marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes de différents auteurs Dim 8 Juin - 14:23 | |
| Mars Il tombe encore des grêlons, Mais on sait bien que c'est pour rire. Quand les nuages se déchirent, Le ciel écume de rayons. Le vent caresse les bourgeons Si longuement qu'il les fait luire. Il tombe encore des grêlons, Mais on sait bien que c'est pour rire. Les fauvettes et les pinsons Ont tant de choses à se dire Que dans les jardins en délire On oublie les premiers bourdons. Il tombe encore des grêlons … Maurice CARÊME - En sortant de l'école En sortant de l'école nous avons rencontré un grand chemin de fer qui nous a emmenés tout autour de la terre dans un wagon doré Tout autour de la terre nous avons rencontré la mer qui se promenait avec tous ses coquillages ses îles parfumées et puis ses beaux naufrages et ses saumons fumés Au-dessus de la mer nous avons rencontré la lune et les étoiles sur un bateau à voiles partant pour le Japon et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main tournant ma manivelle d'un petit sous-marin plongeant au fond des mers pour chercher des oursins Revenant sur la terre nous avons rencontré sur la voie de chemin de fer une maison qui fuyait fuyait tout autour de la Terre fuyait tout autour de la mer fuyait devant l'hiver qui voulait l'attraper Mais nous sur notre chemin de fer on s'est mis à rouler rouler derrière l'hiver et on l'a écrasé et la maison s'est arrêtée et le printemps nous a salués C'était lui le garde-barrière et il nous a bien remerciés et toutes les fleurs de toute la terre soudain se sont mises à pousser pousser à tort et à travers sur la voie du chemin de fer qui ne voulait plus avancer de peur de les abîmer Alors on est revenu à pied à pied tout autour de la terre à pied tout autour de la mer tout autour du soleil de la lune et des étoiles A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles. Jacques PRÉVERT Premier sourire du printemps Tandis qu'à leurs oeuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, Il repasse des collerettes Et cisèle des boutons d'or. Dans le verger et dans la vigne, Il s'en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l'amandier. La nature au lit se repose ; Lui descend au jardin désert, Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert. Tout en composant des solfèges, Qu'aux merles il siffle à mi-voix, Il sème aux prés les perce-neiges Et les violettes aux bois. Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l'oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d'argent du muguet. Sous l'herbe, pour que tu la cueilles, Il met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil. Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d'avril tournant la tête, Il dit : " Printemps, tu peux venir ! " Théophile GAUTIER (1811-1872) -
[size=16]Rondeau de printempsLe temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau.Il n'y a bête ni oiseau Qu'en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie.Rivière, fontaine et ruisseau Portent en livrée jolie Gouttes d'argent, d'orfèvrerie; Chacun s'habille de nouveau: Le temps a laissé son manteau.René Charles d'Orléans (1391-1465) - Rondeaux [/size] À l’aube du printemps À l’aube du printemps, Comme un coucou malin, Dans le douillet du nid D’une grive insouciante, Entre les œufs bleutés, J’ai glissé mon poème Pour qu’il sache chanter. Et maintenant j’attends L’éclosion avec hâte Pour savoir si mes mots Sauront aussi voler. Paul BERGÈSE - Citation :
- Une graine voyageait
Une graine voyageait toute seule pour voir le pays. Elle jugeait les hommes et les choses. Un jour elle trouva joli le vallon et agréables quelques cabanes. Elle s'est installée sur l'herbe auprès d'une fontaine, et s'est endormie. Pendant qu'elle rêvait elle est devenue brindille, et la brindille a grandi puis s'est couverte de bourgeons. Les bourgeons ont donné des branches. Tu vois ce chêne puissant : c'est lui, si beau, si majestueux, cette graine. - Oui, mais le chêne ne peut pas voyager. Alain BOSQUET [size] Le Nouvel An d'Arthur RimbaudLe matin des étrennesAh ! quel beau matin, que ce matin des étrennes ! Chacun , pendant la nuit, avait rêvé des siennes Dans quel songe étrange où l'on voyait joujoux, Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux, Tourbillonner, danser une danse sonore, Puis fuir sous les rideaux,puis reparaître encore ! On s'éveillait matin, on se levait joyeux , La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ... On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête, Et les petits pieds nus effleurant le plancher, Aux portes des parents tout doucement toucher ... On entrait ! ...puis alors les souhaits ... en chemise, Les baisers répétés, et la gaieté permise !Arthur RimbaudAutomneMatins frileux Le vent se vêt de brume ; Le vent retrousse au cou des pigeons bleus Les plumes. La poule appelle Le pépiant fretin de ses poussins Sous l’aile. Panache au clair et glaive nu Les lansquenets des girouettes Pirouettent. L’air est rugueux et cru ; Un chat près du foyer se pelotonne ; Et tout à coup, du coin du bois résonne, Monotone et discord, L’appel tintamarrant des cors D’automne.Émile VERHAEREN (1855-1916) [size=16][/size] AutomneDans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son bœuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneuxEt s'en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d'amour et d'infidélité Qui parle d'une bague et d'un cœur que l'on briseOh ! l'automne l'automne a fait mourir l'été Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grisesGuillaume APOLLINAIRE (1880-1918) Alcools L’écureuil et la feuilleUn écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent.Et le vent balance la feuille Juste au-dessus de l’écureuil ;Le vent attend, pour la poser Légèrement sur la bruyère,Que l’écureuil soit remonté Sur le chêne de la clairièreOù il aime à se balancer Comme une feuille de lumière.Maurice CARÊME (1899-1978) Ninnenne
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