marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poème de sainte Thérése de Lisieux +Victor Hugo+Arthur Rimbaud, Dim 1 Mar - 14:34 | |
| Poème de sainte Thérése de LisieuxIl est des âmes sur la terre Qui cherchent en vain le bonheur Mais pour moi, c’est tout le contraire La joie se trouve dans mon cœur Cette joie n’est pas éphémère Je la possède sans retour Comme une rose printanière Elle me sourit chaque jour.
Vraiment je suis trop heureuse, Je fais toujours ma volonté… Pourrais-je n’être pas joyeuse et ne pas montrer ma gaieté ?… Ma joie, c’est d’aimer la souffrance, Je souris en versant des pleurs J’accepte avec reconnaissance Les épines mêlées aux fleurs. Lorsque le Ciel bleu devient sombre Et qu’il semble me délaisser, Ma joie, c’est de rester dans l’ombre De me cacher, de m’abaisser. Ma joie, c’est la Volonté Sainte De Jésus mon unique amour Ainsi je vis sans nulle crainte J’aime autant la nuit que le jour. Ma joie, c’est de rester petite Aussi quand je tombe en chemin Je puis me relever bien vite Et Jésus me prend par la main Alors le comblant de caresses Je Lui dis qu’Il est tout pour moi Et je redouble de tendresses Lorsqu’Il se dérobe à ma foi. Si parfois je verse des larmes Ma joie, c’est de les bien cacher Oh ! que la souffrance a de charmes Quand de fleurs on sait la voiler ! Je veux bien souffrir sans le dire Pour que Jésus soit consolé Ma joie, c’est de le voir sourire Lorsque mon cœur est exilé… Ma joie, c’est de lutter sans cesse Afin d’enfanter des élus. C’est le cœur brûlant de tendresse De souvent redire à Jésus : Pour toi, mon Divin petit Frère Je suis heureuse de souffrir Ma seule joie sur cette terre C’est de pouvoir te réjouir. Longtemps encor je veux bien vivre Seigneur, si c’est là ton désir Dans le Ciel je voudrais te suivre Si cela te faisait plaisir. L’amour, ce feu de la Patrie Ne cesse de me consumer Que me font la mort ou la vie ? Jésus, ma joie, c’est de t’aimer ! Après l’hiver N’attendez pas de moi que je vais vous donner Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant la lumière, Dans les champs, dans les bois, est partout la première. Je suis par le printemps vaguement attendri. Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ; Je sens devant l’enfance et devant le zéphyre Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ; Mai complète ma joie et s’ajoute à mes pleurs. Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs. Accourez, la forêt chante, l’azur se dore, Vous n’avez pas le droit d’être absents de l’aurore. Je suis un vieux songeur et j’ai besoin de vous, Venez, je veux aimer, être juste, être doux, Croire, remercier confusément les choses, Vivre sans reprocher les épines aux roses, Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu. Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu ! On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre, Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ; On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ; On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux Et de voir, sous l’abri des branches printanières, Ces messieurs faire avec ces dames des manières. 26 juin 1878 Victor Hugo
[size=24]Place de la Gare, à Charleville.Place de la Gare, à Charleville.Sur la place taillée en mesquines pelouses, Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.- L’orchestre militaire, au milieu du jardin, Balance ses schakos dans la Valse des fifres : Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; Le notaire pend à ses breloques à chiffres.Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs : Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames Auprès desquelles vont, officieux cornacs, Celles dont les volants ont des airs de réclames ;Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, Fort sérieusement discutent les traités, Puis prisent en argent, et reprennent : ” En somme !… “Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, Savoure son onnaing d’où le tabac par brins Déborde - vous savez, c’est de la contrebande ; -Le long des gazons verts ricanent les voyous ; Et, rendus amoureux par le chant des trombones, Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…- Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, Sous les marronniers verts les alertes fillettes : Elles le savent bien ; et tournent en riant, Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.Je ne dis pas un mot : je regarde toujours La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : Je suis, sous le corsage et les frêles atours, Le dos divin après la courbe des épaules.J’ai bientôt déniché la bottine, le bas… - Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas… - Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…Arthur Rimbaud, Poésies Ninnenne
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