marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: poême et belles images Sam 3 Jan - 13:27 | |
| La ronde des mois Janvier grelottant, neigeux et morose, Commande la ronde éternellement ; Déjà Février sourit par moment ; Mars cueille frileux une fleur éclose. Avril est en blanc, tout ruché de rose Et Mai, pour les nids, tresse un dais clément ; Dans les foins coupés, Juin s'ébat gaîment, Sur les gerbes d'or, Juillet se repose. Derrière Août qui baille au grand ciel de feu Se voile Septembre en un rêve bleu ; Le pampre couronne Octobre en démence. Novembre, foulant du feuillage mort, Fuit l'âpre Décembre au souffle qui mord. Et le tour fini - sans fin recommence. Édouard Tavan ("La coupe d'onyx" - Editions Payot) Qu'elle était belle ma douce France ! Qu'il était beau le pays de mon enfance. Terre de vignes et de pâturages. Terre de forêts aux généreux ombrages. Terres de soirs calmes et de matins tout en rosée. Tel était le pays qui a bercé mes jeunes années.
Mais des hommes sont venus du Nord. Ils ont piétiné, humilié, semé la mort. Alors, nous avons appris ce qu'était la haine, Refusé de vendre notre âme et nos plaines. Un chant de résistance nous a redonné courage, Nous avons préféré la mort à l'esclavage.
Qu'il était beau mon pays dans sa souffrance ! Que de sang et de larmes avant la délivrance. L'envahisseur à son tour a connu l'humilité. S'est retiré le dos rond. Pour lui, fini l'été. Plus jamais comme avant nous ne verrons l'amour. Tant de haine change les coeurs pour toujours.
Le coeur en larme j'ai quitté ma douce France. Dit adieu au berceau de mon enfance. Sur le grand bateau qui m'emporte au dela des mers, Je pense à mon pays, je pense à ma mère. Qui sera là-bas pour m'accueillir au bout du parcours ? Le destin qui nous joue des tours a voulu que ce soit l'amour.
Un jour, j'ai voulu revoir ma douce France. Revoir les sentiers, mille fois parcourus. J'y ai cherché les pas de mes amis d'enfance. Mais c'était trop tard pour ceux disparus. À regret, j'ai cessé l'inutile errance. Il me reste le souvenir des visages reconnus.
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Martial Noureau, originaire de Charente maritime, est arrivé au Québec en juillet 1954 . En 1939, il avait 12 ans. La guerre lui a volé son adolescence et l'a marqué pour la vie. |
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos, La flamme par torrents jaillit de ce cratère, Et le panache igné du volcan solitaire Flamba plus haut encor que les Chimborazos. Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos. Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère ; Le sol est immobile et le sang de la Terre, La lave, en se figeant, lui laissa le repos. Pourtant, suprême effort de l'antique incendie, A l'orle de la gueule à jamais refroidie, Éclatant à travers les rocs pulvérisés, Comme un coup de tonnerre au milieu du silence, Dans le poudroîment d'or du pollen qu'elle lance S'épanouit la [size=18]fleur des cactus embrasés.[/size] José Maria de Heredia (1842-1905) La lune est grande, le ciel clair Et plein d’astres, la terre est blême, Et l’âme du [size=18]monde est dans l’air. Je rêve à l’étoile suprême,[/size] À celle qu’on n’aperçoit pas, Mais dont la lumière voyage Et doit venir jusqu’ici-bas Enchanter les yeux d’un autre âge. Quand luira cette étoile, un jour, La plus [size=18]belle et la plus lointaine, Dites-lui qu’elle eut mon amour, Ô derniers de la race humaine ![/size] **** Sully Prudhomme (1839-1907) ****
Le plus important dans la vie, mon garçon, c'est l'air pour respirer, c'est l'eau pure pour se nourrir, c'est le temps pour bien le remplir. Mon garçon, parfois l'air s'appelle liberté, l'eau pure est synonyme d'amitié, le lait est pour tous ceux qu'on aime, la terre est un devoir le temps est une conscience. Alain Bosquet
Rappelle-toi, quand l'Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté ; A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite, Ecoute au [size=18]fond des boisMurmurer une voix :Rappelle-toi.Rappelle-toi, lorsque les destinéesM'auront de toi pour jamais séparé,Quand le chagrin, l'exil et les annéesAuront flétri ce coeur désespéré ;Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême !L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime.Tant que mon coeur battra,Toujours il te diraRappelle-toi.Rappelle-toi, quand sous la froide terreMon coeur brisé pour toujours dormira ;Rappelle-toi, quand la fleur solitaireSur mon tombeau doucement s'ouvrira.Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelleReviendra près de toi comme une soeur fidèle.Ecoute, dans la nuit,Une voix qui gémit :Rappelle-toi.[/size] [size] [/size] [size] Le papillon[/size] Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur, Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur, Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles, Voilà du papillon le destin enchanté! Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté! [size] [/size] Moi, je suis la tulipe, une fleur de Hollande ; Et telle est ma beauté, que l’avare Flamand Paye un de mes oignons plus cher qu’un diamant, Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande. Mon air est féodal, et, comme une Yolande Dans sa jupe à longs plis étoffée amplement, Je porte des blasons peints sur mon vêtement, Gueules fascé d’argent, or avec pourpre en bande. Le jardinier divin a filé de ses doigts Les rayons du soleil et la pourpre des rois Pour me faire une robe à trame douce et fine. Nulle fleur du jardin n’égale ma splendeur, Mais la nature, hélas ! n’a pas versé d’odeur Dans mon calice fait comme un vase de Chine. Théophile Gautier [size=32] Reflets[/size]Recueil : Serres chaudes (1889). Sous l'eau du songe qui s'élève, Mon âme a peur, mon âme a peur ! Et la lune luit dans mon cœur, Plongé dans les sources du rêve.
Sous l'ennui morne des roseaux, Seuls les reflets profonds des choses, Des lys, des palmes et des roses, Pleurent encore au fond des eaux.
Les fleurs s'effeuillent une à une Sur le reflet du firmament, Pour descendre éternellement Dans l'eau du songe et de la lune.
Maurice Maeterlinck. [size=11]Poème sur l'automne de Paul verlaineLes sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.Paul Verlaine[/size] [justify] L’automne
Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire, J’aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits, C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui, Je me retourne encore, et d’un regard d’envie Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L’air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d’un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l’avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? … La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire, S’exhale comme un son triste et mélodieux. Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques
Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous Résonnait de Schubert la plaintive musique ; Jamais, avez-vous dit, tandis que, malgré vous, Brillait de vos grands yeux l'azur mélancolique. Jamais, répétiez-vous, pâle et d'un air si doux Qu'on eût cru voir sourire une médaille antique. Mais des trésors secrets l'instinct fier et pudique Vous couvrit de rougeur, comme un voile jaloux. Quel mot vous prononcez, marquise, et quel dommage ! Hélas ! je ne voyais ni ce charmant visage, Ni ce divin sourire, en vous parlant d'aimer. Vos yeux bleus sont moins doux que votre âme n'est belle. Même en les regardant, je ne regrettais qu'elle, Et de voir dans sa fleur un tel coeur se fermer. Alfred de MUSSET (1810-1857) [size] Toute grâce et toutes nuances...[/size]
[size] Toute grâce et toutes nuances Dans l'éclat doux de ses seize ans, Elle a la candeur des enfances Et les manèges innocents Ses yeux, qui sont les yeux d'un ange, Savent pourtant, sans y penser, Eveiller le désir étrange D'un immatériel baiser. Et sa main, à ce point petite Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait, Captive sans espoir de fuite, Le coeur pris par elle en secret. L'intelligence vient chez elle En aide à l'âme noble; elle est Pure autant que spirituelle : Ce qu'elle a dit, il le fallait Et si la sottise l'amuse Et la fait rire sans pitié Elle serait, étant la muse, Clémente jusqu'à l'amitié, Jusqu'à l'amour - qui sait ? Peut-être, A l'égard d'un poète épris Qui mendirait sous sa fenêtre, L'audacieux ! Un digne prix De sa chanson bonne ou mauvaise ! Mais témoignant sincèrement, Sans fausse note et sans fadaise, Du doux mal qu'on souffre en aimant. [ Paul Verlaine ] Ninnenne [/size] [/justify] | |
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