"La mission de Linette" Conte de Pâques
Voilà longtemps, à la veille de Pâques…
Dame Eudes, la majestueuse cloche de la cathédrale de Chartres, fit appeler ses filles.
- Mes chères enfants, la fée Viviane attend votre visite car elle souhaite vous confier une mission… Partez, sur le champ !
Les trois sœurs s'envolèrent, enthousiasmées par une telle invitation.
La fée veut certainement m'entendre chanter : ma voix est si [size=16]belle ! annonça fièrement Aliénor.[/size]
- Et moi, pour faire partie de son corps de ballet : Je danse aussi bien que les elfes ! déclara Aude.
Linette ne disait rien. Elle s'appliquait à suivre ses sœurs tant bien que mal. Ses ailes étaient si petites, si chétives qu'elle avançait avec peine.
- Cesse de traîner, s'écrièrent ses sœurs, exaspérées par sa lenteur. Tu vas nous retarder !
Quand elles arrivèrent au palais, la fée les accueillit avec beaucoup de gentillesse.
- Petites, j'ai besoin de votre aide. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mes filleuls, les enfants du roi. Je souhaiterais que vous leur portiez, de ma part, ces quelques friandises…
La fée désigna du doigt un gigantesque tas de bonbons, étincelants comme des pierres de lune.
Puis, elle ajouta :
- Vous embrasserez mes chers filleuls pour moi.
Les jeunes cloches glissèrent les [size=16]cadeaux sous leurs larges jupes de bronze, sans mot dire. Puis elles se retirèrent.[/size]
Après avoir parcouru quelques kilomètres, elles firent une pause près de la rivière.
Aliénor et Aude semblaient de méchante humeur :
- Que c'est lourd ! dit l'une.
- Quelle barbe ! Répliqua l'autre. Je n'ai aucune envie d'accomplir cette mission.
- Pour qui nous prend-t-elle ? Pour ses domestiques ?... Je rentre chez moi !
- Moi aussi !
Et sous les yeux horrifiés de la plus petite, les cloches déchargèrent leur cargaison d'or et d'argent, dans l'herbe humide.
- Vous ne pouvez pas faire ça ! Nous avons promis à Viviane…
- Nous allons nous gêner ! Répondirent en chœur les chipies.
Elles s'envolèrent sans même un regard pour leur cadette, persuadées que cette dernière les suivrait comme à l'accoutumée.
Cette fois, Linette n'avait pas envie d'obéir. Elle rassembla les friandises abandonnées et les plaça avec précaution sous sa jupe :
-Les petits princes attendent leur cadeau. Pas question de les décevoir, murmura-t-elle.
Ainsi chargée, elle prit son envol en direction de la demeure du roi. Le vent s'était levé, à présent. La pluie tombait. Linette avançait avec grande difficulté car ses ailes étaient douloureuses. Vingt fois, la petite cloche fut sur le point d'abandonner sa charge… Mais elle tint bon.Bientôt elle aperçut les tourelles du château, de l'autre côté de la forêt.
- Allez, j'y suis presque ! S'encouragea-t-elle de la voix.
A cet instant, un éclair transperça le ciel. Linette eut alors si peur qu'elle perdit l'équilibre. Sa précieuse charge glissa… et se répandit sur la terre.
Quand Linette parvint au pied du château, sa jupe était vide !
Epuisée, la cloche s'écroula à terre, secouée par de gros sanglots. Elle aurait souhaitée mourir là, tant elle était déçue de n'avoir pu réaliser sa mission.
Soudain des petites mains la caressèrent. Quand elle leva la tête, elle vit deux enfants qui l'observaient avec [size=16]tendresse :[/size]
- Pourquoi pleures-tu, gentille cloche ?
Linette comprit aussitôt qu'elle avait affaire aux jeunes princes. Elle leur confia la raison de sa détresse.
- Ce n'est pas grave, s'exclamèrent les enfants. Nous chercherons les bonbons avec toi. A trois, nous les retrouverons bien vite !
La pluie avait cessé. La présence du soleil facilita les recherches : Les emballages des sucreries scintillaient joyeusement entre les brins d'herbe, dans les arbres et sur le chemin…
Marie et Louis poussaient des cris d'émerveillement, à chaque trouvaille.
Linette oublia sa fatigue pour retrouver le sourire : les jumeaux s'amusaient tant !
Quand ils rentrèrent au château, les petits princes annoncèrent au roi, les joues rougies par le plaisir :
- Sire, grâce à Linette, nous avons passé une excellente journée ! Nous avons fait une extraordinaire chasse aux bonbons ! Il faudra la conter à Madame notre marraine.
Depuis cette aventure, une coutume s'instaura : Les cloches eurent pour mission, chaque veille de Pâques, de distribuer des bonbons en chocolat aux jeunes princes puis ensuite à tous les enfants…
Texte de Jocelyne Marque
Pour découvrir son univers : http://pirouettes.over-blog.com/
Un bien joli conte...Une bien jolie coutume...Trop beau de voir un enfant qui cherche des oeufs dans son jardin ou sur son balcon...Les merveilles de l'enfance...
"Le secret des oeufs de Pâques" Conte
Il était une fois un petit pays tranquille où, lorsque le printemps s'annonçait, les gens, dans chaque village, organisaient un grand marché. Ils enfilaient leur costume de fête et s'installaient sur la place principale pour vendre ce qu'ils avaient produit de meilleur ou de plus beau :
- des couronnes de brioche ou de pain doré,
- des oeufs,
- des outils de bois sculpté,
- des ceintures de cuir ...
La [size=18]nature elle-même participait à l'événement.
Les pommiers s'habillaient de blanc, les papillons défroissaient leurs ailes et les fleurs leurs pétales.[/size]
Un jour, au centre d'un de ces villages, comme d'habitude à cette époque, des fermières comparaient les oeufs de leur poulailler. C'était à qui aurait les plus gros, les plus ronds ou les plus blancs.
Seule une vieille femme se taisait. Elle ne possédait pour toute fortune qu'une petite poule maigrichonne qui ne lui avait donné que trois petits oeufs pas plus gros que des billes.
La vieille femme soupirait :
Je suis pauvre, ma poulette, que je t'ai mal nourrie et que tes oeufs sont tout juste bons à offrir aux enfants pour jouer aux billes.
Comme il faut cependant que je vende quelque chose afin de gagner quelques sous, c'est toi que je vais être obligée de mettre à l'étalage...
A ces mots, la petite poule se mit à crier : Pitié, ma bonne dame ! Je ne veux pas finir rôtie. Si vous me gardez, je vous promets de pondre l'année prochaine les oeufs les plus extraordinaires !
La vieille femme n'en crut rien, mais elle se laissa attendrir et rentra chez elle avec sa poulette.
Une année passa. Et la vieille femme, de plus en plus pauvre, n'avait que quelques poignées de riz à donner à sa petite poule en guise de nourriture.
Le jour du marché approchait et la petite bête dépérissait. Elle comprit qu'elle ne pouvait pondre des oeufs plus gros que ceux de l'an passé et , désespérée, elle alla se cacher dans un champ pour se lamenter :
Que vais-je devenir si je ne suis pas capable de donner à ma maîtresse que trois petits oeufs tout juste bons à offrir aux enfants pour jouer aux billes ? Cette fois, elle sera forcée de me vendre, et je finirai dans l'assiette d'un gros fermier !
Tout à sa peine, elle ne se rendit pas compte que les fleurs et les papillons l'écoutaient
Nous ne laisseront pas faire cela ! chuchotèrent-ils.
A la nuit tombée, les fleurs se couchèrent sur le sol, formant une sorte de litière multicolore au creux de laquelle se blottit la petite poule. Puis les papillons étendirent leurs ailes sur elle comme une couverture bruissante et bariolée.
Au matin, lorsqu'elle se réveilla, la poulette se sentit fraîche, dispose, et même si ragaillardie qu'elle se mit à chanter et pondit une demi-douzaine d'oeufs.
Et ces oeufs-là n'étaient pas ordinaires ! Ils n'étaient toujours pas bien gros, mais ils possédaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Et même, à y regarder de près, on pouvait voir sur leur coquille de très jolis dessins comme on peut en admirer sur les ailes des papillons.
Toute heureuse, la petite poule courut chercher sa maîtresse. Celle-ci examina les oeufs un par un avant de les ranger dans son tablier :
Tu as tenu ta promesse. Ce sont bien les oeufs les plus extraordinaires que l'on puisse voir ! J'ai eu raison de ne pas te vendre !
Le jour du marché, les oeufs de la vieille femme attirèrent les curieux. On se bouscula pour les acheter et la pauvre fermière récolta plus de pièces d'argent qu'elle n'en avait jamais eues dans sa vie.
Depuis ce jour, chaque année, dans ce petit village, puis dans tout le pays, et même dans les contrées voisines, les gens essayèrent de copier les oeufs de la vieille dame en peignant et décorant les leurs.
Mais ils ne réussirent jamais à les égaler en couleurs et en délicatesse, car la petite poule, les fleurs des champs et les papillons gardèrent bien leur secret.
C'est ainsi que, chaque année, lorsque s'annonce le printemps, on prit dans ce petit pays et ensuite dans le monde entier l'habitude de décorer les oeufs ....
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Ninnenne