LA FLEUR DE LYS
Oh ! la fleur de lys !
La noble fleur blanche,
La fleur qui se penche
Sur nos fronts pâlis !
Son parfum suave
Plus doux que le miel
Raconte le ciel,
Console l'esclave.
Son luxe éclatant
Dans la saison douce
Pousse, pousse, pousse.
Qui nous orne autant ?
La rose est coquette ;
Le glaïeul sanglant
Mais le lys est blanc
Pour la grande fête.
Oh ! le temps des rois,
Des grands capitaines,
Des phrases hautaines
Aux étrangers froids !
Le printemps s'apprête ;
Les lys vont fleurir.
Oh ! ne pas mourir
Avant cette fête.
Charles Cros.
LES ROSES
Pierre de RONSARD (1524-1585)
Mignonne, allons voir si la rose
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
[size=24]lilas
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O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou
Louis Aragon, Le Crève-coeur, 1941
[size=24]jardin fleuri
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Une fois, une seule, aimable et douce femme,
A mon bras votre bras poli
S’appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n’est point pâli);
II était tard; ainsi qu’une medaille neuve
La pleine lune s’étalait,
Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,
Sur Paris dormant ruisselait.
Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement,
L’oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.
Tout à coup, au milieu de l’intimité libre
Eclose à la pâle clarté,
De vous, riche et sonore instrument où ne vibre
Que la radieuse gaieté,
De vous, claire et joyeuse ainsi qu’une fanfare
Dans le matin étincelant,
Une note plaintive, une note bizarre
S’échappa, tout en chancelant
Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,
Dont sa famille rougirait,
Et qu’elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,
Dans un caveau mise au secret.
Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde:
» Que rien ici-bas n’est certain,
Et que toujours, avec quelque soin qu’il se farde,
Se trahit l’égoïsme humain;
Que c’est un dur métier que d’être belle femme,
Et que c’est le travail banal
De la danseuse folle et froide qui se pâme
Dans son sourire machinal;
Que bâtir sur les coeurs est une chose sotte;
Que tout craque, amour et beauté,
Jusqu’à ce que l’Oubli les jette dans sa hotte
Pour les rendre à l’Eternité! «
J’ai souvent évoqué cette lune enchantée,
Ce silence et cette langueur,
Et cette confidence horrible chuchotée
Au confessionnal du coeur.
Charles Baudelaire.
[size=24]Paysage
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Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
[size=24]MARGUERITE
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Des pétales épars aux teintes amoureuses
Murmurant des aveux qui font battre les coeurs
Effeuiller en duo des coroles audacieuses
Espérant que le sort invente ta douceur
Parterres d'éphémères énivrés de promesses
Déclinant à l'envie des rêves de tendresse
Chaque fleur est unique, détient sa vérité
Oubli ou infini, désirs d'éternité
Je t'aime à la folie, un peu ou pas du tout
Tes pétales s'envolent après leurs confidences
Et ton coeur jaune d'or bat sur des rythmes fous
Quand le choix du hasard nourrit nos impatiences
J'ai semé dans tes vents les graines de mes espoirs
Parsemant mes décors de champs de marguerites
Afin qu'elles me racontent les mots de notre histoire
Que trempée dans vos sèves plume se fasse émérite...
[size=24]les roses
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Ode à la rose
Sous les pleures de l'aube estival
Déposant les perles fines de l'aiguial
Abreuvant la rose d'une larme divine
Et lui donne la vie pour un destin d'origine
Dans la douceur du soleil salvateur
Ouvrir son coeur et libérer ses faveurs
Révélation veloutée et fragrance subtile
Naissance d'une reine dans le jardin fertile
Sublimant de sa ronde des pétales caresses
Dans les corps réside une once de tendresse
Sur sa tige fièrement dressée comme par défi
Cueillir cette belle et de ses épines faire fi
Jusqu'au crépuscule l'atmosphère enchanter
Exhalant ses senteurs dans le vent d'été
Quand les ténèbres la couvre de sa cape de soie
La somptueuse fleur dans le souvenir se noie
Demain dans ce paradis encensé d'extrait de rose
Règnera une nouvelle déesse de sa corolle éclose
La plus jolie de toutes resplendira dans le jour
Symbole pour les coeurs qui débordent d'amour.
[size=24]LA LAVANDE
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La lavande s'étend
S'étire, et, ondule,
Recouvre le plateau
De mauve velouté,
Émerveille les yeux
De ses champs violet
Où dansent les abeilles
En nuage bourdonnant.
Tandis que le soleil
généreux, abondant,
Réchauffe les cailloux
De ses rayons ardents
Sous la voute épurée
d'un immense ciel bleu.
[size=24]LE MIMOSA
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« Dans les villes de France
En terre Européenne
On fête ton essence
Parfumée et sereine.
Vers la fin de l’hiver
Tu apparais soudain
Dans ton jaune lumière
Fleurissant les chemins
Tu es tel le soleil
Eclaircissant le ciel
De ta robe merveille
A la senteur de miel
Les hommes te promènent
En lente procession
Car tu deviens la reine
De leur champêtre union
Mais chez eux c’est la mort
Qui t’acclame au printemps
Inconscients, ils honorent
En toi le faux-semblant
O Fleur de Mimosa
Princesse de la Vie
Viens répandre ta joie
Au cœur de nos esprits
Viens guérir les humains
Par ton parfum magique,
Que ton être divin
Danse en nous, féérique
Apprends-nous l’harmonie
Et la légèreté,
Deviens Arbre de vie
Puissant de Vérité.
Elève ta droiture
Et fleuris en nos âmes,
Que ta Royauté dure
Telle éternelle flamme… »
[size=24]COQUELICOT
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Rouges appétissants qui grelottent à terre
Ils agitent leur tête dans le vent du matin
Donnant à l'atmosphère un doux parfum serein
Qui engage à rêver,à écrire et se taire.
Ces frêles gouttelettes agitées par le vent
Ensanglantent les blés de mille plaies vermeilles.
On se croit transporté au pays des merveilles
Ou dans les pays sages de nos rêves d'enfant.
Ces fières fleurs sauvages,oubliées,naturelles,
Ces coups de pinceau rouge sur l'aquarelle
Accrochent le regard bien mieux que les paquerettes
En les voyant rougir,gentiment,le poète
bien plus habitué à ses bouquets de verbes,
Aime y voir des baisers abandonnés dans l'herbe!
[size=24]Nature beauté
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Un brin de soleil
Rayonne aujourd’hui
Entre les abeilles
Et quelques ‘cui-cui’
La nature est calme
Le ciel incertain
Les oiseaux s’exclament
Parmi les refrains
Un brin de soleil
Illumine en nous
En douceur vermeille
Loin des esprits fous
[size=24]LILAS ET glycine
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Sur le mur délavé des grappes dégoulinent,
Des fleurs mauves et bleues sentant bon le printemps,
Des ruisseaux cascadant en bouquets : la glycine
Qui couvre le crépi comme en y ruisselant.
Ses papillons légers semblent si aériens
Qu’on ne soupçonne pas leur énorme vigueur.
Le soleil les stimule et ils poussent fort bien
Malgré la terre pauvre et peu propice aux fleurs.
Le tronc s’accroche dru le long du mur crayeux,
Montant gaillardement jusqu’aux tuiles faîtières ;
Et les stolons costauds grimpent, si vigoureux
Qu’ils ont même arraché notre antique gouttière.
Mais l’on a pardonné cette désinvolture
Car ils sont faits de vie qui gicle et qui bouillonne.
La glycine est ainsi, si folle et si brouillonne
Qu’on ne peut qu’oublier qu’elle mange les murs.
LILAS
Une fleur dans ta main
Est-ce donc l’heure de notre rendez-vous quotidien?
Déjà à l’horizon, je te vois venir une rose dans la main
Mon cœur bat si fort, me parleras-tu de nos lendemains?
Ou attendrais-je les mots tant espérés, mais hélas en vain?
Ton pas se rapproche de moi, que lirais-je dans tes doux yeux?
Ton message transformera-t-il l’instant en un ciel très bleu?
Je crois que j’en ai peur, je voudrais tant que l’on soit deux
Je t’écouterais me déclarer ton amour, et ce serait merveilleux.
Mais oserais-je imaginer ces mots réellement venant de ta part
C’est toi, qui en peu de temps de mon cœur a fait tomber le rempart
Je ne pense pas que pour nous, ce soit hélas vraiment trop tard
Notre rencontre rapide, n’est pas due au plus simple des hasards.
Tu cherchais désespérément l’amour dans ta quête infinie
Qui en un tour de main a su changer le cours de la vie!
Pour toi depuis peu, je ne suis plus la gentille petite fille
Mais c’est à toi que je pense nuit et jour et à qui je souris.
Tu es là, tu me tends les mains, j’entends le langage de ta rose
Elle me dit des mots d’amour avec des rimes et de la prose
C’est le bonheur fou avec toi, qu’à jamais elle me propose
Dans ta main tendue, ce sont mes sentiments purs que je dépose[size=24]Bouquet de fleurs
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Il y a la rose, reine de toutes les fleurs,
La violette symbole de la tendresse,
La pensée aux multiples couleurs
Et le lys qui procure l'ivresse.
Il y a la marguerite questionnée sur l'amour,
Le coquelicot, petite fleur des champs,
Le nénuphar au mileu de l'étang.
Il y a le bleuet emblème de l'azur,
Le chèvrefeuille qui exhale ses parfums,
La clématite qui courre le long des murs,
La campanule qui borde les jardins.
Il y a la jonquille, le genêt, la bruyère,
La jolie pâquerette que l'on trouve dans les prés,
Il y a la pivoine et la rose trémière,
L'aubépine, le lilas que j'allais oublier.
Pour t'en faire un bouquet.
Fuscias aux rouges feux
Belles roses de pourpre
Vous vivez dans les yeux
De miroir des étoupes
Grands lys harmonieux
Aux jaunes étamines
A l’arcane des cieux
Votre teint s’illumine
Jasmins et hortensias
Parfums fous de l’amour
Des belles que voilà
Embellissez l’atour
Et vous beaux cavaliers
Qui foulez ces violettes
Emmenez donc danser
Vos dames en voilettes
Reines des résédas
Compagnes amantes fleurs
Accueillez dans vos bras
Ce bouquet du bonheur
[size=24]FLEUR
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Je n’ai rien qu’une fleur,
Au jardin du destin,
Et lorsque je l’effleure,
Elle me pique la main.
Elle est pourtant si belle
Avec toutes ces couleurs !
Elle paraît irréelle,
Elle m’effeuille le cœur.
Je n’ai rien qu’une fleur,
Une fleur, vous dis-je,
Je la connais par cœur,
Des pétales à la tige.
Je la vois se faner,
Faner, de jour en jour,
Quand elle aura séché,
Ce sera à mon tour.
Je la retrouverai
Au jardin du destin,
Je la caresserai,
Sans qu’elle pique ma main.
Elle sera si réelle,
Avec toutes ces couleurs,
Dans les nues et le ciel,
Faisant battre mon cœur. Ninnenne blog 313131