Sagesse paysanne
Au lavoir du quartier, en pays de Lorient. -Morbihan
"Elles battaient le linge depuis l'aube,
jusque vers les quatre heures de l'après-midi,
sans autre chose dans le corps que la maigre soupe
qu'elles avaient avalée avant de partir."
Pierre-Jakez Hélias
Les lavandières
Le temps s'en est enfui,
le temps des lavandières,
dans l'ombre et l'infini,
dans les sphères d'hier.
Blottie dans la mémoire,
sommeille leur histoire,
souvenirs des battoirs,
confessions des lavoirs.
Des lieux de pélerinage,
de joyeux commérages
de rires, de bavardages,
de sueur et de courage.
Ce fut leur atelier,
rudes, furent leurs journées
de bonnes travailleuses,
assidues et studieuses.
Pour quelques sous gagnés,
pour de maigres banquets,
pour que des draps brodés
à la main travaillés
retrouvent leur beauté,
le blanc immaculé.
Ces femmes sont parties
gagner leur paradis,
les lavoirs sont deserts,
perdus et solitaires,
comme peut l'être la pierre
privée de feuilles de lierre,
comme le sont les prairies,
orphelines, démunies,
privées de ces voilages,
ces robes et ces corsages
ces mouchoirs, ces torchons,
serviettes et jupons
qui s'asséchaient au sol,
comme pour prendre leur envol,
au gré des vents frivoles.
Perdus et sans espoir
comme le sont les tiroirs
des commodes, des armoires,
privés de la douceur,
la beauté et l'odeur
du vent et des marées,
du soleil des étés,
du bruissement des feuilles,
de l'arome du cerfeuil,
du thym, du chévrefeuiile,
de la fleur de pommier,
du chêne et du poirier,
de l'essence du lilas,
des roses, de l'hortensia,
de la fraîcheur du blé,
des perles de rosée,
et du chant de l'oiseau,
du chuchotement de l'eau
limpide et passagère,
d'un minuscule ruisseau
qui s'écoule vers la mer.
Blotties dans la mémoire,
dorment les lavandières,
qui donnaient, aux lavoirs,
leur bonté, leur savoir.
A grands coups de battoirs,
toutes ces femmes d'hier,
ont le droit d'être fières
d'être entrées dans l'histoire.
micsan
Envoyé le : 18/1/2013 18:27
Plume d'argent
[url=http://brigitisis.centerblog.net/les lavandi%C3%A8res le temps s'en est enfui, le temps des lavandi%C3%A8res, dans l'ombre et l'infini, dans les sph%C3%A8res d'hier. blottie dans la m%C3%A9moire, sommeille leur histoire, souvenirs des battoirs, confessions des lavoirs. des lieux de p%C3%A9lerinage, de joyeux comm%C3%A9rages de rires, de bavardages, de sueur et de courage. ce fut leur atelier, rudes, furent leurs journ%C3%A9es de bonnes travailleuses, assidues et studieuses. Pour quelques sous gagn%C3%A9s, Pour de maigres banquets, pour que des draps brod%C3%A9s %C3%A0 la main travaill%C3%A9s retrouvent leur beaut%C3%A9, le blanc immacul%C3%A9. ces femmes sont parties gagner leur paradis, les lavoirs sont deserts, perdus et solitaires, comme peut l'%C3%AAtre la pierre priv%C3%A9e de feuilles de lierre, comme le sont les prairies, orphelines, d%C3%A9munies, priv%C3%A9es de ces voilages, ces robes et ces corsages ces mouchoirs, ces torchons, serviettes et jupons qui s'ass%C3%A9chaient au sol, comme pour prendre leur envol, au gr%C3%A9 des vents frivoles. perdus et sans espoir comme le sont les tiroirs des commodes, des armoires, priv%C3%A9s de la douceur, la beaut%C3%A9 et l'odeur du vent et des mar%C3%A9es, du soleil des %C3%A9t%C3%A9s, du bruissement des feuilles, de l'arome du cerfeuil, du thym, du ch%C3%A9vrefeuiile, de la fleur de pommier, du ch%C3%AAne et du poirier, de l'essence du lilas, des roses, de l'hortensia, de la fra%C3%AEcheur du bl%C3%A9, des perles de ros%C3%A9e, et du chant de l'oiseau, du chuchotement de l'eau limpide et passag%C3%A8re, d'un minuscule ruisseau qui s'%C3%A9coule vers la mer. blotties dans la m%C3%A9moire, dorment les lavandi%C3%A8res, qui donnaient, aux lavoirs, leur bont%C3%A9, leur savoir. %C3%A0 grands coups de battoirs, toutes ces femmes d'hier, ont le droit d'%C3%AAtre fi%C3%A8res d'%C3%AAtre entr%C3%A9es dans l'histoire. micsan Envoy%C3%A9 le : 18/1/2013 18:27 Plume d'argent http:/www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=156840&forum=2][size=16]http://www.oasisdesartistes.com/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=156840&forum=2[/url][/size]
Ce poème est une pure merveille...
Son auteur n'a rien oublié des images, des odeurs du temps des lavandières...Il m'a transporté chez ma grand-mère il y a très longtemps...Je revois les draps savonnés au savon de Marseille sur la planche, les battoirs, l'eau savonneuse qui s'écoulait, le linge bien essoré et toudu par des mains rougies par le froid glacial de l'eau...Je revois l'étendage et le linge bercé par le vent sous le tilleuil du fond du jardin...Quel travail ces lessives!Et quand on poursuit ce poème, on se retrouve devant les armoires avec leur jolies dentelles...et les sachets de lavande qui embaûmaient la pièce quand on ouvrait les portes!Quand j'étais enfant, chez maman c'était la lessiveuse grise...Quel bonheur pour maman quand elle a pu s'acheter une machine à laver...mais malgré cela, jusqu'au bout de sa vie, elle a lavé "à la main" tout le linge "courant" chaque jour...pour économiser sa machine et l'électricité...Image de tendresse...et d'émotion... Ninnenne