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MessageSujet: Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique,   Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, Icon_minitimeSam 15 Nov - 13:59

Les départements et leur histoire - Loire - 42 -

Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, 06c7da0a
(Région Rhône-Alpes)
 
L'auteur de l'Astrée décrit ainsi le pays anciennement habité par les Ségusiens : « Auprès de l'ancienne ville de Lyon, du costé du soleil couchant, il y a un pays nommé Forests ; qui, en sa petitesse, contient ce qui est de plus rare au reste des Gaules ; car, estant divisé en plaines et en montagnes, les unes et les autres sont si fertiles et situées en un air si tempéré, que la terre y est capable de tout ce que peut désirer le laboureur.
« Au coeur du pays est le plus beau de la plaine, ceinte, comme d'une forte muraille, de monts assez voisins, et arrousée du fleuve de Loire, qui, prenant sa source assez près de là, passe presque par le milieu, non point encore enflé et orgueilleux, mais doux et paisible. Plusieurs. autres ruisseaux en divers lieux la vont baignant de leurs claires ondes ; mais l'un des plus beaux est Lignon, qui, vagabond en son cours aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervières et de Chalmazel, jusques à Peurs, où Loire le recevant et lui faisant perdre son nom propre l'emporte pour tribut à l'Océan. » Alliés, sous Vercingétorix, des Éduens (Autunois) leurs voisins, et placés entre le Rhône et les Arvernes, les Ségusiens avaient pour cité Forum, aujourd'hui Feurs, d'où le Forez paraît avoir tiré son nom.
César et Ptolémée font mention des Ségusiens, peuple libre, suivant Pline, Segusiani liberi. On croit qu'ils se livraient au commerce. Ils prirent une part active à la guerre de l'indépendance par l'envoi d'un contingent de 10 000 hommes à l'armée nationale. On dit même que c'est près de Saint-Haon-le-Vieux que César défit complètement Vercingétorix. Au milieu d'une prairie s'élève un rocher sur lequel sont sculptées de grandes clefs en relief, en mémoire, racontent les habitants du pays, de la victoire de César.
Après la conquête romaine, cette contrée, comprise dans la Lyonnaise, devint une colonie florissante : Des temples et des palais s'élevèrent ; des voies romaines et des aqueducs sillonnèrent le pays dans tous les sens. Pendant près de cinq siècles, les Romains y dominèrent. On y voit encore plus d'une trace de leur long séjour. Comme dans la plupart des cités gallo-romaines, le christianisme naissant y eut ses persécuteurs et ses martyrs. Conquis par les Bourguignons en 478, puis par les Francs en 534, le Pagus forensis fut compris dans le partage que firent entre eux les enfants de Clovis, en 534. Plus tard, en 727, les Sarrasins le ravagèrent. Après un assez long déclin, il refleurit sous Charlemagne. Il faisait alors partie du comté du Lyonnais, dont le gouvernement était confié à des comtes amovibles.
Sous le règne de Charles le Chauve, l'un de ces comtes, appelé Guillaume, parvint à rendre son pouvoir héréditaire. Il se qualifiait de comte par la grâce de Dieu (900). Après lui, Artaud Ier son fils, régna sur les Forésiens, avec le titre de comes Forensium. A ce comte succéda Artaud II. Burchard, archevêque de Lyon , s'étant permis, dans cette ville, des actes d'autorité qui blessaient les droits de ce prince, celui-ci entra à main armée sur les terres de l'Église lyonnaise et les ravagea (999). Artaud III contribua à chasser les Maures du Dauphiné.
Son frère, Giraud II, qui lui succéda, réunit au comté de Lyon son apanage particulier, le comté de Forez, et continua contre les archevêques de Lyon la lutte commencée par Artaud II ; mais il fut chassé de cette ville par les troupes de Conrad le Salique.
Ce comte avait une fille qui s'appelait Prêve. Celle-ci, désirant se retirer du monde, fit part de son dessein à son père et à sa mère, qui lui assignèrent comme retraite le château de Pommiers. Prêve était jeune et belle. Un jeune seigneur s'en éprit et la rechercha en mariage ; mais elle rejeta ses propositions , disant qu'elle avait fait choix de son époux. « Soit erreur, dit la chronique (Histoire du Forez, par A. Bernard), sur le sens de ces paroles, soit que son amour-propre fût blessé de ce refus, ce jeune seigneur vint dire aux frères de Prêve, qui étaient ses amis et l'avaient même encouragé dans sa demande, que leur soeur s'était déshonorée et qu'elle vivait en concubinage. Les deux plus jeunes, sans chercher à s'assurer du fait, croyant en avoir assez appris par ce seul refus de mariage, viennent la trouver dans son château de Pommiers, et, l'ayant engagée à une promenade, lui coupèrent la tête et la jetèrent avec le cadavre dans un puits, qui est celui qui encore aujourd'hui sert à l'usage du public du bourg. »
Après Giraud II régna Guillaume III, dont Guillaume de Tyr parle avec éloge. Poussé, dit-on, par des chagrins domestiques, il fut l'un des premiers à se croiser. Quoi qu'il en soit, réputé pour ses vertus et pour ses talents militaires, il périt au siège de Nicée, laissant son héritage à Guillaume IV, son fils, qui mourut sans postérité. Ainsi finit, après deux siècles d'existence, la première race des comtes de Forez (1107).
Alors, par le mariage d'Yde-Raymonde , fille d'Artaud IV, avec Gui-Raymond d'Albon, dauphin de Viennois, le comté passa dans une autre maison, et la seconde race des comtes de Forez commença. Gui Ier laissa trois fils : l'un se fit chartreux, le second succéda à son père, et le troisième, Raymondin, épousa la fameuse Mélusine dont il est si souvent parlé dans les anciens romans de chevalerie et surtout dans l'Astrée.
Armé chevalier par le roi lui-même, Gui II eut à défendre le Forez contre les entreprises de Guillaume, comte de Nevers. Saint Bernard intervint dans la querelle des deux comtes. « Il trouva dans le comte de Forez, dit Jean l'Hermite, toute la docilité qu'il pouvait désirer ; mais celui de Nevers protesta qu'il n'accorderait ni paix ni trêve à son ennemi qu'il ne l'eût chassé de ses terres ; et aussitôt, ayant rassemblé ses troupes, il entra dans le Forez. Le comte Gui, ne pouvant éviter le combat, se recommanda aux prières du saint homme, qui lui promit la victoire, et l'événement justifia la promesse ; car Gui, plein de foi, s'étant jeté comme un lion furieux sur les troupes de son ennemi, les tailla en pièces, de telle sorte qu'à peine deux ou trois de ses gens purent échapper au carnage et que le comte de Nevers lui-même fut fait prisonnier. »
Cependant les archevêques de Lyon n'avaient point renoncé à ce qu'ils appelaient leurs droits sur cette ville, dont les comtes de Forez se disaient possesseurs de temps immémorial. Héracle en occupait alors le siège. Il voulut faire valoir ses prétentions. Alors Gui II entra dans le comté avec une armée, prit Lyon, y maltraita les partisans d'Héracle, surtout les clercs, dont les maisons furent pillées, et força le prélat lui-même à se retirer dans le Bugey. Il y eut des pourparlers, mais qui n'aboutirent qu'après de longues disputes dont le roi et le pape durent se mêler. Les deux prétendants se partagèrent la ville (1157).
Plus tard, cependant, en 1173, Gui céda à l'archevêque le comté de Lyonnais, en échange de plusieurs domaines que celui-ci possédait dans le Forez, et moyennant. onze cents marcs d'argent. Philippe-Auguste et le pape ratifièrent ce traité, en 1180. C'est de cette époque que les chanoines de Saint-Jean, à Lyon, furent appelés comtes de Lyon, comme ayant succédé aux droits des comtes de Forez.
Après Gui II, Gui III gouverna le comté. Il partit avec Renaud de Dampierre pour la croisade, en 1096, et mourut, en 1202, sous les murs de Tyr, regretté de toute l'armée. Son fils, Gui IV, eut en 1214 des démêlés avec le sire de Beaujeu, son voisin. Philippe-Auguste intervint et tout s'arrangea par arbitrage. Ce même Gui s'opposa, en 1215, au passage du Bugre d'Avignon, qui voulait traverser le Forez pour aller rejoindre son neveu, Ferdinand de Portugal. Ayant rassemblé une forte armée, le comte alla à la rencontre du Bugre, lui livra bataille le même jour que Philippe-Auguste livrait celle de Bouvines, et, l'ayant battu et fait prisonnier, « il le mena triomphant à Paris. »
Huit ans après, en 1223, il octroya une charte d'affranchissement aux habitants de Montbrison. C'est le premier comte de Forez qui. ait fait cet octroi à ses serfs. Son exemple fut suivi par les autres petits seigneurs ses vassaux. Outre Montbrison, Saint-Rambert, Saint-Haon-le-Châtel, Saint-Bonnet, Cornillon, Valleret obtinrent le droit de s'ériger en communes.
Dans la guerre des Anglais, les comtes de Forez se signalèrent par leur dévouement à la cause nationale ; l'un d'eux, Gui III, contribua puissamment à la reprise de Miremont et de Villefranche sur l'ennemi (1345). Deux ans après, il se trouva dans l'armée du roi, « marchant, dit Froissart, à l'encontre de l'Anglois. » Cependant le Forez eut sa large part de malheurs dans cette guerre. Montbrison tomba au pouvoir de l'ennemi qui la livra aux flammes.
Après les Anglais vinrent les mange-lard, puis les croquants, les redonteurs, et enfin les tard-venus, tous bandits ou voleurs qui se mirent à ravager le pays sous des chefs hardis et expérimentés qu'ils se choisissaient eux-mêmes. Déjà ils avaient jeté un camp volant jusqu'à la ville de Charlieu, d'où ils menaçaient de se ruer sur le Forez, quand Jacques de Bourbon, comte de la Marche, ayant reçu mission du roi Jean d'aller donner la chasse à ces pillards, passa par ce pays. Il prit avec lui ses deux neveux de la maison de Forez, savoir : le comte Louis et Jean son frère, que leur oncle Renaud, seigneur de Malleval, voulut accompagner (1362).
« Ce prince, dit un vieux chroniqueur, se rend donc à Lyon avec ces trois seigneurs, qui composoient alors toute la maison de Forez, et, ayant tenu son conseil de guerre avec les principaux officiers de son armée, il fut délibéré, pour ne donner temps à ces bandits de s'approcher davantage de la ville de Lyon, ou de s'épancher davantage dans le pays voisin et spécialement dans celui de Forez qui estoit cher à ce prince, à cause de ses neveux, de les aller combattre. Ce prince donc, avec le comte d'Uzcz et Renaud de Forez, seigneur de Malleval, et quelques autres seigneurs de l'armée, choisissent des coureurs pour aller reconnoître les ennemis, qui, se prévalant de la commodité d'une montagne voisine de Briguais, ne firent paroître sur l'éminence qui regardoit Lyon qu'environ cinq mille hommes, le reste, par ruse de guerre, s'estant caché derrière la montagne, qui avoit encore pour eux cet avantage qu'elle estoit pierreuse et leur fournissoit des cailloux à commodité pour en accabler ceux qui les y viendroient attaquer.
« Ces coureurs ayant fait rapport du petit nombre qu'ils avoient aperçu, et n'ayant pas remarqué les amas de pierres qui estoient sur cette montagne, le prince, croyant avoir l'avantage de son costé et pour le nombre d'hommes et pour le courage des combattants, mit son armée en bataille pour aller à eux, et dans cette marche fit plusieurs grands seigneurs chevaliers, qui levèrent bannière, selon les formes et coutumes de ce temps-là. » Parmi ces chevaliers était « ce Louis, comte de Forez, son neveu, lequel, en effet, avant ce grade de chevalerie, et pour ne l'avoir pas encore, estoit qualifié, avant qu'il fust comte, de simple nom de damoiseau, nobilis vir Ludovicus de Foresio, domicellus, comme on le voit en la bulle de dispense de son mariage avec Jeanne de Turenne. »
 
A la vue de cette armée, dont l'avant-garde comptait seize cents combattants, les tard-venus,« qui avoient paru dessus leur montagne, attendirent de pied ferme qu'on les y vînt attaquer, et sitôt qu'ils virent l'armée assez près d'eux pour la combattre, ils jetèrent d'en haut de toutes parts une telle grêle de cailloux qu'ayant d'abord enfoncé et mis en déroute l'avant-garde, ils mirent aussi en désarroi le corps de bataille, dans lequel, après les bannières ou enseignes du prince commandant et de son fils marquées des armes de Bourbon, paroissent celles de ses neveux, le comte de Forez et son frère. Ils renversèrent à force de pierres les meilleurs bataillons de ce corps d'armée ; après quoi leurs autres troupes, qui estoient cachées derrière la montagne, serrant leurs files et courant en diligence, vienrent donner à dos sur l'arrière-garde, dont s'ensuivit une mêlée entre les deux armées où il y eut un grand carnage de part et d'autre ; mais, enfin, la victoire s'inclinant du côté des tard-venus, le champ de bataille leur demeura, et ce qui resta de l'armée des princes se retira en grande confusion. » Telle fut cette bataille de Brignais, « bataille, dit Froissart, qui fit si grand profit aux compaignons et porta un coup funeste au Forez et à la seconde race de ses comtes. »
Louis, en effet, y périt, et Renaud, son oncle, y fut fait prisonnier. Seul, Jean de Forez, frère du comte et qui lui succéda, en revint sain et sauf ; mais il ne tarda pas de ressentir les effets de ce grand désastre : « Il tomba en un délire qui lui causa une faiblesse et imbécillité d'esprit qui lui demeura le reste de sa vie, et obligea la princesse sa mère et ses autres parents de lui nommer pour curateur son oncle Renaud de Forez, sitôt qu'il fut sorti de prison ; » mais celui-ci vendit le Forez à Louis de France, second fils du roi Jean, et dès lors ce comté passa dans l'immense apanage des ducs de Bourbon.
Sous ces ducs, le Forez, souvent visité par eux, jouit d'une longue prospérité. Ils y régnèrent jusqu'à la mort de Suzanne de Bourbon, arrivée en 1521. Louise de Savoie, mère de François Ier, hérita de ce comté, qui fut réuni à la couronne en 1531.
Après les comtes de Forez et les ducs de Bourbon, les d'Urfé ou d'Ulphé (Ulphiacum) ont laissé le plus de souvenirs dans ce pays. Si les premiers en furent les maîtres, ceux-ci en furent les pères et les bienfaiteurs. Ainsi que toutes les grandes familles, les d'Urfé ont leur légende. On croit qu'ils sont originaires d'Allemagne. Un comte Welphe, que les chroniques des Pays-Bas appellent duc de Bavière, et qui vivait au Moyen Age, serait, suivant l'opinion générale, leur premier ancêtre connu.
De ce duc naquit Welphe, dit le Robuste, célèbre dans les croisades. Son fils, Welphe le Vaillant, vint à la cour du roi Louis le Gros et le suivit dans son expédition contre les sires de Polignac dans le Velay. Comme il revenait du Puy avec ce prince, en passant dans le pays de Forez, il fut si fort épris de la beauté d'une parente de Gui Ier, comte de Forez, appelée Aymée, qu'il demanda et obtint sa main. Il se fixa dans le pays et y fit bâtir, sur l'un des plus hauts lieux, un château auquel il donna son nom, Welphe ou Ulphe, qui se modifia plus tard en celui d'Urphé ou Urfé.
Telle est l'origine de cette famille célèbre. Sa fortune fut rapide. Déjà puissants sous la seconde race des comtes, les d'Urfé représentèrent la troisième et plus tard lui succédèrent. Héritiers des comtes, presque étrangers au pays, les ducs de Bourbon sentant la nécessité d'y avoir un représentant, Guichard d'Urfé, qui était déjà l'ami et le confident du duc Louis II, fut par lui pourvu de la charge de bailli de Forez, qui resta depuis presque toujours dans sa famille. A ce titre, la faveur des princes attacha, dans la suite, de grands et nombreux privilèges dont les d'Urfé jouirent jusqu'au règne de Louis XIV.
Alors l'esprit centralisateur « vint, dit un biographe des d'Urfé, étouffer les provinces et leurs patrons, et la maison de d'Urfé, qui n'avait tiré toute son illustration que de son pays, alla quelque temps végéter à Paris, puis s'y éteignit presque sans gloire dans le XVIIIe siècle. »
Cependant les sages efforts des d'Urfé ne parvinrent pas toujours à préserver ce pays. C'est ainsi qu'à peine sorti des guerres féodales et étrangères il eut à souffrir des guerres de religion. Plusieurs « ministres et prédicants qui s'estoient perchez ez villes de Feurs, Saint-Galmier et Saint-Bonnet-le-Chastel » ayant été arrêtés et conduits dans les prisons de Montbrison (1562), les protestants. armèrent en diligence.
Bientôt le baron des Adrets parut dans le Forez. Après avoir pris Feurs, le 3 juillet, il marcha sûr Montbrison à la tête de quatre mille hommes et s'en empara. De Montbrison, il alla droit au château de Montrond, où le gouverneur du Forez s'était renfermé. Il y entra le lendemain ; puis, y laissant Quintel, un de ses lieutenants, il se retira à Lyon, non sans avoir laissé derrière lui de nombreuses traces de sang. On dit qu'à Mont rond il pilla l'église ; et parce qu'ils étaient trop lents à lui apporter les vases sacrés, il fit, ajoute la chronique, jeter en bas du clocher le curé et le marguillier.
Ainsi maîtres de la principale place du Forez, les calvinistes faisaient chaque jour des expéditions contre les villes voisines qui n'étaient nullement en état de défense, et que Saint-Aubin nomme les villottes du Forez ; ils envoyèrent à Saint-Bonnet-le-Château une compagnie d'archers, qui revint après avoir brûlé tous les papiers de l'église. Boën, Saint-Galmier, Saint-Germain se souviennent encore de leur terrible. visite. De pareils excès étaient loin de concilier aux huguenots les habitants du Forez ; les catholiques prirent les armes, et, sous la conduite de Saint-Chamond, de Saint-Hérand et de Saint-Vidal, firent la chasse aux soldats de des Adrets.
Après son expédition contre Saint-Étienne, Sarras, capitaine huguenot, s'en revenait, avec les siens, chargé d'armes et de butin. Saint-Chamond, qui avait environ quinze cents hommes, dont sept à huit cents arquebusiers, le surprit, et, l'ayant battu, il vint mettre le siège devant Annonay, alors ville forésienne et qui tenait pour le parti protestant. Cette ville capitula ; mais, contre la foi des traités, Saint-Chamond fit passer au fil de l'épée tous ceux qui furent pris les armes à la main et précipiter en bas ceux qui étaient dans les tours. Puis, apprenant que des Adrets marchait au secours de cette ville, « avec quatre cents argoulets, il lui accourcit le chemin et l'affronta à Beaurepaire, si rudement, que des Adrets, voyant ses gens taillez en pièces, se retira de la meslée et gaigna Lyon à la course (1562). »
Après la bataille de Moncontour, des bandes de l'armée protestante se jetèrent dans ce pays, disant qu'elles voulaient plumer les oizons du Forez ; elles y séjournèrent près d'un mois, pendant lequel elles « firent de grands bruslements et saccagements ; tellement que du donjon de Montbrison de jour à autre on voyoit le feu allumé en divers lieux (1569). » Au fléau de la guerre civile vinrent se joindre la peste, la famine et le débordement de la Loire. Jamais le Forez n'avait plus souffert : la tradition rapporte qu'il ne resta que vingt-cinq habitants à Bourg-Argentai. A Montbrison, l'herbe croissait dans les rues. Dans la seule année 1589, Saint-Étienne compta 7 000 morts.
« Henri III estoit mort, dit un vieux chroniqueur du Forez ; messire Anne d'Urfé, gouverneur de ce pays pour la Ligue, fit lever la main à tous ceux qui vouloient suivre ce party en l'assemblée générale du pays qui fut faicte à Montbrison. Plusieurs y firent serment de fidélité à la Ligue ; mais pour-tant il fut remarqué que plusieurs habitants de Montbrison tenoient le party du roy. C'est pourquoy le marquis d'Urfé ayant en ladicte ville sa compagnie de gens d'armes dict qu'il leur feroit affront s'ils ne changeoient de party ; et, en effet, le 15 août 1589, ils se mirent à battre ceux de Montbrison qui ne tenoient pour la Ligue et en blessèrent plusieurs. »Cependant, en 1595, Montbrison se rendit au roi ; mais son château fut rasé ainsi que ceux de Bourg-Argentai, de Donzy et autres.
Compris, en 1790, dans le département de Rhône-et-Loire, le Forez paya largement son tribut à la Révolution par le pillage de ses châteaux et de ses églises et par un grand nombre de victimes envoyées à l'échafaud. Depuis ce temps, à part la grève de Ricamarie, en 1869, sa répression sanglante et l'émeute de Saint-Étienne, pendant la Commune, en 1871, ce pays s'est livré tout entier au commerce et à l'industrie.
Jusque-là l'exploitation des mines de plomb, d'étain, de cuivre, d'or, d'argent et autres métaux, dont un bourgeois de Lyon avait obtenu le privilège, en 1405, s'était peu développée ; grâce à des temps plus calmes, elle prit une grande extension. Mais on songeait peu alors aux mines de houille qui ont fait plus tard la fortune de ce pays. Depuis 1572, on parlait de rendre la Loire navigable. Ce projet tant de fois ajourné reçut enfin un commencement d'exécution. On fit plus : on tenta, au moyen d'un canal de jonction entre le Rhône et la Loire, d'ouvrir sur les deux mers un débouché à l'industrie de cette contrée. Cette entreprise gigantesque n'a pu être achevée, et le canal ne vient encore que du Rhône à Givors ; mais les chemins de fer y ont suppléé.
C'est surtout à partir de 1820 que ce pays s'est successivement élevé au degré de prospérité industrielle qu'on y remarque, et qu'il doit à l'abondance de ses combustibles minéraux, à ses nombreux établissements métallurgiques et à ses nouvelles voies de communication. Au XIXesiècle, son industrie minérale et sa fabrication de rubans y contribuent, il est vrai, d'une manière inégale, la première en créant une valeur beaucoup au-dessous de celle que produit la seconde. Néanmoins, elles se fécondent l'une par l'autre. De là une source intarissable de travail pour une population qui peut s'accroître en conservant un grand bien-être.


Les départements et leur histoire - Haute-loire - 43 -

Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, 18abe350
(Région Auvergne)
 
Sur les limites de l'Auvergne et du Languedoc s'élève un groupe de froides et rudes montagnes. Rien de sauvage et de grandiose comme l'aspect de cette contrée, où le voyageur rencontre, à chaque pas, des traces des révolutions physiques qui l'ont violemment agitée dans les temps anciens. Ce ne sont que rochers à pics basaltiques, aux flancs déchirés et dont les cimes, à défaut de végétation, sont hérissées de ruines, tristes et derniers restes d'antiques forteresses, qui semblent avoir été construites par une race de géants. C'est là, sur le versant occidental des Cévennes, qu'habitaient les Velauni, Vellavi ou Vellaviens, c'est-à-dire, en langue celtique, montagnards. Voisins des Arvernes, ils en étaient, suivant César, les clients :Velauni qui sub imperio Arvernorum esse consueverant.
Avant l'arrivée des Massaliotes, qui les premiers y pénétrèrent, on ne voyait point de routes dans ce pays, mais seulement quelques étroits sentiers perdus dans les rochers ou dans les ravins. Borné au nord par le pays des Arvernes ; au midi, par celui des Helviens et des Volces Arécomices ; à l'est, par celui des Ségusiens et des Allobroges ; à l'ouest, par le territoire des Gabales, le pays des Vellaviens n'avait pas moins, dit-on, de cent soixante-cinq lieues carrées. Ruessio, aujourd'hui Saint-Paulien, en était la capitale.
Comme tous les peuples primitifs, les Vellaviens vivaient de la chasse ou de la garde des troupeaux. Dans plusieurs communes du Velay, notamment au Puy, à Vals, à Saint-Julien, à Pradelles, à La Roche-Aubert, à La Terrasse, au Monastier, à Tarsac, etc., on voit encore des vestiges de leurs habitations. « Rien, dit l'auteur de l'Ancien Velay, rien ne saurait donner une idée plus exacte d'un vicus et de certains oppida dont parle César que la vue de ces roches disséminées dans les campagnes du Velay, et qui, jadis citadelles, servaient d'asile à des populations entières. »
Auguste affranchit les Vellaviens des liens qui les unissaient aux Arvernes. Alors, compris dans la première Aquitaine, ils formaient, suivant Strabon, une cité particulière. Peu à peu la civilisation romaine tempéra l'âpreté et la rudesse de ce peuple à demi sauvage. Ruessio, Icidmagus, Condate, Aquis Segete, où elle avait fondé des colonies, devinrent des cités florissantes. A ces sombres grottes, à ces rustiques huttes couvertes de chaume, enduites d'argile, et au fond desquelles les Vellaviens vivaient pêle-mêle avec leurs boeufs et leurs chèvres, succédèrent des palais, des villas, des temples, des cirques, des prétoires, des aqueducs. Des voies romaines s'ouvrirent dans tous les sens : la principale conduisait de Ruessio à Lugdunum, et, par un embranchement, à Mediolanum (Moingt, près de Montbrison). On l'appelait la via Bolena.
Bien que d'un abord difficile, ce pays n'en fut pas moins visité par les barbares. Après les Burgondes, qui prirent et pillèrent Brivas (Brioude), vinrent les Wisigoths, puis les Francs. On croit que les Sarrasins y pénétrèrent en 725. Après avoir ravagé l'Aquitaine, les Normands, en 863, envahirent le Velay, réduisirent en cendres Ruessio et en dispersèrent les habitants.
Dans les divers partages qui eurent lieu entre les rois francs et leurs héritiers, le Velay échut successivement à Sigebert, puis, en 506, à Théodebert II, et, plus tard, à Sigebert III. Sous Charlemagne, il eut pour gouverneur le comte Bullas.
S'il faut en croire la tradition, saint Georges l'un des soixante-douze disciples de Jésus-Christ et envoyé dans le Velay par saint Pierre, y aurait le premier prêché l'Évangile. « Pour lors, dit le père Eudes de Gissey, notre saint n'épargna rien contre le paganisme, baptisant à troupes les gentils, brisant les idoles, abattant les temples. » Dans un pré de Chaumel, sur les bords du ruisseau de Chalan, s'élève, sur une pierre renversée et entaillée, un fût de colonne : c'était, dit-on, un autel païen avant l'arrivée du glorieux saint Georges.
Quand l'apôtre eut converti les Vellaviens à la foi chrétienne, sa première oeuvre fut de renverser la pierre maudite ; il le fit même avec une telle colère, ajoutent les gens du pays, qu'on voit encore, sur la pierre, les marques de sa crosse et celles de ses pieds. A saint Georges succéda saint Macaire, puis saint Marcellin, qui rendait, dit-on, la parole aux muets, l'ouïe aux sourds, la vue aux aveugles, et chassait le malin esprit du corps des possédés. Au IXesiècle, l'église du Velay était puissante et renommée ; ses évêques, grâce aux libéralités des rois et des empereurs, jouissaient de grands privilèges. Sur les ruines des temples païens s'élevaient de riches abbayes ou des chapelles, célèbres par les miracles qui s'y opéraient. Notre-Dame-du-Haut-Solier, dans la Civitas Vetula, et l'Oratoire des Anges , sur le mont Anis, attiraient de nombreux pèlerins.
C'est dans le Velay que devait se tenir le concile convoqué par le pape Urbain II au sujet de la première croisade ; mais le pape ayant changé d'avis, le concile s'assembla à Clermont (1095). Néanmoins, le Velay prit une grande part à la sainte entreprise. On sait que Raymond, comte de .Toulouse, et Aymar de Monteil, évêque du Puy, en furent les chefs. Homme d'église et homme d'épée, fils d'un seigneur dauphinois, élevé dans le métier des armes, Aymar fut choisi par le pape pour le représenter. Il partit à la tète de quatre cents enfants de sa ville épiscopale. C'est lui qui, après la prise d'Antioche, en juin 1098, releva le courage des croisés, lorsque le sultan de Mossoul, Kerbogha, vint les assiéger dans leur nouvelle conquête, accompagné de Kilidje-Arselan, sultan des Turcs Seldjoucides, avec une armée de 200 000 combattants.
On prétend que ce fut un prêtre du Velay, du nom de Pierre Barthélemy, qui découvrit, après une révélation divine, la sainte lance qui avait jadis percé le sein de Jésus-Christ, et dont la vue ne contribua pas peu à relever le moral de l'armée, déjà décimée par la désertion, la disette et les maladies. Lés Turcs furent défaits sous les murs d'Antioche, ce qui augmenta la ferveur des gens de la langue d'oc ; mais ceux de la langue d'oil niaient le miracle de la sainte lance.
Aymar, évêque du Puy, qui semblait partager leur avis, mourut alors, et l'on ne manqua pas d'attribuer cette catastrophe, que rendaient toute naturelle la disette et l'épidémie, à une juste punition du ciel. Il mourut, dit un chroniqueur, et moult fut pleuré ; mais ruai lui avait pris de douter de la sainte lance, car la nuit de sa mort il apparut à Pierre Barthélemy et lui dit qu'il avait été conduit en enfer. « Là, ajoutait-il, j'ai été flagellé très rudement, et mes cheveux et ma barbe ont été brûlés. » Tel fut, suivant la légende, le châtiment d'Aymar.
Cependant, de grands débats s'étant élevés à cette occasion, et ceux de la langue d'oil persistant à méconnaître le miracle, Pierre Barthélemy s'offrit pour subir l'épreuve du feu ; il en mourut, disent les historiens français de la croisade, et la sainte lance demeura fort discréditée. Les Provençaux soutiennent, au contraire, qu'il triompha de cette terrible épreuve, et que les spectateurs enthousiasmés, le regardant comme un saint, se précipitèrent à l'envi sur lui pour toucher ses vêtements ; si bien qu'il fut renversé à terre, foulé aux pieds, et qu'il eût péri sans l'assistance d'un chevalier.
 
Après les croisades vinrent les guerres féodales. Chaque montagne du Velay avait son château crénelé, redoutable retraite d'où le châtelain envoyait ses hommes d'armes piller et ravager le pays. Au commencement du XIIIe siècle, Armand de Polignac et ses deux fils, Héracle et Pons, avaient fait bâtir aux abords des principales routes des tours d'observation, où des archers veillaient nuit et jour, prélevant sur tout ce qui passait un droit de péage. Voyageurs, pèlerins, marchands, nul ne pouvait s'y soustraire.
A l'exemple des sires de Polignac, les autres seigneurs du Velay se retranchèrent sur plusieurs points, et prirent à leur solde des compagnies armées. La terreur fut grande dans le pays ; le citadin n'osait sortir de ses murailles, le paysan de sa chaumière ; l'étranger ne s'aventurait qu'en tremblant à travers les montagnes. Un coupe-gorge, voilà ce que les seigneurs avaient fait du Velay au moyen âge Pierre III, évêque du Puy, fit un appel à ses vassaux et réprima les brigandages des châtelains. Héracle et Pons de Polignac s'engagèrent à livrer trente chevaliers comme otages ; mais, loin de. tenir leurs promesses, ils recommencèrent leurs spoliations. Cette fois, l'évêque en appela au roi Louis VII qui vint en personne châtier les tyrans du Velay.
A la mort de Pierre III, nouveaux troubles. Plus accommodant que son prédécesseur, Pierre IV, après avoir anathématisé le sire de Polignac, se réconcilia tout à coup avec lui. Cette paix n'était qu'un piège. Adalbert, évêque de Mende, s'en plaignit au roi : « Paix a été faite entre l'église du Puy et le vicomte de Polignac, lui écrivait-il ; mais cette paix, qui n'en est pas une, est un dangereux exemple, qui met en péril l'Église de Dieu. L'évêque du Puy, comme la dignité et la justice l'exigeaient, avait d'abord excommunié le vicomte, à cause de ses exactions sur les voies publiques ; cependant, à cette heure, l'église ancienne et le vicomte de Polignac se sont réunis et ont conclu entre eux une ombre de paix, en vertu de laquelle ils partagent les produits des péages et des rapines, de telle sorte que l'église participe aux spoliations pour lesquelles elle avait excommunié le vicomte, et qu'un secret amour du gain lui a fait approuver à son profit ce qu'elle avait condamné quand elle n'y avait pas d'intérêt... Ils veulent changer l'ordre des choses, ajoutait le digne prélat, et faire du temple de la mère de Dieu, qui doit être l'asile des affligés, une caverne de voleurs. Ceux qui ont été établis pour pleurer sur les souffrances du peuple, ceux qui lui remettent ses fautes, se sont préparés à se réjouir de ses larmes et à remplir leur bourse des produits du vol ; mais la justice de notre seigneur le roi s'étend sur tous ces hommes ; plaise au ciel qu'ils reconnaissent la vanité de leurs projets ! »
Alors le roi se trouvait à Souvigny : il y manda le vicomte et l'évêque. Tous deux protestèrent qu'ils n'avaient eu en vue, dans cette paix, que le bien de l'Église. Mais comme il avait trompé l'évêque, Héracle trompa le roi. A peine de retour dans ses montagnes, en effet, il reprend les armes. Non moins violent que son frère, Pons se joint à lui. « Saisis d'un instinct diabolique, dit un chroniqueur contemporain, ils faisaient du pillage à main armée l'emploi ordinaire de leur misérable vie. » Ils allaient, en effet, détroussant les voyageurs, ravageant les villes et les campagnes, dévastant les églises et les abbayes. Selon eux, « c'estoit un abus insupportable que des gens si inutiles à l'État que festoient les moines égalassent les princes en richesses ; »et, pour y remédier, ils les volaient.
Alexandre III en écrivit au roi Louis VII, l'invitant à mettre un terme à tant d'excès. « Le très pieux roi, ému de compassion et de colère, ajoute le chroniqueur, rassembla aussitôt son armée ; et comme il estoit prompt à saisir la verge du châtiment, il se hâta d'aller combattre ces grands coupables. Il les atteignit sur le théâtre de leurs méfaits, les attaqua avec vigueur, en véritable prince qu'il estoit, et leur fit sentir la pointe de son épée. Les ayant vaincus, il les prit, les emmena avec lui, et les garda prisonniers jusqu'à ce qu'ils eussent juré et promis sous les plus fortes garanties de renoncer désormais et à toujours à inquiéter les églises, les pauvres et les voyageurs (1163-1165). »
Comme toujours, les sires de Polignac jurèrent et promirent ; mais se parjurer n'était pas ce qui leur coûtait le plus, et le Velay souffrit encore de leurs exactions. Après avoir ravagé les terres de l'abbaye de la Chaise-Dieu, ils se disposaient à en faire le siège, quand le retour de Louis VII dans le Velay les força de se retirer. Vainement ils se retranchèrent dans le château de Nonnette ; ne pouvant résister, ils se rendirent, « jurant, sur le salut de leur âme, qu'ils se soumettoient par avance à tout ce que le roi ordonneroit. » Le roi les ramena prisonniers à Paris.
Après trois ans de captivité, Héracle et Pons redevinrent libres ; mais Armand, leur père, qui les avait poussés à la révolte, fut condamné, par sentence arbitrale, à réparer tous les dommages qu'il avait causés à l'église du Puy, à restituer toutes les sommes que lui ou les siens, ses gens ou ses chevaliers avaient imposées sur les routes aux voyageurs, aux pèlerins et aux marchands. Ses fiefs furent confisqués au profit de la couronne, et sa personne déclarée prisonnière jusqu'à l'entière exécution de la sentence. Ces conditions étaient dures ; néanmoins le vieux châtelain s'y soumit et fut rendu à la liberté.
Après sa mort, ses fils, ne pouvant se résoudre à les exécuter, demandèrent et obtinrent qu'elles fussent modifiées. Pons, par un traité signé en 1173, eut : 1° la moitié de la leude et des autres produits de la ville du Puy ; 2° deux des quatre châteaux Ceyssac, Aynac, Saint-Quentin et Seneulh. On lui rendit les deux autres. Après avoir fait amende honorable à la ville et à l'église de Brioude et légué son château de Casse à l'abbaye, Héracle partit pour la terre sainte et y mourut. De son côté , Pons fit hommage de sa vicomté à I'évêque du Puy, et se retira dans une abbaye de l'ordre de Citeaux. Ainsi finirent ces terribles chefs de routiers.
Plus tard, en 1380, le Velay eut à souffrir du passage des grandes compagnies ; elles s'emparèrent de plusieurs châteaux. Bertrand du Guesclin, l'intrépide guerrier, vint leur faire la chasse. Les consuls du Puy lui envoyèrent « beaucoup de vaillantes gens tant à cheval qu'à pied, artilleurs, archiers, arbalestriers, et eu oultre force artillerie, traits, canons, pouldre, arcs, arbalestes, engins et telles autres munitions belliqueuses ; force pain, vin, victuailles, desquelles choses ledit connétable se tint très content. » On sait comment il mourut. On lui fit les funérailles d'un roi ; il fut enseveli à Saint-Denis. Son cœur fut donné à la Bretagne, sa patrie, et ses entrailles furent religieusement transportées au Puy, qui lui éleva un tombeau.
Au XVe siècle, dans la guerre des Bourguignons et des Armagnacs, le Velay resta fidèle au roi. Bien qu'elle eût fort à souffrir, la ville du Puy envoya « vers monseigneur le Dauphin dix notables pour lui offrir toute obéissance de corps et de biens jusqu'à la mort. » Cependant, les Bourguignons, ayant à leur tète le sire de Rochebaron, voulurent se rendre maîtres du Velay. Ils s'emparèrent de plusieurs points importants et s'avancèrent jusque sous les murs du Puy ; mais les seigneurs du Velay l'avaient mis à l'abri de toute surprise. Après un long siège,« voyant que guière ne pouvoient profiter, vu que la ville estoit moult bien garnie de gens de défense pour leur résister, ils (les Bourguignons) s'en retournèrent à honte et à confusion, et allèrent parmi le pays faisant maux indicibles. »
Sous la domination des Wisigoths ariens, le Velay était resté catholique ; il persévéra dans sa foi pendant les longues et sanglantes guerres du XVIe siècle : Vainement Blacons, lieutenant du baron des Adrets, vint mettre le siège devant Le Puy ; il y trouva l'élite de la noblesse du Velay prête à défendre la ville. Ne pouvant pénétrer dans la place, les assiégeants vont s'emparer du château d'Espaly, dans le voisinage ; puis, se rapprochant de la ville, ils essayent de la prendre de vive force ; mais, repoussés vigoureusement, ils sont contraints de lever le siège.
Plus tard, en 1621, Blacons revint dans le Velay et y surprit Yssingeaux ; mais le curé, vieillard septuagénaire, se mit à la tète de ses paroissiens et chassa de la ville Blacons et ses bandes. Ces résistances vigoureuses arrêtèrent le progrès des idées nouvelles dans le Velay. Depuis plus d'un siècle, ce pays jouissait du plus grand calme, lorsque Mandrin y parut en 1754. Après avoir rançonné les campagnes, il entre au Puy, pille la maison du capitaine général des fermes, force les prisons, enlève plusieurs détenus, et se retire chargé de butin. Bientôt il tente une seconde expédition dans le Velay. Attaqué, cette fois, par cent hommes de cavalerie, il parvient à leur échapper à la faveur de la nuit, et se réfugie en Savoie.
Pendant la guerre de 1870-1871, ce pays a envoyé son contingent de mobiles à l'armée de la Loire.


Les départements et leur histoire - Loire atlantique-44-

Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, Cbd37011
(Région Pays de la Loire)
 
Le département de la Loire-Atlantique était occupé dès la plus haute antiquité par un peuple appelé-les Namnètes. Comme il y a eu des historiens qui ont fait descendre les Francs d'un Troyen appelé Francus, on en trouve aussi qui ont fait descendre les Namnètes d'un fils de Noé, appelé Namnès, personnage fort peu historique, comme on s'en doute bien, et qui aurait fondé Nantes.
D'autres, avec aussi peu de certitude, marquent l'année 1620 avant Jésus-Christ pour la date de l'origine de cette ville. Ce sont des fables. Tout ce qu'on peut dire de certain sur ces époques reculées, c'est que le célèbre navigateur marseillais Pythéas, qui vivait vers 280 avant Jésus-Christ, cite Corbilo, un des ports des Namnètes, comme une ville comparable à Marseille ou à Narbonne, d'où l'on peut induire que ce pays prospérait déjà depuis longtemps.
Que les Nantais n'aillent pas chercher plus loin ; ce sont là déjà d'assez beaux titres. La capitale des Namnètes était Contigwic, qui s'élevait au confluent de l'Erdre et de la Loire, à la place qu'occupe aujourd'hui Nantes ; les Romains donnèrent à ce nom une tournure latine, Condivicnum. Les Namnètes formaient une république, comme les autres parties de l'Armorique. Ils furent les alliés des Vénètes (Vannes) dans le combat naval livré à César.
Soumis aux Romains, et compris d'abord dans la Gaule chevelue, puis dans la Ire, enfin dans la IIIe Lyonnaise, ils virent Nantes devenir un des chefs-lieux les plus importants de l'administration romaine. Vers 275, saint Clair vint prêcher l'Évangile dans cette contrée et en fut le premier évêque. Deux jeunes patriciens, Donatien et Rogatien, qui se convertirent des premiers, subirent le martyre (290) à Nantes, où ils sont appelés les enfants nantais.
A la chute de l'empire, Clovis conquit ce pays. Le système de partage qui divisa ses États entre ses fils ayant atteint aussi la Bretagne, elle fut divisée en quatre comtés, dont l'un était celui de Nantes, tributaire des rois francs. Depuis lors, l'histoire du comté de Nantes présente la lutte continuelle des comtes de cette cité et des ducs de Bretagne, ceux-ci s'efforçant de ramener le comté dans leur dépendance, ceux-là de l'en affranchir ; les ducs de Bretagne finirent par l'emporter et résidèrent à Nantes ; mais ce ne fut pas pour une bien longue durée, car les rois de France survinrent avec une puissance irrésistible et englobèrent le tout dans le royaume de France. Le comté de Nantes faisait partie de la haute Bretagne, ainsi que la sirerie de Clisson, la baronnie de Retz, etc.


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Les départements et leur histoire - Loiret - 45 -

Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, D150653a
(Région Centre)
 
Plusieurs peuples gaulois ont primitivement habité le territoire qui forme le département du Loiret ; les Carnutes occupèrent la partie septentrionale, et les Senones s'étendaient vers l'est, dans le pays appelé depuis Gâtinais. Ces deux confédérations ne se montrèrent pas hostiles à César dans les premières années de la guerre qu'il fit en Gaule.
Mais, en l'année 52, lorsque toutes les populations se furent soulevées à la voix de Vercingétorix, un Senonais et un Carnute s'efforcèrent d'arracher leurs compatriotes à la servitude romaine. Le premier, Accon, échoua dans sa tentative et fut mis à mort ; le second, Cotuatus, fut plus heureux. César s'était emparé de la ville principale de la contrée, Genabum (Orléans), et y avait réuni une partie de son armée et de ses munitions ; Cotuatus surprit cette place, fit périr le commandant romain Fusius et tous les Italiens qu'il avait autour de lui.
A cette nouvelle, César accourt, amenant avec lui les légions qu'il tenait en réserve àAgendicum (Sens), soumet les Senones révoltés et surprend Orléans. Les habitants jettent un pont sur la Loire et s'efforcent de fuir ; César tait mettre le feu à leur ville, et presque tous périssent dans les flammes en expiation du meurtre des Romains. Le conquérant s'empara ensuite de la capitale des Bituriges, Avaricum, puis d'Alise ; le héros de l'Arvernie fit sa soumission, et la Gaule fut domptée. Les Carnutes se résignèrent désormais à la domination romaine. Sous les empereurs, la capitale du pays, restaurée par Aurélien, prit de son bienfaiteur le nom d'Aurelianum,, et Dioclétien rangea la partie du territoire des Carnutes et des Senones qui nous occupe dans la 4sup>e Lyonnaise (292). Ce fut à peu près à cette époque que le christianisme fut apporté dans la contrée par saint Albin et qu'Orléans eut son premier évêque.
A l'époque des invasions, la position centrale des Carnutes et des Senones les exposait aux ravages de ces troupes immenses qui traversaient la Gaule du nord au sud. Orléans vit d'abord les Vandales, les Alains, puis les Huns et leur terrible chef Attila. Cette dernière invasion était plus désastreuse que toutes les précédentes ; l'évêque de la ville, saint Aignan, se rendit sous la tente du barbare pour le fléchir ; Attila imposa de si dures conditions, que les habitants et le prélat lui-même préférèrent t courir les risques d'un siège plutôt que de se soumettre.
Leur ville, pressée de tous les côtés par des hordes innombrables, allait être emportée ; ses habitants s'abandonnaient à un affreux désespoir ; le pieux évêque était à l'autel environné des prêtres, n'espérant plus que dans la miséricorde céleste, quand du haut des murailles on signala les premiers cavaliers de l'armée romaine que le patrice Aétius amenait contre les barbares ; les Huns abandonnèrent leur proie ; poussés par ce nouvel ennemi, ils remontèrent vers le nord. On sait le résultat de la rencontre qui eut lieu à Châlons-sur-Marne (451). Orléans était sauvé, mais tout le pays et les villes moins fortes avaient été si horriblement saccagés, que plusieurs d'entre elles ne se relevèrent pas de ce désastre.
Ceux des barbares qui s'établirent les premiers d'une manière définitive dans ce pays furent les Francs ; la victoire de Soissons livra à Clovis la Gaule jusqu'aux bords de la Seine (486). Son alliance avec la nièce du roi Gondebaud, Clotilde, étendit sa domination jusqu'à la Loire. Les évêques de toute la Gaule centrale accueillirent avec empressement un roi qui, bien que païen encore, favorisait le catholicisme. Orléans fut l'une des premières villes qui reconnurent son autorité, et le chef franc en fit sa principale place d'armes, lorsqu'il porta ses armes au midi de la Loire contre les Wisigoths.
A la mort de Clovis, un de ses quatre fils entra en possession de cette importante cité et prit le titre de roi d'Orléans (511). Ce jeune prince, Clodomir, périt en 524 dans une guerre contre les Bourguignons ; il laissait trois jeunes enfants : deux furent égorgés par leurs oncles Childebert et Clotaire ; le troisième, Clodoald, n'échappa à un sort pareil qu'en faisant couper sa longue chevelure, insigne de la dignité royale chez les Francs, et en se consacrant à Dieu ; il fonda auprès de Paris un monastère qui a été l'origine du village de Saint-Cloud.
Les États de Clodomir furent partagés entre Childebert et Clotaire. Cc dernier en fut seul possesseur et hérita de toute la monarchie franque à la mort de son frère, en 558. Trois années plus tard (561), Clotaire mourut ; il n'y eut plus de roi d'Orléans ; cette ville échut à Gontran, roi de Bourgogne, dans le partage que les quatre fils de Clotaire firent à leur tour des États de leur père. Cette période est pour toute la Gaule une époque d'anarchie.
Les pays des Carnutes et des Senones eurent leur part des calamités générales ; Orléans et son territoire furent plus d'une fois dévastés dans les guerres que se firent les rois francs, et dans la lutte de Frédegonde et de Brunehaut ; cette cité vit aussi quelques bandes de l'armée arabe d'Abd-el-Rhaman ; mais la victoire de Charles Martel, à Poitiers (732), lui épargna de nouveaux désastres. Vingt ans après cette victoire qui sauvait la Gaule, la famille d'Héristal recueillait les fruits des services qu'elle avait rendus aux Francs, en remplaçant sur le trône la dynastie des Mérovingiens.
A cette époque, les ducs d'Aquitaine s'efforcèrent de conquérir leur indépendance au midi de la Loire ; les soumettre fut en partie l'oeuvre du règne de Pépin ; Orléans et son territoire virent plus d'une fois les opiniâtres ennemis du roi franc. Hunald et Waïfer reportèrent au nord de la Loire les ravages que le fils de Charles-Martel n'épargnait pas au midi. Le règne glorieux de Charlemagne fut une trêve entre deux époques calamiteuses ; grâce à une administration bienfaisante et à une répression sévère des excès et des actes injustes, Orléans et les pays qui l'environnent jouirent d'un bien-être inaccoutumé.
A cette époque existaient déjà les noms de Sologne et de Gâtinais, qui, sans jamais indiquer des divisions administratives et provinciales, se sont perpétués jusqu'à nous. Quand les Francs eurent envahi la Gaule, les anciennes divisions établies par les Romains s'effacèrent et furent remplacées par des divisions nouvelles tout à fait arbitraires, qui prirent, selon leur étendue, le nom de pagi majores ou pagi minores. Les pagi majoresreproduisaient à peu près les cités -dans toute leur étendue ; les pagi minores en étaient des subdivisions ; quant aux noms particuliers de ces pagi, ils eurent tous une origine diverse et souvent obscure.
Dans le territoire qui aujourd'hui forme le Loiret, se trouva le vaste pagus d'Orléans, et en partie les pagi minores de Magdunum (Meung) ; de Sigalonia (Sologne) , peut-être ainsi nommé de secale ou segale, seigle, ou de siligo, sorte de froment qu'on recueille aussi dans les terres de Sologne, peut-être encore de Sabulonia, nom qui devrait son origine à la nature du sol ; de Belsia (Beauce) ; de Gastum (Gâtinais), dont nous pouvons avancer une étymologie dans le mot gastini, venant de vastare, abatis d'arbres, mais qui, peut-être bien, a tout simplement son origine dans le mot vastum, à cause de son étendue.
Charlemagne régularisa ces divisions qui s'étaient établies d'elles-mêmes ; dans la plupart des pagi, il plaça des comtes pour les administrer ; ces bénéficiaires, tous amovibles et viagers, parvinrent à se rendre héréditaires sous les faibles successeurs de l'empereur carlovingien, quand ils ne furent plus surveillés par les legati et par les missi dominici, officiers impériaux qui rattachaient au centre les extrémités de l'empire et donnaient l'unité à la vaste administration de leur roi.
En 861, Charles le Chauve accorda à Robert le Fort, tige des rois capétiens, le gouvernement du duché de France ; le comté d'Orléans et tout le Gâtinais étaient compris dans cette vaste donation ; ce fut un bienfait pour ces provinces ; elles avaient été ravagées à plusieurs reprises par les bandes de pirates normands qui, remontant les grands fleuves sur leurs bateaux, prenaient les villes riveraines et mettaient tout à feu et à sang sur leur passage.
Orléans avait été pris et dévasté en 856 ; Robert et ses successeurs surent faire en partie respecter par ces pirates la province qu'ils gouvernaient. Sous ces puissants seigneurs, les principales villes eurent leurs comtes particuliers ; la capitale du Gâtinais ; Château-Landon, avait été donnée par Louis II, le Bègue, à son sénéchal Ingelger, avec la main de l'héritière du comté, Adèle, fille de Geoffroy Ier. Les sires de Beaugency, Courtenay, Gien, Pithiviers, Sully furent autour d'Orléans les membres principaux de la hiérarchie féodale. Les évêques d'Orléans étaient à la même époque devenus grands vassaux ; ils possédaient en fiefs les terres de leurs églises, à charge seulement de service militaire.
Lorsque Hugues Capet remplaça sur le trône les Carlovingiens, ses vastes possessions se trouvèrent, par le fait de son usurpation, réunies à la couronne, et ce fut dans la tour d'Orléans que le nouveau roi fit enfermer son compétiteur, l'héritier légitime, Charles de Lorraine, qui avait essayé de faire valoir son droit par les armes. Quelques-uns des vassaux secondaires s'étaient affranchis autour d'Orléans de la suprématie des ducs de France ; il en avait été ainsi des comtes du Gâtinais ; Philippe Ier, quatrième capétien, recouvra ce comté en 1062.
Philippe mourut en 1108 et fut inhumé dans le monastère de Saint-Benoit-sur-Loire, qu'il avait particulièrement aimé et comblé de largesses de son vivant. Louis VI, son successeur, se fit sacrer à Orléans par l'archevêque de Sens ; la vie de ce roi se passa, on le sait, à lutter dans un cercle restreint autour de ses domaines , contre des seigneurs féodaux ; le seigneur de la terre de Meung, vassal de l'évêque d'Orléans, s'empara du petit château de Meung, dont l'évêque s'était réservé la souveraineté immédiate ; Louis, invoqué par l'évêque, marcha contre le comte rebelle, fut vainqueur et le fit périr.
 
Ce fut ensuite contre le seigneur du Puiset, en Beauce, qui tyrannisait toute la contrée entre Chartres et Orléans, que l'actif roi de France tourna ses armes. Hugues du Puiset fut battu et perdit sa ville. Mais un fait qui se passa dans cette guerre donne une idée de la turbulence des vassaux : le sire de Beaugency avait. accompagné le roi Louis le Gros ; un engagement eut lieu près du château du Puiset ; le comte abandonna tout à coup l'armée royale et se joignit à ses ennemis ; Louis, vainqueur de Hugues, tira vengeance du sire de Beaugency et le força à payer une forte amende. A l'autre extrémité du département du Loiret, vers l'est, les sires de Courtenay, seigneurs de Montargis, exigeaient un droit de péage de Sens à Orléans et n'en pillaient pas moins les marchands, quand même ils avaient acquitté ce droit.
Le mouvement religieux qui entraîna vers l'Orient un grand nombre de seigneurs délivra la royauté de beaucoup de ses ennemis ; dans les pays qui nous occupent, plusieurs barons se joignirent à Godefroy de Bouillon et prirent part à la première croisade, et presque tous accompagnèrent le roi Louis VII à la seconde, qui eut lieu en 1147. C'est dans cette expédition que quatre des seigneurs de l'Orléanais furent, à ce que raconte une légende, délivrés du plus grand péril par un miracle.
Les sires de Sully, d'Yèvre-le-Châtel, d'Achères et de Rougemont, emportés par leur courage, avaient été entourés par un corps d'armée turque, faits prisonniers, et, le lendemain, au lever du soleil, ils devaient être pendus aux longues gargouilles ou gouttières du château où leurs vainqueurs les avaient enfermés. Dans un si grand péril, ils ne s'abandonnèrent pas au désespoir ; l'un d'entre eux avait déjà eu occasion de recourir à la toute-puissante intervention de Notre-Dame-de-Sainte-Croix ; il engagea ses compagnons à lui adresser comme lui leurs prières, et les quatre chevaliers firent voeu de se consacrer à leur bienfaitrice si elle les délivrait des gouttières du château. Ils s'endormirent ensuite pleins de confiance ; à leur réveil, ils étaient transportés dans l'église d'Orléans. Ce fut l'origine d'une redevance en cire appelée gouttières, qui fut longtemps payée à l'église par les successeurs des quatre barons.
La même époque qui vit les croisades fut aussi témoin de l'affranchissement des communes. L'Orléanais participa peu, dans le principe, aux avantages accordés à un grand nombre de villes situées hors du domaine royal. Les rois intervenaient volontiers chez leurs vassaux, accordaient des chartes aux bourgeois et évitaient soigneusement de faire aucune concession dans leurs propres domaines.
En 1137, les bourgeois d'Orléans voulurent s'ériger en commune malgré les officiers du roi ; il s'ensuivit une répression terrible, et la commune fut supprimée par Louis VII, le Jeune, qui se contenta d'abolir la servitude dans la ville et dans la banlieue la dernière année de son règne (1180). Lorris reçut à cette époque une charte, faveur qui fut sollicitée par beaucoup d'autres villes.
Philippe-Auguste acquit au domaine royal les terres de Montargis (1184) et de Gien (1200) ; ce fut à cette époque que tous les pays de l'Orléanais et de la Champagne furent livrés aux déprédations des pastoureaux, qui parcouraient en grandes troupes les campagnes, y prêchant des doctrines d'égalité entre les pauvres et les riches et de destruction des puissants. Ces bandes dévastatrices furent dispersées. Les dernières années de Philippe-Auguste n'eurent de remarquable en Orléanais que la querelle de ce roi contre l'évêque Manassès, au sujet du service féodal dû par les prélats comme vassaux. Manassès obtint de ne pas conduire en personne ses milices à la guerre.
Sous le règne de saint Louis, la contrée jouit d'un calme qui ne fut troublé que par des mouvements isolés. En 1236, une émeute sanglante éclata entre les bourgeois d'Orléans et le clergé ; plusieurs jeunes nobles qui suivaient les cours de l'Université périrent dans un combat qui eut lieu sur la grande place. A la nouvelle de la mort de leurs proches, les seigneurs entrèrent dans la ville, tuèrent un grand nombre de bourgeois et mirent le feu à leurs maisons ; ces désordres ne cessèrent que par l'intervention du roi.
Pendant la croisade que fit saint Louis en 1248, les pastoureaux se montrèrent de nouveau dans l'Orléanais ; ils avaient pris la croix et annonçaient l'intention d'aller en Égypte au secours du roi prisonnier des musulmans. La régente Blanche, mère de saint Louis, les toléra d'abord dans cet espoir ; mais, au lieu de tenir leur promesse, ils se mirent à ravager tous les pays par lesquels ils passaient ; Orléans fut pillé et un grand nombre de prêtres y périrent égorgés.
Les successeurs de saint Louis continuèrent à agrandir le domaine royal. Philippe le Bel acheta, en 1292, le comté de Beaugency. Les Capétiens avaient plusieurs résidences dans le département du Loiret ; ils affectionnèrent particulièrement les séjours de Gien, Montargis, Châteauneuf-sur-Loire, et la vaste forêt d'Orléans retentit souvent du bruit des fanfares des chasses royales. Philippe-Auguste avait établi à Orléans un bailli, officier chargé de l'administration de la justice, dont la juridiction s'étendait sur Beaugency ; Montargis, Gien et le Gâtinais appartenaient au bailliage de Sens.
Philippe IV de Valois érigea, en 1345, l'Orléanais en duché en faveur de son second fils Philippe, auquel Humbert, dauphin de Viennois, avait cédé le Dauphiné. Le roi de France, pour rattacher plus directement à la couronne cette province éloignée, fit porter le titre de dauphin à son fils aîné Jean. Au duché d'Orléans, qui de la sorte était accordé à Philippe en échange du Dauphiné, il joignit les châtellenies de Beaugency, de Châteauneuf, d'Yèvrele-Châtel, de Vitry, de Neuville-aux-Loges, d'Hyenville, de Château-Renard, de Lorris et de Bois-Commun ; toutes ces seigneuries furent momentanément distraites du domaine royal.
La guerre de Cent ans ramena dans l'Orléanais des désastres que depuis longtemps cette province ne connaissait plus. Plusieurs de ses comtes périrent ou furent pris dans les batailles de Crécy (1346) et de Poitiers (1356). Après cette dernière défaite, des bandes d'aventuriers anglais et navarrais se répandirent autour d'Orléans et mirent toute la contrée à feu et à sang. Les villes de Châteauneuf et Châtillon-sur-Loire tombèrent en leur pouvoir et furent détruites.
Après le traité de Brétigny (1360), ce fut le tour des grandes compagnies de désoler le pays ; la paix leur avait enlevé leurs moyens d'existence ; elles exercèrent autant de ravages qu'en pleine guerre. A la reprise des hostilités (1367), le prince de Galles ravagea le Gâtinais, et, trois ans plus tard, Robert Knolles dévasta l'Orléanais. Beaugency fut emporté d'assaut par une troupe de Gascons. Le prudent Charles V eut soin d'éviter tout engagement sérieux contre les Anglais et se garda bien de compromettre le sort de la France dans une grande bataille comme à Crécy et à Poitiers ; il reprit une à une les villes dont les ennemis s'étaient emparés, mais il abandonna le plat pays, et le territoire dont nous nous occupons fut horriblement dévasté.
Au commencement du règne de Charles VI, l'Orléanais fut réuni à la couronne par la mort de Philippe, duc d'Orléans, qui ne laissait pas d'héritiers. Malgré les sollicitations des bourgeois des vil-les qui demandaient à ne plus être séparés de la France royale, Charles VI donna l'Orléanais en apanage à son frère Louis. Avec ce prince commence une nouvelle période de désastres, la lutte des Armagnacs et des Bourguignons. La démence de Charles VI livre le gouvernement à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et oncle du roi, et à Louis, duc d'Orléans, son frère ; après la mort de Philippe, Jean sans Peur, son fils, hérita de son influence dans la direction des affaires.
Le duc d'Orléans ne cessa d'être en opposition avec les deux ducs de Bourgogne ; deux partis se formèrent dans l'État autour d'eux, mais la lutte ne devint directe qu'après que Jean, sur le soupçon d'une intrigue entre sa femme et le duc d'Orléans, eut fait assassiner celui-ci à Paris, rue Vieille-du-Temple (1407). Cet événement fut le signal des hostilités. Valentine de Milan, épouse de Louis d'Orléans, vint à Paris demander justice du meurtrier ; mais le peuple de Paris s'était prononcé pour Jean sans Peur ; le comte Bernard d'Armagnac, beau-père du jeune Charles d'Orléans, accourut du Midi au secours des jeunes princes d'Orléans ; il eut à Gien une entrevue avec eux pour aviser au moyen de détruire l'influence des Bourguignons (1410), et cinq années se passèrent en combats et en guerres intestines.
 
L'invasion de la France par les Anglais, qui furent victorieux à Azincourt (1415), n'établit qu'une trêve momentanée entre les partis. Le duc d'Orléans ayant été fait prisonnier dans cette journée désastreuse, le dauphin se chargea de sa querelle. Nous avons raconté ailleurs (Seine-et-Marne, Montereau) l'assassinat du pont de Montereau, qui fut la représaille de celui de la rue Vieille-du-Temple (1419). Les Bourguignons se jetèrent dans le parti des Anglais, y entraînèrent avec eux l'infortuné Charles VI, lui firent déshériter son fils Charles VII au profit du roi d'Angleterre, Henri V (traité de Troyes, 1420), et s'emparèrent si bien de toute la France que deux ans après, à la mort de Charles VI et de Henri V, le dauphin ne put être sacré à Reims, et que, dépouillé de la plupart des villes de son royaume, il était appelé en dérision le roi de Bourges.
La monarchie était à deux doigts de sa ruine quand une jeune fille sauva la France. En 1423, Charles VII avait perdu la bataille de Gravant ; en 1428, Jargeau, Pithiviers, Courtenay lui furent enlevés, et cette même année le siège fut mis devant Orléans. Une chanson populaire, dont on accompagnait le son des cloches sonnant au loin dans les campagnes, ne disait-elle pas :
A notre Dauphin si gentil,
Hélas ! que lui reste-t-il ?
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendosme, Vendosme !
 
Orléans était donc le dernier boulevard de Fraude ; Jeanne D'Arc le délivra. Après avoir sauvé la capitale, Jeanne reprit une à une les villes de l'Orléanais, Jargeau, Beaugency, remporta une victoire complète à Patay et mena sacrer Charles VII à Reims. Après la mort de l'héroïque jeune fille, les Anglais s'emparèrent de nouveau de Montargis ; mais, en 1438 , cette place rentra sous la domination française. L'année suivante eurent lieu, à Orléans, les fameux états généraux où la création d'une armée permanente et l'établissement d'une taille pour son entretien furent décidés. En 1440, Orléans fournit au duc Charles 9 000 écus d'or pour l'aider à payer sa rançon au roi d'Angleterre.
Le successeur de Charles VII, Louis XI, affectionna l'Orléanais ; il se fit admettre chanoine de Saint-Aignan, offrit de riches présents à la cathédrale d'Orléans et reconstruisit l'église de Notre-Dame de Cléry. Mais cette église ayant été en partie détruite par les flammes en 1472, il la fit de nouveau réédifier telle qu'elle existe aujourd'hui. Pendant la régence d'Anne de Beaujeu, le duc d'Orléans, qui plus tard fut Louis XII, se souleva (Guerre folle). Il passa quelques années à Orléans, qu'il fit agrandir de près de moitié ; ce fut de cette ville qu'il partit pour se mettre à la tête de l'armée de Bretagne qui fut dispersée à Saint-Aubin-du-Cormier. Son avènement au trône (1498) réunit pour la seconde fois l'Orléanais à la couronne.
Les rois Louis XII, François Ier et Henri II régularisèrent l'administration de la justice dans notre département. La coutume du bailliage d'Orléans, dressée en 1227, en même temps que celle de Paris, fut publiée en 1510 ; celle de Montargis date de 1531 ; en 1558, Henri II créa une généralité à Orléans, qui auparavant dépendait de la généralité de Bourges. Sous Charles IX, elle fut divisée en douze élections, au nombre desquelles se trouvaient Orléans, Beaugency, Pithiviers, Montargis et Gien. Dans la dernière année du règne de Henri II, un siège présidial fut établi à Orléans, avec ressort sur Montargis, Gien, Beaugency, etc.
Cette même époque vit les guerres de la Réforme ensanglanter les bords de la Loire ; Calvin avait étudié à l'université d'Orléans, alors célèbre. Ses doctrines pénétrèrent dans l'Orléanais vers 1540. Gien les accueillit en 1542, et un des prêtres de cette petite ville fut brûlé à Auxerre en 1545. Les habitants de Châtillon-sur-Loire se distinguèrent parmi les plus fervents calvinistes. A Montargis, la duchesse d'Este se fit la protectrice des réformés.
En 1560, Orléans comptait autant de protestants que de catholiques ; les premiers troubles éclatèrent dans cette ville et à Gien en 1561. Le prince de Condé s'empare d'Orléans après le massacre de Vassy qui fit éclater la guerre civile : Beaugency est pris et pillé en 1502 ; les tombeaux de l'abbaye de Cléry, où avait été enseveli Louis XI, sont profanés ; l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire est saccagée, celle de Fontaine-Jean est incendiée. Le capitaine Noisy, qui commandait ,dans la ville calviniste de Gien, s'empara de Saint-Brisson ; mais le prince de Condé ayant été battu et pris à Dreux, le duc de Guise s'avança dans l'Orléanais, prit Jargeau et vint assiéger Orléans ; il fut assassiné sous les murs de cette ville par Poltrot de Méré.
Orléans ouvrit ses portes à Charles IX après la pacification d'Amboise (1563) ; la faveur que ce roi accorda aux catholiques souleva de nouveau les protestants en 1567. Le capitaine calviniste La Noue s'empara d'Orléans par surprise, Condé prit Beaugency ; en 1569, le duc de Deux-Ponts amena une armée à l'amiral de Coligny jusqu'à Gien. Les succès des protestants ne furent arrêtés que par le terrible massacre de la Saint-Barthélemy ; pendant deux journées entières, les protestants furent égorgés dans tous les quartiers de la ville, et l'on dit qu'il périt plus de 700 personnes. Jargeau et Beaugency furent également le théâtre de scènes sanglantes.
La supériorité des catholiques fut de la sorte établie à Orléans, et cette ville entra dans le parti de la Ligue. Une rencontre eut lieu auprès de Montargis, à Vimory, entre une troupe de reîtres au service du roi de Navarre et les soldats du duc de Guise, qui furent vainqueurs. Dans ces circonstances, le roi de France, Henri III, menacé d'un côté par les Guises qui ne prétendaient à rien moins qu'à le remplacer sur le trône, et de l'autre par les protestants, fit la paix avec ces derniers, s'unit à Henri de Navarre et s'empara d'une partie de l'Orléanais ; Jargeau, Gien, Pithiviers tombèrent en son pouvoir. Il fut assassiné à Saint-Cloud (1589) ; Orléans continua à tenir pour la Ligue et à résister à Henri IV jusqu'à ce que Paris lui eût ouvert ses portes.
La soumission de la capitale (1591) entraîna celle de toutes les villes environnantes. Un fils de Henri IV, Gaston, reçut en apanage l'Orléanais. Louis XIV donna à son frère le duché au même titre, et ce dernier a été la tige de la maison d'Orléans qui arriva au trône en 1830.
Le frère de Louis XIII se mêla à toutes les intrigues et à tous les soulèvements de la noblesse contre le cardinal de Richelieu, puis, sous Mazarin, prit avec sa fille, MIie de Montpensier, la fameuse Mademoiselle, une part active aux troubles de la Fronde. Son duché, l'Orléanais, fut le centre de la plupart des agitations politiques qu'il suscita ; en 1643, Orléans voulut rester neutre entre la Fronde et Mazarin ; mais Mademoisellepénétra dans la ville et la détermina à prendre le parti des frondeurs. Turenne s'avança à cette nouvelle sur Gien ; mais Condé, à la tête de 12 000 Allemands que lui avait amenés le duc de Nemours, prit l'offensive, s'empara de Montargis et battit à Bléneau une partie de l'armée royale.
Les guerres de religion, de la Ligue, puis de la Fronde avaient tellement appauvri le pays, que les habitants se trouvèrent dans l'impossibilité de payer aucune sorte d'impôt ; en 1655, ceux qui résidaient dans les paroisses de Sully-sur-Loire et de Saint-Benoît se coalisèrent contre les percepteurs des tailles et ne purent être réduits que par un corps de troupes réglées.
En 1789, l'Orléanais adopta avec enthousiasme les principes de la Révolution ; le chef-lieu du Loiret eut cependant sous la Convention à subir la sanglante oppression de ses proconsuls ; Collot d'Herbois et Laplanche s'y signalèrent par leurs fureurs. Pendant les années suivantes, jusqu'en 1800, des bandes de brigands, connues sous le nom deChauffeurs, ravagèrent les deux départements du Loiret et d'Eure-et-Loir.
Ces désordres cessèrent sous le Consulat ; mais en 1815 et plus tard en 1870, l'Orléanais eut à souffrir de l'invasion étrangère. A la suite du combat d'Artenay, le général Von der Tann , à la tête de 50 000 Bavarois, s'empara, le 11 octobre 1870, d'Orléans, d'où l'armée de la Loire, sous les ordres du général d'Aurelle de Paladines, le délogea, le 10 novembre, par la victoire mémorable de Coulmiers ; mais le 5 décembre, après trois jours de combats, elle dut se retirer devant les forces supérieures de l'ennemi, qui prit de nouveau possession d'Orléans.
Cependant, les 7, 8 et 10 décembre, les 15°, 18° et 20° corps, placés sous les ordres du général Chanzy, soutinrent vaillamment, sur les bords de la Loire, l'attaque des Prussiens ; mais composés pour la plupart de mobiles, c'est-à-dire de soldats improvisés, pleins de bravoure, mais inexpérimentés et mal armés, ils ne pouvaient opposer une longue résistance aux troupes aguerries du prince Frédéric-Charles, et Chanzy dut battre en retraite sur Vendôme, et de là sur Le Mans. Les pertes éprouvées par le département du Loiret, pendant la guerre de 1870-1871, se sont élevées à la somme de 37 886 906 fr. 66.


Les départements et leur histoire - Lot - 46 -

Les départements et leur histoire,Loire,Haute Loire,Loire atlantique, Dc5d1a52
(Région Midi-Pyrénées)
 
Le département du Lot et celui de Tarn-et-Garonne ont été formés de la province qui portait, avant 1789, le nom de Quercy. Ce nom, que l'on a voulu faire dériver des chênes (quercus) dont le pays était autrefois couvert, vient des Cadurci, le peuple gaulois qui occupait cette contrée avant l'invasion romaine.
Les Cadurci étaient de race celtique. Établis dans les bassins du Tarn, du Lot et de la Dordogne, presque au pied des montagnes d'Auvergne, dont les ramifications donnaient à leur pays cet aspect aride et escarpé qui rappelle l'Afrique au voyageur, ils étaient sur la zone même où se rencontraient les peuples celtiques et les peuples ibères. A leur droite et à leur gauche, les Petrocorii (Périgord) et les Rutheni (Rouergue) étaient Celtes comme eux ; plus au sud et plus à l'ouest, l'origine ibérienne des habitants se reconnaissait et se reconnaît encore à leurs caractères, physiologiques.
Si les monuments celtiques ne sont pas aussi nombreux dans ce département que dans certains autres, ils n'y manquent point cependant. On y trouve particulièrement des monuments funèbres, des tombelles, dont quelques-unes renferment plusieurs cercueils de pierre superposés, par exemple celle qu'on nomme Puy-les-Martres (Puy-des-Martyrs) ; des dolmens, qui sont également des monuments funèbres, comme l'attestent les squelettes mis à découvert par les fouilles, et dont le principal est celui qu'on appelle la Pierre Martine, près de Livernon : il a plus de 7 mètres de longueur et plus de 3 de largeur ; sa table supérieure oscille sur ses supports pendant une minute à la moindre pression de la main ; auprès des squelettes, on a trouvé des flèches et des haches en silex, des fragments de poterie, des ornements en os ou en pierre, des épées et des poignards en cuivre. Près de Prayssac, sur la montagne de Roquebert, on voit un cromlech assez considérable.
Les Cadurci formaient une cité qui dépendait de la grande confédération des Arvernes. Ils prirent part avec ce peuple puissant à l'énergique résistance qu'il opposa aux généraux de Rome. Ils combattirent avec Britich sur les bords du Rhône contre Fabius. Plus tard, dans la grande lutte contre César, ils fournirent leurs contingents au camp d'Alésia, où Vercingétorix avait convoqué la Gaule entière, et enfin leur pays eut l'honneur de servir de théâtre aux derniers efforts de l'indépendance gauloise.
On s'est demandé où était située la ville d'Uxellodunum. Cahors, Luzech, Puech d'Usselou, Capdenac se sont disputé ce nom. Le Puech-d'Usselou ou Puy-d'Issolu, selon d'Anville, est l'ancienne Uxellodunum. Des recherches et des fouilles pratiquées sous la direction du commandant Stoffel, plaidèrent en faveur de cette opinion, malgré les assertions de Champollion-Figeac et de la commission de topographie des Gaules, qui penchèrent, celle-ci pour Luzech, et celui-là pour Capdenac. Uxellodunum était une place fortement située sur un rocher à pic, au pied duquel serpentait une rivière. Le lieutenant de César, Caninius, qui venait de vaincre Dumnacus, s'avança à la poursuite de Drapès et de Lucterius jusqu'à la place dont nous parlons et où les fugitifs se jetèrent.
Lucterius était du pays ; c'était un Cadurque à qui ses richesses et son esprit ambitieux avaient donné dès longtemps une grande influence et qui venait de l'accroître encore par des services rendus à la cause de la Gaule tout entière. Arrêté devant cette place inexpugnable, Caninius eut le bonheur de s'emparer de Drapès et de mettre en fuite Lucterius, à la suite d'une sortie qu'ils venaient de faire pour aller chercher des vivres, dont la disette se faisait sentir dans la ville.
Avoir privé la ville de ses deux meilleurs défenseurs, ce n'était pourtant point l'avoir prise, et l'arrivée de César ne fut pas inutile à son lieutenant. Il commença par empêcher les habitants de venir puiser de l'eau à la rivière, et, comme ils étaient obligés pour cela de descendre le flanc escarpé de la montagne, il y réussit facilement en disposant en face des archers et des machines à projectiles. Privés de l'eau de la rivière, les assiégés recoururent à celle d'une fontaine qui coulait au pied de leurs murs. César voulut également les en écarter et fit construire près de ces murs une tour de bois à dix étages d'où les traits pleuvaient sur eux ; ils s'en débarrassèrent en faisant rouler contre elle des tonneaux de suif et de bitume enflammé.
César trouva alors un moyen fort efficace ; une tranchée creusée dans le roc détourna les eaux de la source qui tarit subitement à la vue des assiégés ; ce qui les jeta dans un tel désespoir qu'ils virent dans cet événement moins l'habileté humaine qu'un arrêt du ciel. Ils se rendirent. César leur laissa la vie et leur fit couper les mains, « afin de rendre plus visible à tous le châtiment des méchants, » comme dit singulièrement son compagnon de guerre et le continuateur de ses Commentaires, Hirtius.
Drapès se laissa mourir de faim. Lucterius fut livré par la trahison d'un Arverne nommé Epasnact, « grand ami du peuple romain, » et mourut par la main du bourreau. La Gaule, saisie de terreur, n'osait plus remuer ; elle tremblait au seul nom de César ; et les voisins des Cadurques, redoutant leur sort, chantaient entre eux à voix basse ce refrain demeuré traditionnel :
Prends garde, fier Pétrocorien,
Réfléchis avant de prendre les armes,
Car, si tu es battu,
César te fera couper les mains !
 
Le pays des Cadurques fut compris, sous Auguste, dans la Gaule Aquitaine, et, sous Honorius, dans la Première Aquitaine. Il reçut, comme toutes les provinces gauloises, en dédommagement de la liberté perdue, les bienfaits de la civilisation romaine, des routes, des aqueducs, des édifices, dont nous parlerons à propos de Cahors. On ne cite guère néanmoins que trois localités du département qui datent de l'époque romaine : Cahors ; Duravel (Diolidinum), et Mercuès (Mercurii Castrum).
Au Ve siècle, le Quercy eut sa part des malheurs de la Gaule et fut ravagé successivement par les Vandales, les Alains, les Suèves, enfin les Wisigoths qui s'y établirent, et en furent chassés par Clovis. Il suivit le sort de l'Aquitaine sous les rois francs de la première et de la deuxième race. Celle-ci, toute belliqueuse et résolue à dompter enfin le midi de la Gaule, toujours rebelle au nord, entreprit ces guerres terribles que signala la résistance des princes vascons Hunald et Waïfre. Associé par sa situation géographique à la lutte des Méridionaux, le Quercy fut un des principaux théâtres de cette guerre défensive que favorisaient ses montagnes et ses nombreux défilés. Après le triomphe des Carlovingiens, il forma, avec le Rouergue, l'un des neuf comtés établis par l'empereur d'Occident dans le royaume d'Aquitaine, échu à son fils.
Quoique éloigné de la mer, le Quercy n'en fut pas moins exposé, pendant les trois siècles qui suivirent la mort de Charlemagne, aux ravages des Normands. Avoir des fleuves et des rivières navigables, c'est une richesse pour un pays ; mais, à cette époque désastreuse, c'était une calamité. Les Normands remontèrent la Dordogne jusqu'à Souillac, le Lot et le Célé jusqu'à Figeac, répandant partout la désolation.
Le régime féodal rendit au pays la sécurité. On regarde comme le premier comte héréditaire du Quercy un certain Rodolphe, qui vivait en l'an 900. Mais sa postérité ne posséda ce comté que pendant soixante ans. Robert, arrière-petit-fils de Rodolphe, ayant fait la guerre à Pons, comte de Toulouse, en fut complètement dépouillé. Depuis cette époque, le Quercy fut possédé, conjointement avec le Rouergue, par une branche de la maison des comtes de Toulouse que l'on croit avoir été la branche aînée.
Enfin, en 1065, Berthe, comtesse de Quercy et de Rouergue, étant morte sans postérité, ces deux pays furent réunis au domaine des comtes de Toulouse et suivirent les destinées de la maison de Saint-Gilles. Le divorce d'Éléonore et de Louis VII, suivi du mariage de cette princesse avec le roi d'Angleterre, Henri II, livra la Guyenne aux Anglais et leur donna des prétentions sur le comté de Toulouse. Henri II entreprit aussitôt la guerre contre Raymond V et marcha sur Toulouse ; n'ayant pu s'en emparer, il prit du moins Cahors (1159) ; mais la paix qui se fit bientôt après lui enleva sa conquête.
En 1188, la guerre recommença. Raymond V, offensé par l'un des fils du roi d'Angleterre, le fameux Richard Coeur de Lion, fit arrêter deux chevaliers anglais qui revenaient d'un pèlerinage à Saint-Jacques en Galice. Outré de colère, Richard se jeta sur le Quercy, y prit dix-sept châteaux et demeura en possession de cette province jusqu'en 1196. Devenu alors roi d'Angleterre, il fit la paix avec Raymond VI, qui avait succédé à Raymond V, et, renonçant à ses prétentions sur le comté de Toulouse, lui rendit le Quercy.
La guerre des Albigeois répandit la désolation dans tout le Midi. Le Quercy fut envahi par Simon de Montfort et la possession lui en fut confirmée par le légat du pape. Un peu plus tard, Raymond VI ayant recouvré ses États, les transmit à son fils Raymond VII ; mais celui-ci trouva un adversaire plus redoutable encore dans le roi de France. Le comté de Toulouse et ses dépendances furent presque entièrement annexés au domaine de la couronne. Le Quercy appartenait en effet au roi de France sous le règne de saint Louis ; mais il fut au nombre des provinces que ce monarque abandonna à l'Angleterre par le traité de 1259, sous condition d'hommage lige. Plus tard, conquis par Du Guesclin sous Charles V, puis repris par les Anglais, il resta en leur pouvoir jusqu'à l'époque où ils furent chassés de France, c'est-à-dire jusqu'en 1453.
Louis XI incorpora le Quercy à la Guyenne, qu'il donna à son frère Charles de Berry. A la mort de ce dernier (1472), la province fut pour toujours réunie au domaine royal. Avant cette réunion, le Quercy avait ses états provinciaux. Ces états votaient les subsides que le pays accordait au comte ; ils continuèrent d'exister et de voter les subsides pour le roi. Ils se composaient des trois ordres. Le tiers se formait des députés de 24 communes, villes et bourgs, dont les principales étaient Cahors, Montauban, Figeac et Moissac. Ils se réunissaient dans une de ces quatre villes. L'évêque de Cahors en avait la présidence. En 1552, Henri II institua à Cahors un présidial.
Les guerres de religion mirent en évidence un contraste, une rivalité même qui a toujours existé entre le haut et le bas Quercy. Le haut Quercy, où se trouvait Cahors, resta fidèle au catholicisme ; le bas Quercy, plus méridional, se déclara pour les calvinistes qui y trouvèrent une de leurs plus fortes places, Montauban. Malgré cette hostilité si marquée, l'unité administrative du Quercy subsista jusqu'à la fin de la monarchie, si ce n'est qu'une faible partie de la province, celle qui était située au nord de la Dordogne, relevait du parlement de Bordeaux, tandis que tout le reste relevait de celui de Toulouse.
L'organisation nouvelle de 1779, qui réunit, sous le nom d'administration de la haute Guyenne, le Quercy et le Rouergue, n'amena point encore de séparation, et il en fut de même en 1790, de l'organisation départementale, qui enveloppa tout le Quercy dans l'unique circonscription du département du Lot. Sans doute les circonstances étaient trop graves et les préoccupations trop considérables pour que les législateurs de la France eussent le temps de songer aux petites jalousies de Montauban contre Cahors ; mais, en 1808, comme Napoléon Ier revenait de Rayonne où il avait disposé de la couronne d'Espagne, les Montalbanais profitèrent de son passage pour lui exposer les griefs de leur vanité et solliciter le rang de chef-lieu de département. Il leur accorda ce qu'ils demandaient, et un sénatus-consulte, en détachant le bas Quercy pour en former le département de Tarn-et-Garonne, resserra celui du Lot dans les limites du haut Quercy.


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