"Vivre avec passion" Charlie Chaplin
Le Muguet Maurice Carême
Cloches naïves du muguet,Carillonnez ! car voici Mai !
Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême ( 1899-1978 )
Et la mer et l'amour de Pierre de Marbeuf
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton [size=16]amour qui me brûle est si fort douloureux,[/size]
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes
(Pierre de Marbeuf (1596 - 1645))
Les séparés (N'écris pas) Marceline Desbordes-Valmore
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.N'écris pas !N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,C'est entendre le ciel sans y monter jamais.N'écris pas !N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.Une chère écriture est un portrait vivant.N'écris pas !N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;Que je les vois brûler à travers ton sourire ;Il semble qu'un baiser les empreint sur mon coeur.N'écris pas !
Marceline Desbordes-Valmore.
Toi qui m'a tout repris Madeleine Desbordes -Valmore
Toi qui m'as tout repris jusqu'au bonheur d'attendre,
Tu m'as laissé pourtant l'aliment d'un [size=16]coeur tendre,
L'amour ! Et ma mémoire où se nourrit l'amour.
Je lui dois le passé ; c'est presque ton retour !
C'est là que tu m'entends, c'est là que je t'adore,
C'est là que sans fierté je me révèle encore.
Ma vie est dans ce rêve où tu ne fuis jamais ;
Il a ta voix, ta voix ! Tu sais si je l'aimais !
C'est là que je te plains ; car plus d'une blessure,
Plus d'une gloire éteinte a troublé, j'en suis sûre,
Ton coeur si généreux pour d'autres que pour moi :
Je t'ai senti gémir ; je pleurais avec toi !
Qui donc saura te plaindre au fond de ta retraite,
Quand le cri de ma mort ira frapper ton sein ?
Tu t'éveilleras seul dans la foule distraite,
Où des amis d'un jour s'entr'égare l'essaim ;
Tu n'y sentiras plus une âme palpitante
Au bruit de tes malheurs, de tes moindres revers.
Ta vie, après ma mort, sera moins éclatante ;
Une part de toi-même aura fui l'univers.
Il est doux d'être aimé ! Cette croyance intime
Donne à tout on ne sait quel air d'enchantement ;
L'infidèle est content des pleurs de sa victime ;
Et, fier, aux pieds d'une autre il en est plus charmant.
Mais je n'étouffe plus dans mon incertitude :
Nous mourrons désunis, n'est-ce pas ? Tu le veux !
Pour t'oublier, viens voir ! ... qu'ai-je dit ? Vaine étude,
Où la nature apprend à surmonter ses cris,
Pour déguiser mon coeur, que m'avez-vous appris ?
La vérité s'élance à mes lèvres sincères ;
Sincère, elle t'appelle, et tu ne l'entends pas !
Ah ! Sans t'avoir troublé qu'elle meure tout bas !
Je ne sais point m'armer de froideurs mensongères :
Je sais fuir ; en fuyant on cache sa douleur,
Et la fatigue endort jusqu'au malheur.
Oui, plus que toi l'absence est douce aux coeurs fidèles :
Du temps qui nous effeuille elle amortit les ailes ;
Son voile a protégé l'ingrat qu'on veut chérir :
On ose aimer encore, on ne veut plus mourir.[/size]
Marceline DESBORDES-VALMORE
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| | Prénom: Marceline Nom: DESBORDES-VALMORE
Né(e) en : 1786 Mort(e) en :1859 |
Biographie |
Marceline DESBORDES-VALMORE
Née à Douai en 1786, son père Félix Desbordes, peintre en armoirie fut ruiné par la période révolutionnaire. En 1801 elle part en Guadeloupe où avec sa mère elles vont rejoindre un parent plus fortuné. A leur arrivée elle trouve le parent décédé et une île en proie à la révolte, sa mère y meurt en 1802. Marceline rentre alors en métropole, elle a 16 ans devient comédienne et cantatrice. En 1808 elle rencontre Henri de Latouche. Elle entretiendra avec celui-ci une liaison intermittente et tumultueuse de trente années, en taisant le nom de son amant. Il naîtra en 1809, de cette liaison, un enfant qui mourra à l’âge de 5 ans. En 1847 elle épouse Prosper Lanchantin, comédien besogneux, sans talent, connu sous le nom de Valmore et mène avec lui une vie difficile et itinérante. Ils auront 3 enfants, deux filles Ondine et Inès, un garçon Hyppolite. Inès moura en 1846 et Ondine en 1853, Hyppolite sur les 20 ans qu’il passera dans l’armée sera emprisonné durant 7 ans… Sa production littéraire commencée en 1819 par un recueil « Elégies et romances » aide à subvenir, sans y parvenir vraiment, aux besoins du ménage. Elle meurt d’un cancer en1859, seule, à Paris.
Sa notoriété grandie au fur et à mesure de sa production poétique : 1830 Poésies inédites 1833 Les pleurs 1839 Pauvres fleurs 1843 Bouquets et prières … Elle publie également : 1833 L’atelier d’un peintre, scènes de la vie privée 1840 Contes en prose pour les enfants 1855 Contes en vers pour les enfants … Une œuvre sensible, délicate qui séduit dés l’abord par la musicalité de ses vers. Son tempérament « romantique » exacerbé par les coups du sort d’une vie tourmentée gagne en intensité au fil du temps ; mettant son art au service de sa spontanéité et de sa quête d’identité elle séduit ses contemporains : Lamartine, Hugo mais aussi Baudelaire, Verlaine, Rimbaud …. On lui attribut (avant Verlaine) l’emploi des vers impairs. |
Madeleine Desbordes-Valmore.
"L'art de vieillir" Jean Fabié
Vieillir, se l'avouer à soi même et le dire
Tout haut, non pas pour voir protester les [size=16]amis,[/size]
Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.
Avec sincérité, dès que l'aube se lève,
Se bien persuader qu'on est plus vieux d'un jour ;
A chaque cheveu blanc, se séparer d'un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.
Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeunes,
Et nourrir son esprit d'un solide savoir,
Devenir bon, devenir doux, [size=16]aimer les fleurs,[/size]
Aimer les jeunes, comme on aima l'espoir.
Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu'il vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d'être importun sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d'eux.
Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique Foi.
Puis un beau soir, discrètement, souffler la flamme
De sa lampe et mourir parce que c'est la loi.
Jean Fabié
"Un songe" de René François Sully Prudhomme
Le laboureur m'a dit en songe : "Fais ton pain
Je ne te nourris plus : gratte la terre et sème."
Le tisserand m'a dit : "Fais tes habits toi-même."
Et le maçon m'a dit : " Prends la truelle en main."
Et seul, abandonné de tout le genre humain
Dont, je traînai partout l'implacable anathème,
Quand j'implorai du ciel une pitié suprême,
Je trouvais des lions debout sur mon chemin.
J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle ;
De hardis compagnons sifflaient sur leurs échelles.
Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.
Je connus mon bonheur, et qu'au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés.
René François Sully Prudhomme (1839-1907)
"Ce qu'il restera" Gabriel Ringlet
Oui, nos mains vont disparaître...
Mais nos poignées de mains,
Mais nos signes de [size=16]bonjour,[/size]
Mais nos gestes d’adieu,
Mais l’invisible chemin de nos caresses...
Nous n’allons pas les brûler.
Oui, nos pieds vont disparaître...
Mais la foulée de nos promenades,
Mais l’élan de nos courses,
Mais le saut de nos jeux,
Mais le pas de nos danses et de nos rendez-vous...
Nous n’allons pas les noyer.
Oui, nos visages vont disparaître,
Et nos oreilles, et nos lèvres et nos yeux...
Mais nos sourires, mais nos écoutes,
Mais nos regards, mais nos baisers...
Nous n’allons pas les enterrer.
Gabriel Ringlet (auteur Belge catholique)
"Vieillir" Auteur anonyme
Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son coeur,
Sans remord, sans regret, sans regarder l'heure;
Aller de l'avant, arrêter d'avoir peur;
Car, à chaque âge, se rattache un bonheur.
Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son corps;
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L'âge n'a rien à voir avec la [size=16]mort.[/size]
Vieillir en beauté, c'est donner un coup de pouce
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu'il y a toujours quelqu'un à la rescousse.
Vieillir en beauté, c'est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d'antan.
Être fier d'avoir les cheveux blancs,
Car, pour être [size=16]heureux, on a encore le temps.[/size]
Vieillir en beauté, c'est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour;
Car, où que l'on soit, à l'aube du jour,
Il y a quelqu'un à qui dire [size=16]bonjour.[/size]
Vieillir en beauté, c'est vieillir avec espoir;
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu'au fond, ce n'est qu'un au revoir.
Auteur Anonyme.
La vie ... Mère Teresa
La vie
La vie est une chance, saisis-la.
La vie est beauté, admire-la.
La vie est une béatitude, savoure-la.
La vie est un défi, fais-lui face.
La vie est un devoir, accomplis-le.
La vie est précieuse, prends-en soin.
La vie est une richesse, conserve-la.
La vie est [size=16]amour, jouis-en.[/size]
La vie est un mystère, perce-le.
La vie est promesse, remplis-la.
La vie est tristesse, surmonte-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, assume-la.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est un bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.
Mère Teresa
Les maisons Poème de Charles-Ferdinand Ramuz
Les maisons
Les vieilles maisons sont toutes voûtées,
Elles sont comme des grands-mères
Qui se tiennent assises, les mains sur les genoux,
Parce qu'elles ont trop travaillé dans leur vie
Mais les neuves sont fraîches et jolies
Comme des filles à fichus
Qui, ayant dansé, vont se reposer
Et qui se sont mis une [size=16]rose au cou. [/size]
Le soleil couchant brille dans les vitres,
Les fumées montent dévidées
Et leurs écheveaux embrouillés
Tissent aux branches des noyers
De grandes toiles d'araignées.
Et, pendant la [size=16]nuit, sur les toits, [/size]
L'heure du clocher dont les ressorts crient –
Et le poids descend –
S'en va vers les champs
Et réveille subitement
Toutes les maisons endormies.
Charles-Ferdinand Ramuz
Le vent Emile Verhaeren
Si j'aime, admire et chante avec folie
Le vent,
Et si j'en bois le vin fluide et vivant
Jusqu'à la lie,
C'est qu'il grandit mon être entier et c'est qu'avant
De s'inflitrer, par mes poumons et par mes pores,
Jusqu'au sang dont vit mon corps,
Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
Immensément, il a étreint le monde.
Emile Verhaeren
Ninnenne