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Les départements et leur histoire-Lot et Garonne-47-


Les départements et leur histoire-Lot et Garonne,Lozère1et2,Maine et loire- E5a61384
(Région Aquitaine)
 
Le département du Lot-et-Garonne correspond à peu près au territoire qu'occupait avant l'invasion romaine la peuplade celtique des Nitiobriges. Cette peuplade et celle desBituriges Vivisques étaient les deux seules appartenant à la grande nation des Celtes, dont la domination s'étendit sur la rive gauche de la Garonne.
Ce territoire formait le Pagus Aginnensis, ainsi appelé de la capitale Agedinum. Loin de s'associer à cette énergique résistance nationale dont leurs voisins leur offrirent tant d'exemples, les Nitiobriges trahirent la cause commune en livrant le passage de la Garonne aux Romains, lorsque Crassus, lieutenant de César (56 ans avant J.-C.), attaqua l'Aquitaine. La petite peuplade des Sotiates opposa seule de la résistance dans la forteresse de Sos, dont le nom se retrouve aujourd'hui à l'extrémité sud-ouest du département. C'est là que le chef Adcantuan se défendit avec un courage héroïque ; il pratiquait des mines jusque sous les travaux des assiégeants ; il faisait des sorties terribles, accompagné de ses six cents Soldures, ces hommes qui se dévouaient à la vie à la mort à un chef de tribu.
Une capitulation honorable lui fut accordée. Les Nitiobriges avaient accepté le titre flétrissant d'alliés de la république romaine. Pourtant, lorsque Vercingétorix, assiégé dans Alésia, fit un dernier appel au patriotisme des Gaulois, ils revinrent à de meilleurs sentiments et fournirent cinq mille hommes sous le commandement de Teutomar, fils d'Ollovicon ; malheureusement, ce chef imprudent se laissa surprendre sous les murs de Gergovie, tandis qu'il faisait la méridienne dans sa tente, et vit son camp enlevé avant qu'il eût pu se reconnaître ; il n'eut que le temps de sauter demi nu sur son cheval et faillit tomber aux mains des ennemis.
L'époque celtique n'a pas laissé des traces bien nombreuses dans le département de Lot-et-Garonne ; pourtant, on trouve dans les environs d'Agen et de Tournon des dolmens et des peulvens assez bien conservés ; à La Plaigne, près de La Montjoie, arrondissement de Nérac, on voit des ruines d'un vaste édifice qu'on suppose avoir été un temple druidique ; enfin on a déterré aussi en plus d'un endroit des monnaies gauloises, des haches en silex, en porphyre, en bronze, débris de la demi civilisation qui précéda dans ces lieux la civilisation romaine.
Quand les Romains, maîtres de la Gaule, la divisèrent en dix-sept provinces, le Pagus Aginnensis, que nous appellerons désormais Agénois, fut compris dans la seconde Aquitaine, dont il forma l'angle méridional. L'Aquitaine était renommée pour la fertilité de son sol, même à cette époque de décadence où tant de parties de l'empire étaient devenues désertes, puisque Salvien l'appelle le « coeur des Gaules, les mamelles de la fécondité, l'image du paradis. »
Or, dans l'Aquitaine, l'Agénois se distinguait encore par la richesse de ses belles vallées de la Garonne, du Lot et de la Baïse, par la grâce et la fraîcheur des nombreux vallons qui entrecoupent ses plateaux élevés ; il n'est donc pas surprenant que les riches Romains se soient plu à l'habiter, à y construire de somptueuses villas dont les fouilles, particulièrement celles que l'on a faites à Nérac et à Sainte-Pompogne, nous ont révélé l'existence. Statues, figurines, vases antiques, amphores, médailles, monnaies impériales, admirables mosaïques ont été recueillies avec soin.
Les voies romaines sillonnaient le pays ; l'une d'elles subsiste encore aujourd'hui et conduit les voyageurs des rives de la Garonne vers la ville de Sos et l'Armagnac ; on l'appelle la Ténarèse (iter Caesaris). Quiconque allait à Bordeaux, venant du centre de l'empire, traversait l'Agénois. Agen possédait une école qui le disputait à celtes de Toulouse et d'Auch, sinon à celles de Bordeaux.
Le christianisme fut apporté dans l'Agénois, vers 250, par saint Vincent, qui fut martyrisé à Vellanum. Les légendes parlent également de saint Maurin, martyrisé au lieu même où s'éleva depuis l'abbaye de Saint-Maurin, sur les confins de l'Agénois et du Quercy.
L'Aquitaine ayant été cédée par Honorius aux Wisigoths, l'Agénois appartint à ces nouveaux maîtres jusqu'en 507, que les Francs de Clovis les chassèrent du bassin de la Garonne. Les rois francs se le disputèrent. Gontran l'enleva à Chilpéric et le perdit en 587. Dagobert le comprit dans le royaume qu'il constitua à son frère Caribert. En 732, les Sarrasins l'envahirent. Pépin s'en empara sur Waïfre. Charlemagne, à la fin du VIIIesiècle, l'érigea en comté en faveur d'Ermiladius, arrière-petit-fils du duc Eudes.
Ce comté devint héréditaire et passa sous le régime féodal après la chute des Carlovingiens, révolution qui s'accomplit partout au milieu des incursions dont les Normands criblaient notre pays. Pour ces pirates, les fleuves étaient des routes ouvertes. Ils remontèrent ainsi la Garonne jusqu'à Toulouse, en 863, semant l'incendie et la mort sur ces beaux rivages. Pépin, roi d'Aquitaine, les avait appelés pour se maintenir avec leur secours contre ses sujets révoltés.
Enfin ce fléau s'épuisa. L'Agénois avait passé pendant ce temps à Wulfrin, comte d'Angoulême et de Périgord. Garcias le Courbé, duc de Gascogne, le lui enleva en 886. En effet, depuis que les Gascons, au VIe siècle, descendant du versant des Pyrénées, s'étaient répandus vers le nord, la domination de leurs ducs atteignait la Garonne ; elle la dépassa dès lors, et, jusqu'en 1030, ils demeurèrent maîtres de l'Agénois ; ce comté fut alors donné en dot à la fille d'un des ducs gascons, laquelle le porta à la maison de Poitiers.
Au siècle suivant, Éléonore de Guyenne, à son tour, le porta successivement aux rois de France et aux rois d'Angleterre, qui le gardèrent peu de temps, Richard Coeur de Lion l'ayant donné en dot (1196) à sa soeur Jeanne lorsqu'elle épousa Raymond VI, comte de Toulouse. Ces comtes, déjà suzerains de l'Agénois depuis deux siècles, en devinrent alors seigneurs directs.
 
Avec la domination toulousaine, l'hérésie albigeoise se répandit dans l'Agénois. Au reste, ce pays était particulièrement préparé à la recevoir puisque, dès la fin du r siècle et le commencement du XIe, il s'y trouvait un grand nombre de manichéens condamnés par plusieurs conciles et qu'un auteur contemporain, Rodolphus Ardens, désignait sous le nom d'Agénois. Il souffrit considérablement de la fatale croisade qui coûta alors au midi de la France sa prospérité et sa brillante civilisation. « O terres d'Agen, de Béziers, de Carcassonne, s'écrie un troubadour, quelles je vous vis et quelles je vous vois ! »
Simon de Montfort y exerça le pouvoir en souverain et y établit un sénéchal. Moins heureux, son fils Amaury fut chassé et ne rentra qu'avec le secours de Louis VIII, auquel il céda ses droits peu de temps après. La mort de ce roi retarda la chute de l'Agénois sous la domination directe de la couronne de France ; il fut au nombre des pays que le traité de Meaux (1229) laissa à Raymond VII, et tomba des mains de ce dernier dans celles de son gendre Alphonse, frère de saint Louis, en 1245, et enfin de celles d'Alphonse à la couronne, en 1271.
Cependant les rois d'Angleterre protestaient et redemandaient l'Agénois comme un des pays que saint Louis s'était engagé à céder par son traité avec Henri III. Henri III lui-même avait élevé cette prétention à la mort de Raymond VII, et chargé Simon de Montfort, comte de Leicester et deuxième fils du chef de la croisade anti-albigeoise, de réclamer la restitution de cette province aux exécuteurs testamentaires du dernier comte.
Mais l'énergique opposition des habitants fit échouer cette réclamation. Des députés furent envoyés à la cour de France, et prêtèrent dans les mains de la reine mère leur serment de fidélité au comte Alphonse et à la comtesse Jeanne, « absents pour le service de Jésus-Christ, » c'est-à-dire à la croisade avec saint Louis. Henri III renonça à faire de nouvelles démarches ; mais Édouard Ier, son successeur, reprit l'affaire et la mena à meilleure fin.
En effet, par le traité d'Amiens (1279), il se fit restituer l'Agénois et il en donna la jouissance à sa mère Éléonore. Cette province ne demeura pas longtemps sans contestation au pouvoir des Anglais. Lorsqu'en 1292 une querelle de matelots brouilla Philippe le Bel et Édouard, le roi de France, hautain et ambitieux, signifia au roi d'Angleterre, alors dans l'Agénois, une citation appuyée par de nombreux griefs, relatifs en grande partie à cette province. Il l'accusait, par exemple, d'avoir pendu deux sergents d'armes à qui la garde de Castelculier, près d'Agen, était confiée ; d'avoir « arrêté et détenu en prison un grand nombre de personnes, notamment maître Raymond de Lacussan, avocat d'Agen, parce qu'ils disaient qu'il était licite d'appeler du sénéchal de Gascogne et de toute la terre d'Agénois au roi de France. »
Philippe le Bel envoya une armée qui s'empara du pays (1295) ; la guerre s'y fit avec des succès divers jusqu'en 1299. Elle recommença en 1324 à l'avantage des Français, puis en 1337, et cette fois le comte de Derby donna la supériorité aux armes anglaises ; Jean, duc de Normandie, fils du roi de France Philippe VI, échoua au siège d'Aiguillon (1345). Agen restait pourtant aux Français, et leurs 'plus habiles généraux, les comtes d'Armagnac, de Foix, de L'Isle-Jourdain, le roi de Navarre, le sire de Craon soutenaient dans l'Agénois une lutte opiniâtre contre les capitaines anglais.
Le traité de Brétigny rendit ces efforts inutiles en livrant à Édouard cette province parmi tant d'autres. Charles V reprit les armes si honteusement déposées sous le règne de son père l'Agénois fut reconquis et fortement occupé par le duc d'Anjou. Pourtant les hostilités y recommencèrent sous Charles VI et s'y prolongèrent avec des succès divers et de grandes complications pendant tout son règne et pendant la première partie du règne de son successeur. La reprise d'Agen (1439) fut enfin le signal de la retraite définitive des Anglais. Bientôt après se termina cette terrible guerre de Cent ans dont l'Agénois avait été presque continuellement, comme on peut le remarquer, un des principaux théâtres.
Momentanément aliéné par Louis XI en faveur de son frère le due de Berry, l'Agénois fut réuni à la couronne. Mais la partie sud-ouest du département de Lot-et-Garonne, celle où se trouvaient situées les deux villes alors importantes de Nérac et de Casteljaloux, appartenait à la maison d'Albret. Cette puissante maison accrut ses possessions déjà considérables par le mariage du comte Henri d'Albret avec Marguerite de Valois, soeur de François Ier, qui lui apporta en dot l'Armagnac.
La faveur que cette savante princesse accorda aux réformés propagea dans le pays la religion nouvelle et en fit comme une lice ouverte où se rencontrèrent, pendant les guerres de religion,. les plus fameux chefs des deux partis, entre autres le terrible Montluc. En 1572, l'Agénois, avec le Quercy, fut donné en apanage par Charles IX à sa soeur, la seconde Marguerite de Valois, qui épousait Henri de Navarre.
Celui-ci domina dès lors, en son nom et au nom de sa femme, dans toute l'étendue du pays qui forme le département ; mais il se fit des ennemis dans sa nouvelle province par ses scandales amoureux, et se vit bientôt obligé de la défendre contre les troupes royales, puis contre sa femme elle-même lorsqu'elle se fut tournée du côté de la Ligue. Avec Marguerite de Valois finit, en 1616, la liste des comtes apanagistes de l'Agénois. Toutefois, la soeur du cardinal de Richelieu, Mme de Combalet, acquit, en 1642, l'engagement du pays d'Agénois moyennant soixante mille francs, et les ducs d'Aiguillon, branche cadette de la maison de Richelieu, en ont joui jusqu'en 1789 ; les cinés de cette branche prenaient même le titre de comtes d'Agénois.
Quoique réuni définitivement à la couronne au commencement du XVIIe siècle, l'Agénois n'en fut pas moins un des pays qui ressentirent le plus vivement tous les troubles qui agitèrent les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. C'était un des derniers foyers de la Réforme. Dès 1614, Louis XIII fut obligé d'aller assiéger Tonneins. Sept ans après (1621), la défense des protestants dans l'Agénois ayant été confiée au marquis de La Force, Louis XIII s'y rendit de nouveau à la tête d'une armée : tout le pays se soumit, moins Clairac, qu'il fallut assiéger.
Mais, à la nouvelle de l'échec des troupes royales devant Montauban, la révolte éclata de nouveau et obligea le roi de revenir sur ses pas ; la supériorité de ses forces lui donna promptement la victoire, et cette fois, avant de se retirer, il fit démanteler la plupart des villes et châteaux de l'Agénois. Pendant les troubles de la Fronde, le prince de Condé s'efforça d'entraîner cette province dans le parti des rebelles. Mais la plupart des habitants se déclarèrent pour le duc d'Harcourt qui y commandait les troupes royales, et firent leur soumission au roi.
Depuis lors, plus rien de nouveau jusqu'en 1789. Nous ferons seulement observer que cette province non seulement n'est demeurée étrangère à aucun des grands épisodes de l'histoire de France, mais encore que, grâce sans doute à sa position à peu près centrale dans la Guyenne et la grande vallée de la Garonne, elle y a presque toujours joué un rôle considérable : croisade contre les Albigeois, guerre de Cent ans, guerres de religion, s'y sont en quelque sorte concentrées.


Les départements et leur histoire - Lozère - 48 -

Les départements et leur histoire-Lot et Garonne,Lozère1et2,Maine et loire- C063321b



(Région Languedoc-Roussillon)
 
1ère partie
 
Avant la conquête romaine, le pays qui forme aujourd'hui le département de la Lozère était habité par les Gabali ou Gabales, nom qui, en langue celtique, signifie montagnards ouhabitants des hautes terres. César, Ptolémée, Strabon et Pline font mention de ce peuple, que les Arvernes confinaient au nord, les Vellaves et les Helviens à l'ouest ; au midi, les Volces, et à l'orient, les Ruthènes. Ils avaient pour cité Gabalum, aujourd'hui Javols.
Peuple libre comme les Arvernes (Arverni et Gabali liberi, suivant l'expression de Pline), ils furent les compagnons de Bellovèse et traversèrent les Alpes à la suite d'Asdrubal. Rome les eut toujours pour ennemis, jamais pour sujets ; et lorsque plus tard, ayant pris parti pour les Allobroges, ils furent vaincus, ils restèrent indépendants. A l'abri derrière leurs montagnes couvertes de neige, ils se gouvernaient par leurs propres lois et n'obéissaient qu'à des chefs élus par eux.
Il paraît que leur pays abondait en mines d'argent, déjà exploitées du temps des Romains. Pline vante les fromages de la montagne de Lozère (mons Lezurae). Ce pays est un de ceux qui ont conservé le plus de traces de l'ère celtique. A Javols, à L'Aumide, aux Fonds, à Grèzes, à Malavillette, au Montet, on voit encore des dolmens, des menhirs, des pierres druidiques, et l'on croit que la fontaine de la Canourgue est une fontaine gauloise. A Sainte-Hélène, sur la rive droite du Lot, le voyageur s'arrête devant un peulven qu'on appelle dans le pays lou Bertet de las fadas, le Fuseau des fées.
Après avoir laissé des garnisons à Narbonne et dans la Province, César franchit les Cévennes et campa dans le pays des Cabales avant de pénétrer dans l'Arvernie. C'est, dit-on, dans la plaine de Montbel, près de la forêt de Mercoire, que le général romain fit reposer ses légions. Surpris de cette brusque apparition, les Gabales se lèvent en armes, forcent les Helviens leurs voisins, qui s'étaient déclarés pour César, à rentrer dans leurs murs (intra oppida murosque) ; puis ils vont se joindre à l'armée nationale, rassemblée par Vercingétorix.
Après le désastre d'Alésia, ceux d'entre eux qui avaient survécu à la ruine de la patrie rentrèrent dans leurs montagnes ; mais là encore Rome victorieuse dut compter avec eux et respecter leurs libertés et leurs lois. Cependant Auguste les affranchit des liens qui les unissaient aux Arvernes, et les comprit dans l'Aquitaine. Alors Gabalum, colonie romaine, devint la résidence d'un préteur ou proconsul. Il y avait un temple, un palais, un cirque, dont on voit encore les vestiges ; un castrum s'élevait dans le Valdonnez, et la grande voie romaine, ouverte par Agrippa, qui conduisait de Lugdunum à la cité des Tectosages (Toulouse), avait, entre le Mas de la Tieule et le Bouchet, un embranchement sur Gabalum.
Peu à peu, la civilisation romaine tempéra la rudesse et l'âpreté de ce pays. Du temps de Strabon, les arts et les sciences y avaient pénétré, et les habitants commençaient à y parler la langue latine. Ils se livraient à l'agriculture, au commerce et à l'exploitation des mines ; mais leurs richesses firent leur malheur en excitant la cupidité et l'avarice des préteurs romains, et c'est pour se venger de leurs exactions qu'ils se révoltèrent sous Tibère.
Bientôt le christianisme vint achever l'oeuvre de la colonisation, et ce peuple libre et fier, dont Rome n'avait conquis que le territoire, courba la tête sous le joug de la croix. C'est, suivant quelques-uns, à saint Martial, selon d'autres, à saint Séverin, qu'il dut de connaître l'Evangile. Quoi qu'il en soit, la cité des Gabales avait, au IIIe siècle, son église et son siège épiscopal relevant de la métropole de Bourges, et la persécution y avait fait plus d'un martyr.
Quand les Vandales, au Ve siècle, parurent pour la seconde fois dans ce pays, saint Privat en était évêque. Après le sac de Gabalum par ces barbares, il se réfugia avec son troupeau dans la petite forteresse de Grèzes (Gredonense castellum), y soutint un siège contre l'ennemi et le força de se retirer.
Cependant, au VIe siècle, il y avait encore dans ce pays des restes de l'antique religion druidique. Tous les ans, le peuple se rendait auprès d'un étang du mont Helanus (le lac Saint-Andéol), dans lequel on jetait par manière de sacrifices, qui du linge et des vêtements, qui du fromage, du pain et de la cire. Alors, pour détourner les Cabales de ce culte grossier, le saint évêque Evanthius fit construire à peu de distance du mont Helanus une église, où il engagea te peuple à venir offrir au vrai Dieu ce qu'il destinait à l'étang. C'est ainsi que le christianisme faisait tourner à son avantage les pratiques les plus grossières du paganisme.
A la chute de l'empire romain, les Wisigoths s'emparèrent du pays des Cabales ; mais Clovis les en chassa. Alors, ainsi que nous l'apprend Grégoire de Tours, ce pays s'appelaitTerminus Gabalitanus ou Regio Gabalitana. Plus tard, il forma le Pagus Gavaldanus, dont parlent les écrivains du Moyen Age ; d'où le nom moderne de Gévaudan. Sous les rois francs, le Gévaudan eut des comtes particuliers. Au temps de Sigebert, roi d'Austrasie, il était gouverné par un certain Pallade, originaire d'Auvergne. Homme violent et emporté, ce Pallade, au dire des vieux chroniqueurs, vexait et pillait le peuple. Accusé devant le roi par l'évêque Parthenus, il prévint son châtiment en se transperçant de son épée.
A la fin du VIe siècle, sous le règne de Childebert, un autre comte du nom d'Innocent gouverna ce pays en digne successeur de Pallade. Il persécuta entre autres saint Louvent (Lupentius), abbé du monastère de Saint-Privai de Gabalum (Gabalitanae urbs), et l'accusa, pour faire sa cour à la reine Brunehaut, d'avoir mal parlé de cette princesse et de la cour d'Austrasie. Cet abbé ayant été mandé à Metz, où se trouvait Brunehaut, se justifia et fut renvoyé absous ; mais il ne put échapper à la vengeance du comte, qui fut l'attendre à son retour, se saisit de sa personne et l'emmena à Pont-Yon en Champagne, où, après divers tourments qu'il lui fit souffrir, il lui permit de se retirer. Ce n'était qu'un piège, car à peine le pauvre moine libre et parti, te comte le poursuivit, et l'ayant surpris au passage de la rivière de l'Aisne, il l'égorgea et jeta son corps dans la rivière. Après son crime, le comte se présenta à la cour d'Austrasie. On a prétendu qu'il obtint pour récompense l'évêché de Rodez, mais ce fait n'est rien moins que prouvé.
Réuni à l'Aquitaine, ce pays en suivit le sort : il obéit successivement aux rois d'Aquitaine et aux comtes de Toulouse. Raymond de Saint-Gilles, l'un d'entre eux, l'aliéna, dit-on, en faveur des évêques de Mende. Cependant, au XIe siècle, un certain Gilbert, qui épousa Tiburge, comtesse de Provence, se qualifiait de comte de Gévaudan. Ce Gilbert laissa une fille qui, mariée à Raymond Bérenger, comte de Barcelone, lui apporta tous ses droits sur le Gévaudan ; mais l'évêque de Mende se disait aussi seigneur et comte du pays.
 
De là de longs démêlés avec les comtes de Barcelone, qui néanmoins continuèrent à jouir de la seigneurie directe du Gévaudan, où ils possédaient le château de Grèzes. Jacques, roi d'Aragon et comte de Barcelone, céda, en 1225, ce château et le Gévaudan à l'évêque et au chapitre de Mende ; « mais il y a lieu de croire, dit un historien, que cette cession ne regardait que le titre seigneurial, et que Jacques se réservait le domaine utile, puisque, par une transaction passée en 1255 avec saint Louis, le roi d'Aragon renonça alors non seulement à ses droits sur la terre de Grèzes, mais encore à tous ceux qu'il avait sur le Gévaudan. »
Dès lors, ce fut contre les rois de France que l'évêque de Mende eut à faire valoir ses prétentions ; mais la lutte était inégale. Après avoir conservé jusqu'en 1306 la souveraineté du pays, il dut, pour mieux s'assurer la possession du reste, en céder la moitié au roi Philippe le Bel, qui lui laissa le titre de comte de Gévaudan.
Au XIVe et au XVe siècle, ce pays fut ravagé par les Anglais, et par les guerres civiles et religieuses dans les deux siècles suivants. Alors, comme les vallées des Alpes, les Cévennes étaient peuplées d'Albigeois et de Vaudois dont les familles s'étaient réfugiées dans ces montagnes pendant la persécution ; mais là encore l'inquisition les avait poursuivis, et grand était le nombre des victimes qui avaient péri sur le bûcher ou sous le poignard dans ces terribles jours qui suivirent la Saint-Barhélemy.
Cependant les religionnaires prirent les armes. Après s'être rendus maîtres de Marvejols et de Quézac (1562), ils marchèrent sur Mende, qui leur ouvrit ses portes, et de là sur Chirac ; mais comme la place était sur le point de se rendre, le capitaine Treillans, qui commandait un corps catholique, arrive à son secours et force les assiégeants à se retirer. Poursuivant son succès, il reprend Mende, où deux autres chefs catholiques, d'Apcher et Saint-Remisi, viennent le rejoindre.
Bientôt les protestants se présentent de nouveau devant Chirac : la ville fut emportée et mise à feu et à sang. Il y périt plus de quatre-vingts catholiques ; on brûla l'église et la place fut démantelée. De là les religionnaires marchèrent sur Mende ; mais d'Apcher, qui s'y était renfermé avec plusieurs gentilshommes de l'arrière-ban, fit bonne contenance, et la capitale du Gévaudan resta au pouvoir des catholiques. Vint l'édit de Nantes (1598) ; mais la tranquillité dont jouirent les religionnaires des Cévennes ne fut pas de longue durée. Sans cesse menacés dans leurs privilèges, leur liberté et leur vie ; patients et fidèles, ils se reposaient sur la foi des traités et sur le souvenir des services qu'ils avaient rendus à la monarchie en refusant de prendre part à la révolte de Montmorency, et plus tard à celle de Condé.
Cependant la persécution était proche. Colbert, qui prévoyait qu'elle aurait pour résultat l'émigration d'une population essentiellement industrielle et l'exportation de grands capitaux, s'y opposa de tout son pouvoir. « Vous êtes roi, disait-il à Louis XIV, pour le bonheur du monde, et non pour juger les cultes. » Mais les conseils de Mme de Maintenon l'emportèrent, et l'édit de Nantes fut révoqué (1685).
Depuis longtemps, les protestants du Dauphiné et du Vivarais s'étaient insurgés contre la révocation de l'édit, que ceux des Cévennes, toujours soumis, n'avaient pas songé à remuer. « Néanmoins, dit Rabaut Saint-Étienne, on les ménageait alors parce que l'on appréhendait sans doute que les mauvais traitements que l'on faisait souffrir à leurs frères ne les jetassent dans le désespoir. On leur permit même de convoquer une assemblée générale des députés et des gentilshommes de leur province pour y passer un acte de fidélité au roi. » Cette assemblée eut lieu à Colognac, en septembre 1683. Cinquante pasteurs protestants, cinquante-quatre gentilshommes, trente-quatre avocats, médecins ou bourgeois notables, y protestèrent de leur attachement au roi, exhortant tous leurs coreligionnaires à la modération et à la patience.
Après la paix de Ryswick(1697), les protestants espérèrent encore ; mais, au lieu de leur être favorable, cette paix tourna contre eux, et les maux qu'ils avaient soufferts depuis la révocation et qui s'étaient un peu relâchés pendant la guerre se renouvelèrent avec plus de violence que jamais. Pressés d'abjurer, ils répondirent qu'ils étaient prêts à sacrifier leur vie au roi, mais que leur conscience étant à Dieu, ils ne pouvaient en disposer. Alors la terreur et la proscription régnèrent dans ce pays. D'abord on leur envoya des dragons pour les convertir. Ces missionnaires bottés, comme ils les appelaient, entraient dans les maisons l'épée à la main : « Tue ! tue ! criaient-ils, ou catholique ! »C'était leur mot d'ordre.
Ces moyens expéditifs ne suffisant pas, on en inventa d'autres : on pendait ces pauvres gens à leurs cheminées par les pieds pour les étouffer par la fumée ; d'autres étaient jetés dans des puits ; il y en eut auxquels on arracha les ongles ou qu'on larda de la tête aux pieds d'aiguilles et d'épingles. C'est ainsi qu'on leur extorquait parfois leurs signatures ; mais ces. conversions à la dragonne ne faisaient que des hypocrites.
Tel était, au commencement du XVIIIe siècle, le sort des protestants des Cévennes, et non seulement on les surchargea de gens de guerre, mais d'impôts. Les prêtres, abusant de leur influence, firent peser sur eux une capitation extraordinaire, et plus de vingt paroisses du Gévaudan se trouvèrent tout à coup ruinées par ces exactions. Au mois de juin 1702, de pauvres paysans qui n'avaient pu payer ayant été pendus, ceux des villages voisins se soulevèrent, surprirent pendant la nuit les receveurs du droit de capitation et les pendirent à des arbres leurs rôles au cou ; et comme ils s'étaient déguisés en mettant deux chemises, l'une par-dessus leurs vêtements et l'autre sur la tête, on les appelacamisards, du mot camise (en patois du pays chemise).
Cependant les historiens varient sur l'origine de ce mot : les uns le font dériver du motcami (chemin), les autres le font remonter au siège de La Rochelle, les protestants qui entreprirent de secourir cette place s'étant couverts chacun d'une chemise pour se faire reconnaître ; d'autres- enfin prétendent que, comme les camisards étaient vêtus la plupart à la manière des paysans des Cévennes qui portaient alors un justaucorps de toile, ressemblant de loin à une chemise, ils en ont tiré leur nom. Quoi qu'il en soit, il est certain que ce sobriquet fut particulier à ceux des Cévennes.
Cependant la persécution ne se lassait pas. Les prisons regorgeaient de protestants ; on confisquait leurs biens. Des pères de famille, des vieillards étaient condamnés aux galères ; d'autres périssaient dans les supplices : roués, brûlés ou pendus. Une pauvre fille fut exécutée au Pont-de-Montvert ; une autre fouettée par la main du bourreau. Chaque jour des proscriptions et des victimes. On arrachait les enfants des bras de leurs mères, et l'on jetait celles-ci dans des couvents pour être converties. « Bien plus, dit le savant Tollius, on soulevait les enfants contre leurs parents en les émancipant, en dépit de leur jeune âge. » Plus de temples que les couvents ; point d'autre sépulture que les grands chemins ; partout l'inquisition avec ses missionnaires expéditifs. Tels sont, en substance, les détails sur lesquels s'accordent les historiens protestants.Les départements et leur histoire-Lot et Garonne,Lozère1et2,Maine et loire- C063321b
Les départements et leur histoire-Lot et Garonne,Lozère1et2,Maine et loire- 1eee7e97
suite et fin
 
Alors le Gévaudan se divisait en pays haut et pays bas : le haut était presque tout entier dans les montagnes de la Margeride et d'Aubrac ; le bas faisait partie des hautes Cévennes, et occupait la montagne de la Lozère. Cette montagne forme une chaîne connue sous divers noms, et qui s'étend jusqu'aux frontières du Rouergue et du diocèse d'Alais ou basses Cévennes. C'est là qu'est Le Pont-de-Montvert et le Bougès, une des montagnes de la Lozère dont le plus haut sommet, couvert de bois de hêtres, en a pris le nom d'Altefage, mot corrompu du latin, et qui signifie un hêtre élevé. Ces lieux sauvages servaient d'asiles aux proscrits. Comme les chrétiens dans les catacombes, ils s'y réunissaient la nuit, lisant la Bible, chantant des psaumes et s'exhortant au courage et à la patience.
Or, il y avait au Pont-de-Montvert un prêtre d'une famille noble et guerrière : il s'appelait l'abbé du Chayla. C'était un homme naturellement impérieux, sombre et violent ; mais, à la suite de graves maladies, il se relâcha de ses austérités. « Il mena, dit son biographe, une vie moins dure. » Il allait à cheval, pratiquait un peu moins l'abstinence, le jeûne, et traitait bien ses hôtes. Il paraît qu'il aimait aussi le jeu. Il avait été missionnaire à Siam. De retour dans son pays natal, il avait été nommé inspecteur des missions des . Cévennes ; animé d'un zèle que plusieurs, ajoute son biographe, ont traité d'indiscret, il faisait une rude guerre aux protestants. Pour mieux réussir, il prit avec lui une mission volante, composée de plusieurs missionnaires, tant séculiers que réguliers, et se transportait partout où il y avait des hérétiques à combattre ; mais, loin de travailler pour le bien de la religion et de l'État, sa mission ne leur suscitaient que des ennemis.
Il avait fait de son château une prison, et ce que l'on racontait des tortures qu'il y faisait subir à ceux qu'il voulait convertir le rendait la terreur de la contrée. Un jour, à la tête d'une compagnie de soldats, il surprit une assemblée de protestants dans les montagnes. Plus de soixante personnes des deux sexes qui s'y étaient réunies pour prier furent enlevées ; l'abbé commença par en faire pendre quelques-unes et fit conduire les autres dans son château ; cependant plusieurs parvinrent à s'en échapper, convoquèrent leurs frères et leur firent le récit de ce qu'ils avaient souffert. Ils disaient que l'abbé faisait fendre des poutres avec des coins de fer et forçait ensuite ses prisonniers de mettre leurs doigts dans ces fentes dont il faisait retirer les coins.
C'est ce qu'on appelait les ceps de l'abbé du Chayla. A ce terrible récit, la colère et le désespoir se peignent sur tous les visages. Tous jurent de venger leurs frères persécutés. Ils s'arment et se rendent à l'entrée de la nuit au Pont-de-Montvert, devant le château : le silence y régnait, lés portes en étaient barricadées : l'abbé, qui avait eu vent de la conjuration, s'était mis en état de résister. Il avait avec lui quelques soldats et des domestiques résolus à vendre chèrement leur vie. Mais les assaillants enfoncent les portes, et mettent le feu au château. Déjà le toit est en flammes ; l'abbé essaye de se sauver à l'aide d'une échelle de corde par une fenêtre qui donnait sur le jardin mais, en glissant, il se laisse tomber et se casse une jambe.
Néanmoins il parvient à se traîner dans une haie vive qui servait de clôture au jardin ; il y est bientôt découvert. « Allons garrotter ce persécuteur des enfants de » Dieu, »s'écrièrent les assaillants ; et craignant pour sa vie, le malheureux abbé vient se jeter aux pieds de leur chef ; en vain celui-ci voulut-il le sauver ; plusieurs de sa troupe reprochèrent à l'abbé toutes ses violences, ajoutant qu'il était temps de les expier.« Hé ! mes amis, leur criait le pauvre abbé, si je me suis damné, en voulez-vous faire de même ? » A ces mots il fut frappé. « Voilà pour ce que tu as fait souffrir à mon père ! »lui dit l'un. « Voilà pour avoir fait condamner mon frère aux galères ! » ajouta un autre. On dit qu'il reçut cent cinquante-deux blessures. Il expirait au moment où l'on arrivait à son secours.
Telle est la version protestante de la mort de l'abbé du Chayla. Voici maintenant la relation catholique d'après son biographe, M. Rescossier, doyen du chapitre de Marvejols : sur le soir, il y eut une conférence avec les autres missionnaires, dans laquelle on parla des peines du purgatoire ; et sur la fin on agita cette question : si ceux qui souffraient le martyre étaient sujets à ces peines.
Rescossier raconte que, chacun s'étant retiré dans son logis pour se coucher, on le vint avertir qu'il y avait quelques étrangers qui commençaient à arriver dans le lieu. Il crut que c'était une fausse alarme, jusqu'à ce qu'il entendit un grand tumulte de gens qui avaient investi sa maison et qui tiraient des coups de fusil contre les fenêtres. Croyant qu'ils ne demandaient que l'élargissement de quelques prisonniers qu'on avait pris dans les assemblées des fanatiques, il donna ordre qu'on les fit sortir. Ces malheureux ne virent pas plus tôt la porte ouverte qu'ils se jetèrent en foule dans la maison ; ils enfoncèrent une porte d'une salle basse où on avait dressé un autel pour y dire la sainte messe, et, ayant fait un bûcher au milieu de cette chapelle, ils y mirent le feu pour faire périr M. l'abbé dans l'incendie de cette maison. Il essaya de se sauver par la fenêtre à l'aide de ses draps de lit ; mais ces liens n'étant pas assez longs, il tomba d'assez haut. Cette chute fracassa une partie de son corps ; il se 'raina dans des broussailles, où il resta jusqu'à ce qu'il fût découvert, à la faveur de la lumière que jetait l'incendie de sa maison.
On courut sur lui ; on le traîna par la rue de ce bourg (Le Pont-de-Montvert) qui va au pont. On lui fit toutes les insultes imaginables, le prenant par le nez, par les oreilles et par les cheveux, le jetant par terre avec la dernière violence, et le relevant en même temps, vomissant mille injures atroces contre ce saint prêtre, lui disant qu'il n'était pas aussi proche de la mort qu'il pensait, qu'il n'avait qu'à renier sa religion et à commencer de prêcher le calvinisme pour se garantir du péril. Cette proposition scandalisa notre saint abbé, qui demanda à faire sa dernière prière.
On lui permit ce qu'il demandait. Alors, se jetant à genoux au pied de la croix qui est sur le pont, et élevant les mains vers le ciel, il recommanda son âme à Dieu avec une ferveur extraordinaire. Ces impies, transportés de rage de le voir à genoux au pied de cette croix, ne purent plus se retenir. Celui qui les commandait donna le signal de tirer un coup de fusil dans le bas-ventre de notre saint abbé. Alors cette troupe se jetant sur. lui comme à l'envi, et chacun voulant avoir la satisfaction de lui donner le coup de la mort, ils criblèrent tout son corps de coups de poignard. Ceux qui ont fait la vérification de ses blessures ont rapporté qu'il en avait vingt-quatre de mortelles, et que les autres étaient dans un si grand nombre, qu'on ne pouvait les compter.
L'abbé du Chayla fut enseveli à Saint-Germain-de-Calberte, dans le tombeau qu'il y avait fait préparer de son vivant ; et son convoi fut suivi de toute la population catholique des paroisses voisines du Pont-de-Montvert. On se dira qu'il aurait mieux fait de se contenter de l'emploi de missionnaire sans y joindre celui d'inspecteur ; car par là il avait aigri tous les esprits en dénonçant leurs prédicants et ceux qui assistaient à leurs assemblées, ou en faisant renfermer leurs enfants dans des séminaires et dans des couvents pour y être instruits ; mais, dit encore .son biographe, peut-on nier qu'il ne soit permis à un prêtre de dénoncer ceux qui sont rebelles à l'État et à la religion ?
 
Tel fut le prélude de l'insurrection des camisards, l'un des événements les plus remarquables de l'histoire du XVIIe siècle. « Comparable dans son commencement à une étincelle qu'une goutte d'eau eût pu éteindre, elle s'alluma, dit un historien, au point de fixer toute l'attention de la cour, qui craignait avec raison que l'embrasement ne devînt général. » Alors, en effet, les montagnards cévenols se réunirent et s'armèrent pour la défense commune. Ils choisirent pour chefs les plus braves d'entre eux : Roland, Cavalier, Ravenel, et Catinat.
Roland s'établit dans les montagnes, et Cavalier dans la plaine. Pendant trois ans que dura cette guerre, l'on vit une poignée d'hommes mal armés, sans expérience, tenir tête à des troupes régulières, nombreuses et aguerries, commandées par des généraux habiles : Montrevel, qui se plaignait de voir sa réputation compromise avec « des gens de sac et de corde, » fut remplacé par Berwick et Villars.
Ces derniers, en ouvrant des routes à travers les Cévennes, abrégèrent la durée de cette guerre en facilitant aux troupes les abords de ces montagnes et en rendant impossibles les soulèvements des protestants. Ces routes furent en même temps un bienfait pour le pays et réparèrent un peu les souffrances que ses habitants avaient éprouvées pendant un demi-siècle ; souffrances dont le souvenir arrachait des larmes à l'évêque Fléchier, et qui n'auraient pas eu lieu si les prêtres des Cévennes avaient suivi ses sages conseils.
Quant à Jean Cavalier, le héros des camisards, après avoir traité de la paix avec le maréchal de Villars, en 1704, il passa en Angleterre, y prit du service et mourut gouverneur de Jersey.
Avant 1789, le Gévaudan avait ses états particuliers, qui chaque année s'assemblaient alternativement à Mende ou à Marvejols ; ils étaient présidés par l'évêque de Mende, qui s'y rendait assisté de son grand vicaire ; mois celui-ci n'y avait ni rang ni voix délibérative. Seulement, en l'absence de l'évêque, il présidait. Cinquante membres, y compris l'évêque président, composaient l'assemblée ; savoir : sept du clergé, vingt de la noblesse et vingt-deux du tiers état. Un chanoine, député du chapitre de Mende le dom d'Aubrac, le prieur de Sainte-Énimie, le prieur de Langogne, l'abbé de Chambons, le commandeur de Palhers et le commandeur de Gap-Francès y représentaient le clergé. Huit barons, qui entraient annuellement aux états du pays et par tour de huit en huit ans aux états généraux du Languedoc ; savoir : les barons de Toumels, du Roure, de Florac, de Bèges (auparavant de Mercoeur), de Saint-Alban (auparavant Conilhac), d'Apcher, de Peyre, de Thoras (auparavant Senarer) ; douze gentilshommes possesseurs de terres, ayant le titre de gentilhommeries ; savoir : Allenx, Montauroux, Dumont, Montrodat, Mirandal, Séverac, Barre, Gabriac, Portes, Servières, Arpajon et La Garde-Guérin, dont le possesseur prenait dans l'assemblée la qualité de consul noble de La Garde-Guerin ; tels étaient les représentants de la noblesse.
Ceux du tiers étaient : les trois consuls de Mende, soit que les états se tinssent à Mende ou à Marvejols. ; les trois consuls de Marvejols, quand les états se tenaient dans cette ville, et seulement le premier consul quand ils s'assemblaient à Mende ; un député de chacune des seize villes ou communautés. Quant aux barons et aux gentilshommes, ils pouvaient se faire représenter par des envoyés qui n'avaient pas à faire preuve de noblesse ; il suffisait qu'ils fussent d'un état honorable, tel que celui d'avocat ou de médecin. Chaque année, l'assemblée instituait ou confirmait le syndic et le greffier ; c'étaient les officiers du pays. A Marvejols, un bailli et des officiers royaux ; à Mende, un bailli et des officiers nommés par l'évêque administraient alternativement la justice du bailliage du Gévaudan. Ces deux baillis étaient alternativement commissaires ordinaires dans les assemblées du pays.
A la Révolution, le Gévaudan forma le département de la Lozère. C'était avant ce temps un pays stérile et pauvre : les habitants quittaient leurs montagnes pour aller cultiver la terre dans les provinces méridionales. Ils passaient en grandes bandes jusqu'en Espagne, dans le royaume d'Aragon.
On prétend qu'ils en rapportaient beaucoup d'argent ; mais, s'ils mettaient à contribution la paresse des Espagnols en travaillant pour eux, d'un autre côté, ils étaient peu estimés de ceux-ci, qui les regardaient comme des mercenaires et les appelaient gavachos, terme de mépris que par la suite ils ont étendu à tous les Français. Certains écrivains , grands amateurs d'étymologies, prétendent même que c'est de l'ancien nom des Gabales que les Espagnols ont formé le mot gavacho, dont ils se servent comme d'un sobriquet injurieux.
Plus tard, cependant, les montagnards des Cévennes trouvèrent dans l'industrie des ressources contre la pauvreté. Ils n'émigrèrent plus et s'occupèrent à tisser des cadis et des serges dont la renommée se répandit jusque dans les pays étrangers. « Il n'y a presque pas de paysan qui n'ait chez lui un métier sur lequel il travaille dans la saison où il ne cultive pas la terre, et surtout pendant l'hiver, qui est très long dans ces montagnes durant six mois entiers. Les enfants mêmes filent la laine dès l'âge de quatre ans. » Ainsi s'exprimait un voyageur en 1760.
Tel était encore au XIXe siècle ce pays. Vivant au milieu d'âpres montagnes, dans une contrée pauvre et aride, exposés aux atteintes d'un climat rigoureux, les cultivateurs de la Lozère, dit M. Dubois, ont nécessairement des moeurs agrestes, des habitudes rudes et grossières. Néanmoins, leur caractère est bon et simple. Ils sont naturellement doux et même affables envers les étrangers, paisiblement soumis aux autorités qu'ils respectent, remplis de vénération et de dévouement pour leurs parents qu'ils aiment.
Leur vie est alors laborieuse et pénible. La plupart ont à lutter contre la stérilité naturelle du pays qui les environne. Leur nourriture est simple et frugale : elle Se compose de laitage, de beurre, de fromage, de lard, de vache salée, de légumes secs, de pain de seigle. Ils y joignent des pommes de terre ou des châtaignes. Leur boisson habituelle est l'eau de source ; mais on les accuse d'aimer le vin et de se laisser aller à l'ivrognerie quand les foires ou d'autres occasions les conduisent dans les villages où se trouvent des cabarets. Leurs habitations, généralement basses et humides, sont incommodes et malsaines. Les trous à fumier qui les avoisinent répandent à l'entour des miasmes putrides.
Les cultivateurs sont fort attachés à leur religion et aiment les cérémonies religieuses : tous, catholiques et protestants, ont un égal respect pour les ministres de leur culte. Ils conservent aussi avec ténacité leurs vieilles habitudes, tiennent a leurs préjugés, à leur routine agricole, au costume grossier qu'ils portent depuis leur enfance. Ils sont peu empressés de changer, même quand leur intérêt doit profiter du changement. Leur lenteur, leur apathie et leur indifférence suffisent pour raire avorter tous les projets d'améliorations.
Les jeunes gens ont un grand attachement pour leur village : ils se soumettent avec répugnance à la loi qui les astreint au service militaire, et le département est un de ceux où l'on compte le plus de retardataires ; néanmoins, lorsqu'ils ont rejoint leur bataillon, ils se montrent soldats intrépides et disciplinés. Ils sont d'abord très propres aux fatigues de la guerre, étant d'une constitution forte et d'un robuste tempérament.
Au XIXe siècle, les habitants des villes ont plus d'aménité dans le caractère que les habitants des campagnes ; comme eux, ils sont économes et laborieux et cependant hospitaliers et charitables. Les habitants de la Lozère ont généralement de l'intelligence, de l'esprit naturel et un jugement sain. S'ils paraissent moins cultiver les lettres et les arts, du moins réussissent-ils mieux dans l'étude des sciences naturelles et mathématiques.


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(Région Pays de la Loire)
 
Les Andes ou Andegaves occupaient, à l'époque de la conquête romaine, cette partie de la Gaule qui a formé depuis la province d'Anjou et forme aujourd'hui le département de Maine-et-Loire. Les Andes, avec leurs voisins les Aulerces Cénomans, avaient pris part à une des émigrations les plus importantes des Gaulois et envoyé, dans la partie de l'Italie qui plus tard reçut le nom de Gaule Cisalpine, l'excédent de leur population.
Aussi quelques Angevins, trop zélés pour la gloire de leur pays, n'ont-ils pas manqué de considérer sans autre preuve les Andes comme fondateurs du village d'Andes, voisin de Mantoue et patrie de Virgile. Sans doute il serait bien agréable pour le patriotisme local de compter parmi les Angevins célèbres l'auteur de l'Énéide ; mais c'est là une assertion qui trouvera toujours beaucoup d'incrédules ; surtout hors du département de Maine-et-Loire.
Une gloire mieux constatée, c'est celle d'avoir, sous la conduite du vaillant Dumnacus, résisté bravement aux lieutenants de César. Vaincus néanmoins par Fabius, ils restèrent pendant cinq siècles soumis aux Romains. Mais lorsqu'au Ve siècle l'empire romain, miné depuis si longtemps à l'intérieur par la corruption césarienne, se vit de tous côtés envahi par les barbares, les Andes, comme leurs voisins, se hâtèrent de ressaisir leur indépendance ; ils s'unirent aux Bretons et firent partie de la confédération armoricaine. Leur principale ville,Juliomagus, rejeta le nom qui indiquait son origine impériale pour prendre celui d'Andegavia, depuis Angers.
Mais les Angevins n'échappaient à la domination romaine que pour retomber bientôt sous la domination plus dure des barbares. Les Saxons et les Francs furent successivement les dévastateurs et les maîtres du pays ; ce fut sous Childéric Ier que l'Anjou devint la proie des Francs. Cependant les Angevins s'étaient convertis au christianisme ; opiniâtrement attachés à leurs croyances primitives, ils avaient gardé dans les campagnes le culte des druides et repoussé le polythéisme romain.
Mais l'unité de Dieu, qui faisait le fond de leur religion nationale, devait les rendre moins hostiles au christianisme, qui d'ailleurs se montra ici fort accommodant et sut ménager des coutumes si profondément enracinées dans les moeurs du pays, que quelques-unes se sont conservées jusqu'à nos jours, telles que les processions à certains chênes, les cérémonies dugui l'an neuf, etc. « Ce qui est digne de remarque, dit M. Bodin dans ses Recherches sur l'Anjou, c'est que nos premiers évêques, qui détruisirent avec tant de zèle tous les temples des Romains, respectèrent toujours ceux des druides. »
Le premier de ces évêques fut Defensor, qui vivait dans la seconde moitié du IVe siècle. Parmi ses successeurs, saint Maurille et saint Lezin se signalèrent par leurs vertus. Ce dernier, avant d'entrer dans les ordres, avait été comte d'Angers sous le nom de Sicinius. Rainfroy, au VIIIesiècle, reçut de Charles Martel, comme bénéfice militaire, le titre et la puissance de comte d'Angers. Sur les ruines du Capitole il éleva un palais, qui devint plus tard celui de l'évêque.
On croit que parmi ses successeurs il faut placer Roland, fils de Milon et neveu de Charlemagne, le fier paladin tué à Roncevaux ; mais toute cette période est obscure. On trouve un peu plus tard l'Anjou divisé en deux comtés , comté d'outre-Maine et comté deçà Maine, qui ont chacun pour comtes Robert l'Angevin et Érispoé. Robert l'Angevin ou le Fort, placé là par Charles le Chauve pour protéger la France contre les envahissements des Bretons et des Normands, justifia par sa fidélité et sa valeur la confiance de son suzerain ; mais il fut tué dans un combat contre Hastings, le fameux chef danois. Robert le Fort est le bisaïeul de Hugues Capet, le plus ancien des ancêtres connus de la maison qui régna si longtemps sur notre pays et règne encore en Espagne.
Hastings vainqueur s'empara d'Angers, que la terreur avait rendue déserte, et où s'installèrent ses sauvages compagnons avec leurs femmes et leurs enfants. Il en fut chassé bientôt par Charles le Chauve, aidé de Salomon, roi de Bretagne. Selon une tradition douteuse, celui-ci aurait, par une tranchée, détourné la rivière, .dont le lit se trouva un moment à sec ; et alors Hastings, voyant qu'il ne pouvait plus tenir, aurait offert à Charles le Chauve une somme énorme et la promesse de quitter à tout jamais la France ; Charles aurait eu la lâcheté et l'ineptie d'accepter ces conditions de la part d'un ennemi sans foi qu'il pouvait écraser ; et Hastings, aussitôt libre, aurait continué sur les bords de la Loire ses brigandages et ses dévastations ; l'exactitude de ce récit est, nous devons le dire, révoquée en doute par M. Bodin. Quoi qu'il en soit, Angers délivrée devint le centre d'un comté héréditaire, dont Ingelger fut le premier possesseur ; c'est l'origine de la première maison d'Anjou.
Ingelger, dès l'âge de seize ans, s'était signalé par une action chevaleresque, qui lui avait attiré l'admiration de tous et la bienveillance de Charles le Chauve. Sa marraine, la comtesse de Gâtinais, jeune et belle, avait trouvé un matin auprès d'elle son mari mort subitement. Un seigneur, nommé Gontran, parent du comte, accuse la veuve d'adultère et d'assassinat. La cause est portée devant Charles le Chauve. Gontran soutient son accusation ; les seules preuves qu'il allègue sont le mépris et l'aversion témoignés par la comtesse pour son vieux mari ; il réclame du souverain l'héritage du comte, son parent, dont la veuve va être investie si elle est déclarée innocente ; en terminant, il en appelle au jugement de Dieu et jette son gage de combat.
Nul n'osera sans doute relever le défi d'un homme connu par son adresse et son audace ; la comtesse s'évanouit. Mais déjà Ingelger avait relevé le gant et, se présentant devant Charles, l'avait supplié de lui permettre le combat. Après avoir longtemps résisté, Charles cède ; le combat a lieu le lendemain. Dès la première passe, la lance de Gontran perce le bouclier du page et y reste fixée, tandis qu'Ingelger lui passe la sienne au travers du corps, le renverse de cheval et, mettant lui-même pied à terre, l'achève avec le poignard de miséricorde.
La comtesse, qui lui devait l'honneur, lui légua tous ses biens. Plus tard le roi lui donna le comté d'Anjou, et, par un mariage avec la nièce des riches et puissants évêques d'Orléans et de Tours, Ingelger devint un des plus importants des grands vassaux.
Ce fut pourtant à cette époque, marquée par ces brillants exploits, que les Angevins perdirent leur liberté, qu'avaient respectée les Romains. Réduits au servage, ils ne furent plus que les hommes des seigneurs francs ou normands établis dans le pays.
Foulques le Roux, fils d'Ingelger, hérita de son comté d'Anjou de deçà Maine, et lorsque Eudes, comte d'Anjou d'outre-Maine, eut contraint le roi Charles le Simple à lui céder plus de la moitié de son royaume, il donna son comté à ce même Foulques, et les deux comtés d'Anjou n'en formèrent plus qu'un seul.
 
Nous ne raconterons pas ici la monotone histoire des comtes d'Anjou, successeurs de Foulques Ier, et qui tous s'appellent Foulques ou Geoffroy ; des envahissements, des violences, des générosités envers le clergé, voilà leur histoire ; c'est celle de presque toutes les grandes maisons de cette époque. Mais le règne du dernier comte, Geoffroy V Plantagenet, marquant une époque de nos annales, mérite qu'on s'y arrête un instant.
Geoffroy Plantagenet, ainsi surnommé parce qu'il portait sur son casque une branche de genêt, avait épousé Mathilde, fille et unique héritière de Henri Ier, roi d'Angleterre. A la mort de ce dernier, il eut, pour faire valoir ses droits, à soutenir une sanglante guerre contre Étienne, neveu de Henri ; il lui enleva la Normandie, et son fils Henri devint roi d'Angleterre sous le nom de Henri II ; outre l'Anjou, le Maine, la Normandie et ses possessions d'outre-mer, il y adjoignit bientôt la Bretagne et la Guyenne par son mariage avec Éléonore de Guyenne. C'est là l'origine de la longue guerre entre la France et l'Angleterre, dans laquelle l'Anjou joua, pour son malheur, un rôle important.
Après la mort de Richard Cœur de Lion, son neveu, Arthur, était devenu l'héritier du trône ; Jean sans Terre, son oncle, le dépouille de ses biens, l'enferme dans une prison et bientôt le fait périr. Philippe-Auguste confisque alors les possessions de Jean sans Terre ; l'Anjou est réuni à la couronne. Saint Louis, en 1246, donna ce comté à Charles, son frère, qui fut la tige de la maison d'Anjou, appelée bientôt à régner sur le royaume de Naples. On sait comment, invité à exercer contre le légitime possesseur de ce royaume les vengeances du pape Urbain IV, il déshonora sa conquête par ses atrocités, et comment son usurpation fut châtiée en un jour par le massacre connu sous le nom de Vêpres Siciliennes, où périrent égorgés les plus brillants chevaliers de la Provence, du Maine et de l'Anjou.
Charles II, de race impitoyable, chassa les juifs de l'Anjou, et son zèle religieux le porta à les dépouiller de leurs biens, comme celui de son père l'avait déterminé à usurper le royaume de Naples, puisque usurper est le mot décent dont on se sert pour désigner les vols commis par les souverains. Ce prince maria sa fille Marguerite à Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi, roi de France.
Ce fut ainsi que l'Anjou entra dans la maison de Valois. Philippe le Bel érigea ce comté en duché-pairie en faveur de son frère, Charles III. Ce duché devint bientôt l'apanage du prince Jean, qui, sous le nom de Jean II, fut roi de France, vaincu et pris à la bataille de Poitiers. Il avait déjà cédé l'Anjou à son second fils, Louis, qui fut fait prisonnier avec son père. Celui-ci devenu libre, son frère, Charles V, érigea en sa faveur en duché héréditaire l'Anjou, que Louis n'avait possédé jusqu'alors qu'à titre d'apanage.
Ravagé par les Anglais et par des bandes de soldats licenciés, le pays était alors en proie à une misère effroyable, qu'augmentaient encore l'avidité du nouveau duc et ses guerres lointaines en Italie, où il chercha vainement à s'emparer du royaume de Naples. Pendant cette expédition malheureuse, le trésor de l'armée étant épuisé, Pierre de Craon, chambellan du duc, est envoyé en Anjou pour se procurer des fonds. Il fait un appel à la fidélité des Angevins, réunit cent mille ducats d'or, retourne en Italie et, arrivé à Venise, y dissipe cet argent avec des joueurs et des courtisanes. Louis mourut sans avoir été secouru. Pierre de Craon, ce digne chambellan, est encore connu dans notre histoire par l'assassinat d'Olivier de Clisson, qu'il fit attaquer la nuit, à Paris, au sortir de l'hôtel Saint-Pol, par plusieurs hommes armés. Olivier de Clisson, laissé pour mort, guérit de ses blessures.
Ce fut en se dirigeant vers l'Anjou pour tirer vengeance de ce crime que le roi Charles VI fut atteint de cette démence fatale qui livra la France aux fureurs rivales de ses parents et aux dévastations des étrangers. Condamné par le parlement, enfermé dans la tour du Louvre, Pierre de Craon, dont les biens devaient être confisqués, obtint du roi des lettres d'abolition pour son double crime. Le parlement, indigné, refusa l'entérinement des lettres de grâce et confirma son premier arrêt par un autre plus sévère, mais qui ne fut pas plus exécuté que le premier.
Deux ans auparavant, Pierre de Craon avait, après avoir fait un pèlerinage, cru expier complètement son crime en léguant aux cordeliers de Paris une somme d'argent pour assister les condamnés avant leur exécution. Jusque-là on refusait aux criminels des confesseurs ; Pierre de Craon avait obtenu qu'on leur en accorderait à l'avenir. Tout en louant cette bonne intention, il est difficile de ne pas songer que Pierre de Craon, en s'intéressant si fort aux assassins et aux voleurs, agissait un peu par esprit de corps. Mais d'ailleurs l'action était bonne, et, comme le remarque M. Bodin, c'est la seule de ce genre qu'on trouve dans toute la vie du puissant baron d'Anjou.
La province fut affreusement ravagée au XVe siècle par les Anglais, et, en 1444, le duc de Sommerset l'envahit avec six mille Anglais. Il s'installa aux portes d'Angers avec ses capitaines dans l'abbaye de Saint-Nicolas, et, le soir de son arrivée, il soupait aux lumières dans une des salles du château, lorsqu'un coup de fauconneau, habilement pointé par les habitants d'Angers, tua à côté du comte le sire de Froyford. Cet accident inattendu frappa tellement le chef anglais, qu'il se retira aussitôt.
Le dernier prince de la quatrième maison d'Anjou fut René, le bon roi René, roi de Naples in partibus, et qui, après de vaines tentatives pour reprendre son royaume, se résigna à vivre tranquillement comme un bon seigneur, ami des arts et des lettres, dans ses riches possessions de Provence. Malheureusement il légua à la maison de France tous ses droits à la possession du royaume de Naples ; de là les interminables guerres d'Italie du XVIe siècle et ces luttes insensées, si funestes à Charles VIII, à Louis XII, à François Ier.
Il est digne de remarque que deux fois les princes qui ont gouverné l'Anjou se soient trouvés devenir la cause d'une guerre sanglante pour la France ; aux Plantagenets commence l'effroyable guerre qui, pendant un siècle, livre la France aux armes anglaises, et le bon roi René, léguant à Louis XI ses droits sur les Deux-Siciles, devient l'innocente cause de cette lutte contre l'Espagne et l'empire, si longtemps poursuivie encore après Maximilien et Charles-Quint.
Depuis la mort de René, l'Anjou, réuni à la couronne, n'est plus qu'un apanage, donné successivement à plusieurs princes de la maison de France, dont les plus connus sont Henri de Valois (depuis Henri III) et Philippe, fils de Louis XIV, qui devint roi d'Espagne en 1700. Ainsi l'histoire du duché d'Anjou cesse réellement dès le XVIe siècle ; mais malheureusement pour le pays, la guerre civile a trop souvent depuis fourni aux annales de cette province de tragiques épisodes, que nous allons rapidement rappeler.
 
Voisin du Poitou, où les calvinistes comptaient de nombreux partisans, l'Anjou sentit le contrecoup de ces agitations religieuses, auxquelles la partie du pays située au sud de la Loire prit une part active, tandis que le nord restait fidèle au catholicisme et s'attachait à la sainte Ligue. D'Andelot, l'un des principaux chefs calvinistes, traversa le pays en se rendant en Poitou et eut à livrer plusieurs combats sanglants.
Saumur s'était surtout prononcé pour la religion réformée, et la Saint-Barthélemy y fut exécutée par le comte de Montsoreau avec une impitoyable férocité. Angers n'échappa point à ces horreurs et eut bientôt après, ainsi que le pays tout entier, à subir l'atroce tyrannie de Bussy d'Amboise, nommé par Charles IX gouverneur d'Anjou. « Je sais, disait-il à celui qui osait lui faire quelques remontrances, je sais comme le vilain doit être traité ; » et ses soldats pillaient et massacraient le vilain, et traitaient l'Anjou en pays conquis.
Un crime débarrassa le pays de ce misérable. Bussy d'Amboise était un des débauchés les plus effrénés de cette époque ; il était aimé de la femme d'un des autres chefs catholiques du pays, la dame de Montsoreau, et se vanta au duc d'Anjou de sa bonne fortune. Ni celui-ci, ni le roi, son frère, ne furent discrets, et Montsoreau apprit bientôt la faute de sa femme ; il lui fait écrire à Bussy une lettre par laquelle elle lui donne un rendez-vous, au château de La Coutancière, près de Saumur, et se trouve au lieu désigné avec dix ou douze des siens ; Bussy vient accompagné de son ami Colasseau, lieutenant criminel de la sénéchaussée de Saumur. Brusquement attaqué par le comte et ses domestiques, il se défend avec fureur, couche sur le carreau quatre de ses adversaires ; son épée se rompt, il se défend avec les meubles qu'il trouve sous sa main ; mais un coup de dague, porté par derrière, l'étend mort aux pieds du comte de Montsoreau. Quant à Colasseau, on l'étouffa en lui enfonçant violemment la langue dans le gosier. Les deux cadavres furent jetés dans le fossé. C'est ainsi que périt, sous les coups d'un de ses complices, le bourreau de l'Anjou.
En 1586, la guerre recommença et désola encore les environs de Saumur. Cette ville était une position importante, recherchée par les deux partis. Elle s'était montrée favorable au calvinisme, et c'était là que le roi de Navarre avant abjuré le catholicisme qu'on lui avait imposé, le poignard sur la gorge, le lendemain de la Saint-Barthélemy.
Plus tard, lorsque Henri III, pour résister à la Ligue, fut obligé de se rapprocher du roi de Navarre, celui-ci voulut qu'on lui garantit un passage sur la Loire ; on lui donna Saumur, dont il fit gouverneur le fidèle Duplessis-Mornay. Mornay en fit augmenter les fortifications et ne le quitta que pour aller à Ivry prendre part à la défaite du duc de Mayenne ; il arriva la veille de la bataille, ce dont j'ai à louer Dieu, dit-il dans ses Mémoires ; il amenait avec lui une troupe d'Angevins, qui se signala par sa valeur et sa ferme contenance devant l'ennemi : « Et la cornette et celui qui la portait furent remarqués d'avoir toujours poussé en avant, quelque ébranlement qui fût en quelques autres ; » et le pieux calviniste ajoute toujours : « Ce dont j'ai beaucoup à louer Dieu. »
Plus tard, en 1697, il fut outragé et faillit être assassiné par un gentilhomme, nommé Saint-Phal de Beaupréau, et par ses gens dans les rues d'Angers ; quelques habitants de la ville, qui se trouvaient là, sauvèrent Duplessis des mains des assassins. Ce fut à cette occasion que Henri IV écrivit à son fidèle compagnon la lettre célèbre : « Monsieur Duplessis, j'ai un extrême déplaisir de l'outrage que vous avez reçu, auquel je participe et comme roi et comme votre ami. Comme le premier, je vous en ferai justice et me la ferai aussi. Si je ne portois que le second titre, vous n'en avez nul de qui l'épée fust plus prête a dégainer que la mienne, ni qui vous portât sa vie plus gaiement que moi. » Henri contraignit Saint-Phal a demander publiquement pardon a Duplessis-Mornay.
Ce fut à Angers que le duc de Mercœur, le dernier représentant armé de la sainte Ligue, vint faire sa soumission entre les mains de Henri IV en 1598 ; l'une des conditions de sa soumission fut la promesse d'unir sa fille et son unique héritière avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d'Estrées. Ce mariage fut célébré onze ans après à Paris.
Pendant les troubles que l'ambition de Marie de Médicis excita en 1620, Les Ponts-de-Cé furent témoins d'un combat livré aux troupes qui soutenaient le parti de la reine mère par les troupes royales ; le roi Louis XIII y assista ; la défaite des troupes rebelles contraignit la reine mère à se soumettre immédiatement, et ce fut près d'Angers qu'eut lieu l'entrevue de la mère et du fils ; scène de réconciliation et de tendres affections à laquelle l'avenir devait bientôt donner un éclatant démenti. Peu de temps après, Louis XIII ôta à Duplessis-Mornay le gouvernement de Saumur, qu'il avait gardé avec honneur pendant trente-deux ans ; l'inflexible huguenot était devenu suspect au roi, ou plutôt au cardinal de Richelieu.
Pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle, l'Anjou, enfin pacifié, jouit d'un repos que troubla seule la révocation de l'édit de Nantes. Mais la malheureuse contrée devait être, pendant la Révolution, le théâtre presque continuel de la guerre civile.
Ce fut dans le département de Maine-et-Loire, à Saint-Florent, que s'alluma, en 1793, l'incendie qui devait dévorer tout le pays voisin. Excités depuis 'longtemps par les prêtres, les paysans éprouvaient d'ailleurs une aversion profonde pour la République, qui prétendait les contraindre à défendre la France contre l'invasion étrangère. Le 10 mars 1793, le tirage devait avoir lieu à Saint-Florent ; les jeunes gens s'y refusent. La garde nationale veut les y obliger ; ils se jettent sur elle, la désarment, prennent pour chefs un voiturier, Cathelineau, et le garde-chasse du château de Maulévrier, Stofflet. Ils s'emparent de Chemillé et de Cholet et donnent la main aux insurgés de la Vendée, qui se soulevaient en même temps. Tel fut le signal de cette affreuse guerre, si héroïque et si sanglante.
Ils organisent leur insurrection avec Stofflet et Cathelineau ; plusieurs nobles, Bonchamp, d'Elbée, Lescure, Charette et La Rochejaquelein se mettent à leur tête ; ils s'emparent de Saumur ; tout leur réussit d'abord. Ils ont affaire à des chefs inexpérimentés et à des gardes nationales réunies a la hâte, manquant de tout, tandis que les Vendéens trouvent partout des vivres, des munitions, une complicité toujours assurée. L'incendie se propage et embrase les départements de l'ouest. Châtillon, Vihiers, Chantonnay, Les Ponts-de-Cé tombent au pouvoir des Vendéens ; mais bientôt l'armée de Mayence, transportée du Rhin sur les bords de la Loire, vient changer la face des événements. Aubert-Dubayet, Kléber et Marceau conduisent à la victoire les troupes qu'avait tant compromises l'impéritie de Ronsin et de Rossignol. C'est dans le département de Maine-et-Loire que l'insurrection avait commencé ; c'est là qu'elle devait essuyer son premier échec important.
Battus à Saint-Symphoricn le 6 octobre 1793, le 9 à Châtillon, puis à Mortagne, où Lescure fut tué, les Vendéens, au nombre de quarante mille, s'avancent, le 15 octobre, sur Cholet, défendu par vingt-deux mille républicains. Ceux-ci ne s'attendaient pas à être attaqués, et le désordre se met d'abord dans leurs rangs. Mais Kléber, Marceau, Beaupuy accourent et rétablissent le combat ; l'artillerie foudroie à bout portant les insurgés ; le représentant du peuple Merlin pointe lui-même les pièces et, par son exemple, raffermit le courage des soldats. Bientôt les Vendéens écrasés fuient de toutes parts ; d'Elbée, Bonchamp sont blessés à mort. Beaupuy et Westermann poursuivent les fuyards avec la cavalerie et, par un coup d'audace, pénètrent dans Beaupréau, où la masse de l'armée vendéenne s'est réfugiée ; tout se disperse devant eux.
Le lendemain, ils voient arriver vers eux une troupe désarmée de quatre mille hommes environ poussant les cris singulièrement unis de Vive Bonchamp ! vive la République ! C'étaient quatre mille républicains faits prisonniers antérieurement par les Vendéens, et que ceux-ci avaient enfermés dans Saint-Florent. Bonchamp, près d'expirer dans ce bourg où on l'avait transporté, avait demandé leur grâce au moment où ils allaient être égorgés. Les prisonniers, délivrés sur la demande du mourant, rejoignaient l'armée républicaine.
Depuis ce moment, l'insurrection, frappée à mort, prolonge vainement son agonie désespérée. Battus près de Granville, rejetés sur la Loire, ils sont définitivement écrasés, le 25 décembre, à Savenay par Kléber et Marceau. La grande guerre de la Vendée était terminée.
Stofflet cependant continue dans l'Anjou une guerre d'escarmouches, derniers et impuissants efforts d'une cause perdue. Il résista même après la soumission de Charette ; déclarant celui-ci traître à la royauté, il fit prononcer contre lui une sentence de mort. Mais bientôt, se voyant abandonné, il est contraint de se soumettre, et le dernier des chefs vendéens signe la paix à Saint-Florent, où avait commencé l'insurrection.
Cependant, en 1796, l'insurrection se rallume ; Stofflet tente de la propager dans l'Anjou ; mais, trahi, livré par les siens, il est conduit à Angers et fusillé le 26 février. La révolte avait été promptement étouffée par le général Hoche.
En 1815, pendant les Cent-Jours, M. d'Autichamp chercha à soulever l'Anjou et à l'associer aux mouvements royalistes organisés dans l'Ouest. Mais le général Lamarque anéantit en un combat cette révolte. Cette triste échauffourée se termina le 21 juin ; trois jours auparavant, la défaite de Waterloo avait livré de nouveau la France à l'étranger.


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