre les sénéchaux de Beaucaire et de Carcassonne, qui s'en disputaient les appels.
Moyennant une rente annuelle de cinq cents livres melgoriennes, Bérenger de Fredol, évêque de Maguelonne, qui avait à se plaindre du roi de Majorque, transféra à Philippe le Bel (1293) tous ses droits temporels sur le fief de Montpelliéret, la seigneurie de Montpellier et la châtellenie de Lattes. Le sénéchal de Beaucaire, Alphonse de Rouvroi, prit possession du Montpelliéret au nom du roi. Le dernier seigneur de Montpellier de la dynastie aragonaise fut Jayme III, pauvre prince qui se vit, d'une part, enlever Majorque et le Roussillon par le roi d'Aragon, son beau-frère, et, d'autre part, fut obligé de vendre Montpellier au roi de France.
 
C'est le 18 avril 1349 que le contrat de vente fut signé. La famille de Jacte resta encore en possession de certains domaines sous le titre de baronnie de Montpellier, auxquels elle ne renonça que sous Charles VI, par une transaction spéciale avec ce prince et Isabelle de Montferrat. Les peuples n'eurent pas à se féliciter de leur passage sous la domination de la couronne de France ; mais désormais c'est à l'histoire générale du Languedoc qu'appartient le récit des exactions des ducs d'Anjou et de Berry sous les rois Charles V et Charles VI et toute la suite.
Si la seigneurie de Montpellier comprenait, au Moyen Age, la plus grande partie du territoire qui forme aujourd'hui le département de l'Hérault, c'est-à-dire à peu près tout le pays situé entre l'Hérault et la Vidourle, ce territoire, pourtant, renfermait encore plusieurs autres fiefs importants : la vicomté de Béziers, celle. de Lodève, le comté de Melgueil, etc.
Parlons d'abord, en deux mots, du comté de Melgueil, à cause des rapports de suzeraineté qui l'unissaient aux premiers seigneurs de Montpellier. Il fut soumis, en 1085, à la suzeraineté du saint-siège, qui délégua d'abord les évêques de Maguelonne pour y surveiller ses intérêts, et qui, sous Innocent III, l'inféoda à ces mêmes évêques moyennant une redevance annuelle.
 
Le comté de Béziers fut établi par Pépin le Bref, qui le donna à Ansemond. En 845, sous Charles le Chauve, le titre de comté fut chassé en celui de vicomté. Bientôt les simples gouvernements se transformant partout en fiefs héréditaires, le vicomte Raynard transmit la vicomté de Béziers à sa fille Adélaïs. Celle-ci, en épousant Boson, vicomte d'Adge (897), réunit les deux fiefs dans une même main. D'abord soumis à la suzeraineté des ducs de Septimanie et des marquis de Gothie, les vicomtes de Béziers passèrent ensuite sous celle des comtes de Toulouse.
 
A plusieurs reprises, l'extinction des mâles laissa cette vicomté à des héritières qui la portèrent d'abord au comte de Carcassonne, et plus tard (1067) au vicomte d'Albi et de Nîmes, Raymond-Bernard. Au siècle suivant, elle fut de nouveau isolée en faveur de Raymond-Trencavel, qui prit part à la seconde croisade. Trencavel s'empara de Carcassonne, mais cette conquête fut pour lui une source de malheurs ; elle le mit en guerre d'abord avec le comte de Barcelone, dont il fut obligé de reconnaître la suzeraineté, puis avec le comte de Toulouse, qui le fit prisonnier et auquel il fut contraint de transporter son hommage.
Il périt assassiné par ses sujets de Béziers, et son fils, Roger II, ne rentra dans cette ville qu'avec l'appui du roi d'Aragon. Cette alliance valut à Roger, comme à son père, l'hostilité du comte de Toulouse, Raymond V, auquel il céda et dont il épousa la fille ; elle lui apportait en dot le comté de Rasez, les châteaux de Bolognier et de Confolens et le pays de Limoux.
 
Un mariage non moins avantageux avec Agnès de Montpellier valut à son fils Raymond-Roger-Trencavel les châteaux de Tourbes et de Pézenas. C'est ce jeune et courageux Raymond-Trencavel qui osa, après la soumission du comte de Toulouse en 1209, tenir tête à lui seul à la croisade catholique contre les Albigeois, ce qui attira sur la ville de Béziers une effroyable catastrophe. Obligé de se réfugier à Carcassonne, il y fut pris. Raymond-Trencavel II, son fils, rentra dans ses domaines en 1224, mais dut se retirer devant Louis VIII.
Enfin, en 1240, le dernier vicomte de Béziers fit une nouvelle tentative armée ; mais, assiégé à Montréal et forcé de capituler, il abandonna à Louis IX tous ses droits moyennant six cents livres de rente. La vicomté de Béziers devint une viguerie royale comprise dans la sénéchaussée de Carcassonne.
Le pays de Lodève ou Lodévois était un comté dès le IXe siècle. Il fut compris, au Xesiècle, dans le marquisat de Gothie sous le titre de vicomté. En 949, on voit deux vicomtes de Lodève, appelés princes du peuple, Eudes et Hildin, jouissant « d'une partie du domaine du Lodévois » sous la suzeraineté du comte de Toulouse. Au milieu du XIe siècle, Nobilie, héritière de la vicomté de Lodève, épousa le vicomte de Carlad ; leur fille Adèle, héritière à son tour, faute de mâles, épousa le vicomte de Millau, Bérenger II, dont le fils aîné, Richard, réunit aux vicomtés de Lodève et de Carlad le comté de Rodez.
Ces réunions de domaines pouvaient faire du Lodévois un fief puissant ; mais les évêques de Lodève ruinèrent son avenir en se faisant céder successivement, par les comtes de Rodez, les comtes de Toulouse et les vicomtes de Béziers tout ce qu'ils possédaient dans leur diocèse. En 1191 donc, l'évêque Raymond-Guillaume était seul seigneur temporel du Lodévois et comptait parmi ses vassaux de riches barons. Après la soumission du Languedoc à la couronne royale, le Lodévois fit partie de la viguerie de Gignac, dans la sénéchaussée de Carcassonne.
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Les departements et leur histoire -L'Ille et Vilaine - 35 -

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(Région Bretagne)
Le chef-lieu du département d'Ille-et-Vilaine a été autrefois la capitale de la Bretagne. Nous allons, à son occasion, tracer une rapide esquisse de l'histoire de cette province ; ce sera évidemment faire en même temps l'histoire du département.
La Bretagne jouit d'une grande renommée. C'est un pays qui attire l'attention, qui impose, qui saisit par le caractère original du sol et des habitants, par sa destinée singulière. Presqu'île poussée au milieu de l'Atlantique par les dernières ramifications des montagnes européennes ; éloignée de tous les foyers de la civilisation antique ; noyée au milieu des brumes de l'Océan aussi bien que cette Cornouailles d'Angleterre, sa soeur, qui lui envoya tant de fois des habitants ; sol de granit qui ne soutient le choc éternel des flots de l'Océan, à son extrémité, que par un indestructible entassement de rochers ; fertile seulement sur ses bords, tout autour, le long de la mer, tandis que le milieu , traversé dans sa longueur par la double chaîne des montagnes Noires et des monts d'Arrée, l'échine de la Bretagne, comme les appellent les paysans bretons, ne renferme guère que ces landes couvertes de genêts et d'ajoncs, qui sont, dans la province, aux terres cultivées comme 27 est à 100. Un moine comparait la Bretagne à la couronne de sa tonsure.
Une population celtique l'occupait avant l'invasion romaine. Elle l'avait nommée, dans sa langue, Armorique, c'est-à-dire pays de la mer. Elle se divisait elle-même en plusieurs peuplades ou cités : Curiosolites, dans le pays où s'élève Dinan ; Diablintes, sur le territoire d'Aleth et Dol, avec une portion de la Normandie ; Rhedones, au confluent de l'Ille et de la Vilaine ; Namnètes, sur la Loire, là où est Nantes ; Lexobiens, dans le pays qu'on appelait Dumnonie (Tréguier et Saint-Brieuc) ; Osismiens, dans le Finistère, où ils avaient fondé Kemper et Léon ; Vénètes, enfin, dans le Morbihan, la cité la plus puissante.
Les cités armoricaines, suivant l'usage celtique, se divisaient en tribus, semblables aux clans d'Écosse, et en familles, dont les chefs étaient comme autant de petits souverains. C'étaient les mactierns et les tierns, dont les dignités subsistèrent jusqu'au XIe siècle. Une assemblée et un tribunal, composé des principaux membres de la tribu , décidaient les affaires et les causes importantes. Dans les circonstances difficiles, seulement, les cités armoricaines, comme les peuples de la Grande-Bretagne, élisaient un penteyrn oubrenhin.
L'Armorique avait une grande importance dans le monde celtique. Elle était pour la Gaule le sanctuaire sombre et redouté du druidisme, dont les monuments mystérieux et étranges couvrent son sol encore aujourd'hui. Des relations fréquentes la rattachaient à la Grande-Bretagne, métropole, en quelque sorte, du druidisme.
César ne soumit pas sans difficulté l'Armorique. Elle fournit 36 000 combattants à l'armée de 266 000 hommes que la Gaule opposa au conquérant. Elle parut d'abord se soumettre dès la simple apparition du lieutenant Crassus. Mais, l'hiver suivant, tandis que César était en Italie , les cités armoricaines se coalisèrent, refusèrent les vivres sur lesquels comptaient les légions et se révoltèrent. César accourut et triompha par son génie , malgré les efforts des Vénètes, réfugiés sur leurs énormes vaisseaux.
Les Romains occupèrent fortement l'Armorique, en établissant des garnisons à Léon, à Kemper, à Carhaix, et même dans les solitudes des monts d'Arrée. Ils la firent entrer dans la IIIe Lyonnaise, et ne cessèrent point de lutter contre l'esprit d'indépendance des habitants, surtout contre la religion druidique, qui était l'âme de la résistance.
Jamais ils n'en purent triompher complètement, et aussitôt que l'ébranlement de leur empire offrit à l'Armorique quelque espoir de reconquérir cette indépendance, elle le saisit. Dès l'année 284, elle reçoit dans son sein une émigration venue de la Bretagne ; une autre en 364 ; une troisième en 383, lorsque Maxime se fit proclamer empereur dans la Grande-Bretagne. Maxime nomma gouverneur de l'Armorique un de ses lieutenants, Mériadec, qui prit part à ses victoires, et qui, après sa chute, attira sur le continent les Bretons qui avaient servi la cause malheureuse de l'usurpateur.
Théodose, pour se concilier les chefs de l'Armorique , confirma la distribution de terres faites par lui aux Bretons fugitifs, qui furent appelés Bretons Lètes : et ce nom a été transporté à la Bretagne par certains auteurs, qui l'ont surnommée pays de Létanie. L'invasion barbare du commencement du Ve siècle servit de signal à l'Armorique et à la Bretagne pour se révolter de concert, vers 409, et pour reprendre leur ancienne organisation, ce que Zosime exprime par ces mots : « S'érigèrent en république. » Un peu plus tard, en 418, les Bretons, incapables de défendre seuls cette indépendance reconquise, et forcés de fuir devant les incursions des Pictes et des Scots, émigrèrent chez les Armoricains. Ceux-ci accueillirent avec bienveillance cette invasion amie, et c'est de ce moment que leur pays prit le nom de Bretagne, tandis que l'île qui l'avait porté jusque-là reçut bientôt après celui d'Angleterre, d'une des populations nouvelles, les Angles, qui s'y établirent.
L'empire romain n'avait pu déraciner la religion druidique ; quand il tomba, des collèges de druides existaient encore en Bretagne. Mais là, comme partout ailleurs, il avait servi d'introducteur au christianisme, qui allait triompher de ce qui avait résisté aux efforts du polythéisme romain.
Dès la fin du IIIe siècle après J.-C., saint Clair prêchait en Armorique. L'Évangile trouvait alors plus d'obstacles chez les magistrats romains que chez les druides ; la chute de l'empire, au lieu d'arrêter ses progrès, ne fit donc que les aider dans la Bretagne. Des collèges druidiques devinrent des couvents, et des archidruides devinrent des évêques. L'Église, au reste, avait l'habileté de faire les plus larges concessions à l'opiniâtreté religieuse des peuples conquis, et ce ne fut que longtemps après qu'elle se montra sévère contre les superstitions introduites par eux dans son dogme ou dans ses pratiques au VIIesiècle ; le concile de Nantes ordonna de briser les pierres et d'arracher les arbres autour desquels les paysans se rassemblaient encore dans un but d'idolâtrie.
Délivrée de l'empire romain, l'Armorique, que nous appellerons désormais Bretagne, eut à se défendre contre les barbares : Alains, Wisigoths, Francs, l'attaquèrent tour à tour ; tantôt elle fut envahie, tantôt elle repoussa les agresseurs et les poursuivit jusque sur leur territoire. Les principaux défenseurs du pays sortirent de la Cornouailles , sans que cette partie de la Bretagne établit pourtant sa supériorité sur les autres. La péninsule était une sorte d'Heptarchie formée des pays d'Aleth, de Tréguier, de Goëllo, de Léon, de Cornouailles , de Vannes.
 
Le grand choc de l'invasion barbare avait porté aussi bien sur les Bretons de l'île que sur ceux de la péninsule. Ceux qui n'avaient pas émigré auparavant, devant les attaques des Pictes et des Scots, émigrèrent cette fois devant les Saxons, après avoir longtemps résisté. Le héros de cette résistance nationale fut Arthur, que la tradition fait sortir de son île et voyager dans la Bretagne continentale ; Arthur toujours attendu par les Bretons et si célèbre au moyen âge avec la Table ronde.
L'est de la Bretagne fut seul soumis par les Francs. Clotaire Ier occupait Rennes, Nantes, Aleth, et imposait sa suzeraineté même au comte de Léon. Chilpéric, son successeur, recevait un tribut du comte de Vannes. La diversion produite par les guerres de la Neustrie et de l'Austrasie délivra la Bretagne, et Charlemagne eut à la reconquérir. Ce n'est que par trois expéditions, dont la dernière surtout fut considérable, qu'il y réussit ; conquête fort imparfaite, puisqu'il n'inscrivit pas la Bretagne dans son dernier testament.
A peine fut-il mort, que les Bretons proclamèrent de nouveau leur indépendance, et tentèrent de se donner de l'unité en nommant roi un de leurs mactierns, Jarnithin. Jarnithin n'eut point de successeur immédiat, quoiqu'il eût deux fils, ce qui prouve le peu de consistance de cette royauté non héréditaire. Morvan, comte de Léon et de Cornouailles, qui fut élu roi en 818, est resté populaire à cause de sa lutte contre Louis le Débonnaire. Il tomba sous la francisque, comme dit le poète chroniqueur de l'époque, et les Francs pénétrèrent dans les épaisses forêts de la Bretagne.
Nouvelle révolte sous Wiomarch, successeur de Morvan, et comblé en vain des présents de l'empereur. Enfin Louis le Débonnaire donna le gouvernement de la Bretagne à Noménoë, qu'il avait précédemment nommé comte de Vannes, et ce Noménoë servit avec plus d'habileté que les Bretons eux-mêmes la cause de l'indépendance bretonne, en faisant de sa vie deux parts : tant que vécut Louis le Débonnaire, il lui resta fidèle et ne se servit de l'autorité qu'il avait reçue que pour donner force et unité au pays par une bonne administration ; puis, Louis mort, il se considéra comme dégagé du serment qu'il lui avait prêté, et, prenant le titre de roi, il affranchit de la domination de Charles le Chauve la Bretagne devenue redoutable.
Le petit-fils de Charlemagne, battu sur les bords de la Vilaine, se retira (845). Ses successeurs ne furent pas sans faire de nouvelles tentatives : elles n'eurent point de succès, et, ce qu'ils purent faire de mieux, ce fut de ramener indirectement la Bretagne sous leur dépendance. Charles le Simple, en effet, donna la suzeraineté des terres bretonnes à Rollon, devenu son vassal comme duc de Normandie, en 912. Les patriotes bretons ne veulent point, il est vrai, que ce mot terres bretonnes désigne, dans le traité de Saint-Clair-sur-Epte, la Bretagne, mais seulement le pays d'Avranches, de Coutances, et quelques districts des comtés de Rennes et de Nantes, conquis par les rois francs.
Cette opinion, appuyée sur de graves autorités, est très probable. Mais ce qui est aussi très certain, c'est que cette extension du mot terres bretonnes à toute la Bretagne eut lieu de fort bonne heure, puisque les rois d'Angleterre et les rois de France se considérèrent successivement comme suzerains de la Bretagne, par l'intermédiaire du duché de Normandie.
Arrière-fief de la France, la Bretagne le devint de l'Angleterre après la conquête de ce pays par les Normands, et le redevint de la France après la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste. L'hommage que prêtaient les ducs de Bretagne n'était point lige, comme le fit si bien entendre le duc François II à Louis XI : « Monseigneur, tel hommage que mes prédécesseurs vous ont fait, je vous le fais, mais ne l'entends et ne vous le fais point lige. »
Les descendants de Noménoë régnèrent jusqu'en 874. Le dernier fut Salomon III. Ils avaient été sans cesse inquiétés par les Normands, contre lesquels plusieurs d'entre eux avaient lutté avec énergie.
Alain Barbe-Torte, héritier, par les femmes, des souverains précédents, donna naissance à une dynastie nouvelle. Constance, fille de Conan IV, porta ensuite le duché aux Plantagenets, par son mariage avec Geoffroy, troisième fils de Henri II (1164) ; puis, les Plantagenets s'étant éteints en Bretagne avec Arthur, que son oncle Jean sans Terre fit périr, l'héritière Alix épousa Pierre de Dreux, petit-fils de Louis le Gros par une branche cadette (1212), et de Pierre de Dreux sortit la dynastie qui eut pour derniers représentants les derniers souverains de Bretagne, François II et Anne , qui épousa Charles VIII.
Dans cet intervalle prit place la rivalité de Charles de Blois et de Jean de Montfort, épisode considérable de la guerre de Cent ans. Ce sanglant débat, qui livra longtemps la Bretagne à l'influence anglaise, eut pour cause une question de succession en ligne collatérale. Jeanne de Penthièvre avait des droits supérieurs à ceux de Monfort ; mais celui-ci prétendait la précéder en sa qualité de mâle, en quoi il méconnaissait le caractère féodal du duché de Bretagne, où les femmes ont toujours succédé.
La plupart des grands seigneurs féodaux ont réussi, au moyen âge, aussi bien que les rois, à réduire leurs vassaux. Les ducs de Bretagne commencèrent leur tâche de très bonne heure et y travaillèrent avec beaucoup d'énergie et d'habileté. Main Barbe-Torte et ses successeurs agrandirent le domaine ducal des comtés de Rennes, de Nantes, de Cornouailles, de Léon, de Vannes ; Pierre de Dreux entra en lutte ouverte avec le clergé et la noblesse de Bretagne et remporta une victoire signalée.
L'autorité des ducs fut depuis ce temps presque absolue, réserve faite toutefois de la large part d'indépendance revendiquée et retenue sans cesse par les illustres familles bretonnes. Contre celles-ci, les ducs s'appuyèrent quelquefois sur la bourgeoisie : Conan III affranchit plusieurs communes.
Cependant, si l'on excepte Morlaix et Saint-Malo, les municipalités bretonnes eurent rarement le caractère démocratique et révolutionnaire des communes du nord-est de la France. Le tiers état fut admis dans l'assemblée des états de la province, à peu près dans le même temps qu'en France dans l'assemblée des états généraux ; ce qui montre avec quel ensemble ce progrès s'accomplissait dans toutes les parties de notre pays. C'est à l'assemblée de Ploërmel, en 1309, que parurent pour la première fois les députés du tiers état breton.
Les législateurs de la Bretagne sont Hoël le Grand , à qui remonte le droit coutumier de la province, Jean II et Jean III, qui fit réunir toutes les coutumes du pays avec des emprunts aux Établissements de saint Louis. Divers pays avaient, en outre, leurs usances particulières.
L'éloignement de ce département du coeur du pays l'a préservé des commotions violentes qui ont agité la France en 1870-.1871. Toutefois, ses enfants n'ont pas été les derniers à verser leur sang pour la patrie en danger, et les mobiles d'Ille-et-Vilaine ont glorieusement pris part aux combats livrés, sous les murs de Paris, contre l'ennemi commun.
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[size=24]Les départements et leur histoire - L'Indre - 36 -

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(Région Centre)

Le département de l'Indre, formé de la partie de l'ancienne province du Berry connue sous le nom de bas Berry, a, dans ses premières origines surtout, une histoire commune avec celle du département du Cher, dont la reproduction ici ferait double emploi, et à laquelle nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui tiendront à avoir des notions plus complètes et plus détaillées sur les annales de la contrée.

Les Romains trouvèrent ce pays occupé par les Bituriges, nation nombreuse et florissante, possédant des villes importantes, parmi lesquelles Issoudun, dont le nom est d'origine toute celtique, est une de celles dont nous aurons à parler. Quelques vestiges de monuments mégalithiques, des traces mieux conservées d'ouvrages romains, guident et éclairent les recherches de l'historien pour ces périodes reculées. On sait que sous Auguste le pays des Bituriges fut compris dans l'Aquitaine, dont Bourges, sous le nom d'Avaricum, devint la capitale.

Entre la domination romaine et l'établissement de la monarchie franque, deux grands faits viennent se placer : l'apparition du christianisme vers le milieu du IIIe siècle, les premières prédications de saint Ursin et la désastreuse invasion des Wisigoths, qui ne furent chassés qu'en 511 par Clovis, vainqueur de leur chef Alaric dans la sanglante bataille de Vouglé.

La période mérovingienne est pleine d'incertitude et d'obscurité en ce qui concerne le Berry. Lors du partage du royaume des Francs entre les enfants de Clovis, le pays de Bourges, dont faisait sans doute partie notre département de l'Indre, fut englobé dans les dépendances du royaume d'Orléans ; il passa ensuite aux ducs d'Aquitaine, et eut sa part de dévastations et de calamités dans la vengeance que tira le roi Pépin de la révolte de Waïfre, l'un d'eux.

Charlemagne rattacha définitivement le Berry à la couronne de France. De son organisation administrative datent les comtes de Berry, dont le pouvoir, centralisé et respecté sous son règne, s'éparpilla, sous celui de ses successeurs, aux mains de seigneurs locaux qui, pour la plupart, suivirent la fortune des comtes de Poitou, qu'ils reconnurent comme suzerains, tout en se réservant une indépendance à peu près complète. Nous suivrons, dans l'histoire spéciale des villes, les développements de quelques-unes de ces familles féodales ; aucune d'elles n'acquit une importance aussi générale sur la contrée qui nous occupe que celle des princes de Déols. Ils avaient la prétention de descendre d'un Léocade, sénateur des Gaules, qui protégea l'établissement du christianisme dans le Berry au IIIe siècle ; à l'époque où nous sommes arrivés, c'est-à-dire sous les premiers successeurs de Charlemagne, le chef de cette illustre maison était Laune, et son frère Géronce occupait le siège archiépiscopal de Bourges.

Son petit-fils, Ebbe ou Ebbon, surnommé l'Ancien et le Noble, fonda, de concert avec sa femme Hildegarde, la célèbre abbaye de Déols. Les fiefs qui dépendaient de la principauté de Déols étaient nombreux et considérables ; on en comptait 168 principaux, au nombre desquels figuraient les villes de Châteauroux, Issoudun, Saint-Gaultier, Saint-Chartier, La Châtre, Argenton, Clais, etc. Celte nomenclature suffit à démontrer quels étroits rapports rattachent l'histoire du bas Berry tout entier à celle des princes de Déols.

En 935, l'invasion hongroise pénètre jusque dans les provinces centrales de la France ; Ebbe l'Ancien réunit ses vassaux, en forme une armée, à la tête de laquelle il poursuit l'ennemi, l'atteint et le bat à Châtillon-sur-Indre. Il veut consolider ses succès par une nouvelle victoire ; il rejoint encore les Hongrois à Loches ; mais, trahi par son ardeur, il est blessé mortellement, et expire à Orléans, où l'église de Saint-Aignan reçoit sa noble dépouille.

Raoul le Large, fils d'Ebbe l'Ancien, jette les fondements de la ville de Châteauroux ; il fortifie la ville construite, lui donne son nom, Château-Raoul, en fait la capitale de sa principauté, abandonnant l'ancien bourg de Déols à l'abbaye qu'y avaient fondée ses ancêtres. Il meurt en 952.

Les craintes superstitieuses, qui, aux approches de l'an 1000, donnèrent une essor si prodigieux aux fondations religieuses, eurent aussi leur influence sur la pieuse famille de Déols : Raoul IV (Thibaut) avait précédé la première croisade ; il avait revêtu l'habit de pèlerin, avait visité Jérusalem et était mort à Antioche ; plus tard, Ébrard de Vatan se fit pour le Berry l'écho de la voix de Pierre l'Ermite, et le prince de Déols prit part, avec un grand nombre de ses vassaux, à l'expédition de 1099.

Ce dévouement chevaleresque n'est pas le seul gage que donnaient ces puissants seigneurs des sentiments religieux qui animaient leur famille. Dès les premiers temps de la fondation de l'ordre de Saint-Benoît, des moines avaient été appelés, et leur établissement dans le bas Berry puissamment encouragé ; ils y avaient fondé, vers la fin du VIIe siècle, les monastères de Saint-Cyranen-Brenne et de Méobec ; celui de Saint-Genou, en 828 ; de Déols, en 917 ; d'Issoudun, en 947, et de Saint-Gildas, quelques années plus tard.

Il ne reste aujourd'hui que de bien rares vestiges de ces riches et antiques établissements ; mais la sainte et laborieuse milice a laissé des monuments plus utiles et plus durables de son passage ; ce sont des marais assainis, des routes tracées, des forêts défrichées, de vastes étendues de terrain livrées à la culture, de nombreux villages créés, le joug de la féodalité rendu plus léger, les mœurs adoucies, les traditions de l'art et de la science antique renouées et la civilisation moderne préparée.

Pendant les deux siècles que nous venons de parcourir, nous avons marqué la part qui revient à la maison de Déols dans le bien qui s'est fait ; l'heure de son extinction allait arriver, et nous avons le regret de ne pas pouvoir ajouter à ses titres de gloire le plus grand bienfait que les vassaux pussent recevoir alors de leurs seigneurs, avec la paix : l'affranchissement. C'est sans doute à la douceur de la domination des Déols faisant la liberté moins indispensable et moins réclamée, qu'il faut attribuer cette lacune que nous regrettons : l'absence, dans le bas Berry, de toute charte communale à une époque où tant de villes en France avaient les leurs.

En 1176, Raoul VI, dernier sire de Déols, meurt au retour de la croisade ; sa fille unique, Denise, devient maîtresse de ses immenses possessions. C'était au plus fort de la lutte entre Philippe-Auguste et Henri II, roi d'Angleterre. Denise était la nièce du prince anglais ; celui-ci, auquel l'alliance d'Éléonore de Guyenne avait livré déjà presque tout l'ouest de la France, ne laissa point échapper une occasion si favorable d'étendre son influence sur les provinces centrales du royaume ; il se présenta donc comme le protecteur naturel de la jeune orpheline, et, secondé par son fils, Richard Coeur de Lion, alors comte de Poitiers, il s'empara des villes de Châteauroux et de Déols, et mit garnison dans tous les autres châteaux et forteresses de la principauté, Boussac et Châteaumeillant exceptés.

Philippe-Auguste ne pouvait voir avec indifférence une semblable extension de la puissance anglaise ; il prétexte la revendication du Vexin injustement retenu par Henri, le refus du serment d'hommage que lui doit Richard pour son comté de Poitou, et, à la tête d'une puissante armée, il marche sur le bas Berry. Issoudun et Graçay tombent en son pouvoir ; les campagnes de la terre déoloise sont ravagées, le siège est mis devant Châteauroux, les deux armées ennemies se sont rejointes et sont au moment d'en venir aux mains, quand une trêve est conclue par l'intermédiaire des légats du pape ; Philippe se retire, ne gardant qu'Issoudun comme garantie des promesses faites par le roi d'Angleterre.

Cette trêve ne pouvait être de longue durée, car aucune des difficultés de la situation n'était résolue ; aussi, en 1189, sur le bruit d'un mariage projeté entre Denise de Déols et André de Chauvigny, l'un des barons du Poitou les plus dévoués aux Anglais, Philippe, prétextant cette fois une expédition de Richard dans le Midi, faite contre le texte des traités, revient sur le Berry, surprend la province sans défense, s'empare de Châteauroux, Buzançais, Argenton, soumet tout le pays et pénètre dans l'Auvergne, menaçant de ce point central et élevé les possessions anglaises de l'Ouest et du Midi.

Cette marche victorieuse eût sans doute assuré la domination française dans tout le Berry, si la question ne se fût compliquée alors de luttes moins heureuses sur d'autres points ; Philippe transigea et accepta de Henri mourant un traité, ratifié ensuite par Richard, son successeur, en vertu duquel il ne restait en possession quo d'Issoudun et de Graçay.

Six ans plus tard, une autre convention, survenue à la suite d'une nouvelle intervention de Philippe, accouru au secours du bas Berry, que ravageait Mercadier, chef de routiers à la solde de Richard, modifia encore l'état politique de la province : le roi d'Angleterre consentit à faire sa soumission et à rendre hommage au roi de France comme comte de Poitou ; mais la terre de Déols continua à relever du prince anglais en sa qualité de duc d'Aquitaine, et les villes d'Issoudun et de Graçay lui furent remises et restèrent en sa possession jusqu'en 1200, époque à laquelle elles furent données en dot à Blanche, nièce du roi Jean sans Terre et femme de Louis, fils de Philippe-Auguste.

Les événements si précipités de cette courte période peuvent donner une idée des vicissitudes auxquelles furent en butte nos malheureuses provinces du centre, incessamment froissées dans la lutte si acharnée et si longue de l'Angleterre et de la France ; les rivalités féodales devaient encore venir apporter de nouveaux éléments de troubles et de discordes à ces déplorables déchirements.

L'espèce d'unité intérieure maintenue dans le bas Berry par la prépondérance des princes de Déols reçut une grave atteinte à l'extinction de cette illustre maison. Son unique rejeton, Denise, avait épousé le baron de Chauvigny, qui devint la souche d'une nouvelle dynastie, celle des comtes de Châteauroux, titre qu'ils empruntèrent à la capitale de leurs domaines. Cette famille conserva pendant plus de trois siècles, de 1189 à 1505, une puissance moins étendue, plus contestée que celle des Déols, mais illustrée souvent par les exploits de ses membres, et dans les archives de laquelle il faut encore chercher les épisodes les plus notables de l'histoire du bas Berry.

 
Le XIIIe siècle, moins agité, pour notre province, par les événements extérieurs que les siècles précédents et que ceux qui suivirent, se signale surtout par l'affranchissement des communes. L'octroi des chartes était le gage que donnaient les princes aux villes pour s'assurer de leur dévouement et de leur fidélité ; c'était souvent aussi le prix dont ils payaient les sacrifices extraordinaires qu'ils leur imposaient.

Cette politique, appliquée ailleurs depuis longtemps déjà, ne fut importée dans le bas Berry qu'en 1208. Châteauroux fut la première ville à qui semblable faveur fut accordée ; l'exemple gagna bientôt le reste du pays, où chaque seigneur affranchit peu à peu, sans secousses, les serfs de ses domaines ; l'influence royale y poussait de tous ses efforts, sentant tout ce qu'elle avait à gagner à cet amoindrissement de la puissance féodale. On sait, d'ailleurs, que cette époque correspond au règne de rois fermes et résolus dont on sent la politique réagir même à distance sans que l'historien trouve toujours des témoignages palpables de son intervention.

Ici, cependant, nous pouvons produire un fait à l'appui de nos suppositions. Un des droits seigneuriaux les plus importants était celui qu'avaient conservé les comtes de Châteauroux, de battre monnaie ; un pareil privilège, qui abandonnait aux mains d'un homme ou d'une famille un élément aussi essentiel de la fortune publique, était un invincible obstacle à tout essor de l'industrie, à tout développement des transactions commerciales ; aussi voit-on coïncider avec les premiers temps de l'émancipation les premiers murmures contre l'altération de la monnaie, qu'on reprochait aux sires de Chauvigny ; la bourgeoisie, trop timide encore pour articuler ses griefs, laisse la parole à la noblesse et au clergé, qui en appellent au roi de France, et, après de longues réclamations, intervient enfin une déclaration portant la date de décembre 1316, et par laquelle Guillaume III de Chauvigny s'oblige à ne plus émettre de monnaie pendant sa vie et à interdire le droit d'en frapper à ses héritiers pendant les vingt-neuf années qui suivront sa mort.

Ce qu'il y a de plus curieux dans le fait, c'est qu'il se passait pendant que Philippe le Bel, pour alimenter le trésor royal, avait recours à ce même moyen, qu'on interdisait à son vassal, pour augmenter ses richesses féodales, comme si l'instinct public eût compris que la nécessité du temps justifiait pour l'un ce qu'elle défendait à l'autre. Voici, du reste, une preuve plus significative encore des progrès accomplis, dans ce sens, pendant le cours du XIIIe siècle. Ce même Guillaume III de Chauvigny avait commis une violence sur un domaine du seigneur de Culant ; celui-ci porta plainte devant le roi, qui, la cause entendue, condamna Guillaume à une amende ; sur son refus de l'acquitter, il fut saisi et enfermé dans la tour d'Issoudun.

Ces tendances vers l'établissement et la constitution d'une monarchie française forte et puissante furent arrêtées, au XIVe et au XVe siècle, par le réveil des prétentions anglaises et les guerres qu'elles entraînèrent, compliquées encore de la sanglante querelle des Armagnacs et des Bourguignons. A la mort de Charles le Bel, en 1328, la question de succession à la couronne de France divisa la noblesse du bas Berry. Le vicomte de Bresse, fils du baron de Châteauroux, prit parti pour Philippe de Valois ; Robert de Mehun embrassa la cause d'Édouard, roi d'Angleterre ; le prince de Galles s'avança au secours de son champion, dévasta les domaines du sire de Châteauroux et brûla sa capitale.

La guerre eut pour les deux partis des alternatives de revers et de succès : tantôt, comme en 1356, les Chauvigny, toujours fidèles à la cause française, prirent l'offensive en Guyenne sous la bannière de Du Guesclin ; tantôt ils durent défendre pied à pied leurs domaines, sur lesquels faisaient irruption les masses anglaises, comme autrefois les hordes des barbares du nord ; l'histoire de ces temps malheureux n'est qu'un long récit de guerres ruineuses, de prises et reprises de villes et de châteaux.

Un des épisodes dont les traditions locales ont gardé le souvenir est l'héroïsme d'un Guillaume de Brabançois, seigneur de Sarzay, qui, au milieu même des triomphes des Anglais, alors qu'ils occupaient les forteresses de Briantes, du Chassin et du Lis, sans autres forces qu'une petite troupe de quarante lances, se mit en campagne, s'empara de la ville de La Châtre, en 1360, et fit face à l'ennemi partout où il put le rencontrer.

Ces massacres et ces dévastations se continuèrent presque sans interruption dans la contrée qui forme le département de l'Indre, jusqu'au triomphe définitif de Charles VII sur les Anglais et à la mort du dernier duc de Bourgogne ; le siège d'Issoudun, l'incendie de ses faubourgs et le sac de Buzançais, dont nous aurons ailleurs occasion de parler, appartiennent à la dernière période de cette époque désastreuse.

A l'exception de quelques fautes dont la responsabilité appartient aux mœurs du temps plus encore peut-être qu'au caractère des hommes, on a vu l'illustre famille de Chauvigny conserver intact et glorieux l'héritage que lui avaient légué les Déols. Sa constante fidélité à la fortune de la France était alors un mérite assez rare pour qu'on songeât à le récompenser.

Charles VIII acquitta la dette de ses prédécesseurs ; le bas Berry fut érigé en comté en faveur d'André de Chauvigny ; l'acte est daté de 1497. Le nouveau comte de Berry ne jouit pas longtemps de son titre ; il suivit le roi dans ses campagnes d'Italie, eut occasion de lui rendre de signalés services, se distingua particulièrement à la bataille de Fornoue, et mourut en 1502 sans laisser d'enfant. En lui s'éteignit une des maisons les plus anciennes et les plus puissantes de la vieille noblesse française ; avant de traverser trois siècles de notre histoire, comme comtes de Châteauroux, les Chauvigny du Poitou avaient déjà une illustration ancienne et méritée, et les guerres des croisades avaient rendu fameux leur cri de guerre, devant lequel avaient souvent fui les Sarrasins : « Chauvigny ! chevaliers pleuvent ! »

La veuve d'André se maria en 1505 à Louis de Bourbon de La Roche-sur-Yon ; son premier époux l'avait instituée son héritière ; mais les sires de Maillé, descendants du côté paternel du sire de Chauvigny, attaquèrent le testament, qui les frustrait des immenses domaines du comté de Châteauroux ; il survint une transaction en 1519, par laquelle le sieur de Maillé fut reconnu possesseur des seigneuries de Châteauroux, La Châtre et d'autres terres situées sur le comté de la Marche, et les seigneurs et dames de La Roche-sur-Yon restèrent propriétaires des terres du Châtelet, Cluis-Dessous, Neuvy-Saint-Sépulchre, Aigurande, et tout ce qui était assis en la prévôté et ressort d'Issoudun.

Avant d'entrer dans l'époque moderne, jetons un regard sur les monuments élevés dans l'intervalle qui sépara le XIe siècle du XVe, que nous touchons. Nous ne disons rien ici ni des églises ni des châteaux forts dont la fondation se rattache à l'histoire particulière des villes ; ce seront bien souvent des ruines qu'auront à nous offrir les souvenirs de la féodalité : les donjons des vieux manoirs, les remparts des villes autrefois fortifiées ont eu à combattre le double assaut du temps et de la grande Révolution ; mais le Berry offre encore en assez grand nombre les restes plus ou moins bien conservés d'établissements religieux qu'il dut à la dévote munificence de ses principaux seigneurs et parmi lesquels nous devons mentionner : l'abbaye de Miseray, près de Buzançais, fondée au XIe siècle ; celle de Fontgombault, qui date de 1091 ; de Puy-Ferrand, dont il est fait mention en 1145 ; de Landèse, construite en 1115 par les sires de Buzançais, qui y étaient inhumés ; de La Prée, élevée vers 1128 par Raoul, seigneur d'Issoudun, de Barzelle et de Varennes, bâties, la première en 1137, l'autre, vers 1155 ; ces quatre dernières dépendant de l'ordre de Cîteaux ; ajoutons le monastère de Buxière, communauté de femmes dont la création remonte à 1140, et les deux établissements de cordeliers : celui de Châteauroux, oeuvre de Guillaume Ier de Chauvigny en 1213, qui contenait les tombeaux de la plupart des seigneurs de Châteauroux, des familles de Chauvigny et d'Aumont ; et celui d'Argenton, qui ne date que de 1459.

Depuis la fin du règne de Charles VII jusqu'aux premières guerres de la Réforme, pendant tout un siècle, la paix répara les désastres des périodes précédentes : bien des ruines furent relevées, un champ vaste et fécond s'ouvrit à l'activité humaine ; l'art décora les villes ; l'agriculture enrichit les campagnes ; cette époque fut pour notre pauvre Berry, plus que pour beaucoup d'autres contrées, le siècle de la Renaissance ; mais dans l'histoire de la France le calme est presque l'exception, et la guerre l'état normal.

De nouveaux orages s'amoncelaient : de l'est, de l'ouest, du midi, la réforme religieuse pénétrait jusqu'aux régions les plus centrales ; la guerre répondait aux persécutions ; le Berry ne resta pas à l'abri de ses fléaux. Issoudun fut assiégée, en 1562, par les huguenots, qui l'auraient prise sans le secours que prêta le sieur de Sarzay à la cause catholique ; Saint-Benoît-du-Sault fut occupé l'année suivante par les troupes protestantes ; plusieurs autres villes de la contrée eurent le même sort.

La colère des vainqueurs s'exerça particulièrement sur les églises et les monastères ; la guerre toutefois n'y eut point le caractère de barbarie et d'acharnement qu'on a ailleurs à déplorer trop souvent, et la pacification du bas Berry fut plus prompte et plus facile que celle des provinces voisines. Une autre guerre moins sanglante divisait alors les grandes familles du pays. L'héritage des Chauvigny, partagé entre les Maillé et les Aumont, était l'objet des rivalités les plus ardentes. Les deux compétiteurs se disputaient et s'arrogeaient en même temps le titre de comtes de Châteauroux ; aux contestations, aux réclamations avaient succédé les procès ; et l'issue de la lutte était incertaine, lorsque, en 1612 et 1613, le prince Henri de Bourbon-Condé obtint des deux maisons l'abandon de leurs prétentions respectives contre une somme de 435 000 livres, équivalant à près de deux millions de notre monnaie.

Cet avènement d'un prince de sang royal à la suzeraineté du Berry eut pour le pays les conséquences les plus fâcheuses : la Fronde, cette dernière révolte de la féodalité expirante, s'organisait ; Condé, par sa nouvelle position, eut le crédit d'entraîner dans cette cause, perdue d'avance, une partie de la noblesse de la province, et y attira toutes les calamités de la guerre civile. Un seigneur de Vatan, plus obstiné que les autres, se retira dans son château, s'y fortifia et ne voulut plus reconnaître l'autorité du roi ; il paya de sa tête son intempestive et téméraire rébellion.

Le pays avait souffert ; quelques nobles d'un rang secondaire avaient été punis ; Condé, l'instigateur principal de la révolte, en fut quitte pour quelques années de disgrâce et de prison ; ce qui toutefois n'empêcha pas, en 1616, l'érection de la terre de Châteauroux en duché-pairie, comme entrée dans la possession d'un prince du sang, et cela malgré les protestations d'Issoudun, qui voyait soustraire ainsi à la juridiction de son bailliage un grand nombre de sièges de justices inférieures. Châteauroux eut alors dans son ressort, outre les nombreux fiefs démembrés des bailliages d'Issoudun, de Montmorillon, même de Blois, les villes de La Châtre, Lignières, Levroux, Buzançais, Mézières-en-Brenne, Le Blanc, Argenton, Aigurande ; et on n'appelait des sentences du bailli de Châteauroux qu'au parlement de Paris.

Depuis la Fronde jusqu'à la Révolution de 1789, le bas Berry ne fut le théâtre d'aucun événement qui mérite une mention particulière ; le duché de Châteauroux resta dans la maison de Condé jusqu'en 1735, époque à laquelle Louis XV en fit acquisition au prix de 2 700 000 livres, pour l'offrir à sa belle maîtresse, Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle, qui prit dès lors et a gardé dans l'histoire le nom de duchesse de Châteauroux. Cette dame étant morte quelque temps après avoir pris possession du royal présent, la terre retourna à la couronne et constitua plus tard une partie de l'apanage d'un des frères de Louis XVI, le comte d'Artois, qui depuis fut le roi Charles X.

Sous l'ancienne monarchie, le bas Berry dépendait de la généralité de Bourges pour les finances et l'administration ; il formait quatre élections ; celles de Châteauroux, La Châtre, Le Blanc et Issoudun ; l'organisation actuelle a conservé ces divisions ; elle a seulement emprunté pour la formation du département de l'Indre quelques communes qui appartenaient à l'ancienne province de la Marche, telles que Saint-Benoît, Belâbre et quelques villages du même canton. Pour les affaires militaires, le bas Berry faisait partie du gouvernement du Berry ; nous avons vu que, pour la justice, Châteauroux avait hérité d'une grande part dans l'ancienne clientèle d'Issoudun ; ce qui était resté attribué aux bailliages d'Issoudun et de Bourges allait en appel, comme les sentences de Châteauroux, au parlement de Paris.

La Révolution française ne rencontra dans le bas Berry aucune opposition sérieuse ; les habitants subirent sans murmurer toutes ses conséquences, même les longues guerres de l'Empire, et, en 1815, nous voyons fraternellement accueillis sur les bords de l'Indre ces héroïques débris de nos vieilles phalanges républicaines et impériales qu'ailleurs il était de mode alors d'insulter et d'appeler les brigands de la Loire.

Le Berry est au XIXe siècle plus connu que l'Écosse après les romans de Walter Scott ; qui n'a suivi l'auteur de Mauprat et du Champi dans ses ravissantes explorations ? Quelle est la cime qui reste à franchir ? quel est le ravin que nous n'ayons pas traversé, le ruisseau au bord duquel nous ne nous soyons pas assis ? Êtres vivants ou objets inanimés, grâces pittoresques du costume, pensées intimes du coeur, quel coin du tableau est resté sans relief et sans lumière sous le pinceau du maître ? Que reste-t-il à décrire quand George Sand a raconté ?





La suite un autre jour!!! bonne après midi 1   Ninnenne     
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Les départements-(histoire)-Gironde+Hérault
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