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| Autres poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Autres poèmes de différents auteurs Mer 26 Juil - 9:33 | |
| Le théMiss Ellen, versez-moi le ThéDans la belle tasse chinoise,Où des poissons d'or cherchent noiseAu monstre rose épouvanté.J'aime la folle cruautéDes chimères qu'on apprivoise :Miss Ellen, versez-moi le ThéDans la belle tasse chinoise.Là, sous un ciel rouge irrité,Une dame fière et sournoiseMontre en ses longs yeux de turquoiseL'extase et la naïveté :Miss Ellen, versez-moi le Thé. De Thédore de Banville[size=24]Femmes du mondeF emmes du monde qui enfantent l'humanité E ntendez le cri de votre mère la terre ce soir M isère et crime ne font que l'habiller de noir M ensonge et pollution lui voile la vérité E nlancez-la et redonnait lui confiance S avoir amour et bienvaillance D emain elle s'éveillera plein d'espoir U n rêve devenu réalité elle veut y croire M ille feux brilleront aux fond de vos yeux O mbre naissante dans vos ventre creux N ouveaux nés de cette humanité multicolore D isparaitra alors la haine de l'autre E t le drapeau de la tolérance flottera sur nos tête. Elisa. L Le vin de l'amourAccablé de soif, l'Amour Se plaignait, pâle de rage, A tous les bois d'alentour. Alors il vit, sous l'ombrage, Des enfants à l'oeil d'azur Lui présenter un lait pur Et les noirs raisins des treilles. Mais il leur dit : Laissez-moi, Vous qui jouez sans effroi, Enfants aux lèvres vermeilles ! Petits enfants ingénus Qui folâtrez demi-nus, Ne touchez pas à mes armes. Le lait pur et le doux vin Pour moi ruissellent en vain : Je bois du sang et des larmes. De Theodore de Banville Les torts du cygneComme le Cygne allait nageant Sur le lac au miroir d'argent, Plein de fraîcheur et de silence, Les Corbeaux noirs, d'un ton guerrier, Se mirent à l'injurier En volant avec turbulence. Va te cacher, vilain oiseau ! S'écriaient-ils. Ce damoiseau Est vêtu de lys et d'ivoire ! Il a de la neige à son flanc ! Il se montre couvert de blanc Comme un paillasse de la foire! Il va sur les eaux de saphir, Laid comme une perle d'Ophir, Blanc comme le marbre des tombes Et comme l'aubépine en fleur ! Le fat arbore la couleur Des boulangers et des colombes ! Pour briller sur ce promenoir, Que n'a-t-il adopté le noir ! Un fait des plus élémentaires, C'est que le noir est distingué. C'est propre, c'est joli, c'est gai ; C'est l'uniforme des notaires. Cuisinier, garde ton couteau Pour ce Gille, cher à Wateau ! Accours! et moi-même que n'ai-je Le bec aigu comme un ciseau Pour percer le vilain oiseau Barbouillé de lys et de neige ! Tel fut leur langage. A son tour Dans les cieux parut un Vautour Qui s'en vint déchirer le Cygne Ivre de joie et de soleil ; Et sur l'onde son sang vermeil Coula comme une pourpre insigne. Alors, plus brillant que l'Oeta Ceint de neige, l'oiseau chanta, L'oiseau que sa blancheur décore ; Il chanta la splendeur du jour, Et tous les antres d'alentour S'emplirent de sa voix sonore. Et l'Alouette dans son vol, Et la Rose et le Rossignol Pleuraient le Cygne. Mais les Anes S'écrièrent avec lenteur : Que nous veut ce mauvais chanteur ? Nous avons des airs bien plus crânes. Il chantait toujours. Et les bois Frissonnants écoutaient la voix Pleine d'hymnes et de louanges. Alors, d'autres êtres ailés Traversèrent les cieux voilés D'azur. Ceux-là, c'étaient des Anges. Ces beaux voyageurs, sans pleurer, Regardaient le Cygne expirer Parmi sa pourpre funéraire, Et, vers l'oiseau du flot obscur Tournant leur prunelle d'azur, Ils lui disaient : Bonsoir, mon frère. De Théodore de Banville Nous n'irons plus au bois[/size] [size] Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés. Les Amours des bassins, les Naïades en groupe Voient reluire au soleil en cristaux découpés Les flots silencieux qui coulaient de leur coupe. Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois Tressaille au son du cor; nous n'irons plus au bois, Où des enfants charmants riait la folle troupe Sous les regards des lys aux pleurs du ciel trempés, Voici l'herbe qu'on fauche et les lauriers qu'on coupe. Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés De Théodore de Banville Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Mer 26 Juil - 10:29 | |
| Sculpteur, cherche avec soinSculpteur, cherche avec soin, en attendant l'extase,Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase ;Cherche longtemps sa forme et n'y retrace pasD'amours mystérieux ni de divins combats.Pas d'Héraklès vainqueur du monstre de Némée,Ni de Cypris naissant sur la mer embaumée ;Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions,Ni de riant Bacchus attelant les lionsAvec un frein tressé de pampres et de vignes ;Pas de Léda jouant dans la troupe des cygnesSous l'ombre des lauriers en fleurs, ni d'ArtémisSurprise au sein des eaux dans sa blancheur de lys.Qu'autour du vase pur, trop beau pour la Bacchante,La verveine mêlée à des feuilles d'acantheFleurisse, et que plus bas des vierges lentementS'avancent deux à deux, d'un pas sûr et charmant,Les bras pendant le long de leurs tuniques droitesEt les cheveux tressés sur leurs têtes étroites.De Théodore de Banville[size=24]Viens, sur tes cheveux noirs...[/size] [size] Viens. Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille. Avant l'heure du bruit, l'heure où chacun travaille, Allons voir le matin se lever sur les monts Et cueillir par les prés les fleurs que nous aimons. Sur les bords de la source aux moires assouplies, Les nénufars dorés penchent des fleurs pâlies, Il reste dans les champs et dans les grands vergers Comme un écho lointain des chansons des bergers, Et, secouant pour nous leurs ailes odorantes, Les brises du matin, comme des soeurs errantes, Jettent déjà vers toi, tandis que tu souris, L'odeur du pêcher rose et des pommiers fleuri De Theodore de Banville Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Mer 26 Juil - 10:56 | |
| Hymne au soleilRoi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or, Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée, Abandonna l'espace à ton rapide essor, Et traça dans l'azur ta route accoutumée ? Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ; Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ; La lune devant toi fuit d'un pas inégal, Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutissent. Sous les coups réunis de l'âge et des autans Tombe du haut sapin la tête échevelée ; Le mont même, le mont, assailli par le temps, Du poids de ses débris écrase la vallée ; Mais les siècles jaloux épargnent ta beauté :Un printemps éternel embellit ta jeunesse, Tu t'empares des cieux en monarque indompté, Et les voeux de l'amour t'accompagnent sans cesse. Quand la tempête éclate et rugit dans les airs, Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs, Le char retentissant qui porte le tonnerre, Tu parais, tu souris, et consoles la terre. Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux Ne viennent plus frapper ma débile paupière ! Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière, Tu verses sur la plaine un océan de feux, Soit que, vers l'occident, le cortège des ombresAccompagne tes pas, ou que les vagues sombres T'enferment dans le sein d'une humide prison ! Mais, peut-être, ô soleil, tu n'as qu'une saison ; Peut-être, succombant sous le fardeau des âges, Un jour tu subiras notre commun destin ; Tu seras insensible à la voix du matin, Et tu t'endormiras au milieu des nuages.De Pierre Baour-LormianInvocation à la luneAinsi qu'une jeune beauté Silencieuse et solitaire, Des flancs du nuage argenté La lune sort avec mystère. Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit, Tu glisses dans les airs où brille ta couronne, Et ton passage s'environne Du cortège pompeux des soleils de la nuit. Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante Efface à nos yeux attristés Ton sourire charmant et tes molles clartés ? Vas-tu, comme Ossian, plaintive, gémissante, Dans l'asile de la douleur Ensevelir ta beauté languissante ? Fille aimable du ciel, connais-tu le malheur ? Maintenant revêtu de toute sa lumière, Ton char voluptueux roule au-dessus des monts :Prolonge, s'il se peut, le cours de ta carrière, Et verse sur les mers tes paisibles rayons.De Pierre Bahour-Lormian[size=24]Débouclez-les, vos longs cheveux...Débouclez-les, vos longs cheveux de soie, Passez vos mains sur leurs touffes d'anneaux, Qui, réunis, empêchent qu'on ne voie Vos longs cils bruns qui font vos yeux si beaux ! Lissez-les bien, puisque toutes pareilles Négligemment deux boucles retombant Roulent autour de vos blanches oreilles, Comme autrefois, quand vous étiez enfant, Quand vos seize ans ne vous avaient quittée Pour s'en aller où tous nos ans s'en vont, En nous laissant, dans la vie attristée, Un coeur usé plus vite que le front ! Ah ! c'est alors que je vous imagine Vous jetant toute aux bras de l'avenir, Sans larme aux yeux et rien dans la poitrine... Rien qui vous fît pleurer ou souvenir ! Ah ! de ce temps montrez-moi quelque chose En vous coiffant comme alors vous étiez ; Que je vous voie ainsi, que je repose Sur vos seize ans mes yeux de pleurs mouillés... de Jules BARBEY D'AUREVILLY Je vivais sans coeur...Je vivais sans coeur, tu vivais sans flamme, Incomplets, mais faits pour un sort plus beau ; Tu pris de mes sens, - je pris de ton âme, Et tous deux ainsi nous nous partageâme : Mais c'est toi qui fis le meilleur cadeau ! Oui ! c'est toi, merci... C'est toi, sainte femme, Qui m'as fait sentir le profond amour... Je mis de ma nuit dans ta blancheur d'âme, Mais toi, dans la mienne, as mis le grand jour ! Je tombais, tombais... Cet ange fidèle Qui suit les coeurs purs ne me suivait pas... Pour me soutenir me manquait son aile... Mais Dieu m'entr'ouvrit ton coeur et tes bras ! Et j'aime tes bras... tes bras mieux qu'une aile ; Car une aile, hélas ! sert à nous quitter : L'ange ailé s'en va, lorsque Dieu l'appelle... Tandis que des bras servent à rester ! de Jules BARBEY D'AUREVILLY Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Jeu 27 Juil - 8:54 | |
| Sublimes couchers de soleil un régal pour les yeuxCoucher de soleil Spectacle ravissant ! ô nature immortelle ! L'horizon [size=18]rouge encor du soleil qui nous fuit Va blanchir au couchant. c'est l'heure solennelle Qui précède la nuit. Rentrez dans le hameau, pâtres, troupeaux, bergères, Moissonneurs fatigués par les travaux du jour ; Vous, enfants vagabonds, ne tardez plus, vos mères Attendent le retour. C'est le repas du soir, c'est l'heure où l'on se couche, Que vous faut-il de plus ? Vous dormirez en paix. Dans ces splendeurs que j'aime il n'est rien qui vous touche : Vous ne rêvez jamais. Que vous fait cette nuit, ce calme, ce silence ? La lune, blanche reine, est sans attraits pour vous. Qu'importe que les flots murmurent en cadence : Que l'air soit pur et doux. La pluie et la chaleur fécondent la nature : C'est l'été, dites-vous, et nos fruits vont mûrir. Rien qu'à voir le soleil dessécher la verdure, Je dis : Il faut mourir. Où vais-je ? Qu'ai-je fait ? Laissez-moi, solitaire, M'égarer dans vos bois quand le hameau s'endort. Que ne puis-je, à mon tour recevoir mon salaire, Et rentrer dans le port ; Rencontrer sur le seuil des enfants, une femme ; Partager avec eux et le lait et le miel ; Puis m'endormir joyeux, et le calme dans l'âme, Rendre grâces au ciel ! Votre tâche est finie, et la mienne commence... Te verrai-je bientôt accourir à ma voix, Ô muse ! ainsi que moi, tu cherches le silence, La nuit, au fond des bois. Quelque chose là-bas se glisse comme une ombre. Serait-ce elle ? Non, non, la muse ne vient pas. C'est un enfant ; il veut que dans la forêt sombre, Quelqu'un guide ses pas. Il va chercher au loin pour sa mère souffrante, L'habile médecin qui la saura guérir... Tu pleures, pauvre enfant, et ta marche est trop lente ; Reste, je vais courir. Muse, j'ai vu la mère et l'enfant auprès d'elle ; Et le bon médecin leur donnant un peu d'or. Et j'ai dit s'il est vrai que la muse soit belle, Il est plus doux encor, Il est plus beau d'agir, de changer la souffrance, En doux rayon d'espoir sur un visage humain, De secourir la femme, et de guider l'enfance Et toi, muse, à demain . Auguste Ramus.[/size] [size=18]********************[/size] Une prière de vacances ...Dormir les pieds dans l'herbe, le front dans les étoiles. Courir après les papillons dans la bruyère. Partir au gré du vent et au gré des voiles. Rire comme un enfant dans les bras de la terre.
Écouter le silence et le chant de la mer. Respirer le parfum des arbres et des fleurs.
Rencontrer l'étranger y découvrir un frère. Briser les lois du temps, vivre au rythme du cœur.
Boire l'eau fraîche des sources et le bleu du ciel. Vouloir prendre du bon temps, goûter l'imprévu.
Vouloir habiter son corps, danser au soleil. Savoir à nouveau que l'homme n'est pas l'absolu.
Attendre un inconnu sur le pas de la porte. Surprendre son ombre au détour d'un sous-bois.
Entendre l'écho de sa voix que le vent apporte. Réapprendre le Bonheur si proche de moi. Michel Hubaut Sonnet d'été Nous habiterons un discret boudoir, Toujours saturé d'une odeur divine, Ne laissant entrer, comme on le devine, Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.
Une blonde frêle en mignon peignoir Tirera des sons d'une mandoline, Et les blancs rideaux tout en mousseline Seront réfléchis par un grand miroir.
Quand nous aurons faim, pour toute cuisine Nous grignoterons des fruits de la Chine, Et nous ne boirons que dans du vermeil ;
Pour nous endormir, ainsi que des chattes Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ; Nous oublirons tout, - même le soleil ! Germain NOUVEAU (1851-1920) Ninnenne blog de partage | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Jeu 27 Juil - 9:30 | |
| Les nénupharsNénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,Neige montant du fond de leur azur, Qui, sommeillant sur vos tiges humides, Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ; Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières Pour vous laisser cueillir... et vivre après. Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières,Je ne vous cueillerai jamais !Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses, Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?... Car pour rêver il faut être amoureuses, Il faut avoir le coeur pris... ou jaloux ; Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège, Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais ! Nénuphars blancs, dormez dans votre neige ! Je ne vous cueillerai jamais !Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdiesDont la blancheur fait froid aux coeurs ardents, Qui vous plongez dans vos eaux détiédies Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs ! Restez cachés aux anses des rivières, Dans les brouillards, sous les saules épais...Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières ! De Jules BARBEY D'AUREVILLY Je ne vous cueillerai jamais ! Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Jeu 27 Juil - 10:06 | |
| Les souvenirsLes souvenirs, ce sont les chambres sans serrures, Des chambres vides où l'on n'ose plus entrer, Parce que de vieux parents jadis y moururent. On vit dans la maison où sont ces chambres closes. On sait qu'elles sont là comme à leur habitude, Et c'est la chambre bleue, et c'est la chambre rose...La maison se remplit ainsi de solitude, Et l'on y continue à vivre en souriant...D'henry Bataille[size=24]SoirsIl y a de grands soirs où les villages meurent Après que les pigeons sont rentrés se coucher. Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure Et le cri bleu des hirondelles au clocher... Alors, pour les veiller, des lumières s'allument, Vieilles petites lumières de bonnes soeurs, Et des lanternes passent, là-bas dans la brume... Au loin le chemin gris chemine avec douceur... Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées, Pour écouter mourir leur village d'antan, Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées... Puis les lumières s'éteignent, cependant Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme, Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes D'Henry Bataille A une dame créoleAu pays parfumé que le soleil caresse, J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés. Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés. Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, Belle digne d'orner les antiques manoirs, Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le coeur des poètes, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs. De Charles Beaudelaire Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Jeu 27 Juil - 11:53 | |
| Alchimie de la douleurL'un t'éclaire avec son ardeur,L'autre en toi met son deuil, Nature !Ce qui dit à l'un : Sépulture !Dit à l'autre : Vie et splendeur !Hermès inconnu qui m'assistesEt qui toujours m'intimidas,Tu me rends l'égal de Midas,Le plus triste des alchimistes ;Par toi je change l'or en ferEt le paradis en enfer ;Dans le suaire des nuagesJe découvre un cadavre cher,Et sur les célestes rivagesJe bâtis de grands sarcophages.De Charles Beaudelaire[size=24]AllégorieC'est une femme belle et de riche encolure, Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure. Les griffes de l'amour, les poisons du tripot, Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau. Elle rit à la mort et nargue la Débauche, Ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche, Dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté De ce corps ferme et droit la rude majesté. Elle marche en déesse et repose en sultane ; Elle a dans le plaisir la foi mahométane, Et dans ses bras ouverts, que remplissent ses seins, Elle appelle des yeux la race des humains. Elle croit, elle sait, cette vierge inféconde Et pourtant nécessaire à la marche du monde, Que la beauté du corps est un sublime don Qui de toute infamie arrache le pardon. Elle ignore l'Enfer comme le Purgatoire, Et quand l'heure viendra d'entrer dans la Nuit noire, Elle regardera la face de la Mort, Ainsi qu'un nouveau-né, - sans haine et sans remord De Charles Beaudelaire Ode sur le tempsÔ Temps, suspends ton vol, respecte ma jeunesse ; Que ma mère, longtemps témoin de ma tendresse, Reçoive mes tributs de respect et d’amour ; Et vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles, Que vos brillantes ailes Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour. D'Antoine Thomas Avec ses vêtements ondoyants et nacrés[/size] [size] Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche on croirait qu'elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence. Comme le sable morne et l'azur des déserts, Insensibles tous deux à l'humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la houle des mers, Elle se développe avec indifférence. Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l'ange inviolé se mêle au sphinx antique, Où tout n'est qu'or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile, La froide majesté de la femme stérile. De charles beaudelaire Bohémiens en voyageLa tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes. Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes. Du fond de son réduit sablonneux le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson ; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures, Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des ténèbres futures. De Charles Beaudelaire Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Jeu 27 Juil - 13:32 | |
| Merci à la vie - Citation :
- Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné deux yeux et quand je les ouvre Je distingue parfaitement le noir du blanc Merci à la vie qui m'a tant donné. Elle m'a donné deux yeux et quand je les ouvre Je distingue parfaitement le noir du blanc Et là-haut dans le ciel, un fond étoilé Et parmi les multitudes, l'homme que j'aime.
Merci à la vie qui m'a tant donné. Elle m'a donné d'entendre, oreilles grandes ouvertes Enregistrer nuit et jour grillons et canaris, Marteaux, turbines, aboiements, orages, Et la voix si tendre de mon bien-aimé.
Merci à la vie qui m'a tant donné. Elle m'a donné la voix et des lettres Avec lesquelles je pense les mots, et je dis Mère, ami, frère, lumière qui éclaire Le chemin de l'âme que j'aime.
Mercedes Sosa - Gracias A La Vida En octobre 2009 est morte Mercedes Sosa. Un destin étrange et unique pour cette chanteuse argentine qui a été arrêtée en plein concert par la dictature, et forcée à s'exiler. De nombreuses chansons magnifiques dont celle-ci qu'un ami me fait découvrir (merci Benoît). Ninnenne | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Ven 28 Juil - 9:12 | |
| Brumes et pluiesÔ fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loueD'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveauD'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,Où par les longues nuits la girouette s'enroue,Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveauOuvrira largement ses ailes de corbeau.Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,Ô blafardes saisons, reines de nos climats,Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.De Charles Beaudelaire[size=24]Don Juan aux enfersQuand Don Juan descendit vers l'onde souterraine Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon, Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène, D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron. Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, Derrière lui traînaient un long mugissement. Sganarelle en riant lui réclamait ses gages, Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant Montrait à tous les morts errant sur les rivages Le fils audacieux qui railla son front blanc. Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Près de l'époux perfide et qui fut son amant, Semblait lui réclamer un suprême sourire Où brillât la douceur de son premier serment. Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre Se tenait à la barre et coupait le flot noir, Mais le calme héros, courbé sur sa rapière, Regardait le sillage et ne daignait rien voir. De Charles Baudelaire Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Autres poèmes de différents auteurs Ven 28 Juil - 10:03 | |
| Harmonie du soirVoici venir les temps où vibrant sur sa tigeChaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;Valse mélancolique et langoureux vertige !Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;Valse mélancolique et langoureux vertige !Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,Du passé lumineux recueille tout vestige !Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !De Charles BaudelaireLes deux chèvresDès que les Chèvres ont brouté,Certain esprit de libertéLeur fait chercher fortune ; elles vont en voyageVers les endroits du pâturageLes moins fréquentés des humains.Là s’il est quelque lieu sans route et sans chemins,Un rocher, quelque mont pendant en précipices,C’est où ces Dames vont promener leurs caprices ;Rien ne peut arrêter cet animal grimpant.Deux Chèvres donc s’émancipant,Toutes deux ayant patte blanche,Quittèrent les bas prés, chacune de sa part.L’une vers l’autre allait pour quelque bon hasard.Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche.Deux Belettes à peine auraient passé de frontSur ce pont ;D’ailleurs, l’onde rapide et le ruisseau profondDevaient faire trembler de peur ces Amazones.Malgré tant de dangers, l’une de ces personnesPose un pied sur la planche, et l’autre en fait autant.Je m’imagine voir avec Louis le GrandPhilippe Quatre qui s’avanceDans l’île de la Conférence.Ainsi s’avançaient pas à pas,Nez à nez, nos Aventurières,Qui, toutes deux étant fort fières,Vers le milieu du pont ne se voulurent pasL’une à l’autre céder. Elles avaient la gloireDe compter dans leur race (à ce que dit l’Histoire)L’une certaine Chèvre au mérite sans pairDont Polyphème fit présent à Galatée,Et l’autre la chèvre Amalthée,Par qui fut nourri Jupiter.Faute de reculer, leur chute fut commune ;Toutes deux tombèrent dans l’eau.Cet accident n’est pas nouveauDans le chemin de la Fortune.de Jean de La Fontaine[size=24]RêverieR ien qu'un instant, une seconde, un soupir E nvoutante lecture au trame enivrante v ient envahir mon être d'un désir E t ce baiser volée à la nuit tombante R avive mon coeur d'une joie intense I nstant fugace de l'inconcience E n un rêve je l'ai vécu en transe elisal Horreur sympathiqueDe ce ciel bizarre et livide, Tourmenté comme ton destin, Quels pensers dans ton âme vide Descendent ? Réponds, libertin. - Insatiablement avide De l'obscur et de l'incertain, Je ne geindrai pas comme Ovide Chassé du paradis latin. Cieux déchirés comme des grèves, En vous se mire mon orgueil, Vos vastes nuages en deuil Sont les corbillards de mes rêves, Et vos lueurs sont le reflet De l'Enfer où mon coeur se plaît. De Charles Baudelaire Hymne à la beauté[/size] [size] Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin. Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ; Tu répands des parfums comme un soir orageux ; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ? Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau ! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau. Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu ! Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ? De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène, Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! - L'univers moins hideux et les instants moins lourds ? De Charles Baudelaire L'albatros[/size] [size] Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. De Charles Baudelaire Rune stoneR uine d'un temps passé se dressant vers le ciel U n signe d'une humanité disparue N i dieu ni démon pour cette croyance inconnue E difice en pierre leur servant d'autel S i un jour au détour d'un chemin T oute droite vous l'apercevez O ubliez un instant et priez N otre temps est lié à leur destin E t notre futur fut leur présent passé Elisa. L L'âme du vinUn soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles : " Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité, Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, Un chant plein de lumière et de fraternité ! Je sais combien il faut, sur la colline en flamme, De peine, de sueur et de soleil cuisant Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ; Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant, Car j'éprouve une joie immense quand je tombe Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux, Et sa chaude poitrine est une douce tombe Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux. Entends-tu retentir les refrains des dimanches Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ? Les coudes sur la table et retroussant tes manches, Tu me glorifieras et tu seras content ; J'allumerai les yeux de ta femme ravie ; A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs Et serai pour ce frêle athlète de la vie L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs. En toi je tomberai, végétale ambroisie, Grain précieux jeté par l'éternel Semeur, Pour que de notre amour naisse la poésie Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! " De Charles Baudelaire Ninnenne blog de partage [/size] | |
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