Les mots, Pouvoir des mots en poésie(vidéo) + autres poètes
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
Sujet: Les mots, Pouvoir des mots en poésie(vidéo) + autres poètes Ven 20 Mar - 13:53
Les mots, Pouvoir des mots en poésie
Poèsies de Victor Hugo, Chapron Françoise et bien d'autres encore.
Bonne écoute.
J’ai regardé devant moi Dans la foule je t’ai vue Parmi les blés je t’ai vue Sous un arbre je t’ai vue
Au bout de tous mes voyages Au [size=16]fond de tous mes tourments Au tournant de tous les rires Sortant de l’eau et du feu[/size]
L’été l’hiver je t’ai vue Dans ma maison je t’ai vue Entre mes bras je t’ai vue Dans mes rêves je t’ai vue
Je ne te quitterai plus.
Paul Eluard
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Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la [size=16]nature, heureux comme avec une femme.[/size]
Arthur Rimbaud
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Les Contemplations de Victor Hugo
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Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
[size=16] Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit.[/size]
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Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,[/size]
un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
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À UNE FEMME
Enfant ! si j’étais roi, je donnerais l’empire, Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux Et ma couronne d’or, et mes bains de porphyre, Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire, Pour un regard de vous !
Si j’étais Dieu, la terre et l’air avec les ondes, Les anges, les démons courbés devant ma loi, Et le profond chaos aux entrailles fécondes, L’éternité, l’espace, et les cieux, et les mondes, Pour un baiser de toi !
Victor Hugo
extrait de "Les feuilles d'Automne".
[size=18]Te rencontrer sans te réduire Te désirer sans te posséder T’aimer sans t’envahir Te dire sans me trahir Te garder sans te dévorer T’agrandir sans te perdre T’accompagner sans te guider Et être ainsi moi-même au plus secret de toi.
Jacques Salomé
Green de Paul Verlaine Voici des fruits, des [size=16]fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.[/size] J'arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
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Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément
[size=16][/size] Quand nous en serons au temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête. Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au [size=16]coeur. Quand nous en serons au temps des cerises, Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court, le temps des cerises, Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles. Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang. Mais il est bien court le temps des cerises, Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour Evitez les belles. Moi qui ne crains pas les peines cruelles, Je ne vivrai pas sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises, Vous aurez aussi des chagrins d'amour.
J'aimerai toujours le temps des cerises : C'est de ce temps-là que je garde au coeur Une plaie ouverte, Et dame Fortune, en m'étant offerte, Ne saurait jamais calmer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au coeur.[/size]
Quand vous serez bien vieille Pierre de Ronsard
Quand vous serez bien vieille de Pierre de Ronsard
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Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais [size=16]belle. »
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle.
Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.[/size]
Aux jeunes poètes
Aux jeunes poètes Poème genre didactique Pour faire un poème Pardonnez [size=16]moi ce pléonasme Il suffit de ce promener Quelque fois sans bouger[/size] Regarder dehors et dedans Avec toutes les cellules De votre vous Et voici que vous êtes riche Mais n'en dites rien à personne Pour aujourd'hui Ne faites pas le nouveau-riche Apprenez les bonnes manières Car la fortune est peu de chose à qui ne sait pas s'en servir Vous voici fécondés Travaillez façonnez polissez assemblez Tous ces immatériels matériaux
Maintenant Que vous avez reçu le [size=16]monde en vous Portez le monde qui va naître[/size] Obéissez Parfois aux lois des autres Parfois aux vôtres Parfois encore et surtout à la Loi Qui n'est ni des autres ni de vous
Et vous serez aimés Des mots des sons des rythmes Qui s'ordonneront pour vous plaire Soyez triple comme un Dieu Ou plutôt comme une mère Et naîtra le poème Mais j'aurais dû tout simplement vous dire Copier copier Religieusement La vérité que vous êtes Et vous ferez un poème à condition que vous soyez poète.
Pierre Albert-Birot
Prends cette rose
PRENDS CETTE ROSE...
Prends cette rose aimable comme toi Qui sert de rose aux roses les plus belles, Qui sert de fleur aux [size=18]fleurs les plus nouvelles, Dont la senteur me ravit tout de moi.
Prends cette rose et ensemble reçois Dedans ton sein mon coeur qui n'a point d'ailes: Il est constant et cent plaies cruelles N'ont empêché qu'il ne gardât sa foi. La rose et moi différons d'une chose: Un Soleil voit naître et mourir la rose, Mille Soleils ont vu naître m'amour, Dont l'action jamais ne se repose. Que plût à Dieu que telle amour, enclose, Comme une fleur, ne m'eut duré qu'un jour.[/size] Pierre de Ronsard
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Que sont mes amis devenus
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[size] Rutebeuf QUE SONT MES AMIS DEVENUS...
Les maux ne savent seuls venir; Tout ce qui m'était à venir M'est advenu. Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus Et tant aimés? Je crois qu'ils sont trop clairsemés Ils ne furent pas bien semés Ils m'ont failli. De tels amis m'ont bien trahi Lorsque [size=18]Dieu m'a assailli De tous côtés. N'en vit un seul en mon logis Le vent je crois, me les a pris, L'amour est mort. Ce sont amis que vent emporte, Et il ventait devant ma porte Les emporta.[/size]
Vers de Baudelaire
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Ta tête, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme un vent frais dans un ciel clair.
Baudelaire
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Baudelaire "Correspondances"
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[size=24]Correspondances[/size]
La [size=16]nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.[/size]
Comme des longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme des hautbois, verts comme des prairies, -Et d'autre corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et dessens.
Charles Baudelaire
Ninnenne
marileine moderateur
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Sujet: Re: Les mots, Pouvoir des mots en poésie(vidéo) + autres poètes Ven 20 Mar - 14:01
Ecoute-moi - Jacques Salomé
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler. Accorde-moi seulement quelques instants, Accepte ce que je vis, ce que je sens, Sans réticence, sans jugement.
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler. Ne me bombarde pas de conseils et d'idées, Ne te crois pas obligé de règler mes difficultés. Manquerais-tu de confiance en mes capacités ?
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler. N'essaie pas de me distraire ou de m'amuser, Je croirais que tu ne comprends pas L'importance de ce que je vis en moi
Écoute-moi, s"il te plaît, j'ai besoin de parler. Surtout, ne me juge pas, ne me blâme pas. Voudrais-tu que ta moralité Me fasse crouler de culpabilité ?
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler Ne te crois pas non plus obligé d'approuver Si j'ai besoin de me raconter C'est simplement pour être libéré
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler N'interprète pas et n'essaie pas d'analyser Je me sentirais incompris et manipulé Et je ne pourrais plus rien te communiquer
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler. Ne m'interromps pas pour me questionner, N'essaie pas de forcer mon domaine caché. Je sais jusqu'où je peux et veux aller
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler. Respecte les silences qui me font cheminer. Gardes-toi bien de les briser, C'est par eux bien souvent que je suis éclairé.
Alors maintenant que tu m'as bien écouté Je t'en prie, tu peux parler Avec [size=18]tendresse et disponibilité À mon tour, je t'écouterai[/size]
Jacques Salomé
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Louis Aragon
[size=24]La vie à partager
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La [size=18]nuit n'est jamais complète Il y a toujours puisque je le dis Puisque je l'affirme Au bout du chemin une fenêtre ouverte Une fenêtre éclairée Il y a toujours un rêve qui veille Désir à combler, faim à satisfaire, Un coeur généreux Une main tendue, une main ouverte Des yeux attentifs Une vie La vie à partager[/size]
(Paul Eluard)
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Enivrez vous
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Enivrez vous
Il faut être toujours ivre. Tout est là: c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de [size=18]poésie, de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.[/size]
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront: "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de [size=18]poésie ou de vertu, à votre guise."[/size]
Baudelaire
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L'étranger de Baudelaire
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- Qui aimes-tu le mieux, [size=18]homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis? -Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages![/size]
Baudelaire
La mer
La mer brille comme une coquille On a envie de la pêcher La mer est verte La mer est grise Elle est d'azur Elle est d'argent et de dentelle
Paul Fort
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les roses de Saadi
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Les Roses de Saadi
ΔΔΔ
Marceline Desbordes-Valmore
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses, Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
∩∩∩
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Papillon
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Le papillon, fleur sans tige, Qui voltige, Que l'on cueille en un réseau; Dans la nature infinie, Harmonie Entre la plante et l'oiseau !...
Quand revient l'été superbe, Je m'en vais au bois tout seul : Je m'étends dans la grande herbe, Perdu dans ce vert linceul. Sur ma tête renversée, Là, chacun d'eux à son tour, Passe comme une pensée De poésie ou d'amour !
Gérard de Nerval
Ninnenne
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