" Prends ma main. Ne la lâche pas. J'écouterai ce que tu veux me dire.
Si tu préfères te taire, j'entendrai ton silence.
Si tu ris, je rirai avec toi, mais jamais de toi… Si tu es triste, j'essayerai de te consoler.
Je ferai pour toi des bouquets de soleil. J'allumerai des feux de joie là où chacun ne voyait plus que des cendres.
Si je n'ai qu'une rose, je te la donnerai. Si je n'ai qu'un chardon, je le garderai pour moi.
Je te donnerai ce qui te plaît, ce qui te rassure le plus si je le possède.
Si je ne le possède pas, j'essayerai de l'acquérir.
Donne-moi la main. Nous irons où tu voudras.
Je te ferai entendre la musique que j'aime. Si tu ne l'aimes pas, j'écouterai la tienne… J'essaierai de l'aimer !
Je t'apprendrai ce que je sais. C'est peu. Tu m'apprendras ce que tu sais.
C'est
beaucoup. Ne dis pas que tu ne sais rien : cela n'existe pas, quelqu'un
qui ne sait rien… ou alors, si cela existe, tant mieux car ce serait
quelqu'un comme un jardin sauvage, un jardin à naître où l'on peut rêver
mille jardins… comme… comme un enfant à venir, un enfant espéré : ce
serait la vie devant soi, ronde, inattaquée, comme une boule de Noël.
Prends
ma main. Cinq doigts refermés autour des nôtres, c'est le plus beau
cadeau du monde. Cela nous préserve de la peur, de l'abandon, du doute.
Une main offerte, c'est un monde nouveau.
Tu es toi. Je suis ce que je suis. Je ne troublerai pas ta musique intérieure.
Je ne me blesserai pas de tes silences. Tu respecteras les miens. Je ne t'assassinerai pas de “pourquoi ?”.
Tu ne diras pas que je fais des fausses notes si je ne pense pas comme toi…
Donne-moi la main.
Nous irons avec la vie, comme le sable, le temps et l'eau : entre source et delta. Différents et si proches à la fois…"
Simone Conduché, Les chemins de tendresse
Ninnenne