GEORGIE DU SUD : EXPEDITION AUX PORTES DE L'ANTARTIQUE
Les îlots des cormorans.
Photographe de profession, Pascal Coccoa eu la chance exceptionnelle de se rendre en Géorgie du sud. Le temps d'une expédition de plus d'un mois, il a arpenté les paysages sauvages et rares de cette île britannique méconnue du grand public, située aux confins de l'Atlantique Sud.
C'est là, aux portes de l'Antarctique, à 2.000 kilomètres au large de la Terre de Feu, que Pascal a découvert une[size=24]nature unique, époustouflante, magique. Un havre de paix isolé du reste du monde et qui abrite une faune extraordinaire, entre albatros hurleurs, manchots royauxet éléphants de mer.[/size]
« La Géorgie du sud est un paradis pour les photographes. Au cœur de cette nature préservée, l'animal est roi. J'ai ramené de ce voyage intense des souvenirs inoubliables et, je l'espère, des clichés qui illustrent au mieux ces lieux superbes ».
Photos : Pascal Cocco (Reportage : Géo).
L'île aux grands albatros.
Officiellement découverte par le célèbre explorateur britannique James Cook en 1775, la Géorgie du sud futainsi nommée en hommage au roi George III.
Utilisée du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe sièclecomme base de la chasse à la baleine et au phoque en Atlantique Sud, l'île fut progressivement délaissée suite àl'arrêt de cette industrie dans les années 1960.
Si, aujourd'hui, la Géorgie du sud ne compte aucun résident permanent, le territoire accueille régulièrement des expéditions scientifiques ou à but médiatique.
L'activité touristique, quant à elle, y reste limitée et très encadrée, les visiteurs devant se munir d'un permis spécialafin d'être autorisés à visiter l'île. Une démarche obligatoire afin d'accéder à des paysages somptueux, comme ici, sur l'île Prion.
Située au nord de la Géorgie du sud, cette petite île protégée abrite notamment une importante population de grands albatros. Au cœur d'une nature montagneuse spectaculaire, les éléments se bousculent en un violent chaos. Merveilleux.
Jeune albatros.
Très présent dans l'imaginaire marin, et rendu célèbre dans la [size=24]poésie française par Baudelaire, le grand albatros(aussi nommé albatros hurleur) est un des oiseaux les plus imposants au monde.[/size]
Son envergure peut dépasser les trois mètres, ce qui luipermet de voler avec aisance et majesté, même par vent violent.
A terre cependant, l'albatros a beaucoup de difficultés à se déplacer. Ce jeune individu de l'île Prion, encore pourvu de son plumage noir, semble en savoir quelque chose ! Il adéployé ses ailes à plusieurs reprises sans jamais réussir à décoller. Le premier envol du grand albatros survient en moyenne à l'âge de huit mois.
Considérés comme faisant partie d'une espèce fragile et vulnérable, ces mythiques volatiles trouvent encore enGéorgie du sud un havre de paix où vivre et se reproduire: les quelque 3.000 individus qui nichent dans l'archipel représentent environ 20% de la population mondiale de grands albatros.
GEORGIE DU SUD : EXPEDITION AUX PORTES DE L'ANTARTIQUE
Les manchots royaux.
En descendant le littoral nord de la Géorgie du sud, arrêtà Port d'Or («Gold Harbour»), au sud-est de l'île, entre la baie Royale et la baie Cooper.
Cet endroit est considéré comme étant l'un des plus pittoresques de Géorgie du sud. En raison de ses paysages de plages bordées de végétation mixte, d'une part, mais peut-être surtout grâce à la colonie de manchots royaux qui y vit.
On estime la population de ces grands oiseaux à environ800.000 individus sur l'île de Géorgie du sud. Un chiffre qui pourrait rapidement diminuer si le réchauffement climatique venait à s'accentuer dans la région antarctique.
Cette [size=24]photo fut une de mes premières émotions lors de monvoyage. Une scène touchante entre un adulte donnant la becquée à son petit, déjà bien enveloppé.[/size]
Lorsque les parents partent en mer pour pêcher, lespoussins sont laissés à eux-mêmes sur le rivage, rassemblés en un immense groupe de jeunes manchots royaux attendant patiemment le moment du repas.
Le manchot papou.
Ces drôles d'oiseaux qui se dandinent gaiement portent le doux nom de manchots papous. Difficile, avec une telle silhouette, de traverser la petite rivière : tous les manchots sont tombés l'un derrière l'autre, bec dans le sable !
Aussi magnifiques que maladroits, ces petits volatiles quimesurent moins d'un mètre de haut se trouventprincipalement sur l'île Bird, au nord de l'archipel de Géorgie du sud.
Si l'on estime à 200.000 le nombre de manchots papousvivant sur ce territoire subantarctique majoritairementrecouvert de glaciers, il semble que la population décroisse rapidement depuis quelques années. Le réchauffement climatique et la surpêche pourraientexpliquer cette tendance inquiétante.
Près de l'iceberg.
Véritable oasis de [size=24]vie animale émergeant au beau milieu d'un océan aux eaux glaciales, la Géorgie du sud est,depuis sa découverte, une source inépuisable de rêve pourles grands voyageurs.[/size]
C'est d'ailleurs sur ce territoire aux allures de toundra insulaire que l'Irlandais Ernest Shackleton, grandexplorateur de l'Antarctique entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, repose pour l'éternité.
En navigant sur ces eaux peu hospitalières, on peine à imaginer quelles furent les conditions de voyage de ces hommes avides de conquête, perdus en territoire inconnu.
Un iceberg peut passer parfois très près de la coque, comme ici sur la photo. Notre vaillant capitaine et son équipe en état d'alerte ont su heureusement le contourner sans danger.
Jeunes éléphants de mer.
Parfois comparé aux îles Galapagos en raison de sonécosystème d'une richesse exceptionnelle, l'archipel de Géorgie du sud n'est pas seulement reconnu pour sa diversité ornithologique.
Les mammifères marins font partie intégrante de la faune des ces îles de glace, et le maître incontesté des plages subantarctiques est sans aucun doute l'éléphant de[size=24]mer du sud (à différencier de son cousin du Pacifique nord).[/size]
Ces créatures étonnantes appartenant à la famille des phoques trouvent en Géorgie du sud le lieu idéal pourinterrompre leur périple annuel dans les eaux australeset se reproduire sur la terre ferme.
Quelque 400.000 éléphants de mer peuvent ainsi se rassembler sur l'archipel, organisés en différents harems de femelles dirigés par les mâles dominants.
Les jeunes individus (ici à l'image) doivent apprendre peu à peu à nager, avant de rejoindre les grandes profondeursoù ils passeront 80% de leur existence.
Ces deux éléphants de [size=24]mer mâles s'entraînent déjà à se défier et à se battre.[/size]
Renne solitaire.
Bien que la Géorgie du sud ne possède aucune espèce endémique de mammifère terrestre, certains animaux ont été introduits par l'homme sur l'archipel.
Le renne en est l'exemple le plus majestueux. Au XXe siècle, plusieurs cervidés ont en effet été lâchés sur la côte nord de la Géorgie du sud afin d'amorcer la[size=24]création d'un troupeau qui devait être source de viande fraîche pour les pêcheurs à la baleine vivant sur place.[/size]
Cependant, l'arrêt de cette industrie et le départ des hommes ont conduit à une explosion démographique de la population de rennes sur l'île.
Jusqu'à récemment, environ 2.500 de ces animaux vivaient en Géorgie du sud, causant de grands dommages à l'écosystème. C'est pourquoi une politique d'éradicationa été entreprise, conduisant à l'élimination de 1.900 rennes.
Les rats, qui ont infesté l'île depuis l'arrivée des premiers bateaux d'explorateurs, représentent égalementun danger pour la nature de Géorgie du sud : les rongeursse nourrissent principalement des œufs des oiseaux nichant au sol.
Mastodonte marin.
Loin de partager l'image attendrissante du petit phoque blanchon ou du gracieux phoque commun, l'éléphant de [size=24]merest un mastodonte à l'allure assez inquiétante.[/size]
Le mâle adulte, qui peut peser jusqu'à quatre tonnes, possède une courte trompe qui lui permet de produire un râle très sonore en période de reproduction.
C'est d'ailleurs cette excroissance nasale qui, rappelant celle de l'éléphant, a valu son nom à ce géant des océans.
Mieux vaut faire très attention lorsqu'on tente de s'approcher d'une de ces créatures remarquables. A la foislourd et agile, malgré un corps peu propice aux déplacements terrestres, un éléphant de [size=24]mer qui s'affaisse peut facilement écraser une personne de taille humaine.[/size]
En voyant cet individu sortir de l'eau, je l'ai attendu ventre au sol, afin de pouvoir le prendre en [size=24]photo de face. Je pouvais sentir son souffle, tandis qu'il me scrutaitavec un certain agacement dans le regard. Il s'est d'ailleurs relevé pour me suggérer de partir.[/size]
Colonie de manchots.
Photographier cette gigantesque colonie de manchots royaux était un rêve d’enfant. Un rêve enfin réalisé.
Au bord de la baie de St. Andrews, sur la côte nord de la Géorgie du sud, ces dizaines de milliers d'oiseauxrassemblés forment une masse si compacte qu'il estdifficile de les distinguer les uns des autres. Une cohue innommable, aussi bruyante qu'odorante, et un moment qui pour [size=24]moi fut à la fois émouvant et inoubliable.[/size]
L'organisation sociale des manchots royaux est étonnante : les parents élèvent leur petit en couple, à tour de rôle, l'un surveillant le poussin pendant quel'autre part pêcher.
Puis, lorsque les nouveaux-nés de la colonie commencent à nécessiter plus de nourriture, les adultes les rassemblent au sein d'une vaste crèche avant de partir pêcher.
Se tenant côte à côte, les jeunes manchots se tiennent chaud et intimident les prédateurs par leur nombre.